20.03.10 e Potentiel: Cinq questions à Jean-Claude Vuemba, par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1. La tenue des élections générales en 2011 suscite des
réactions en sens divers au sein de la classe politique congolaise. Quel
est votre avis à ce sujet ?

Partout en RDC, nous entendons par-ci, par-là, la mise en ordre des
militantes et militants par les états-majors de différents partis
politiques reconnus ou non en vue des échéances électorales futures,
prétendument prévues en 2010, puis repoussées en 2011, du moins pour
les locales. Nous avons ainsi noté de nombreuses réactions au sein de la
classe politique congolaise depuis l’annonce par la Commission
électorale indépendante que préside Apollinaire Malumalu, de l’opération
de révision du fichier électoral. Cette décision inique a été
interprétée à hue et à dia par de nombreux analystes politiques.
Cependant, au risque de tomber dans l’illégalité, la CEI devra être
transformée en CENI (Commission électorale nationale indépendante) par
une loi ad hoc conformément aux dispositions de l’article 204 de la
Constitution. Et ce, au cours de la session parlementaire actuelle qui
court de mars à juin prochain.

2. Pourquoi votre parti politique partage-t-il cet avis ?

Oui, le MPCR, dans son souci de transparence, d’ordre et d’équité,
attire l’attention des Congolais sur les véritables enjeux du moment, à
savoir : quels genres d’élections voulons-nous pour 2011 ? Nous
voudrions rappeler à la mémoire collective que les élections organisées
en 2006 se sont déroulées en violation flagrante des dispositions
pertinentes de la résolution n°5/Dic/Avril 2002 de la Commission
politique et juridique de l’Accord global et inclusif de Sun City,
lesquelles donnaient mandat à la Commission électorale indépendante
d’organiser, en collaboration avec les institutions compétentes de
l’Etat, les élections générales, en procédant entre autres, à
l’identification et au recensement des nationaux. Nous ne pourrions
tolérer la répétition d’une telle méprise, car, l’erreur est humaine,
dit-on, mais persévérer dans l’erreur est purement et simplement
diabolique. En vue de garantir au peuple congolais tout entier les
élections crédibles dont les résultats seront acceptables par tous, il
sied de corriger rapidement cette erreur collective de 2006.

3. Que préconisez-vous après ce constat ?

Nous disons que personne ne peut confisquer l’initiative de
l’organisation des scrutins électoraux en RDC, fut-il détenteur d’un
pouvoir démocratiquement reconnu ! A moins de 18 mois de prochaines
élections présidentielles, le MPCR propose à tous les partis politiques
congolais ainsi qu’à tous les citoyens congolais qui ont le souci de
voir ce pays évoluer vers une véritable démocratie, une démarche
patriotique de confection consensuelle des listes électorales. Toutes
les personnes de bonne volonté partagent ce même diagnostic malheureux
qui est celui de la non-possession par tous les citoyens congolais d’une
pièce d’identité fiable, et ce, après la mise en circulation de la
nouvelle carte d’électeur, laquelle a entraîné ipso facto l’annulation
de l’ancienne carte délivrée de 2005 à 2006 à travers les 26 districts
de la République post martiale. Dès lors, on peut légitimement craindre
que la suspicion, le trucage et la fraude soient à la portée de tous et
constituent la toile de fond de prochaines échéances électorales,
surtout avec le retour programmé des exilés des pays de la région des
Grands Lacs (Burundi, Ouganda et Rwanda). Doit-on aller aux élections,
alors que personne de nos jours n’est capable de nous dire combien
sommes-nous réellement ? Doit-on organiser les élections uniquement pour
se donner bonne conscience et pour satisfaire la consommation politique
extérieure ?

4. Alors, que faut-il faire ?

Devant une telle situation, il faut donc recenser tout de suite et
partout sur le territoire national et à l’étranger, dans les ambassades
et consulats, toutes les personnes congolaises en âge et en capacité de
voter. Très souvent, nos compatriotes de l’extérieur ne se sentent pas
concernés par nos institutions, car exclus d’avance. C’est pour cela que
je plaide pour le vote des Congolais de l’extérieur. A l’heure qu’il
est, de nombreuses régions du vaste Congo, grand comme l’Union
européenne, sont incontrôlées et incontrôlables par les gouvernement
central et provinciaux, car occupées et livrées à des bandes des
pillards et des rebelles, entre autres au Kivu, au Nord et Sud-Ubangi,
en Ituri, à Itombwe, aux Haut et Bas-Uélé, tandis que plusieurs zones
économiques d’intérêt commun sont abandonnées aux pays voisins : Plateau
continental (Angola), Lac Albert (Ouganda), Lac Kivu (Rwanda), Tenke
Fungurume au Katanga (USA).

5. Voulez dire que sans recensement, les prochaines
élections seront vouées à l’échec ?

Ecoutez plutôt et sans a priori, cette démarche salvatrice du MPCR
qui, dans son souci de voir se dérouler les élections acceptables par
tous et avec des résultats opposables à tous, appellent les forces
politiques et sociales du progrès et de justice à le rejoindre pour
siéger dans toutes les institutions nationales et provinciales avec la
bonne et judicieuse application de la décentralisation durant la
prochaine législature (2011-2015). Notre seule ambition et notre
conviction essentielle est de voir se dérouler tous les scrutins au
Congo dans la paix, gage de la concorde nationale, en conformité avec la
Constitution, les lois organiques et particulières.

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