Le Cinquantenaire de la RDC : pour ou contre l´organisation de ce Jubilé d´or ? (Analyse de Franklin Mboma, Université d´Innsbruck, Autriche)
Depuis que les
préparatifs sur le cinquantenaire de la République Démocratique du Congo
avaient été annoncés, il s´est fait constater un certain rythme de prises des
postions : Les uns, très optimistes, sereins encourageant cette
initiative. Les autres, très pessimistes, radicaux ne trouvant aucun mérite
pour l´organiser. Depuis qu´une commission avait été mise en place, avec un
commissaire en tête, on n´a fait que prendre acte de différents avis, soit pour
encourager et simplement décourager. A lire certains journaux locaux de
Kinshasa, on se rendait compte que ce projet a été récupéré politiquement par
les uns et les autres. Pour les uns, les optimistes et essentialistes, la tenue
de ce Jubilé d´or depuis l´accession de notre pays à l´indépendance symbolisait
une stabilité politique. Elle traduisait une nouvelle ère politique. Elle a été
vue sous cet angle pour colorer d´une autre manière la physionomie intégrale.
Donc, la tenue de ce Jubilé d´or a été vue comme une noble occasion pour
représenter la Rép. Dém. du Congo sur l´échiquier internationale, peut-être
avec une autre image.
Pour les autres,
les sceptiques et pessimistes, il n´y en a aucun mérite visible pour organiser
une telle cérémonie par rapport au vécu quotidien de la population nationale.
Ils fondaient leur argumentation en ce sens qu´il faut d´abord repenser les
conditions de vie des citoyens de la couche moyenne. A cause de certains
disfonctionnements constatés ici et là, ceux-ci se montrent dès le départ très
réservés par rapport à la taille de l´événement. Jusqu´à présent, la classe
politique congolaise est restée divisée là-dessus. Au lieu de trouver des
compromis, car cette cérémonie implique toute la nation, les uns et les autres
sont restés cramponnés sur leurs positions.
Par rapport à
cette réflexion, il vaudra d´abord la peine de faire des mises au point. Le
mobile de la cérémonie du Jubilé d´or à caractère national, c´est le
cinquantenaire de l´indépendance intégrale de notre chers pays. Sans avoir des
penchants pour les uns contre les autres, il faut nous poser une seule
question : que signifie le mot cinquantenaire ? Sans vouloir refaire
des leçons à qui que ce soit, chacun sait ce à quoi cela renvoie. Le concept
« cinquantenaire » en soi est déjà parlant. Il est parlant, car il
symbolise une durée temporelle vécue. Il renvoie à un nombre d´années vécues
par un groupe d´hommes, ayant certaines aspirations de vie commune. Il
symbolise une durée de vie, ayant sans doute été caractérisé, par le haut et le
bas, par les épreuves de tout genre. Même dans notre vie active, quand une
association totalise cinquante ans, une cérémonie est organisée à cette
occasion. Quand une personne totalise cinquante ans, il y a des cérémonies qui
s´organisent pour la simple raison, que 50, c´est la moitié de 100. C´est un
chiffre rond déjà parlant. Ainsi vu, l´on peut dire que le Cinquantenaire ne
s´organise pas essentiellement d´abord à cause du rendement de ce qui s´est
accompli durant ce temps, mais plutôt par rapport à la durée seulement vécue.
L´aspect du bilan vient en seconde position, car à la 1ère, c´est la
durée. Si cela n´était pas le cas, tous les hommes qui n´ont rien fait de
spécial dans leur vie, n´auraient ainsi aucune raison pour fêter leurs 50è
anniversaires. L´habitude de célébrer de telles cérémonies est le propre de
beaucoup de peuples, dans beaucoup de cultures de ce monde. Pour dire que le
Cinquantenaire, rien qu´à base du nombre des années parcourues, peut se fêter.
Il peut ainsi se célébrer, selon les circonstances. Mais, la question la plus
sensible, c´est celle de savoir comment? Célébrer le Jubilé d´or de
l´indépendance de notre pays est certes légitime. Il est même un droit
constitutionnel, car la journée du 30 Juin est fériée et payée sur toute
l´étendue nationale, selon notre constitution. Mais comment pouvons-nous
organiser cette cérémonie à l´ère de la crise financière internationale ?
Avec quel faste organiser une telle cérémonie là où le vécu quotidien de la couche
moyenne de la population n´est pas encore repensé ?
