Laex ENgwete: Commetaire et débat sur "L’Utilité de l’assassinat" (George Friedman)

"georgefriedman"
George
Friedman
(Crédits)


La réflexion de George Friedman sur l’assassinat du cadre du
Hamas à Dubaï me paraît importante pour notre pays qui, faut-il le
rappeler, a connu et connaîtra peut-être encore son lot d’assassinats
politiques. Un autre point de la réflexion de George Friedman qui me
paraît important est sa courte discussion des services de renseignements
— services qui ont virtuellement disparu de notre pays alors qu’on est
entouré de pays prédateurs et rapaces…

 L’Utilité de l’assassinat

Par George Friedman
Traduction française :
Alex Engwete

L’apparent assassinat perpétré par Israël contre un agent du Hamas
aux Emirats Arabes Unis s’est transformé en une série d’événements
bizarres avec de nombreux faux passeports, des présumés agents
israéliens magnétoscopés et l’outrage international (pour la plupart
feint), bien plus en rapport avec l’usage des faux passeports qu’avec la
mort de l’agent. Si l’on en croit les médias, il a fallu près de 20
personnes et une crise diplomatique pour le tuer.

STRATFOR a écrit sur les détails de l’assassinat au fur et à mesure
que nous l’apprenions, mais nous considérons ceci comme une occasion
pour aborder une question plus vaste : le rôle de l’assassinat  en
politique internationale.

DÉFINIR L’ASSASSINAT

Nous devons commencer par définir ce que nous entendons par
assassinat. C’est le fait de tuer un individu particulier pour des buts
politiques.  Il diffère du fait de tuer l’amant de son épouse parce que
c’est politique. Il diffère du fait de tuer un soldat sur le champ de
bataille d’autant que le soldat est anonyme et n’est pas tué pour qui il
est mais à cause de l’armée dans laquelle il est en train de servir.

La question de l’assassinat, dans le jargon courant «
assassinat ciblé »
, soulève la problématique de son but. A
part la méchanceté ou la vengeance, comme ce fut le cas pour
l’assassinat d’Abraham Lincoln, le but de l’assassinat est d’atteindre
une fin précise en affaiblissant l’ennemi d’une certaine façon. Ainsi,
le fait est que lorsque les Américains ont abattu l’Amiral
Isoroku Yamamoto
au cours de la Deuxième Guerre Mondiale,
c’était un assassinat ciblé. Ses déplacements étaient connus et les
Américains avaient l’opportunité de le tuer. Tuer un commandant
incompétent serait contreproductif, mais Yamamoto était superbe
stratège, sans pair dans la force navale japonaise. Le tuer affaiblirait
l’effort de guerre nippon, ou tout au moins donnerait une chance
raisonnable de le faire. Avec tout ce petit monde en train de mourir
autour de lui en pleine guerre, le choix moral ne semblait guère
complexe alors, ni ne le semble actuellement.

De telles occasions se produisent rarement sur le champ de bataille.
Il y a très peu de généraux qui ne peuvent être promptement remplacés,
et peut-être même remplacés par quelqu’un de plus compétent. De toute
façon, il est difficile de localiser les commandants ennemis, ce qui
veut dire que l’opportunité de les tuer se présente rarement. Et comme
les commandants demandent à leurs troupes de risquer leurs vies, ils ne
peuvent se prévaloir d’aucune immunité contre le danger.

"DeathOfAdmiralYamamoto"

 Mort de l'Amiral Yamamoto" (Peinture du
Sergent Vaughn A. Bass)
La peinture montre le chasseur P-38 «
Lightning » du Capitaine Lanphier en train de tirer sur le bombardier
nippon Betty transportant l’Amiral  Yamamoto au cours de l’embuscade
aérienne du 18 avril 1943.

 

(Crédits)

Or, considérons un autre cas. Supposez que le leader d’un pays serait
singulier et irremplaçable, ce que très peu d’entre eux sont. Mais
pensez à Fidel Castro, dont le rôle capital dans le gouvernement cubain
était indéniable. Supposez qu’il soit l’ennemi d’un autre pays comme les
Etats-Unis. C’est un état d’hostilité non-officiel — aucune guerre n’a
été déclarée — mais une hostilité de fait cependant. Est-il légitime
d’essayer de tuer un tel leader dans un effort de détruire son régime ?
Déplaçons cette question sur Adolf Hitler, l’étalon-or du mal. Aurait-il
été inapproprié d’avoir cherché à le tuer sur la base du régime qu’il
avait créé et sur ce qu’il avait dit qu’il en ferait ?

Si la position est que le fait de tuer Hitler eût été immoral, alors
nous avons un problème avec les normes morales utilisées. Le cas le plus
complexe, c’est Castro. Il n’est certainement point un Hitler, mais ni
un romantique révolutionnaire démocratique comme certains l’avaient
décrit. Mais s’il est légitime de tuer Castro, alors où tracerait-on la
limite ? Qui ne serait-il pas légitime de tuer ? Comme avec Yamamoto, le
nombre des cas dans lequel tuer un leader politique impacterait la
politique ou la force du régime est extrêmement limité. Dans la plupart
des cas, l’argument contre l’assassinat n’est pas moral mais pratique :
Il n’y aurait aucune différence si la cible en question vit ou meurt.
Mais là où il y aurait un impact, l’argument devient différent. Si nous
posons qu’Hitler était une cible légitime, alors nous avons posé qu’il
n’y a aucune interdiction absolue d’assassinat politique. La question,
c’est de savoir ce que le seuil doit être.

Tout ceci est une préface à l’assassinat aux Emirats Arabes Unis,
parce qu’il représente un troisième cas. Depuis l’émergence de
l’appareil moderne d’intelligence, des branches armées clandestines leur
ont fréquemment été attachées. Les Etats-nations du 20ème siècle ont
tous eu des organisations de renseignements. Ces organisations ont
entrepris une série d’opérations clandestines au-delà de la collecte
d’intelligence : de l’approvisionnement en armes aux groupes politiques
dans les pays étrangers, en passant par le renversement des régimes à
l’appui aux opérations terroristes.

Au cours de la seconde moitié du siècle, des organisations
clandestines sans ancrage étatique furent développées. En même temps que
les empires européens s’effondraient, des mouvements politiques voulant
prendre contrôle créèrent des appareils de guerre clandestine pour
chasser les Européens par la force ou pour vaincre leurs compétiteurs
politiques. Le système d’intelligence avec ancrage étatique d’Israël
émergea de celui créé bien avant l’indépendance de l’Etat hébreu. Les
différences factions palestiniennes créèrent les leurs. Par-delà ceci,
bien sûr, des groupes comme Al-Qaeda créèrent leurs propres capacités
clandestines, contre lesquelles les Etats-Unis ont aligné leur propre
capacité clandestine massive.

Les Assassinats aujourd’hui

La réalité contemporaine n’est pas le champ de bataille sur lequel
Yamamoto pourrait être ciblé ou un leader politique charismatique dont
la mort pourrait détruire son régime. Bien au contraire, une grande
partie de la politique et de la guerre internationales est bâtie autour
de ces capacités clandestines. Dans le cas du Hamas, la mission de ces
opérations clandestines est d’obtenir des ressources nécessaires pour le
Hamas en vue de combattre les forces israéliennes sur des termes en
leur faveur : des attentats terroristes aux attaques aux mortiers. Pour
Israël, les opérations clandestines existent pour fermer l’accès aux
ressources du Hamas (et d’autres groupes), pour les rendre hors d’état
de nuire ou de résister à Israël.

Ainsi exprimée, la guerre clandestine a un sens, particulièrement
pour les Israéliens lorsqu’ils s’attaquent aux efforts clandestins du
Hamas. Le Hamas s’active clandestinement pour obtenir des ressources.
Son jeu, c’est d’esquiver les Israéliens. Le but d’Israël est
d’identifier et d’éliminer la capacité clandestine. Hamas est la proie,
Israël le chasseur. Apparemment la proie et le chasseur se sont croisés
aux Emirats Arabes Unis, et la proie a été tuée.

Mais il y a des complexités ici. En premier lieu, dans une guerre, le
but est de rendre l’ennemi incapable de résister. Tuer juste n’importe
quel groupe de soldats ennemis n’est pas l’objectif. En fait, détourner
les ressources pour combattre l’ennemi dans la périphérie, laissant le
centre de gravité de la force ennemie intacte, cause bien plus de mal
que de bien. La guerre clandestine est différente de la guerre
conventionnelle, mais la question essentielle demeure : La cible que
vous êtes en train d’éliminer est-elle essentielle à la capacité de
l’ennemi de combattre ? Et, qui plus est, comme la fin de toute guerre
est politique, la défaite de l’ennemi vous rapproche-t-elle de vos
objectifs politiques ?

