13.05.10 Le Potentiel: Cinq questions à Willy Bafoa Lifeta, par Faustin Kuediasala

1. Comment est née la joint-venture
Kibali Goldmines ?

Dans le cadre de la clôture de la revisitation des contrats miniers,
Okimo avait signé en date du 10 mars 2009 avec le Groupe Moto Goldmines
Ltd (à travers sa filiale à 100% Border Energy Limited) un contrat
d’association relatif à la constitution de la société commune pour le
développement du projet aurifère Motogold, dans le territoire de Watsa,
district de l’Ituri, en Province Orientale. La signature de ce contrat
d’association était intervenue après l’approbation par le Conseil des
ministres des résolutions de la renégociation entre Okimo et Moto
Goldmines, lesquelles résolutions avaient été préalablement adoptées par
le Conseil d’administration de l’Okimo. Ce contrat d’association avait
ainsi consacré la naissance d’une société de joint-venture dénommée
Kibali Goldmines Sprl, dans le capital de laquelle Okimo détenait
initialement une participation de 30 % non-diluable, à côté de Moto
Goldmines (à travers sa filiale Border Energy Ltd) détentrice de 70% des
parts sociales. A ce niveau, il sied de préciser que cette structure du
capital avait été faite sur la base des éléments objectifs repris dans
l’étude de faisabilité du projet Motogold, étude de faisabilité
disponible dans tous les sites Web de Moto Goldmines et de Randgold. En
effet, le projet Motogold couvre un périmètre de 1.841 km² dans lequel
plusieurs gisements ont été découverts, notamment Pakaka, Mengu Hill,
Mengu Village, Karagba-Durba, Kombokolo, Sessenge et Pamao. Après
plusieurs années de travaux d’exploration (sondages), l’étude de
faisabilité du projet Motogold a établi des réserves certifiées de 5,5
millions d’onces sur des potentialités actuellement estimées à plus de
vingt millions d’onces de réserves probables.

2. Est-ce que les avis du gouvernement ont été pris en
compte, notamment dans la cession de 20% des parts de l’Okimo dans
Kibali ?

Dans la conclusion de ce contrat, les parties en présence avaient
respecté toutes les exigences du Gouvernement notifiées dans le cadre du
processus de renégociation des contrats miniers, notamment en ce qui
concerne la présence et à la visibilité de l’entreprise publique dans le
capital social et dans la gestion courante de la joint-venture, le
développement des infrastructures sociales en faveur des communautés
locales. Après la finalisation au mois de septembre 2009 de la
transaction de rachat de Moto Goldmines par Randgold Resources, les
négociations menées dans ce cadre entre les parties ont été conclues par
la signature à Kinshasa en date du 31 octobre 2010, à la Primature, en
présence de la ministre du Portefeuille et le ministre des Mines, de
certains honorables députés et sénateurs élus de la Province Orientale,
de la transaction entre l’Okimo et le consortium Randgold Resources Ltd
& Anglogold Ashanti Ltd, laquelle portait principalement sur un
contrat de cession de 20 % de la participation de l’Okimo dans Kibali
Goldmines Sprl, un contrat d’association révisé relatif à la
constitution de la société commune pour le développement du projet
Motogold, et un protocole d’accord sur le renouvèlement des titres
miniers de Kibali Goldmines, signé entre Moto Goldmines et la RDC,
représentée par le ministre des Mines.

3. Quels ont été les termes du contrat de cession des parts
de l’Okimo dans Kibali ?

Le contrat a pour objet de régir la cession par l’Okimo et
l’acquisition simultanée par le cessionnaire, de 2.000.000 parts
détenues par l’Okimo dans le capital social de Kibali. Au terme de cette
transaction, l’Okimo conservera une participation résiduelle de 10%
dans Kibali. La transaction était cependant sujette à la réalisation de
plusieurs conditions suspensives. Il faut souligner que les conditions
suspensives, préalables au paiement du prix de la transaction, prévues
dans ce contrat, ont été remplies dans l’échéance convenue. A la suite
de ce contrat de cession des parts, l’Okimo et le consortium Randgold
Resources & Anglogold Ashanti ont également signé un contrat
d’association révisé comportant une nouvelle structure de capital social
de la société de joint-venture Kibali Goldmines Sprl, répartie de la
manière suivante: Border Energy : 7.000.000 parts (70%) ; cessionnaire :
2.000.000 parts (20%) ; l’Okimo : 1.000.000 parts (10%).

4. La grande question pour le public est celle de savoir
quel bénéfice l’Okimo a tiré de cette transaction après s’être dessaisi
de ses 20%.

Cette transaction présente de nombreux avantages autant pour l’État
congolais propriétaire, pour l’Okimo, et en définitive pour les
populations locales. De prime abord, il faudrait souligner qu’une part
importante du produit de cette transaction a été versée dans le compte
du Trésor Public au titre de recette exceptionnelle de participation
provenant de l’Okimo. Cette recette exceptionnelle d’un montant de
71.932.000 Usd a été régulièrement incorporée dans le budget de l’État
au titre de recette additionnelle pour l’exercice 2009 par l’autorité
budgétaire nationale qu’est l’Assemblée nationale. La conclusion de
cette transaction a également été une heureuse opportunité pour l’Okimo
de sortir d’un gouffre profond dans lequel il était plongé depuis
plusieurs années, en permettant à cette entreprise du portefeuille de
l’Etat, moribonde, de retrouver un équilibre financier perdu depuis plus
de vingt ans.

5. Quelle en a été l’affectation? Car l’on craint qu’après
cette bouffée d’oxygène, l’Okimo retombe encore dans le gouffre ?

Ces ressources financières nécessaires ont été principalement
affectées par la direction générale au financement d’un programme
intensif d’exploration dans les périmètres miniers propres à l’Okimo, à
des actions pour la relance et le développement de ses propres activités
d’exploitation, ainsi que par la mise en œuvre d’un programme
d’assainissement social.
En effet, grâce au produit de cette transaction, la direction générale
de l’Okimo a pu mettre en place un vaste programme de recherche et
d’exploration dans les périmètres miniers propres, pour la découverte de
nouveaux gisements aurifères économiques exploitables, devant permettre
la construction de nouvelles usines, tant dans le Groupe Kilo que dans
le Groupe Moto. Sur le plan social, il a été mis sur pied un ambitieux
programme d’assainissement social conçu sur plusieurs axes. En
définitive, grâce au produit de la transaction, l’Okimo vient de sortir
d’un gouffre profond. L’exécution de différents programmes mis en œuvre
sur les différents sites de ses exploitations devra permettre à coup sûr
à l’Okimo d’apporter une contribution substantielle aux « cinq
chantiers » de la République.

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