Nous sommes de
l´avis selon lequel, le vrai problème n´est ni la présence de tel ou tel autre
personnage historique de haute fracture. Il n´est pas non plus lié à la
présence d´un certain nombre des chefs d´Etat, qu´on verra sur la tribune
d´honneur lors de la cérémonie officielle. Le problème est plutôt de savoir,
comment nous peuples congolais voulons organiser une telle cérémonie pendant que
notre pays est en train de se chercher sur tous les plans!
Malheureusement
au lieu de nous réunir au niveau national, cet événement risque de nous
diviser. Au lieu de repenser ensemble ce qu´a été le destin intégral de notre
pays pendant les 50 dernières années depuis 1960, cette cérémonie risque de
pousser les uns et les autres aux excès. Aux uns de ne pas penser que tout est
en place à base de ce qui se fera constater lors du séjour de certains invités
historiques sur le territoire national congolais. Aux autres, de ne pas non
plus continuer de donner l´impression, qu´en 50 ans, rien ne s´est vraiment
fait chez nous. En 50 ans, on a pu faire quelque chose. Notre pays n´avait pas
en 1960 le nombre d´élites intellectuels qu´il a de nos jours. En 1960, il n´y
en avait pas autant d´universités et instituts supérieurs chez nous comme de
nos jours. Dans certains ressorts ecclésiastiques par exemple, il n´y en avait pas
plus de 10 prélats noirs en 1960. En 1960, notre pays n´avait pas ses 65
millions d´habitants. Seulement ces petits détails peuvent nous aider de nous
rendre compte que, depuis 1960 jusqu´en 2010, quelque chose s´est fait, ici et
là.
Par ailleurs,
cette énumération ne doit pas pousser aux excès. Surtout pas faire de nous des
simplistes. Si en 1960, notre pays n´avait pas le nombre d´élites intellectuelles
politiques qu´il a de nos jours, la question est maintenant de savoir, comment
ces élites intellectuels se prennent-ils en charge ? Se montrent-ils
capables pour s´assumer par rapport à leur destin intégral ou pas ? Si de
nos jours, nous avons plus d´universités et instituts supérieurs qu´en 1960,
comment sont-ils gérés ? Si de nos jours, la population a atteint la barre
de 65 ou 67 millions d´habitant selon les dernières estimations, comment est
son vécu quotidien ? Ce sont ces éléments qui doivent imprégner
l´organisation de ce jubilé d´or. Aux uns et aux autres, il faut nous montrer
plus responsable, lucide, réaliste et serein. Aux uns et aux autres, il faut éviter
deux choses : la 1ère, celle de présenter une autre Rép Dém du
Congo, vraiment autre que celle du quotidien. Donc, éviter de faire une présentation
ostentatoire, vraiment loin de la réalité quotidienne vécue. La seconde, c´est
celle de vouloir présenter à la face du monde que depuis 1960, rien de bon ne
s´est fait. Il faut vraiment prendre congé de ce radicalisme aveugle, pour ne
rien encourager.
Au fait, aux uns
et aux autres, il faut chercher à repenser ensemble l´avenir de notre destin
commun. En 1960, nos pères et héros martyrs de l´indépendance se sont battus
pour que nous devenions libres. Nous avons chanté. Nous nous sommes réjouis.
Nous aspirions à notre liberté privée depuis des décennies. Nous sommes
effectivement devenus Libres à travers notre manière intégrale de faire. La
question est de savoir si cette liberté d´expression pour laquelle nos héros
martyrs se battaient, est garantie de nos jours? Ainsi, par rapport à ce
qui se lisait à travers les médias, il faut plus responsabiliser l´homme
congolais. Le vrai problème de notre pays, c´est nous même. Le vrai devenir
autre de la Rép Dém du Congo dépend étroitement de notre savoir faire. L´élan
du développement de notre Etat doit rester une préoccupation nationale et
centrale. Il doit-être enseigné dans toutes nos écoles. Il doit-être prêché
dans nos Eglises. Il doit-être inculqué dans notre mental partout.
