11.05.10 Le Potentiel: Cinq questions à Stéphane Mongane Mogisho (*)

1. Quel est le but poursuivi par les
189 États membres des Nations Unies lors de l’adoption de la
déclaration du millénaire pour le développement en 2000?

L’objet était simplement de reprendre les anciens objectifs adoptés
en matière de développement international pour en définir de nouveaux,
plus concrets, quantifiables et interdépendants que les dirigeants de la
planète se sont engagés à réaliser d’ici 2015, communément appelés les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

2. Pouvez-vous nous décrire l’état des lieux de la mise en
œuvre de ces 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement en R.D.C?

La RDC est l’un des pays les plus pauvres du monde avec des
inégalités criantes entre riches et pauvres. Entre 2002 et 2009, 80 % de
la population vivait encore en dessous du seuil de pauvreté fixé à 2
dollars américains par jour. Malheureusement, près de 44 % des femmes et
environ 22 % des hommes n’ont aucun revenu en RDC.
Plus de 3 enfants congolais sur 10 âgés de 6 à 14 ans n’ont jamais
fréquenté l’école, et seul 1 enfant sur 4 entrant en 1ère année primaire
achève la 5e année.

Selon les Nations Unies, une apparente évolution est remarquable
en RDC pour ce qui est de la lutte contre les disparités des sexes dans
l’enseignement et de l’égalité des sexes dans le domaine de l’emploi,
notamment en ce qui concerne des réformes juridiques et législatives en
la matière. L’adéquation du nombre des filles et des garçons à l’école
primaire a augmenté de 16% entre 1990 et 2006, atteint plus de 90%. Au
niveau de l’école secondaire, il est passé de 45% en 1990 à 54% en 2006.
Le taux d’alphabétisation des femmes de 15 à 24 ans par rapport aux
hommes est passé de 71% en 1990 à 82% en 2006. La proportion des sièges
occupés par les femmes au Parlement est passé de 6% en 1990 à 10,3% en
2001, mais vient de retomber autour des 8% en 2006.

3. Que dîtes-vous en matière de santé, d’environnement et
autres secteurs ?

Les indicateurs en matière de mortalité infantile ont atteint des
niveaux préoccupants : le taux de mortalité infantile est passé de 12,5
pour mille en 1990 à 17,0 pour mille en 2006. Le taux de mortalité
maternelle de 1289 décès pour 100.000 naissances vivantes en 1990 et à
1827 actuellement. Le taux moyen de mortalité des enfants de moins de 5
ans est passé de 19% en 1995 à 21,3% en 2006. L’espérance de vie était
de 42 ans en 2002 contre une moyenne africaine de 51 ans, notamment à
cause du fait que l’accès aux services de santé de base est désormais
inférieur à 26%. Des maladies autrefois éradiquées comme la
trypanosomiase, la lèpre et la peste ont resurgi, et la pandémie du
Vih/Sida touche plus de 4% de la population entre 15 et 49 ans. Pendant
que la RDC regorge le 1/3 des réserves mondiales d’eaux et que
potentiellement l’entreprise nationale de production et de distribution
d’eau (REGIDESO) peut fournir jusqu’à 366.623.520 mètres cubes/an à la
population congolaise. Enfin, la crise que connaît le pays depuis les
années 70, l’échec des programmes de stabilisation et d’ajustement
structurel des années 80 initiés notamment par le Fonds monétaire
international (FMI), les deux pillages des années 90, ainsi que les
guerres de 1996 et de 1998, avec les déplacements massifs des
populations vers les grands centres, ont modifié la physionomie de la
pauvreté urbaine et rurale en République démocratique du Congo.
S’agissant du partenariat, la charge de la dette de la RDC reste
importante et malgré l’accès à PPTE, le service de la dette payée est
augmenté et devrait rester à un niveau élevé, soit 32 à 40% des revenus
publics en 2007.

4. Cette déclaration avait suscité beaucoup d’espoirs mais
l’on ne constate aucune avancée significative, à 5 ans des échéanciers.
Peut-on encore espérer d’atteindre ces Objectifs?

Je reste plutôt optimiste mais à condition de convenir sur un
programme d’actions réaliste pour atteindre ces ODM. À cinq ans de
l’échéance de 2015, il est prouvé que la microfinance reste et demeure
la seule stratégie efficace susceptible de mettre en œuvre tous les
facteurs déterminants en vue d’atteindre ces ODM.

5. Comment la microfinance peut-elle être intégrée en RDC
comme stratégie de lutte contre la pauvreté afin d’atteindre les
Objectifs de développement du Millénaire?

Il a été démontré que le micro crédit a un impact positif sur le
niveau des profits, des investissements et sur l’accès aux marchés au
niveau macroéconomique. Au niveau du ménage, le micro crédit a un impact
positif sur les dépenses de consommation. En contact permanent avec
leurs clients, les institutions de microfinance ont à leur disposition
des structures qui facilitent la diffusion de services, qui apportent
une valeur ajoutée à la microfinance, en leur associant la promotion de
bonnes pratiques en matière de santé, d’éducation et d’environnement.
Donc, la microfinance constituera sûrement une stratégie efficace pour
lutter contre la pauvreté dans un pays comme la RDC.

ALAIN NGULUNGU

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