Les organisations clandestines, comme les armées, sont conçues pour
survivre à l’attrition. On s’attend que des agents soient découverts et
tués ; le système est conçu pour survivre à cela. Le but de la guerre
clandestine est soit de pénétrer l’ennemi si profondément, ou de
détruire l’un ou plusieurs cadres importants à l’opération du groupe,
que l’organisation clandestine cesse de fonctionner. Toutes les
organisations clandestines sont conçues pour prévenir que ceci ne se
produise.

Elles le réalisent par la redondance et la régénération. Après le
massacre aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, les Israéliens ont monté
une intense opération clandestine pour identifier, pénétrer et détruire
le mouvement — appelé Septembre Noir — qui avait organisé l’attaque.
Septembre Noir n’était pas simplement un mouvement séparé mais un front
des factions palestiniennes variées. Tuer ceux qui étaient impliqués
dans l’attentat de Munich ne paralyserait  pas Septembre Noir, et
détruire Septembre Noir n’a nullement détruit le mouvement palestinien.
Le mouvement avait une redondance — la capacité de placer de nouveaux
cadres capables dans les rôles de ceux qui avaient été tués — et pouvait
donc se régénérer, former et déployer de nouveaux opérateurs.

La mission [israélienne] avait été menée avec succès, mais la mission
était mal conçue. A l’instar d’un général utilisant une force écrasante
pour détruire un élément marginal de l’armée ennemie, les Israéliens
ont centré leur capacité clandestine à détruire des éléments dont la
destruction ne donnerait pas aux Israéliens ce qu’ils voulaient — la
destruction des capacités clandestines palestiniennes variées. Elle aura
été politiquement nécessaire pour le public israélien, elle aura été
émotionnellement satisfaisante, mais les ennemis d’Israël n’ont pas été
brisés. Considérez le fait qu’Entebbe se passa en 1976. Si le but
d’Israël en ciblant Septembre Noir était la suppression du terrorisme
par des groupes palestiniens, l’attaque contre un groupe n’a pas mis fin
à la menace des autres groupes.

Les fins politiques recherchées par les Israéliens n’ont donc pas été
réalisées. Les Palestiniens ne sont pas devenus plus faibles. L’année
1972 n’était pas le point culminant du mouvement palestinien
politiquement. Il devint plus fort avec le temps, obtenant une
légitimité internationale substantielle. Si la mission était de détruire
l’appareil clandestin palestinien pour affaiblir la capacité
palestinienne et affaiblir sa force politique, la guerre clandestine
d’élimination des individus spécifiques identifiés comme des agents
ennemis échoua. Les agents étaient souvent tués, mais l’opération
n’avait pas obtenu le résultat escompté.

Et c’est ici où se trouve le dilemme de l’assassinat. Il est
extraordinairement rare d’identifier une personne dont la mort
affaiblirait matériellement un mouvement politique important d’une façon
déterminante — c’est-à-dire, si ladite personne est morte, alors le
mouvement se terminerait. Ceci est particulièrement vrai pour les
mouvements nationalistes qui peuvent recruter d’un très grand vivier de
gens et de talents. Il est également difficile de réduire un mouvement
assez rapidement pour détruire la capacité régénérative et redondante de
l’organisation. Le faire exige une extraordinaire pénétration
d’intelligence ainsi qu’un effort clandestin massif, un effort tel qu’il
révèle rapidement la pénétration et identifie vos propres agents.

Une frappe unique et générale est ce dont on rêve. La guerre
clandestine fonctionne en fait comme une guerre d’attrition, impliquant
une lente accumulation d’intelligence, l’organisation d’une frappe, d’un
assassinat. A ce point, un homme est mort, un homme dont le remplaçant
est sans doute déjà formé. D’autres sont tués, mais la masse critique
n’est jamais atteinte, et il n’y a aucune cible qui aussitôt tué
causerait tout à changer.

Dans une guerre, il y a une terrible tension entre les émotions du
public et la logique froide qui doit guider le général. Dans la guerre
clandestine, il y a une grande satisfaction émotionnelle pour un pays
lorsqu’il est révélé que quelqu’un qu’il considère non seulement comme
un ennemi mais comme quelqu’un responsable de la mort de leurs
concitoyens a été tué. Mais les généraux et les directeurs des services
d’intelligence ne peuvent se permettre cette satisfaction. Ils ont des
ressources limitées, qui doivent être consacrées à réaliser les
objectifs politiques et à assurer la sécurité du pays. Ces ressources
doivent être utilisées efficacement.

Il y a des Hitlers dont la mort est moralement réclamée et pourrait
avoir un effet pratique. La plupart de ces assassinats sont à la fois
moralement et pratiquement ambigus. Dans la guerre clandestine, même si
vous reconnaissez en tout point moral la cruauté de vos ennemis, vous
devez soulever la question de savoir si tous vos efforts sont en train
d’avoir un réel effet sur les ennemis sur le long terme. S’ils peuvent
tout simplement remplacer l’homme que vous avez tué, pendant qu’ils
forment dix autres agents, vous avez réalisé fort peu. Si l’ennemi
continue à être politiquement prospère, alors la stratégie doit être
réexaminée.

Nous n’écrivons pas ceci en tant que pacifistes; nous ne pensons pas
qu’on puisse éviter de tuer des ennemis. Et nous ne pensons certainement
pas que les exigences morales incohérentes de ce qu’on appelle le droit
international doivent guider n’importe quel pays lorsqu’il s’agit pour
ce pays de se protéger. Ce dont nous parlons ici est l’efficacité de
l’assassinat dans la guerre clandestine. Assez fréquemment, il ne
représente pas, à notre avis, une solution efficace à la menace
militaire et politique posée par les organisations clandestines. Il
pourrait servir de jugement sur un ennemi, et il pourrait perturber une
organisation pendant un certain temps ou même rendre une organisation
spécifique intenable. Mais dans les guerres clandestines du 20ème
siècle, les occasions pour lesquelles les opérations clandestines —y
compris les assassinats — ont atteint les fins politiques poursuivies
furent rares. Ceci ne signifie pas qu’elles ne le firent point. Ceci
veut dire que l’utilité de l’assassinat comme une partie importante de
la guerre clandestine doit être considérée soigneusement. L’assassinat
n’est pas sans coût, et dans la guerre, toutes les actions doivent être
rigoureusement évaluées en termes de coûts par opposition aux avantages.

Posté par Alex Engwete à 13:12 – Commentaires [14]Rétroliens [0] – Permalien [#]

Commentaires

à qui profite les conséquences des assassinats politiques en Afrique
centrale ?

@ ALEX,

C'est au sujet de gens comme ce Monsieur FRIEDMAN
George qu'il nous faut être imformés, nous les Zaïro-Congolais soucieux
d'un dialogue certes méfiant mais constructif avec les U.S.A.

Doit-on
encore vous remercier pour cette précieuse information ? Oui ! Moi, je
n'imaginais même pas un tel profil de penseur aux U.S.A.

L'extrait,
ici traduit, révèle le pragmatisme de nos redoutables amis Etats-uniens
: ils ne réfléchissent pas pour le plaisir de cogiter mais pour agir au
mieux de leurs intérêts dont, à tout instant, ils scrutent les
métamorphoses. Ce n'est pas demain que ces gens-là perdront leur statut
d'hyper-puissance.

Monsieur FRIEDMAN écrit que « L’assassinat
[pour des motifs politiques ou stratégiques] n’est pas sans coût, et
dans la guerre, toutes les actions doivent être rigoureusement évaluées
en termes de coûts par opposition aux avantages ».

On pourrait en
dire de même de la décision de déclarer la guerre sans savoir
l'objectif deplomatique ou économique à atteindre (non par la
coopération internationale mais par les armes) avant de signer un
armistice permettant de toucher, dans la paix, le bénéfice des tueries.

Ainsi,
l'attaque japonaise sur Pearl Harbour. Quel terrible désavantage pour
les assaillants : non seulement ils ont permis à l'U.S. Navy de se
débarasser de navires qui n'étaient pas adaptés à la guerre qui
commençait mais en outre ils ont permis au Président ROOSEVELT de faire
accepter à son opinion publique, largement pacifiste et isolationniste,
d'accepter que leur nation fasse une guerre d'où elle est sortie comme
le nouvel Empire romain alors que, en face, l'URSS était la nouvelle
Carthage. La guerre est une affaire sérieuse. On comprend la grande
bêtise d'applaudir derrière son ordinateur les évènèments de Dongo. Quel
avantage politique pour les assaillants ? On se le demande encore !
Mais quelles pertes pour nos populations !