Quand nous
suivons certains débats médiatiques sur l´élan du développement de la Rép Dém
du Congo, presque tous les autres observateurs avertis ne cessent de nous
interpeller, nous peuples congolais. Ces interpellations ont leurs raisons
d´être. Nous devons les prendre au sérieux. Lors des points des presses de la
mission des Nations Unies au Congo, « Monusco », leur porte-parole
n´a jamais cessé de rappeler aux journalistes présents dans la salle, les
différentes responsabilités régaliennes attribuées à chaque Etat, surtout la
prise en charge de sa population. Même l´ambassadeur du Royaume de la Belgique
à Kinshasa n´est pas allé par quatre chemins pour le rappeler aux journalistes
lors d´un débat sur les ondes de la radio okapi lors d´un débat « Dialogue
entre Congolais ». Le Chef d´Etat français, Nicolas Sarkozy, lors de son
dernier passage de quelques heures à Kinshasa en mars 09, n´a pas rappelé autre
chose qu´une prise en charge au niveau national. 50 ans se sont écoulés. Nous les
avons vécus. Maintenant sommes-nous devant notre responsabilité. Que faire pour
les 50 années à venir. Enumérons-en la liste des recommandations et attitudes à
adopter si nous voulons vraiment aller de l´avant.
Le peuple Congolais
comme l´un des initiateurs de son retard économique et technique!
C´est ici notre
part des responsabilités, même si beaucoup de compatriotes ne se retrouvent pas
quand nous sommes mis devant notre propre responsabilité au niveau national.
Notre Congo Démocratique, notre beau pays, placé au cœur de l´Afrique est géré
par nous même depuis 1960. Disons-le avec prudence, par nous-mêmes, car nous
sommes indépendants depuis cette date. C´est à travers nos propres mentalités et
manières complaisantes qu´il est en train d´être détruit, exploité, pillé et
soumis à un rythme de désordre avec la complicité de certains Congolais. Ceci à
travers notre propre égoïsme et à cause d´un manque d´amour profond à notre
patrie. Le retard intégral que nous décrions dans notre pays depuis des
décennies, ce n´est peut-être pas d´abord à cause des structures ou de
l´argent. Mais c´est surtout à cause de notre mentalité trop complaisante dans
l´ensemble que nous devons repenser. On peut nous donner des milliards des
dollars, on peut construire des structures semblables à celles que nous avons
ailleurs que nous envions même, mais sans une nouvelle prise de conscience et l´amour
de notre patrie, tout cela risquerait d´être vain! En ce sens, nous pouvons
nous permettre de le confirmer tout haut, que le vrai problème du Congo
Démocratique, c´est le Congolais lui-même comme peuple se laissant parfois
facilement trompé, c´est sa mentalité ; c´est son manque d´amour à sa
patrie. Ainsi, notre Chef d´Etat lui-même, ne s´est pas trompé quand il a dit
sur son interview de NYT qu´il avait besoin de 8 à 15 personnes seulement pour
faire changer notre Congo Démocratique. Il l´a peut-être exprimé avec beaucoup
de finesses, mais en âme et conscience, nous devrions le lui concéder. Le vrai
problème chez nous au Congo Démocratique, il faut le situer au niveau de la
crise de notre mental, de notre identité congolaise. C´est un problème de
manque de bonnes convictions politiques pour le Bien de tous, c´est un problème
lié peut-être à notre éducation scolaire et académique orientée plus vers l´Occident
au lieu de découvrir notre propre terroir. Bref le retard du Congo, c´est aussi
et d´abord notre «propre sens d´irresponsabilité», «c´est notre manque de
discernement», «c´est notre ignorance sur la notion et la valeur de l´Etat»,
«c´est notre égoïsme et aveuglement politique et idéologique».
Le vrai problème
du Congo-Démocratique: une crise de leur identité congolaise!
En ce sens,
certains Compatriotes, pour des raisons de subsistances existentielles et à
cause de leurs calculs politiques et économiques personnels, préfèrent se
mettre au service de certains Leaderships politiques, mais là où ils n´ont pas
de profil approprié pour défendre les intérêts au niveau local, régional et
national. Ainsi, ils deviennent de simples clients politiques et médiatiques de
tel ou tel. Le tribalisme tant décrié à l´époque de la 2è République s´est
transformé en clientélisme politique et médiatique au niveau des états major politiques.
Ainsi, mêmes certaines sources médiatiques, au lieu de rester au neutre,
prennent des penchants politico-idéologiques, soit pour acenser les prouesses
de tel ou tel leader politique même là où il n´a rien fait pour la pauvre
population, soit pour le diaboliser afin de noircir sa côte en face de la
population.
Une remise en
question radicale interne est vraiment obligatoire pour une nouvelle
mentalité!
