25.05.10 Le Potentiel : CINQ QUESTIONS à Fortunat Bumba Ngalamulume,p ar Stephane Etinga

 

1. Quelle a été votre réaction après la validation de votre
mandat par l’Assemblée nationale afin que vous siégiez comme député
national en remplacement de M. Gilbert Tshiongo ?

 

Ma réaction n’était qu’un sentiment de satisfaction attendu
depuis longtemps. Parce que lors de la campagne électorale, Gilbert
Tshiongo m’avait choisi comme son premier suppléant. Il était persuadé
que le Parlement pour lui est un passage, alors il a souhaité qu’après
lui il y ait un homme d’une notoriété irréprochable à Dimbelenge, notre
territoire d’origine, dans la province du Kasaï Occidental afin de lui
succéder à l’Assemblée nationale. Comme on dit chez nous dans l’un de
nos villages, la chance vient le soir. Je suis content et je suis sûr
que le ministre Tshiongo de l’Energie que je remplace à l’Assemblée
nationale comme député national en est fier.

2. La presse nationale a parlé d’un coup de théâtre mercredi,
après que les députés de l’Opposition eurent retiré leur motion de
censure contre le gouvernement. Qu’en dites-vous ?

 

Pour moi, c’était vraiment un coup de théâtre. Quand on a
commencé à parler de cette motion, moi je ne comprenais pas. Puisque
personnellement, j’ai déjà vécu l’expérience des provincettes. Lorsque
j’ai vu mes collègues insister et s’agiter autour de l’installation de
nouvelles provinces, je n’étais pas optimiste. Parce que j’étais
vice-président de l’Assemblée provinciale d’alors à Kabinda, et le
logement posait problème difficile. Les grandes réunions on allait les
tenir dans un hangar d’une société cotonnière de la place. Pour dormir,
moi, vice-président de l’Assemblée, je me suis aménagé un petit lit dans
un hangar, jusqu’à ce que le gouverneur de province de Lomami, Manono
Dominique, m’a offert un local dans sa résidence, car je devais quand
même être logé dignement. Il faut comprendre aussi que s’il n’y a pas de
préparation pour installer les services de l’Etat, on doit s’attendre à
un fiasco. Quand mes collègues parler de l’installation de nouvelles
provinces, ils font allusion au bonheur de la population, mais moi je
pense que ce bonheur doit se préparer progressivement. Autrement, on
connaîtra trop de problèmes et on sera obligé de recourir au
gouvernement central pour les résoudre. Je n’étais pas très chaud pour
la motion. Heureusement que les auteurs de la motion l’ont retirée
eux-mêmes. Je les félicite pour leur courage. Comme on dit en latin :
‘’se tromper c’est humain, mais persévérer dans l’erreur, c’est
diabolique’’.

3. Voulez-vous dire que l’installation de nouvelles provinces
doit être retardé par manque de moyens comme le souhaite le gouvernement
?

 

Oui, parce qu’on cherche par la création d’autres provinces c’est
d’administrer de plus près la population pour que celle-ci soit en
contact direct avec ceux qui les administrent. Mais, j’insiste sur le
fait qu’il faut préparer les conditions pour que, une fois installées,
la population puisse voir la différence et respirer d’un nouveau
souffle. J’ai fêté l’indépendance de notre pays au Palais de la nation
il y a presque cinquante ans. J’étais encore étudiant à Lovanium en ce
moment-là. Nous avions crié à tue-tête pour l’indépendance immédiate, et
nous avons acquis l’indépendance immédiate comme nous la demandions.
Mais, il y en a ceux qui disent que le temps colonial était meilleur
par rapport à plusieurs années de l’indépendance. Je ne suis pas contre
les dispositions constitutionnelles relatives à l’installation de
nouvelles provinces, mais j’estime pour ma part qu’il faut une
préparation sérieuse avant de procéder à l’exécution de cette loi. Je
sais qu’il existe des provinces qui peuvent très bien fonctionner même
si leur installation était proclamée aujourd’hui, mais pour la plupart
d’autres, c’est l’impasse. On risque de créer une situation aux
conséquences imprévisibles voire très graves pour la Nation.

4. Dans le cadre de la politique des cinq chantiers,
pouvez-vous nous dire si la population de Dimbelenge voit la réalisation
de ces chantiers sur le terrain ?

 

A Dimbelenge, comme partout ailleurs, la population est
gourmande. Elle aimerait que du jour au lendemain comme par un coup de
baguette magique, tout change. Mais, il y a tout de même la visibilité
des cinq chantiers à Dimbelenge. A titre illustratif, la route qui va de
Mbuji-Mayi à Lusambo via Dimbelenge est en parfait état. J’ai roulé sur
cette route parce que le 15 mars j’ai été à Dimbelenge. La route de
Kananga au Lac Munkamba est entretenue de Kananga jusqu’à Tshinyembwe,
on aurait pu continuer mais de Tshinyembwe à Munkamba, lors de la triste
guerre les soldats zimbabwéens et congolais avaient miné cette partie.
On ne peut pas aller avec des engins sur cette partie de la route. J’ai
vu de mes yeux les services spécialisés en train de déminer toute cette
partie et une fois le déminage terminé la route sera réhabilitée jusqu’à
Munkamba. Il y a également d’autres visibilités des cinq chantiers,
notamment dans le secteur de construction des écoles à Dimbelenge,
notamment l’Institut pédagogique de la place, les nouveaux bâtiments des
services publics comme le Tribunal de paix, etc.

5. Quel message avez-vous pour vos électeurs ?

 

Je suis âgé de plus de 70. J’ai vécu beaucoup de situations. Mon
message à la population du Grand Kasaï en général, c’est celui de
l’unité pour qu’ensemble nous puissions construire cette partie du pays.
Il faut rester prudents et parler le même langage devant les problèmes
de l’heure. C’est donc ce même message que j’apporte à sur la population
de Dimbelenge.

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