Sans faire l'apologie
de l'assassinat de qui que ce soit, je me demande, en lisant l'extrait
ici traduit par ALEX, ce que les Internautes, sur ce blog, pourraient
dire de la disparition soudaine de tel ou tel acteur de la géopolitique
en Afrique centrale.

On a vu les suites de la mort de M'zee
KABILA comme on avait vu celles de la mort de LUMUMBA. Pourquoi aucun
civil n'a réussi à concurrencer MOBUTU dans la course au leadership
depuis janvier 1961 alors que tous savait son rôle dans la
"neutralisation" et le meurtre de notre Héros national ? Quel avantage
ont obtenu les commanditaires (s'ils existent) du crime qui ouvrit la
succession au sommet de notre République en janvier 2001 ?

Je
n'ose même pas formuler la question quant aux suites de la mort de
Monsieur GISA Emmanuel, dont on dit que le pseudo était Fred RWIGEMA
quand il mourut et fut succédé par le général KAGAME Paul à la tête du
Front Patriotique Rwandais.

Autant nous nous informerons sur les
façons de penser propres aux Etats-uniens, autant nous saurons comment
ils pourraient avoir, eux, à répondre aux questions que je pose ici.

Ce
faiant, nous construirons notre grille de lectrure face à nos
redoutables partenaires pour décrypter les visions qu'ils ont de leurs
intérêts au travers de leurs langages. J'écris ces derniers mots au
pluriel en soupçonnant Washington d'insécérité quand nous entendîmes la
similitude des propos de RODHAM CLINTOIN et KAGAME durant l'été 2009 à
l'adresse des Zaïro-Congolais. C'est parce que je ne suis pas certain de
la durabilité du "deal" entre Kigali et Washington que je soupçonne les
USA de vouloir mettre fin à ce "deal" pour se refaire une virginité en
Afrique centrale mais ayant encore besoin que l'oligarchie rwando-tutsi
s'imagine irremplaçable comme bras armé des opérations cladestines
états-uniennes en Afrique centrale. Rappelez-vous : quand RODHAM CLINTON
et KAGAME, qui ne s'étaient pas rencontrés mais avaient été invités par
le jeune KABILA, tous deux nous disaient : "oubliez le passé et
coopérons" comme si leur intermédiaire (KABILA junior) voulait nous dire
: tant que ces deux-là n'osent pas se parler en public, je suis
indispensable et irremplaçable à la tête de cette R.D.C. dont ils
convoitent les richesses naturelles et la position stratégique. Cela
étant, vu les indignations contre cette double invitation à l'amnésie
collective et contre l'attitude dudit intermédiaire, je constate, en
paraphrasant FRIEDMAN, que certaines paroles « doivent être
rigoureusement évaluées en termes de coûts par opposition aux avantages
». KABILA junior n'a rien gagné en légitimité politique interne en
posant comme il le fit aux côtés de RODHAM CLINTON et de KAGAME car qui
osera encore voter pour KABILA junior s'il vient nous dire qu'ils a
obtenu une sorte de paix pour les Zaïro-Congolais en oubliant notre
besoin de Justice à l'encontre de Washington et de Kigali ?

J'écris,
j'écris … et j'en viens à craindre l'éventualité où KABILA Junior
serait assassiné. Grands Dieux !!! Notre époque est terrible !

Posté par BOMA OMENA Henri, 26 février 2010 à
01:39

Malheur aux vaincus…

Nous ne devons pas nous voiler la face, les plus forts ont toujours
procédé de la sorte: s'ils ne gagnent pas par la guerre,ils gagneront
par la diplomatie… en fait, tous les moyens sont bons pour gagner.
Tant que leurs intérêts ne sont pas touchés, ils peuvent accepter ou
laisser passer beaucoup de choses. Dans ce sens , l'analyse de Georges
FRIEDMAN est très intéressante car elle révèle où se situe le véritable
enjeux dans les relations entre les états. C'est ainsi qu'est éclairé
avec une lumière toute particulière le paradoxe qui consiste à avoir des
principes moraux sur lesquels certains états fondent leur existence et
leurs pratiques de tous les jours qui en sont très éloignés… Dès lors,
il s'agit de prendre conscience du fait que si on ne sait pas se
défendre, personne ne nous défendra à notre propre place. Et nous
défendre, c'est par exemple ne pas accepter l'amnésie collective qui
nous est imposée sur notre propre histoire. Cela veut dire aussi que
nous devons nous assumer face à l'histoire (je suis , par exemple,
entrain de découvrir le rôle très nuisible que le régime de Mobutu a
joué en Angola même s'il n'y était qu'un sous-traitant… et je me dois
aussi par la même occasion de connaître le rôle que L'Angola a joué et
continue de jouer en RdC). En définitive, la question qui compte
vraiment est celle de savoir pourquoi sommes-nous 'faibles' et par
conséquent, comment ne plus l'être??

Posté par Sik, 27 février 2010 à 23:13

pour que les Zaïro-Congolais ne soient pas " les vaincus"

@ l'Internaute qui signe SIK,

Posant « la question qui compte
vraiment », l’internaute qui signe SIK dit qu’il s’agit « de savoir
pourquoi sommes-nous "faibles" ».

On pourrait penser que SIK
redit la même question quand, déplorant que les Zaïro-Congolais soient
faibles en capacités sécuritaires, il demande : « comment ne plus l'être
? ».

Il faut remercier SIK d'avoir su formuler en peu de mots
ces deux questions essentielles qui exigent des réponses différentes en
des démarches diamétralement différentes, voire opposées, mais
complémentaires.

A la première question, chacun d’entre nous
peut tenter d’y répondre et nous enrichir tous de sa démarche
conceptuelle qui conduit à la réponse qu’il propose.

Première
question : « Pourquoi sommes-nous "faibles", nous les Zaïro-Congolais,
par rapport à d’autres peuples qui sont dotés d’un appareil étatique de
sécurité plus efficace que le nôtre ? ». Voici ma proposition de réponse
: nous sommes ainsi faibles parce que nous concevons tant notre
République que ses forces armées en essayant d’imiter celles des autres
peuples au lieu de les concevoir en fonction de nos propres contraintes
et réalités, surtout si on est bien informé de ce qui est fait ailleurs.

A la deuxième question, personne ne devrait s’autoriser une
réponse individuelle car il s’agit d’agir collectivement pour être
efficace.

Deuxième question : « comment remédier aux faiblesses
de la capacité sécuritaire collective des Zaïro-Congolais ? ». Réponse :
en nous mobilisant dans la perspective du rapport que le Secrétaire
Général de l’O.N.U. doit remettre au Conseil de Sécurité à partir du 1er
avril 2010 au sujet de nos forces armées.

Posté par BOMA OMENA Henri, 28 février 2010 à
18:55

Justifier un assassinat politique est-ce moral?