Avant de bien
prendre cet élan du développement durable dont on a parlé plus haut, nous
n´avons qu´à nous remettre radicalement en question en cherchant à adopter des
attitudes nationalistes correctes du vrai développement. Chaque processus du
développement a d´abord à faire avec la paix, car le développement n´est rien
d´autre que la promotion de la vie pratique avec des stratégies techniques,
politiques et économiques donnant à chacun des citoyens une marge des manœuvres
pour une bonne vie. Chaque processus du développement écarte la logique des
guerres interminables, car avec la guerre, on est prêt à détruire les quelques
structures en place et au lieu de les maintenir, même si en «Realpolitik», la
guerre peut-être considérée comme moyen pour faire imposer sa légitimité.
Chaque processus du développement amène la stabilité, la paix et la liberté des
citoyens pour émettre librement leurs points de vue pour le Bien de tous.
Chaque processus du développement n´a besoin que de la politique de la bonne
gouvernance afin de bien réaliser tous les projets techniques votés. Chaque
processus de la bonne gouvernance a d´abord à faire avec une prise de
conscience des responsabilités qu´on a devant les hommes et devant sa Nation.
Cela est même repris sur notre une des phrases de notre hymne national. Chaque bonne
prise de conscience au niveau de la gestion de la chose publique a également
avec l´amour de sa patrie. Chaque vrai patriotisme a également à faire avec la
connaissance de son milieu de vie, avec son éducation civique. Bref pour aller
de l´avant, il nous faut certains préalables sans lesquels nos spéculations sur
l´avenir du Congo ne resteraient qu´au niveau théorique.
Le Congolais
devant sa prise de conscience historique: Que faire?
Ainsi, de ce qui
se constate, quand on est né au Congo-Démocratique, après qu´on ait servi le
pouvoir colonial pendant des décennies comme de simples subalternes appelés
autrefois les «macaques», nous Congolais instruits, devons nous donner deux à
trois minutes par jour afin de nous questionner sur le sens de nos
responsabilités dans tout ce qui se passe chez nous. Devrions-nous continuer de
rester passifs sans rien dire, ne fut-ce que sous forme des interpellations ou
devrions-nous et sommes-nous en droit de nous demander si notre silence total
ne serait-ce pas un acte de haute trahison? Devrions-nous attendre que la fameuse
Communauté internationale puisse tout remettre en ordre en notre place et ainsi
nous viendrons retrouver notre Etat restructuré sans nous? Serait-ce vraiment
pensable et réalisable sans notre point de vue d´après les actuelles logiques
politiques à l´ère de la mondialisation?
Vive
interpellation à l´égard de chaque Congolais conscient de ce défi!
Nous Peuple
Congolais, devons nous interpeller afin de savoir qui est fautif à travers tout
ce qui nous est imposé comme peine et misère depuis des décennies. En ce sens,
repenser cette situation historique dramatique signifie seulement se mettre à
«relire son histoire mal orientée et chercher à corriger les quelques pages»
sur lesquelles les ambitions des uns et des uns autres ne s´accordent pas.
Repenser son histoire mal orientée à dessein, c´est également le fait d´être au
même moment «sujet et objet de son histoire»; c´est-à-dire chercher à être au
même moment à la place du «patient de sa consultation» et du «médecin qui doit
prescrire des remèdes pour la guérison». Pouvoir se placer à la place du
patient et du médecin doit nous conduire à l´acquisition d´un «Nouvel
Esprit politique» avec des attitudes nationalistes correctes,
loyales, objectives, justes, sincères, droites, et aussi avec un autre esprit
patriotique sans lequel nos efforts risqueraient d´être sans résultat
durable…Comment pourrions-nous en être capable aux années à venir si l´actuelle
histoire politique de notre propre Etat ne nous dit presque plus rien
maintenant qu´elle passe et se vit? Comment pourrions-nous être un jour capable
de raconter à nos enfants et à toutes les générations qui viendront après nous
les riches séquences de l´histoire politique de notre pays, si nous-mêmes n´y
accordons aucune attention à cet instant où elle s´écrit? Comment pourrions-nous
repenser l´avenir de notre cher Etat là où nous sommes devenus nous-mêmes
aveugles idéologiques suite à notre égoïsme visible caractérisé par un
chauvinisme politique et idéologique, par notre clientélisme politique et
médiatique? Bref comment pourrions-nous repenser l´avenir de notre Etat «là où
nous nous montrons nous-mêmes irresponsables» devant de situations aussi
faciles à discerner?
