28.04.10 Le Potentiel : Cinq questions à Dieudonné Chirishungu Chiza, par Louis-Paul Eyenga Sana
1. Vous venez de publier un ouvrage intitulé «
Renaissance de la RDC et métamorphose économique et sociale du Sud-Kivu
». De quoi est-il question dans ce livre?
Il sagit dune étude qui analyse les causes profondes du
sous-développement de mon pays et principalement de mon terroir, le
Sud-Kivu. Jen examine lorigine ainsi que les mécanismes endogènes et
exogènes pour enfin préconiser des thérapeutiques simples qui ont permis
à dautres nations émergentes ou développées de se hisser au sommet de
léchelle pendant que de centaines dautres, sociétés ou économies en
panne, grouillent lamentablement au pied de la même échelle. Je
préconise la décentralisation comme mode dorganisation territoriale,
politico- administrative et économico-financière endogène et rapide.
2. Quelles sont les pistes de solutions que vous préconisez
après un état des lieux alarmant ?
En publiant mon ouvrage, nous avons ressenti comme
extrêmement urgent un plan de développement pour le Sud-Kivu et à mettre
tout de suite. Nous sommes conscient que le Nord-Kivu, le Nord-Katanga,
lIturi, le Nord-Uélé, le Maniema et le Kasaï et chaque province de la
RDC ont besoin dun plan similaire, détaillé et pratique, impliquant,
dans la reconstruction à entreprendre, aussi bien les ressources
naturelles, matérielles que les ressources humaines et sociales de
chaque province. Je pense quaprès toutes les destructions que la
colonisation, les instabilités, insécurités, rébellions et agressions
ont produites sous les régimes successifs de la première et de la
deuxième République et des transitions politiques interminables, et
surtout à la suite des guerres dévastatrices inaugurées au Sud-Kivu en
1996 par les mouvements dinsurrection politique menée par les troupes
étrangères, notamment rwandaises, contre les institutions de Kinshasa,
il en est résulté une inhumaine et intolérable destruction de lhomme,
de lenvironnement, de lorganisation sociale et de léconomie,
notamment rurale, qui rend la décision de remise de lhomme au travail
plus quurgente et immédiate.
3. La situation politique nest guère brillante dans le
Sud-Kivu ; vous lavez décrite et la CEI envisage la tenue de
lélection dun enième gouverneur et vice-gouverneur le 8 juin
prochain. Comment on est arrivé à cette situation ?
La désignation par deux fois, depuis les dernières élections
démocratiques générales, des fils du terroir issus à la fois du parti
majoritaire au pouvoir, le PPRD, et de la coalition politique
gouvernementale, lAMP, pour diriger le Sud-Kivu aux fonctions de
gouverneur et de vice-gouverneur, loin dapporter à la province des
hommes de vision dont elle a tant besoin pour faire reculer la misère et
amorcer le développement économique et social auquel aspire le peuple
du Sud-Kivu, est perçue aujourdhui par la population comme le mauvais
choix politique décrié par toute la province pour avoir fait perdre au
Sud-Kivu quatre précieuses années qui auraient pu amorcer
progressivement, comme au Katanga ou au Bas-Congo, le possible
redressement économique et social quattendaient les Sud-Kivutiens de
leurs dirigeants provinciaux. Doù la tenue dun atelier tenu à Kinshasa
par les notables du Sud-Kivu au terme duquel, on a énoncé 14 qualités
intellectuelles, techniques et morales que devraient réunir désormais
tout futur candidat pour être considéré comme éligible au poste de
gouverneur et vice-gouverneur.
4. Au regard du critérium rigoureux élaboré pendant le
forum de lAssociation pour la défense des intérêts de Bukavu, êtes-vous
sûr que lon dénichera facilement cet oiseau rare ?
Lon doit tout simplement se référer à la Constitution de la RDC et à
la loi électorale et sappuyer sur la décision de la CEI qui a balisé
la course et le parcours. Désormais, les candidats éventuels doivent
sattendre à un parcours de combattants, car il sagit dune véritable
course dobstacles à franchir dont devront désormais sortir vainqueurs
les candidats méritants pas militants. Car le Sud-Kivu na pas encore
fini de panser les plaies historiques des rébellions, agressions,
occupations étrangères, guerres, milices armées et meurtres, viols de
toutes sortes et de triste mémoire qui ont profondément endeuillé et
traumatisé les paisibles populations de la province.
5. A vous entendre parler, cest comme si vous prêchez
pour votre propre chapelle sinon pour quel homme providentiel ?
Initiateur et président depuis 12 ans des Grandes journées Shi à
Kinshasa, je pense quil est temps de briser la vie généralement
réservée, mais très active que je menais pour me lancer dans la
bataille électorale et se faire élire comme troisième gouverneur du
Sud-Kivu, après Célestin Cibalonza et Louis-Léonce Muderhwa. Grâce à ma
longue expérience à la DGI ou jai fait étalage la parfaite maîtrise des
questions de finances publiques et de la mobilisation de recettes à
Goma et à Kinshasa. Jai une idée sur la quête dun développement
approprié de la province du Sud-Kivu et sur les conditions démergence
dune paix réelle et durable, dune sécurité permanente pour les
personnes ainsi que leurs biens.
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