26.04.10 Les Coulisses n°214 – Général Lafontaine : « Les FDLR sont au Kivu et non à Kinshasa. Je n’irai à Kinshasa qu’avec L. Nkunda et B. Ntaganda »

Le journaliste Nicaise K. Oka a
rencontré le général Maï Maï Kakule Sikuli alias Lafontaine du PARECO
samedi 3 avril 2010 à Goma. Voulant appréhender au mieux les
motivations qui ont guidé le patriote Maï Maï Lafontaine a abandonné
la brousse et la réponse du gouvernement à son offre de la paix,
Nicaise Kibel’Bel Oka, dans ce tête-à-tête, en a profité pour
avoir la primeur des négociations entre les deux parties. Car
Lafontaine affirme la main sur le cœur avoir tendu la main au
gouvernement congolais : « si réellement vous œuvrez pour la
paix au Kivu, j’ai l’expérience nécessaire et je peux y contribuer sauf
si
ceux qui ont des agendas cachés perturbent la situation ».

 

Faut-il le croire sur parole ? Aux
fidèles lecteurs du journal Les Coulisses d’en juger.

Ci-contre le face-à-face.

 

Les Coulisses : Général,
vous voilà à Goma. Quelles sont vos impressions
après la sortie de la brousse et après la réunion tenue jeudi 1er
avril avec le ministre de la Défense ?

 

Lafontaine Kakule Sikuli :
Première déception, au sein du gouvernement en
soi, rien vraiment n’est planifié pour une solution définitive au
problème des FDLR. De deux, le ministre m’a étonné lorsqu’il me
demande : « que voulez-vous qu’on fasse de
vous ? » Puis, il me demande d’aller à Kinshasa pour
négocier le problème FDLR.

 

L.C. : Que répondez-vous à
tous ceux qui vous demandent d’aller à
Kinshasa ? Pourquoi refusez-vous d’aller, mieux quelles sont vos
conditions pour y aller ?

 

L.K.S. : Les FDLR sont
dans le Kivu et non à Kinshasa. Pourquoi vouloir à
tout prix amener les gens à Kinshasa ? Pour les abandonner ? Ma
condition est simple. S’il faut aller à Kinshasa, nous devons y aller ensemble
avec Laurent Nkunda, Bosco
Ntaganda et Lafontaine.
Je me bats contre eux. Dans le même
avion. Voyez-vous !

Le CNDP a intégré ses éléments sur
place en gardant ses positions intactes. Pourquoi ne pas faire la même
chose avec les groupes armés autochtones. Quand il y a
intégration, le gouvernement s’empresse à déplacer tous les éléments
des groupes armés congolais sauf pour le CNDP. Y-a-t-il une raison
cachée ?

De deux, non seulement le
gouvernement nous demande indirectement de laisser le terrain au
CNDP,
mais aussi, par crainte de ce vide, les FDLR
pensent automatiquement que nous allons nous rallier aux FARDC et
CNDP pour les attaquer. Conséquence, les FDLR tuent la population dès
qu’il y a ce vide.

Pourquoi ne pas organiser les
brigades sur place dans nos positions, nous reconnaître FARDC sans nous
déplacer ? Après, on procéderait au brassage et/ou mixage
progressivement sans brutalité.

 

L.C. : Selon vous, que
devrait-on faire pour que les FDLR rejoignent le
Rwanda sans tuer les Congolais ?

 

L.K.S. : Les FDLR sont
entrés chez-nous en 1994 avec des armes (blindés et
chars) au vu de tout le monde. Qu’a fait Mobutu ? Il les a
accueillis et concentrés dans des camps des réfugiés. Il a organisé un
contingent de ses militaires pour les protéger. Ceux qui
avaient planifié le chaos ont attaqué les camps pour les
disperser à travers le Congo.

A ce jour, les FDLR n’ont pas
confiance au gouvernement congolais.

Hier, le gouvernement congolais
déclarait que le Congo est agressé par le Rwanda.
Curieusement en 2002, notre gouvernement signe des accords avec
les agresseurs pour traquer les FDLR.
Le même gouvernement favorise la création de différentes milices armées
en provenance du Rwanda avec pour mission de
traquer les FDLR. L’exemple du CNDP est éloquent. Les opérations
Kimia, Amani Leo sont contraires à la paix. Car, en réalité, par des
mécanismes faciles, au final, le Rwanda et le Congo arment
les FDLR.

 

L.C. : En bref, pour vous,
toutes ces opérations sont contre
productives ?

 

L.K.S. : Lorsqu’on traque
les FDLR avec comme objectif de les
anéantir, on les appuie d’une manière imprudente.
Car,
c’est la population qui en paie les frais. Or, cette population n’a rien
à voir avec le génocide du Rwanda.

 

L.C. : Général, vous
collaborez avec eux ?

 

L.K.S. : Ma collaboration
avec eux n’est pas une amitié particulière. Suis à
côté d’eux pour étudier comment les faire retournez
chez-eux.

Car, la solution de leur retour au
Rwanda se trouve entre leurs mains. Ils connaissent le chemin. La
Communauté internationale bloque leur retour parce qu’elle
appuie le jeu du vainqueur.

Il faut d’abord que les FDLR soient
acceptés chez-eux (ce qui n’est pas le cas) et sur place, on peut
étudier leurs cas. Mais pas au Congo. Pourquoi encourager un
plan diabolique qui veut que des Rwandais ayant commis le
génocide au Rwanda soient tués au Congo ?
La terre rwandaise a
besoin de leurs cadavres au Rwanda pour fertiliser
les collines et non le Congo.

 

L.C. : Avez-vous rencontré
la Monuc ? Qu’est-ce qu’elle vous dit
alors ?

 

L.K.S. : La Monuc a le
même refrain. Elle veut connaître le nombre de mes
hommes : « donnez le chiffre et leur liste avant toute chose ».
Nous, nous n’avons pas d’hommes à vendre. Les nôtres
se sacrifient pour sauver le pays par
le Kivu. Nos hommes ne sont pas incorporés dans les FARDC ni dans la
police nationale sauf le CNDP et la RCD. Il y a un agenda caché contre
le Congo.

 

L.C. : Votre mot de la
fin, mon Général ?

 

L.K.S. : La paix doit se
discuter à Goma et non à Kinshasa. Et mon grade et
fonction doivent m’être octroyés à Goma avant d’aller n’importe où.
Et moi, je ne bougerai pas d’ici sans Laurent Nkunda et Bosco Ntanganda.

Nous allons bousculer les ennemis de
la paix au sein des FARDC. Je ne retourne pas en brousse. Nous devons
lutter contre la mafia internationale qui  a amené
le pays jusqu’à ce gouffre.

Interview réalisée par

Nicaise Kibel’Bel Oka

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