Le Congolais en
face d´une nouvelle page de son histoire politique! Comment faut-il l´écrire?
Il est vraiment
temps pour que nous peuples congolais dans l´ensemble repensions notre avenir communautaire
dans notre beau et vaste pays, la République Démocratique du Congo, le cœur
même du continent africain! Nous devons apprendre à accepter ce défi et
chercher de nous mettre débout ! Mettons-nous débout, réveillons-nous de
notre sommeil pour chercher à comprendre d´où nous sommes venus il y a 50 ans et
vers où sommes-nous en train d´être dirigés pour le reste du temps! Le Congo, notre
chère patrie, notre beau et vaste pays aux dimensions semi-continentales nous
appartient et devra nous appartenir! Ainsi, nous sommes en droit de repenser
l´itinéraire politique historique intégral de ce qui nous arrive et de tout ce qui
peut nous arriver aux années à venir. Ne nous montrons plus irresponsables
comme c´est le cas depuis des décennies. Ne pas le faire maintenant,
signifierait simplement que nous resterons éternellement étrangers même dans
notre propre Patrie, ce qui ne peut alors être admissible et ce qui serait
presque une Idiotie et une Sottise!
Quelles
nouvelles pages pour notre propre Histoire? «Avec Nous ou sans Nous?»
L´histoire est
ce qui doit nous aider de bien réaliser nos ambitions, car avant de s´affirmer
en tant que citoyen de tel ou tel autre Etat, il faut d´abord s´identifier par
rapport à ses origines, à sa culture, à ses préoccupations politiques,
sociales, économiques. Ne peut en être capable que celui qui a le sens de son
histoire dès lors et quand il le peut. L´histoire est ce qui est dessus de
tout, l´histoire, c´est la vérité du Temps! L´histoire, c´est la succession des
événements vécus, bref l´histoire, c´est aussi le Temps! Personne ne peut se
mettre à écrire une nouvelle page d´histoire politique et culturelle pour nous
alors que nous le pouvons et avons des capacités et qualités requises pour
cela. Même la bombe atomique qui a une force que personne ne peut ignorer, ne
saura jamais effacer de manière définitive une page de l´histoire d´un peuple.
La bombe atomique peut vite détruire: les structures matérielles réalisées par
les Hommes. Il suffit de voir ses effets à Hiroshima et Nagasaki au Japon en
1945 pour s´en rendre compte. Mais cette bombe atomique aussi puissante et
écrasante soit-elle, n´est pas toujours à mesure d´écraser une vérité
historique. Aucune vérité historique ne peut se laisser écraser par ce qui est
éphémère. Chaque vérité historique peut- être saisie comme unité de mesure du
Temps. Ainsi, aucune bombe atomique ne saura écraser une vérité historique. La
preuve est que la plupart des Japonais se souviennent et se souviendront
toujours de génération à génération de ce qui leur est arrivé vers le début d´août
1945. Il doit en être de même avec notre cas au Congo-Démocratique. La bombe
atomique peut détruire les structures matérielles, maisons, bâtiments,
immeubles; elle peut également tuer l´homme et les hommes, mais les idées des
hommes une fois lancées, peuvent rester et perdurent si elles ont été bonnes.
Voilà pourquoi, il ne faut pas toujours prétendre effacer une page d´histoire
avec des actes de destruction. Une page d´histoire est une idée ! Que les
compatriotes congolais le retiennent! Sommes-nous conscients de nos multiples
obligations historiques ou voudrions-nous refaire la politique du bouc
émissaire de génération en génération? Voulons-nous ou ne voulons-nous vraiment
pas être les vrais «auteurs et acteurs» de ce que nos enfants viendront trouver
sur nous? L´histoire d´un peuple, son histoire culturelle et politique, c´est
l´une des données de son identité. Comme aucune personne avertie ne peut
ignorer ses origines, aucune bombe atomique ne saura écraser une vérité
historique. Comme l´histoire se place au sommet comme instance d´appréciation
de ce qui s´est passé en des moments déterminés de la vie des hommes, aucune
intrigue planifiée par un homme ou des hommes ne pourra rester cachée pour des
éternités. L´histoire est ainsi liée dans le Temps, se comprend par rapport au
Temps et peut-être une de ses unités de mesure. Prenons conscience!
Mettons-nous débout et allons de l´avant! Acceptons ce défi et mettons-nous au
travail pour être de vrais acteurs de notre histoire!