L'assassinat politique existe dans le monde depuis la nuit des temps.
L'assassinat de César,de Henri IV,etc.
Il est évident qu'un
assassinat politique est à différencier d'un assassinat crapuleux. Le
premier à l'instar d'un crime passionnel peut faire l'objet d'une
indulgence particulière de la part de l'opinion et ou de la justice. Le
second suivant les circonstances que vont lui reconnaître la justice
sera à l'origine d'une condamnation plus ou moins lourde.
La
difficulté naît de la considération portée à un crime qui ôte la vie ou
des vies,qui porte préjudice à une famille,à un pays. Il est courant de
noter les applaudissements d'un peuple opprimé à la mort d'un
tyran,qu'elle soit naturelle ou violente. On a vu les gens sourire à la
mort triste et peu héroïque de Samuel Doe au Libéria,on a pensé en ce
moment là précis à la manière dont il a lui même mis fin à la vie du
Président Tolbert.
Finalement il y a très peu de sensiblerie quand on
décide de l'élimination physique d'un adversaire politique. Les buts
seuls comptent. Quand on prend la décision de tuer Yamamoto,on sait
l'attachement des japonais à la hierchie,au code de l'honneur mais on
savait aussi que décapiter l'armée japonaise d'un de ses commandants les
plus prestigieux agirait sur le moral des troupes. Je ne sais pas si
cela a fonctionné mais la réalité est telle que la hiérarchie politique
et militaire américaine avait consenti et autorisé cet assassinat.
L'assassinat à grande échelle avec la bombe atomique a permis la fin de
la guerre avec le Japon.
La morale judéo-chrétienne qui s'inspire
des tablettes de la loi condamne et reprouve l'acte de tuer un être
humain pour quelque motif que ce soit en dépit des contradictions
qu'affiche la bible sur ce thème. Tu ne tuera point y est-il dit.
La
raison d'état commence là où s'arrête les raisons de la morale. Je
n'apprendrais à personne ici les assassinats commandités par la CIA en
Amérique du Sud ou dans d'autres partie du monde. Le but en était
souvent le combat contre le communisme.
Quand on assassine Sylvanus
Olympio au Togo,on reste dans le combat politique pur et dans
l'abjection totale. Les adversaires qui éliminent brutalement un
concurrent potentiel pour s'offrir seuls les voies et moyens de se faire
élire ou d'éviter de se confronter à un adversaire politique trop
pugnace même en agissant dans l'opposition.
L'assassinat du prince
héritier de l'empire austro-hongrois qui déclencha la première guerre
mondiale était dû à un nationaliste serbe qui réfutait l'hégémonie de
l'Autriche-Hongrie sur la Serbie. Anouar El Sadate,Yitzak Rabbin furent
les victimes des fanatiques à la fois réligieux et nationalistes.
On
relève souvent l'absurdité de l'assassinat en politique puisque on se
dit qu'une solution simple eut été profitable tout en ignorant que les
enjeux en place n'autorisent pas toujours une conciliation diplomatique.
S'agissant
du dernier assassinat du responsable du Hamas à Dubaï dont le
scénario,tel que résumé par les réportages présentant la vidéo de
l'hôtel, semble être tiré d'un mauvais roman policier ou d'espionnage.
Tout le monde sait comment le hamas s'est emparé du pouvoir à Gaza
sapant du coup tous les efforts de paix que la communauté internationale
essaient de réaliser sur cette partie du monde. Les assassinats,les
palestiniens en ont commis et continuent à en commettre entre eux.
Les
Israéliens de leur part sont très actifs,on se rappelle les attentats
spectaculaires commis par l'armée hébreux contre le Cheick Yacine
aveugle et présenté comme le fondateur du Hamas et la joie qui s'en
suivit en Israél,la mort d'un dirigeant palestinien exécuté à distance
par l'explosion de son téléphone portable piégé par le Mossad à Gaza.
Mais
Arafat représentait plus encore. Il dut la vie pendant le siège de
Beyrouth à François Mitterand qui obtint de l'état hébreux son
évacuation vers Tunis sans que les troupes israéliens aient eu à
l'humilier. La scène de Yasser Arafat embrassant la dépouille mortelle
de François Mitterand sur son lit de mort en dit long sur la
reconnaissance du dirigeant palestinien envers l'ancien président
français.
N'oublions pas la baraka qui servit de bouclier à Yasser
Arafat tout le long de sa vie,hormis les complots inter-palestiniens,il a
échappé à l'attaque du siège de l'OLP à Beyrouth par des agents secrets
israéliens,il eut la vie sauve de justesse à Tunis après que l'aviation
israélienne eut là aussi bombardé le siège de L'OLP. Le même scénario a
vu s'échapper à la mort le colonel Kadhafi dont la résidence fut
attaquée par les aviateurs américains,la CIA ignorant que le dirigeant
libyen couchait sous sa tente de bédouin ce qui lui valut la vie sauve.
Éliminer Kadhafi représentait une punition contre son activisme
anti-américain.
Tuer Yasser Arafat décapitait l'OLP de son dirigeant
le plus charismatique,les israéliens étant convaincus de l'impossibilité
de faire la paix avec les palestiniens tant que celui-ci restait aux
commandes. Tout le monde sait ici que les palestiniens et les israéliens
se disputent cette bande de terre considérée par les uns comme étant la
Palestine et par les autre comme la terre d'Israél. Philistin et
Goliath,Israél et David,cela ne vous dit rien? ça donne l'impression
d'une dissension très très ancienne. Ceci dit on a pas encore fini de
compter les morts. On pourrait dans ce cas se demander de l'utilité de
l'assassinat politique et des tueries de toutes sortes qui laissent
chacun camper dans ses positions,dans le statut quo.
On pourrait
aussi se demander si les médias internationaux ne seraient pas allé trop
vite en besogne en désignant le Mossad comme responsable de
l'assassinat du dirigeant du Hamas. On doit savoir que ce monsieur
agissait à Dubaï en tant négociateur dans le cadre d'un achat d'armement
pour les troupes armées du mouvement Hamas dont il était le fondateur.
Les services de l'Autorité palestinienne pouvaient être inquiets par ce
type de transaction car les armes du Hamas ne servent pas qu'à attaquer
Israél mais aussi les partisans de l'OLP. Personne n'ignore la guerre
civile larvée qui sévit au sein des palestiniens,animée par des raisons
diverses y compris des raisons d'argent. Vouloir prendre la tête de
l'OLP ou de l'Autorité palestinienne suppose la gestion d'énormes sommes
d'argent nécessaire au fonctionnement de ce mini État virtuel. Le Hamas
lui a des commanditaires probables qui l'alimentent en liquidités
sonnantes. L'argent dans ce cas peut être à l'origine des rivalités au
sein même du mouvement Hamas et susciter l'élimination physique de
l'adversaire politique dans son propre camp. Attendons les enquêtes
possibles pour s'avancer dans les convictions sur l'origine de la mort
du dirigeant du Hamas.
plus près de nous les assassinats de
Mulele,Lumumba,Ngouabi ont eu à soulager les familles endeuillé par le
fait de ces dirigeants politiques. Ce n'est pas vraiment un mouvement de
joie. Un sentiment d'équité,l'exergue de la loi du Talion. Ils ont tué
les nôtres,ils sont morts à leur tour,fussent-ils par la main séculier
de leurs propres adversaires politiques. Justice est faite pour nous
quoi qu'en disent les fanatiques.
Donc l'assassinat politique peut
aussi être une forme de justice expéditive,une vengeance politique. On
peut le cacher sous la forme d'une sanction judiciaire comme ça l'était
pour les conjurés de la pentecôte.
Un point obscure me vient à
l'esprit,qu'un dirigeant aussi important du Hamas représentant une cible
sensible se soit promené à Dubaï visiblement sans escorte ni garde
rapprochée. Cela dénote d'une naïveté incompréhensible de la part d'un
mouvement palestinien dont certains dirigeants ont leur tête mise à prix
tout simplement. Un hôtel de grand standing n'était pas non plus un
endroit de plus discret. Comment un mouvement qui reçoit des
confortables subsides de la part de l'Iran va-t-il négocier l'achat des
armes presque à découvert à Dubaï. Un séjour à Téhéran n'aurait-il pas
été plus discret?
De la mort de Lumumba on évoque souvent la CIA,La
Belgique et on nomme très peu les trois cents familles qui servaient de
socle économique du Congo-Belge. Perdre leur argent du fait de
l'allégeance du Congo indépendant au communisme était angoissant pour
eux. Mobutu a su tromper le peuple avec la zaïrinisation tandis qu'en
coulisse les trois-cents familles furent entièrement indemnisées au délà
des espérances. Et ironie de la chose,la société générale de Belgique
poursuivit la commercialisation de la production de la Gécamine à
travers la société générale des minerais. Mobutu en eut la vie sauve et
usa de la Gécamine comme d'un bien personnel.
Kabila Laurent fut
moins heureux. On se rappelle de Mandela sur le Lutenika essayant de
convaicre Mobutu de ceder le pouvoir à l'AFDL et de rentrer à Gbadolite
en lui assurant la garantie de sa sécurité. Qui pouvait évoquer à
l'époque les intérêts économiques de l'Afrique du sud chez nous que
défendait en ce moment là Madiba Nelson Mandela. La MIBA à Bakwanga a
longtemps été une entreprise Sud-africaine. Quand Kabila Laurent a
dénoncé les contrats passés pendant la conquête du pouvoir,il attribua
la MIBA à une société obscure Israelienne. C'est peut-être un racourci
mais une des causes de sa mort est à attribuer à la révision des
contrats signés avant sa prise de pouvoir. Le martyr c'est bien beau. Le
tact et la mésure est aussi le propre d'un homme politique avisé. Un
mort même martyr ne fournit aucun bénéfice à son pays. La diplomatie
existe pour cela,arrondir les angles,trouver des solutions à des
problèmes qui présentent des résolutions difficiles.
Quand à Joseph
Kabila et l'ensemble du personnel politique actuel,la démocratie doit
dans tous les cas leur servir de protection. L'alternance rendu possible
doit pouvoir permettre à ses adversaires d'accéder au pouvoir par la
voie des urnes. Dans ce Congo qui présente un clivage trè net à
50/50,rien n'est impossible. D'ailleurs quoi que l'on fasse,il n'est
plus possible d'effectuer plus de deux mandats. Dans ce contexte
l'élimanation physique d'un adversaire politique n'a plus lieu
d'exister.
Tuer son prochain quelque soit le terme utilisé pour le
désigner,reste une abomination,un acte immoral,amoral.

