18.04.10 Le Potentiel: CINQ QUESTIONS à Ibrahim Assane Mayaki,

1. En 2001, les chefs d’État africains
ont lancé le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique.
Neuf ans après, que retenir du NEPAD ?

On peut retenir trois choses. Il y a eu une motivation politique très
forte qui a permis l’éclosion de ce programme, puisque le NEPAD est
défini comme un programme à l’époque de l’Organisation de l’unité
africaine qui est devenu un programme de l’Union africaine.
Il s’agit donc d’une motivation politique très forte avec un niveau
d’attente très élevé par rapport aux enjeux de développement du
continent. La deuxième caractéristique que l’on peut retenir, c’est que
ce programme était fondamentalement axé sur l’intégration régionale,
économique comme mécanisme d’accélération du développement. Le
raisonnement sous-jacent, c’était qu’il était difficile que l’on puisse
arriver à des niveaux de création de richesse suffisant à l’intérieur
des frontières nationales.
Il fallait donc réfléchir en termes d’ensembles régionaux, que ce soit
pour les questions de santé, d’infrastructures ou d’éducation. La
deuxième caractéristique était donc le renforcement de l’intégration
régionale. La troisième chose qu’on peut retenir, c’est que le niveau
des réalisations n’a pas été, évidemment, celui qui était attendu. Les
attentes étaient très élevées.

2. Vous avez déclaré que beaucoup de réalisations ont été
faites. Concrètement combien de kilomètres de route, combien de barrages
ont été construits à travers le continent africain?

C’est une très bonne question. Evidemment comme vous le
comprenez, le rôle du NEPAD, ce n’est pas de construire des barrages et
des routes. Les barrages et les routes se construisent à travers des
actions gouvernementales nationales.
Nous ne sommes pas une agence de travaux publics qui construisons de
routes mais où la question est très importante, c’est que nous pouvons
être évalué en fonction du nombre de kilomètres de route que nous avons
aider à construire à travers des projets régionaux portés par des
communautés économiques régionales comme la CEDEAO, la SADC, la COMESA
et à travers ce que deux où trois pays font ensemble. Il y a un pont par
exemple entre deux pays et que nous avons aidé à faire l’étude de
faisabilité et qui a mobilisé beaucoup de ressources pour le réaliser,
c’est bien, mais nous ne pouvons pas mettre à notre actif, des choses
qui sont réalisées par les Etats.

3. Les populations à la base ne voient rien de concret se
réaliser sur le terrain depuis la création du NEPAD. Est-ce qu’on n’a
pas l’impression que c’est une coquille vide, rien que des discours ?

C’est l’une des critiques qui ont souvent été formulées et qui
consistent à dire beaucoup de colloques, de séminaires et de conférences
pour répéter toujours la même chose sur des questions qui sont connues ;
alors qu’on a les Objectifs du millénaire pour le développement, les
stratégies de réduction de la pauvreté, on a pleins d’instruments à
gauche et à droite et à la fin, on vient rajouter le NEPAD.

4. Est-ce qu’à la fin, l’Afrique en tant que continent a
réussi à réduire sa pauvreté ?

On peut se poser ces questions-là. Globalement, il ne faut pas isoler
le NEPAD de son contexte africain. Il ne faut pas culpabiliser une
structure qui fonctionne à l’intérieur d’une architecture qui est
globale. Deuxièmement, il faut se rendre compte qu’au cours des dix
dernières années, malgré tout ce qu’on peut dire, il y a eu quand même
des progrès économiques au niveau du continent qui sont significatifs.
Aujourd’hui, le revenu par habitant de l’Africain au niveau du continent
est plus élevé que le revenu par habitant de l’Inde qui fait à peu près
un milliard deux cent millions d’habitants et nous faisons un peu moins
d’un milliard. Il n’y a pas beaucoup de gens qui le savent. Ce sont des
statistiques ; ce n’est pas un mystère.

5. Eradiquer la pauvreté en Afrique fait partie des objectifs
du NEPAD. Comment atteindre cet objectif ?

Je ne suis pas de ceux qui sont en faveur de ce qu’on appelle les
stratégies de réduction de la pauvreté pour deux raisons. Après le
Programme d’ajustement structurel de la Banque mondiale, on a connu un
accroissement de la pauvreté. Presque tout ce qui était programmes et
projets sociaux a été mis de côté.Les stratégies de réduction de la
pauvreté définies par la Banque mondiale sont la conséquence de
l’application du Programme d’ajustement structurel. Cela nous amène à
réfléchir uniquement en termes de gestion de la pauvreté chronique et
non pas en termes de création de richesse. Il ne faut pas qu’on soit
dépendant mentalement des schémas de la Banque mondiale qui sont les
résultats de leurs propres erreurs. Il faut plutôt qu’on réfléchisse en
termes de stratégies de croissance économique pour créer de la richesse.
C’est en créant de la richesse qu’on pourra employer les jeunes qui
viennent sur le marché du travail.

TIREES DU SITE DE LEFASO.NET

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