LA DEMOCRATIE SE PORTE BIEN MAIS PAS LA POPULATION (BLO)

La démocratie se porte bien mais pas la population.
Le président, le Parlement et le Sénat remplissent leurs fonctions
démocratiques. Ils répondent aux "critères internationaux" de la
démocratie. Mais la population, qui devrait à présent vivre mieux grâce à
cette démocratie, vit encore et toujours dans la misère d’avant 2006.

 

Lors d’une visite aux écoles de la ville de
Kananga, à 1.000 kilomètres de la capitale Kinshasa, j’ai rencontré un
directeur d’école. Il était très étonné que je veuille aider son école
avec du matériel scolaire. Il m’a montré un paquet de cent craies. "Cent
craies pour mille élèves. C’est tout ce qui nous reste jusqu’à la fin
de l’année scolaire". La direction de l’école ne voit les autorités qu’à
la période des élections. Le directeur m’a donc demandé si j’étais
peut-être un candidat pour les prochaines élections de 2011. Est-ce
cela, la démocratie qu’on veut pour l’Afrique ?

 

LES ELECTIONS CREENT UNE DEPENDANCE ENVERS
L’EUROPE

 

Tant que l’Afrique ne peut pas financer elle-même
ses élections, à mon avis il vaut mieux les arrêter. Non seulement elles
sont coûteuses, mais elles créent une trop grande dépendance vis-à-vis
de l’Europe. Que se passera-t-il si l’Europe coupe les fonds ?

 

Les dirigeants africains rendent des comptes à
leurs sponsors, pas à leur propre population. Ce n’est pas de la
démocratie, c’est de la fidélisation. C’est un blasphème contre les
idéaux de la démocratie.

J’appelle donc tous les évangélisateurs de la
doctrine démocratique à concevoir avec moi un nouveau modèle de
démocratie. Un modèle dans lequel le rôle principal n’est pas donné aux
élections mais à la dynamique de la culture tribale africaine.

 

Un modèle dans lequel le pouvoir est réglé
autrement : comme un flambeau olympique. Par région ou par province, le
pouvoir est assuré par roulement un peu comme dans l’Union Européenne
avec la présidence tournante.

 

Un dirigeant provincial devient président de tout
le pays et, pour cette période, n’a pas besoin de réfléchir sur la façon
dont il doit conserver le pouvoir ou mener une campagne pour gagner les
prochaines élections. L’opposition occupe alors une position
fonctionnelle: elle prépare la reprise du pouvoir.

Ce système créerait en outre un meilleur paysage
économique pour les investisseurs. L’Europe pourrait ainsi commuer son
obsession de démocratie en une saine impulsion et ouvrer à la croissance
économique

 

Démocratie : Et Si Nous Oublions les Urnes
en Afrique

 

Aveuglés par leur désir de démocratiser l’Afrique,
les Européens ne se rendent pas compte qu’ils favorisent le clientélisme
au détriment du bien-être des populations, regrette l’écrivain Alphonse
MUAMBI. Pour lui, c’est aux tribus de prendre le destin du continent en
main.

Le 3 mars, j’ai accompli mon devoir de citoyen lors
des élections municipales à La Haye. Je n’ai pas vu de longues files
d’électeurs, comme en Afrique. Là-bas, les hommes et les femmes se
lèvent à l’aube, parcourent un chemin interminable, et attendent,
l’estomac vide, pour faire naître une démocratie longuement espérée. Les
Pays-Bas sont l’un des pays d’Europe qui veulent apporter la démocratie
aux Africains, comme un évangile qui les délivrera de la pauvreté. Mais
le modèle démocratique occidental peut-il bien convenir pour l’Afrique ?

Rien que cette année déjà, l’agenda démocratique
africain se veut réjouissant. Au Soudan, des élections législatives et
présidentielles ont eu lieu le 11 avril 2010. Le 28 juin 2010, ce sera
au tour des Burundais d’aller aux urnes, après quinze ans de guerre
civile. Les optimistes exultent, mais pas moi.

Le Soudan, le Burundi et la République démocratique
du Congo figurent sur la liste du ministère néerlandais de l’Aide au
développement en tant qu’Etats fragiles" dont les caractéristiques sont :
des tensions politiques et sociales graves avec des conséquences
négatives pour les citoyens, un manque de légitimité, une insuffisance
en termes de sécurité et de droits de l'homme. L'enseignement, les
équipements sanitaires et la santé publique font défaut, pas de
développement économique… bref, un endroit où tout peut fleurir sauf
la démocratie.

 

LES ELECTIONS CREENT DE NOUVELLES TENSIONS

 

Le 4 février 2010, à l’Institut néerlandais des
relations internationales Clingendael, le ministre burundais de la
Défense, Germain NIYOYANKANA, a dressé un tableau honnête mais sombre de
son pays.

 

L’armée et la police n’ont pas d’argent pour
acheter des uniformes. L’argent manque pour la formation des militaires
et des effectifs de police. "La population burundaise vit dans une
misère qu’il est impossible d’exprimer avec des mots", a-t-il simplement
déclaré. Malgré cette esquisse profondément triste, il y aura des
élections, alors qu’on sait que ces élections elles-mêmes peuvent causer
de nouvelles tensions.

L'Europe contribue volontiers au versement des 43
millions d'euros dont le Burundi a besoin pour ces élections. Car dans
l'optique européenne, l'Afrique doit être démocratisée par tous les
moyens.

Paul COLLIER, économiste rattaché à l'université
d'Oxford, plaide en faveur d'interventions militaires prolongées afin
non seulement d'amener la démocratie, mais aussi de la maintenir et de
l'entretenir. "Après des élections honnêtes, elles offriront une
protection au gouvernement contre un coup d'Etat", avance-t-il pour
justifier son plaidoyer. Bien que, dans ses publications, il reconnaisse
tout comme moi qu'une démocratie n'est pas possible sans une économie
solide, il a la naïveté de penser que des élections honnêtes sont
possibles.

 

Mais peut-on parler d'élections honnêtes lorsque
les électeurs vont voter pour des candidats qui leur donnent du riz, des
stylos et des cahiers d'école pendant la campagne ?

 

Ou lorsque de grandes multinationales soutiennent
un candidat ?

 

Peut-on parler d’élections honnêtes lorsque les
électeurs sont analphabètes ?

 

En n’investissant pas dans l’enseignement,
considéré comme une menace pour leur pouvoir, l’élite maintient cet
analphabétisme.

 

Nous Sommes le Congo !

Cessons d'Avoir Peur !

Pour un Etat de Droit au Congo !

"Chaque génération a le choix entre trahir ou accomplir sa
mission"

Celui qui lutte peut gagner ! Celui qui ne lutte pas a déjà
tout perdu !

 .

ALPHONSE MUAMBI

 

Transmis par Patric Mampouya

Source : Internet Blog des Congolais

.

©Beni-Lubero Online 

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