http://www.youtube.com/watch?v=YyUVbDFRBO0

http://observatoire.skynetblogs.be/post/7680420/cadre-palestinien-du-hamas-assassine-par-un-c

http://observatoire.skynetblogs.be/post/7680420/cadre-palestinien-du-hamas-assassine-par-un-c

Posté par bony, 28 février 2010 à 20:02

@ Bony:

Tu édulcores ton intervention brillante avec la
justification des assassinats de Patrice Lumumba et de Marien Ngouabi.
Je ne sais de quelles sources tu tires des conclusions comme : « ils ont
tué » ! Qui sont ceux-là que Lumumba aurait tués ? J’ai beau te dire
que les massacres de Bakwanga furent le fait des soudards de Mobutu,
massacres qui ont d’ailleurs motivé la rupture entre Lumumba et Mobutu,
rien n’y fait : tu persistes et signes ! Par ailleurs, Lumumba n’a
jamais été communiste. Il faisait partie de la mouvance des leaders des
pays non-alignés dont le porte-voix était l’Inde de Nehru. Je te
rappelle aussi que durant la Guerre Froide, tous ceux qui étaient dans
le camp des pays non-alignés étaient faussement taxés de « communistes
». Sans Lumumba, le Congo n’aurait jamais été indépendant dans les
délais requis. Toi qui te clames patriote conservateur devrais au moins
lui reconnaître la qualité de père fondateur de la nation congolaise
souveraine au lieu de chaque fois ternir son image par des philippiques
partisanes.

Posté par Alex Engwete, 28 février 2010 à 20:44

@Alex,

Je ne les justifie pas,je stigmatise les partisans de
la loi du Talion.
je reconnais tout à fait à tous ceux qui ont
négocié notre indépendance à la table ronde la qualité de père de
l'indépendance y compris à Lumumba même si je ne suis pas son partisan
le plus absolu.

Posté par bony, 28 février 2010 à 23:33

@ Bony:
Merci d’avoir clarifié les choses.

Posté par Alex Engwete, 01 mars 2010 à 04:13

pour que les Zaïro-Congolais ne soient pas " les vaincus" (suite)

@ l’Internaute qui signe BONY

En le remerciant, je me permets
de penser que, par son commentaire, BONY apporte réponse à
l’interrogation que je formule de la sorte : « Sans faire l'apologie de
l'assassinat de qui que ce soit, je me demande, en lisant l'extrait ici
traduit par ALEX, ce que les Internautes, sur ce blog, pourraient dire
de la disparition soudaine de tel ou tel acteur de la géopolitique en
Afrique centrale ».
Que répond BONY ? Il nous donne un exemple du
romantisme politique typiquement zaïro-congolais. Un romantisme
empruntant ses formes aux postures "mobutiennes" et son contenu à la
conviction que, une effective souveraineté du Congo-Zaïre étant
impossible en interdépendances avec d’autres peuples auxquels nous
sommes incapables de faire respecter nos droits, il vaut mieux agir sur
l’exemple de MOBUTU, un exemple par lequel le sens de valeurs est
totalement inversé.

On croit lire sous la plume de BONY une sorte
de "satisfecit" à l’endroit de l’exemple mobutien : lui au moins, il a
sauvé sa peau en mourant dans son lit après avoir bien joui du pouvoir
d‘Etat. C’est BONY qui nous fait comprendre cela quand il écrit : « De
la mort de Lumumba on évoque souvent la CIA, la Belgique et on nomme
très peu les trois cents familles qui servaient de socle économique du
Congo-Belge. Perdre leur argent du fait de l'allégeance du Congo
indépendant au communisme était angoissant pour eux. Mobutu a su tromper
le peuple avec la zaïrianisation tandis qu'en coulisse les trois cents
familles furent entièrement indemnisées au delà des espérances. Et
ironie de la chose, la société générale de Belgique poursuivit la
commercialisation de la production de la Gécamines […] Mobutu en eut la
vie sauve et usa de la Gécamines comme d'un bien personnel ».

Il
me faut remercier BONY car depuis un moment je voulait démontrer à mon
entourage qu’un des éléments de la faiblesse des Zaïro-Congolais à
pouvoir par eux-mêmes à la sécurité de leurs pays tient à la survivance
de la contamination psycho-intellectuelle dans nos esprits et dans nos
engagements des postures et vanités "mobutiennes"

A quels
engagements nous vouer collectivement quand, parmi nous, il y en a
encore beaucoup trop qui ne songent qu’à sauver leur peau ? Or, à la
question, que posait SIK, de savoir comment faire pour ne plus être
faibles en matière de sécurité, une des réponses est de faire comprendre
à tous ceux, qui ne font pas partie de notre peuple, que chacun d’entre
nous est prêt à risquer sa vie et ses intérêts pour venger ou éviter
qu’on touche à la vie ou qu’on viole les intérêts d’un seul d’entre
nous. Une telle façon de se sécuriser collectivement est inconcevable
dans la logique du romantisme politique "mobutien".

Il me faut
remercier BONY car, comme pour confirmer ce que j’appelle romantisme
politique "mobutien", il cite, parmi d’autres, l’exemple de l’assassinat
de LUMUMBA et celui de l’assassinat de KABILA père en essayant de faire
croire que, pour certaines personnes s’estimant victimes des décisions
et actions de ces deux politiques congolais, « Un sentiment d'équité,
l’exergue de la loi du Talion. Ils ont tué les nôtres, ils sont morts à
leur tour, fussent-ils par la main séculière de leurs propres
adversaires politiques. Justice est faite pour nous quoi qu'en disent
les fanatiques ».

Formellement précautionneux mais peu
convaincant quand il écrit que « Tuer son prochain quelque soit le terme
utilisé pour le désigner,reste une abomination,un acte immoral,amoral
», BONY essaye aussi de faire croire que, pour certaines personnes ayant
eu des intérêts économiques dans notre pays, il y a une explication, à
défaut de justification, à l’assassinat de LUMUMBA : « De la mort de
Lumumba on évoque souvent la CIA, la Belgique et on nomme très peu les
trois cents familles qui servaient de socle économique du Congo-Belge.
Perdre leur argent du fait de l'allégeance du Congo indépendant au
communisme était angoissant pour eux ».

Sur ce point, le
commentaire de ALEX, rétablissant la vérité historique, n’enlève rien à
la logique propre au raisonnement de NONY car, que LUMUMBA ait été
communiste ou en allégeance à l’URSS ou bien qu’il ne l‘ai pas été, on
l’a considéré pour tel. A suivre le raisonnement de BONY, on
l’entendrait presque dire : tant pis pour LUMUMBA de n’avoir, pas été
assez malin pour éviter d’être ainsi considéré ou présenté par ceux qui
ont eu intérêt à sa mort.

Sur ce point de ma négative
appréciation du commentaire de BONY, j’aurais aimé fabulé et lui
attribué une pensée qui ne soit pas sienne mais on peut lire, sous la
plume de BONY, cet éculé et erroné reproche souvent entendu à l’égard
d’un LUMUMBA qui n’aurait pas été suffisamment malin. BONY reprend ledit
reproche à sa manière : « Le martyr c'est bien beau. Le tact et la
mesure sont aussi le propre d'un homme politique avisé. Un mort même
martyr ne fournit aucun bénéfice à son pays. La diplomatie existe pour
cela, arrondir les angles, trouver des solutions à des problèmes qui
présentent des résolutions difficiles ».

A lire ce qu’écrit BONY,
une désagréable idée me vient : l’idée de la couardise de nombreux de
mes compatriotes qui m’apparaissent souvent à ce point pusillanimes
qu’ils sont capables de manquer de respect envers les efforts et les
sacrifices d’autrui à leur égard, surtout quand celui, qui s’est soucié
d’eux, leur a fait démonstration d’un courage qu’il n’ont pas eux-mêmes.

