14.05.10 Le Potentiel : Cinq questions à Moïse Tshibangu Tubenzele, par Stephane Etinga

 

1. Quelle analyse faites-vous de la réponse du Premier
ministre aux préoccupations des députés nationaux concernant la
situation sécuritaire de la RDC ?

C’est une réponse d’un homme politique qui nous laisse toujours avec
espoir que ça ira demain. Pour revenir à votre question et pour me
permettre de mieux analyser la réponse du 1er ministre, j’avais voulu
que dans sa réponse se trouve alignée face à face la situation du moment
où il a pris le gouvernement en mains et celle préoccupée aujourd’hui
par les députés nationaux.
A la suite des comparaisons de ces deux situations successives, nul
doute qu’une analyse objective allait se dessiner sans conteste.

2. Que dites-vous de la motion de censure du député
Jean-Lucien Bussa?

Elle est constitutionnelle. La gestion de la chose publique a horreur
des ratés, des essais-erreurs et des tâtonnements. Une année sans
avancer dans la production du pays, c’est du gâchis. Si l’auteur de la
question orale avec débat n’est pas satisfait, c’est normal que cette
interpellation puisse déboucher sur une motion de censure. Mais, déposer
une motion de censure, c’est une chose, mais la faire adopter par la
majorité des députés nationaux, est en une autre. Qu’à cela ne tienne,
nous sommes déjà bel et bien en plein exercice de la démocratie.

3. Vous avez conçu un plan visant à résoudre le transport
en commun à Kinshasa. Quelles en sont les grandes lignes ?

Mon plan vise à faire en sorte que le transport en commun ne soit pas
un frein à l’expansion économique. Il vise en ce que le transport en
commun contribue efficacement à cette expansion économique. Si possible
la précède sinon la provoque. Ce secteur doit et reste un secteur
stratégique où seul l’Etat doit rester seul responsable en vue d’offrir
aux secteurs économiques et sociaux des infrastructures routières
praticables et bien entretenues sur l’ensemble des communes de la ville
de Kinshasa qui favorisent les échanges de toutes natures et qui
facilitent et améliorent la mobilité des personnes et des biens. C’est
d’ailleurs pour cette raison que l’Etat par son contrôle complet des
transports publics peut se permettre de donner toutes directives en
matière de coordination, de règlement et de tarif. Si dans le court
terme, je propose la création d’une véritable Société des Transports
Intercommunaux de Kinshasa (S.T.I.K.) ; dans ce plan, j’ai tracé la
carte de Kinshasa du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le
centre-ville avec un plan des lignes de transport en commun à suivre,
des itinéraires tant principaux que secondaires à suivre obligatoirement
; dans ce plan j’ai déterminé le nombre de bus minimum (± 500 bus du
type ex- SOTRAZ ou ex- O.T.C.Z) à mettre en circulation sur ce réseau et
tenir compte des communes sensibles aux heures de pointe parce que
certains quartiers méritent une attention redoublée comme
I.S.T.A./Ndolo. Ce plan vise quatre objectifs essentiels : améliorer et
garantir l’accès au centre-ville et le retour à la périphérie dans les
cités dortoirs ; rendre la ville de Kinshasa plus agréable en résolvant
le problème d’embouteillages et celui d’assainissement de
l’environnement ; réduire le trafic automobile des véhicules personnels
de moins de 40 % et d’augmenter le trafic d’engins de transport public
de plus de 60 % sur l’ensemble du trafic automobile ; tenir compte des
communes sensibles en résolvant le problème d’itinéraires à suivre
obligatoirement par les bus de transport en commun, celui de
demi-terrains et celui des tarifs de transport par destination.

4. Pensez-vous que le tramway constitue une des solutions à
ce problème de transport à moyen terme ?

Le sol de la ville de Kinshasa est sablonneux et marécageux. Il se
dégrade très vite non seulement à la suite des eaux de pluies, mais
aussi et surtout à la suite de la pression automobile. Pour contourner
d’une manière durable cette difficulté, il faut donc obtenir une
première ligne de Tramway : une ligne de trams Gare centrale/Rond-point
Victoire. Chaque année, prévoir au Budget d’Investissements de l’Etat,
non seulement, un prolongement vers une nouvelle station de cette ligne
de tramway mais aussi prévoir la maintenance de la situation des
infrastructures routières et celle de l’organisation et de la gestion
des transports publics. Ainsi, à plus long terme, on obtiendra quatre
lignes de tramways : Gare centrale-Aéroport de N’Djili en passant par le
Rond-point Victoire ; Gare centrale-UPN en passant par Kintambo
magasins ; Rond-point Victoire/Kintambo magasins en passant par
Rond-point Moulaert ; Gare centrale/Gare de Matete (Pont Matete) en
passant par la route des Poids Lourds…

5. La réforme des entreprises publiques ne semble pas se
concrétiser jusqu’à présent. Qu’en dites-vous ?

Je l’avais déjà dit dans mon étude en juillet/août 2009 après le
Décret du Premier ministre du 24/04/2009, étude intitulée « Comment
réussir avec succès la réforme des entreprises publiques. Pour rappel,
j’avais proposé dans cette étude de remettre à plus tard la
transformation des entreprises publiques en sociétés commerciales pour
ne pas courir le risque de nullité pour vices de forme ou pour faute de
publicité. C’est parce qu’il y a des questions de fond à résoudre. Dans
mon propos, j’avais signalé que ce processus risquait de prendre
beaucoup de temps à cause du délai qui a séparé le moment où la réforme a
été conçue et celui où elle a été décidée par le gouvernement sans que
ce dernier n’ait fait aucun diagnostic complet des maux dont souffrent
ces entreprises publiques et mis sur pied un certain nombre de
formalités et processus à suivre pour la transformation desdites
entreprises en sociétés par actions. Cette absence d’études préalables
de faisabilité et de l’applicabilité avant la signature des décrets déjà
rendus publics ne devait pas faciliter les choses. En effet, le
gouvernement devait d’abord indiquer le diagnostic fait par lui-même de
l’état du portefeuille de l’Etat il devait ensuite expliquer que cet
état nécessitait que les entreprises publiques concernées devraient être
transformées en sociétés par actions en démontrant comment elles sont
prédestinées à être performantes, alors que les entreprises publiques,
elles, par le seul fait d’être publiques, ne sont pas rentables.

Droits de reproduction et de diffusion réservés ©
Le Potentiel

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.