Cette désagréable idée de la couardise de nombreux parmi mes
compatriotes se confirme en lisant cette autre opinion de BONY : « Quand
Kabila Laurent a dénoncé les contrats passés pendant la conquête du
pouvoir, il attribua la MIBA à une société obscure israélienne. C'est
peut-être un raccourci mais une des causes de sa mort est à attribuer à
la révision des contrats signés avant sa prise de pouvoir ». On a
presque l’impression que BONY, ne supportant pas le courage de KABILA
père dans l’intérêt et au service de notre peuple, s’adresse à la
mémoire de KABILA père pour lui dire : « pourquoi diable as-tu voulu
révisé cet contrat-là, ne pouvais-tu pas laisser se poursuivre cet
injuste contrat et préserver ainsi ta vie ? ». Nani atunaki yo oboya
"contrat" ya "société obscure israélienne" wana ? Ngai te, nakotaki te
na kati ya mindondo ya yo ! Bongo, liwa ya yo etali ngai te. Bato’yo
bomaki yo, batika ngai na kimia. Makomba wana, ya ngai te.

Voilà
un élément de réponse à la double question que posait l’Internaute qui
signe SIK : « En définitive, la question qui compte vraiment est celle
de savoir pourquoi sommes-nous "faibles" et par conséquent, comment ne
plus l'être ? ».

Comment ne plus l'être ?

En ayant à ce
point le souci les uns des autres que, par les exemples d’une telle
conscience collective des liens entre nos différents intérêts et nos
différentes vies, nous parvenions à faire comprendre à tous ceux, qui ne
font pas partie de notre peuple, que chacun d’entre nous est prêt à
risquer sa vie et ses intérêts pour venger ou éviter qu’on touche à la
vie ou qu’on viole les intérêts d’un seul d’entre nous.

Posté par BOMA OMENA Henri, 01 mars 2010 à 05:42

Les congolais ne sont pas des couards

Je remercie Boma Omera de me porter la contradiction. Mais j'ose dire
qu'il est à coté de la plaque. Nous devisions ici sur l'assassinat
politique. Mon récit s'en tient à cela.
Par ailleurs je ne suis pas
d'accord avec lui lorsqu'il insulte le peuple congolais et à sa manière
de se singulariser de lui.
Les congolais ne sont pas des couards.
L'histoire a inscrit dans le marbre les armées de notre pays
reconnaissant leur bravoure pendant les deux grandes guerres mondiales.
Soudan,Egypte,Palestine,Birmanie,Tanganyika,le Tchad,le Ruanda,la
Belgique ont vu nos soldats payer de leur sang la sécurité de leurs
pays. Les rues de la capitale congolaise gardent le souvenirs des
victoires remportées par notre armée dans ces contrées lointaines et
proches.
Je remercie Boma Omera de me lire avec attention mais je ne
fais aucunement l'éloge de"sauver sa peau". On ne peut pas solliciter
les suffrages de tout un peuple pour se positionner ensuite dans une
posture de martyr. Quel gâchis. Le peuple n'a pas besoin des martyrs.
C'est des bâtisseurs dont il a besoin. Un homme politique qui évite les
mésaventures à son peuple n'est pas un couard comme Boma Omera voudrait
bien le démontrer. C'est un homme d'état responsable qui évite de se
mettre en danger inutilement pour ne pas porter préjudice à son peuple
par sa mort prématurée. je ne crois pas que le souci majeur d'un
politicien d'envergure soit celui d'être le martyr de la cause de son
pays. La population a besoin d'un organisateur,d'un entraîneur et non
pas d'un candidat au suicide.
Savoir agir avec tact et mesure ça
n'est pas de la couardise. J'ai entendu ce discours négatif quand notre
pays négociait avec le Ruanda pour mettre fin aux agissements de
Nkundabatuare. Le gouvernement congolais avait visiblement raison,ce
n'est une preuve de couardise. C'est aussi du courage que de pouvoir
s'asseoir à la table de négociation avec son ennemi.
L'habileté
diplomatique,ce n'est pas de la couardise non plus. C'est nettement une
expression vive de l'intelligence. Savoir mettre en pratique les notions
aussi simple que celles d'un sport de combat comme le judo où l'on peut
user ce qui pourrait apparaître comme une faiblesse pour marquer des
points mais dans la diplomatie ceci est fait sans humilier son
interlocuteur.
Faire des concessions dans un moment de conciliation
n'est nullement une marque de faiblesse. Qu'aurait-il été mieux? Que le
japon signe la paix avant ou après les deux bombes atomiques. Le japon
aurait été couard à quel moment,en signant avant la bombe ou en le
faisant après.
Un politicien qui met en danger sa population pour le
besoin d'assouvir son orgueil personnel,pour passer pour quelqu'un de
courageux n'est qu'un vulgaire irresponsable qui ne mérite pas les
suffrages qui l'ont porté à sa charge.
Je soumets à la réflexion de
Boma Omera deux réflexions africaines quelque peu synonymes. La première
est congolaise et la seconde ivoirienne.
-La poule n'avale que les
grains adaptés à son gosier.

-Quelqu'un qui avale une noix de
coco fait confiance à son fondement.

Cher Boma Omera,ce n'est pas
être "malin" que d'être habile.

Posté par bony, 01 mars 2010 à 08:51

ce n'est pas une preuve de couardise

Posté par bony, 01 mars 2010 à 08:54

pour que les Zaïro-Congolais ne soient pas " les vaincus" (suite 2)

@ BONY,

On ne peut qu'être satisfait de cette magistrale
façon, qui est la vôtre, de porter la contradiction pour mieux faire
apparaître la subtilité de la double question posée par SIK.

Une
des possibles réponses à cette double question nous est proposée par
Monsieur FRIEDMAN George lui-même dans la traduction que ALEX nous
expose : « Les fins politiques recherchées par les Israéliens n’ont donc
pas été réalisées. Les Palestiniens ne sont pas devenus plus faibles »
parce que, quand un des leurs est assassiné, un autre combattant
palestinien prend sa place et continue le combat avec la même
détermination.

Les Palestiniens sont, au vu des exemples
présentés par FRIEDMaN, dans un schéma collectif et non individualiste
de l’action politique.

A cause du "romantisme politique
mobutien" dont la plupart d’entre nous n’arrive pas à se débarrasser, un
tel schéma collectif est très difficile à faire émerger parmi les
Zaïro-Congolais.

De récentes conversations avec des amis belges
et des amis congolais me reviennent en lisant les deux expressions, que
vous soumettez à notre réflexion commune, à savoir : « La poule n'avale
que les grains adaptés à son gosier » ; « Quelqu'un qui avale une noix
de coco fait confiance à son fondement ». Pour ne pas se connaître
soi-même, on en arrive ce genre d’ingurgitation par cupidité et/ou
gourmandise personnelles.

Pour n’avoir pas « aimé » ses
compatriotes en étant attentifs à leurs réalités, on en arrive à
prendre, au nom desdits compatriotes, des engagements qui détruisent la
nation.

Voyez le cas de la zaïrianisation : on a voulu, du jour
au lendemain, créer une classe moyenne entreprenante sur injonction de
l’Etat : une expropriation collective qui ne fut en réalité qu’un acte
de prédation maquillé en prétention au droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes et de leurs richesses. Ce faisant, nous ne profitons pas de
nos richesses et nous disposons si peu de nous-mêmes que nombreux parmi
nous ont pris des nationalités étrangères pour jouir des protections de
leur nouvelle nationalité.

Pour avoir si peu aimé notre pays et
ses populations, MOBUTU nous entraîna dans des décisions économiques
aberrantes nous faisant rater l’opportunité de pouvoir, par étapes
successives et sous le confortable parapluie de l’assujettissement aux
intérêts occidentaux au temps de la guerre froide, corriger
l’extraversion des structures et mentalités économiques héritées de la
période coloniale. On enrage en constatant que, au lieu de vouloir
uniquement se fabriquer un ersatz de bourgeoise à sa dévotion, MOBUTU
n’eut pas souci sincère de reconfigurer nos réseaux de transports
(fluvieux, ferroviares et routiers) ainsi que les capacités de nos
agriculteurs à nous nourrir et s'enrichir pour soutenir un essor
économique endogène. Résultat : nous dépendons encore de l'aide
financière extérieure au lieu d'être créanciers du monde entier.

Autre
exemple : espérant se repositionner personnellement en indispensable
esclaves de l’Occident après la chute du mur de Berlin, MOBUTU et KENGO
acceptèrent d’accueillir chez nous les réfugiés des tueries
inter-rwandaises sans la précaution de la géopolitique propre à nos
populations du Kivu. Si ces deux dirigeants avaient mis l’intérêt de nos
populations au-dessus de leur volonté de puissance personnelle, ils
auraient refusé les demandes, à eux faites par l’O.N.U. et par les
Occidentaux, d’accueillir, comme ils le firent, les réfugiés rwandais.
Résultat : la déstabilisation du Kivu n'en finit pas et le CNDP prépare
la sécession de la partie nord du Kivu à l'administration de laquelle,
lui le CNDP, est associé alors qu'il y perçoit des taxes qu'il n'envoit
pas à Kinshasa tandis que KAGAME érige en zone affranchie de taxes la
partie du Rwanda frontalière au Kivu.

Autre exemple : les
interventions dans le conflit angolais, jadis. SIK nous apprend être
occupé à s’informer à ce sujet. ALEX nous avait aussi informés en
affichant sur ce blog le verbatim d’une entrevue accordée par KISSINGER à
un envoyé de MOBUTU. Edifiant !

Au cours de mes conversations
avec des amis belges et congolais, il était question de savoir en quoi
nos lettrés et autres universitaires zaïro-congolais, qui se disent ou
que l’on prétend être des "intellectuels", font preuve, de manière
active, d’un amour ou d’un manque d’amour pour leur pays, d’un souci ou
d’une absence de souci pour les réalités de nos concitoyens.

Personnellement,
j’opine à penser qu’ils sont nombreux, parmi nos soi-disant
"intellectuels", à ne pas aimer notre pays, à ne pas être attentionnés à
la vie et aux intérêts des femmes et des hommes de notre pays, mais à
aimer l’argent, souvent illégalement acquis, que leur rapporte, à titre
personnel, la chance d’être nés sur la terre dite « scandale géologique »
et d’y être intermédiaires corrompus ou corrupteurs entre, d’une part,
nos populations victimes des pratiques de corruption et, d’autre part,
des opérateurs affairistes et corrupteurs avides, par exemple, de
"minerais ensanglantés" et/ou "acquis à vil prix" ou bien avides, autre
exemple, d’essence de bois tropicaux abattus sans autorisation
administrative ; dans ce dernier cas, je songe à la dernière
dénonciation de trafic de bois tropicaux dénoncé par Greenpeace ; dans
l’autre cas, je ne résiste pas à citer à nouveau BONY lui-même : « Quand
Kabila Laurent a dénoncé les contrats passés pendant la conquête du
pouvoir, il attribua la MIBA à une société obscure israélienne. C'est
peut-être un raccourci mais une des causes de sa mort est à attribuer à
la révision des contrats signés avant sa prise de pouvoir ».

Alors
que la double question, que pose SIK, vise à trouver des réponses et
une attitude collective pour ne pas être « vaincus », en tant que
nation, dans l’affrontement entre les Etats, le positionnement, que
propose BONY, s’en tient à l’attitude personnelle d’un homme placé en
situation de leadership.

Or, il ne s’agit pas ici de limiter
notre réflexion commune à la démarche de « Un politicien qui met en
danger sa population pour le besoin d'assouvir son orgueil personnel,
pour passer pour quelqu'un de courageux […] ». Cette démarche-là fut
celle de feu le Président MOBUTU dont la geste politique doit, selon
moi, être érigée en modèle pédagogique de ce qu’est « un vulgaire
irresponsable qui ne mérite pas les suffrages qui l'ont porté à sa
charge ». Comme BONY l’écrit bien, il ne fait pas « l'éloge de "sauver
sa peau". On ne peut pas solliciter les suffrages de tout un peuple pour
se positionner ensuite dans une posture de martyr. Quel gâchis ! »

La
concurrence entre les Etats est affaire sérieuse dans laquelle on ne
peut prétendre s’engager pour y assouvir un quelconque objectif
personnel. Et, le drame de gens comme LUMUMBA ou KABILA Laurent est
d’avoir été confrontés à des corrompus corrupteurs et commanditaires
d’assassinats qui leur imposent ce choix-ci : ou bien ils se font
assassiner ou bien ils entrent en corruption personnelle et créent
affaiblissement de notre nation, nous rangeant ainsi parmi les « vaincus
» de la concurrence entre les Etats. Pour avoir refusé la deuxième
branche de l’alternative, ils furent assassinés. Quant à MOBUTU, il a
choisi l’autre branche.

Ce qui me met en colère, c’est de
constater la persistance du schéma individualisant de penser les
intérêts de tout un peuple sous le prisme d’un seul homme.

Que
nombreux parmi nous continuent à réfléchir ainsi, comment éviter alors
que ce soit sur ce schéma-là que celui, qui nous représente, ne se
laisse pas aller à agir en individualiste quand autour de lui nous
continuons à penser nos enjeux collectifs en enjeux personnels ?

La
preuve ? Voyez BONY ! Alors que nous réfléchissons à comment « tous
ensemble » ne plus être « faibles », il fait commentaire en termes
d’action et de pensée d’un seul.

Comment donc parviendrons-nous à
faire comprendre aux commanditaires, qui donnent mandat pour les
assassinats de nos dirigeants, l’inutilité de tels assassiner parce que
nous sommes motivés à lutter contre les prétentions desdits
commanditaires et qu’un seul d’entre nous peut être, derechef, remplacés
par nombreux autres parmi nous soucieux de nos intérêts ?

Comment
?

Telle est, cher BONY, un aspect de la question que SIK nous a
posée.

Posté par BOMA OMENA Henri, 01 mars 2010 à 14:14

Si les congolais ne défendent pas la RDC, qui la défendra??

Merci à Alex ; BOMA OMENA Henri et BONY d’enrichir cet échange.
Tenter
d’expliquer notre état de faiblesse actuelle est une entreprise d’une
grande complexité si on utilise que des mots. C’est ainsi qu’il y a des
faits qui valent tous les discours…
Dans la libre Belgique en ligne
de ce 03Mars, j’ai lu qu’un “fonds vautour” avait obtenu le droit d’être
payé sur un “pas-de-porte” destiné à la Gécamines. N’étant pas un
expert, j’ai essayé d’en savoir un peu plus sur les fonds vautours aux
adreses suivantes :
http://www.vernimmen.net/html/glossaire/definition_fonds_vautour.html

http://www.dette2000.org/data/File/Dossier_Fonds_Vautours_-_Jubile_Zambie_feb._07.pdf

http://www.cadtm.org/Fonds-vautours-l-Afrique-riposte

Ce
que j’y apprends aiguise ma curiosité et me pousse à m’interroger sur
le fait suivant :

Un de ces "fonds vautours", FG Hemisphere –
une entreprise américaine du Delaware – a racheté plusieurs dettes du
Congo-Kinshasa. Début 2009, il avait obtenu d’un tribunal sud-africain
la saisie des recettes escomptées par la Snel (société nationale
d’électricité) durant 15 ans sur le courant vendu par l’entreprise
congolaise à l’Afrique du Sud, soit 105 millions de dollars. Le tribunal
sud-africain clôturait ainsi une procédure entamée devant un tribunal
américain du district de Columbia (Washington), devant lequel la partie
congolaise avait perdu, en 2007, essentiellement parce qu’elle ne
s’était pas présentée devant la justice durant 13 mois … Et le même FG
Hemisphere s’est aussi attaquée aux "pas-de-porte" en cours de versement
par des entreprises étatiques chinoises en contrat avec la Gécamines,
société publique congolaise, et l’Etat congolais, pour fournir et
construire au Congo diverses infrastructures de base (routes, rail,
logements) en échange de matières premières (cuivre, cobalt, or). Le 10
février dernier, un tribunal de Hong Kong vient de trancher en faveur du
fonds vautours FG en reconnaissant à ce dernier " le droit de faire
saisir cette somme sur le "pas-de-porte" de 350 millions de dollars dû
par l’entreprise étatique China Railway à la Gécamines.

N’y
avait-il rien à faire ? Deux exemples qui n’ont manifestement pas
inspirés grand monde en RDC :
1. En avril 2009 la présidente élue du
Liberia, Ellen Sirleaf Johnson – ancien haut fonctionnaire à la Banque
mondiale -, était arrivée à couper l’herbe sous le pied des prédateurs
en faisant racheter par l’Etat libérien une partie de sa dette
commerciale extérieure à un prix correspondant à 3 % de leur valeur
faciale, ce qui avait empêché des fonds vautours de s’en emparer; elle
avait ainsi fait baisser la dette extérieure du Liberia de 4,9 à 1,7
milliard de dollars !

2. Depuis le 29 juin 2009, la « Facilité
africaine de soutien juridique » (en anglais ALSF : African Legal
Support Facility ) désigne le Fonds international qui fournit
l’assistance juridique aux Etats attaqués par les fonds vautours. Son
budget de départ est de 20 millions de dollars mais il pourrait
rapidement monter à 30 millions de dollars. Ce Fonds interviendra
essentiellement à deux niveaux contre les fonds vautours. En amont, il
financera la mise à disposition de services juridiques à travers des
cabinets d’avocats pour négocier une réduction du montant de la créance
réclamée par les fonds vautours. En cas d’échec des négociations, il
financera, en aval, l’aide juridique au cours des procès intentés devant
les tribunaux et les organes d’arbitrage. Ce financement prendra la
forme de dons avec un plafond quant au montant maximum à allouer à
chaque pays. Ce nouveau dispositif est destiné aux 53 pays africains
membres de la BAD qui en feraient la demande…

Pour ma part, s’
il est clair que je refuse de croire un seul instant au fait que ce
serait de la fatalité et qu’il n’y aurait rien à faire je persiste,
cependant, à dire qu’il importe d’abord de distinguer ce qui relève de
l’intérêt de la RDC de ce qui relève de l’intérêt individuel des hommes
et femmes politiques congolais en vue de se maintenir ou pour conquérir
le pouvoir… Car il s’agit de défendre le Congo et non des individus
assoiffés de pouvoir. Dans ce sens la diaspora congolaise pourrait jouer
un grand rôle. Les fonds vautours étant, pour la plupart, basés dans
des pays où il est possible de mener des campagnes pour sensibiliser les
opinions publiques sur leurs méfaits. Et je continue à croire que tout
ce qui s’écrit sur cet espace pourrait contribuer à une telle campagne…

Posté par SIK, 03 mars 2010 à 17:42

@Cher Sik,

Présenté comme cela avec l'épithète vautour on
donne ainsi une imagerie spectaculaire à ces fonds.
Le principe est
simple,vous ne pouvez pas rembourser votre dette vous la faite racheter
par la même banque ou une autre pour obtenir le reéchelonnement de votre
dette. Rien ne se fait sans l'accord des créanciers dont les principaux
sont la banque mondiale et le FMI. Faire racheter sa dette n'est pas
une mauvaise chose en soi si l'opération est effectuée dans les règles.
il
faut savoir que les banques privées qui nous ont prêté de l'argent
n'effaceront jamais la dette que nous avons contractée envers eux. Les
états pourront le faire comme la France l'a fait récemment pour Haïti.
D'ailleurs
il y a souvent du donnant donnant,la dette n'est pa effacée
gratuitement. La France lorgne du côté de la reconstruction de Port aux
Princes et la confection des infrastructures en Haïti qui donneront du
travail aux entreprises françaises. On peut donner de la main droite et
reprendre de la main droite.
L'état a le droit de poursuivre le
versement régulier des interets de la dette ou la faire acheter en
s'entourant des conseils avisés des organismes tnternationaux.
Mon
cher Sik,aucun pays ne paye sa dette en totalité,même pas les Etats-Unis
considérés pourtant comme le pays le plus riche du monde.
Notre pays
est sous tutelle de la banque mondiale et du FMI,toute transaction est
controlé même celle conclue avec les fonds vautours comme vous le dites.
Kengo
wa Dondo était accusé il y a quelques années de vouloir racheter à vil
prix les créances du Zaïre. Bien sûr qu'il a nié en bloc ces
accusations. Il n'est pas mauvais d'être vigilant car on parle beaucoup
de commissions dans le montage de ce genre de rachat.

Posté par bony, 03 mars 2010 à 18:37

pour que les Zaïro-Congolais ne soient pas " les vaincus" (suite 3)

@ BONY,

Même si je n'abonde pas dans votre sens, je vous
remercie de faire avancer le débat comme j'en remercie les autres
Internautes intervenant sur ce sujet, proposé par ALEX et affiné par
SIK.

Réfutant erronément la très instructive et féconde
perspective que suggère SIK, vous lui répliquez ceci : « PRÉSENTÉ COMME
CELA AVEC L'ÉPITHÈTE VAUTOUR, ON DONNE AINSI UNE IMAGERIE SPECTACULAIRE A
CES FONDS […] NOTRE PAYS EST SOUS TUTELLE DE LA BANQUE MONDIALE ET DU
FMI, TOUTE TRANSACTION EST CONTRÔLÉE, MÊME CELLE CONCLUE AVEC LES FONDS
VAUTOURS COMME VOUS LE DITES ».

Or, ce qu’écrit SIK n’est en
rien énervé par votre argumentaire.

Quand vous écrivez que «
TOUTE TRANSACTION EST CONTRÔLÉE », encore faut-il savoir qui exerce le
contrôle. Si le contrôleur a lui-même un intérêt à la perpétuation du
rapport de domination au travers d’un contrat encore partiellement
inexécuté et, donc, non éteint, alors ne vous faites pas trop d’illusion
quant au « contrôle ».

C’est ainsi qu’on comprend, comme le
signale SIK fort à propos, l’utilité pour le Libéria d’avoir, à sa tête,
une dame au profil de sa présidente actuelle : elle connaît les
contrôleurs pour avoir été ce qu’elle fut avant son entrée en politique.
Ce n’est pas elle qui signera un jour une sorte de "contrat chinois
made in RDC" sans demander au préalable l'accord des Etats dominant le
fameux « consensus de Washington ».

Mon cher BONY, il est erroné
d’écrire, comme vous le faites au sujet de la vente de créances
contractuelles avec cession des droits attachés au contrat considéré,
que « LE PRINCIPE EST SIMPLE, VOUS NE POUVEZ PAS REMBOURSER VOTRE DETTE
VOUS LA FAITE RACHETER PAR LA MÊME BANQUE OU UNE AUTRE POUR OBTENIR LE
RÉÉCHELONNEMENT DE VOTRE DETTE ». Au lieu d’écrire « DETTE », il eut
fallu que vous écriviez « CRÉANCE » car il ne faut pas confondre la
possibilité de vendre ses créances contractuelles même à vil prix, d’une
part, avec, d’autre part, la possibilité de vendre ses dettes
contractuelles. Ce n’est pas la même chose.

On peut payer la
dette de n'importe qui sans l'accord de son créancier à la condition que
ce paiement n'entraîne pas un transfert de contrat du débiteur vers le
tiers solvens (payeur).

Par contre, pour qu'un tiers-solvens
achète les droits contractuels d'un débiteur contractuel envers le
créancier contractuel dudit débiteur, il faut avoir au préalable
l'autorisation du créancier contractuel.

Le situation du
créancier cédant est plus favorable : sauf clause contraire propre au
contrat considéré, un tiers-solvens peut prendre la place du créancier
dans un contrat sans l'accord préalable du débiteur contractuel.

Dans
l'exemple, signalé par SIK, le LIbéria semble avoir exercé une sorte de
droit de préemption propre au débiteur par la justification suivante :
le créancier contractuel ne peut pas aggraver la situation du débiteur
contractuel en privilégiant, comme cssionnaire de sa créance
contractuelle, un tiers-solvens qui désengagerait le créancier à un
faible prix tandis que l'entièreté ou le principal de la dette resterait
encore à charge du débiteur. On comprend alors que, pour le prix
convenu entre le créancier cédant et le tiers-solvens cessionnaire, le
débiteur cédé réclame à payer ledit prix à la place dudit tiers de sorte
que dette et créance etant réunies sur la tête d'une seule et même
personne, le contrat s'éteint.

Parce que je ne pense pas pouvoir
l’écrire mieux que lui et parce que je souhaite, comme lui, insister sur
l’utilité et l’urgence de ce qu’il nous suggère, je reprends la
suggestion de SIK : « il s’agit de défendre le Congo et non des
individus assoiffés de pouvoir. Dans ce sens la diaspora congolaise
pourrait jouer un grand rôle. Les fonds vautours étant, pour la plupart,
basés dans des pays où il est possible de mener des campagnes pour
sensibiliser les opinions publiques sur leurs méfaits. Et je continue à
croire que tout ce qui s’écrit sur cet espace pourrait contribuer à une
telle campagne… ».

Merci BONY !
Merci SIK, et bravo !

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