02.07.10 Réflexion d'A. Aka Lunda sur l'allègement de la dette

En soulevant ce débat, nous ne
cherchons pas à nous illustrer dans des discours révolutionnaires, mais nous
soulevons le problème pour que demain ne soit plus utilisée l’excuse du genre
« nos pères de l’indépendance étaient des semi-illettrés qui ne
comprenaient rien de ce qu’ils signaient ».

Aujourd’hui nous savons, nous
lisons et nous savons comprendre comment fonctionne le monde de vautours dans
lequel nous vivons. Donnons – nous une discipline d’évaluer notre démarche à la
lumière de la pensée Kongo qui dit « Ndiatulu ya lunguenya malembe
malembe » (la marche du caméléon est lente mais sûre).

La mesure de grâce nous accordée
porte sur une bagatelle de près de 13 milliards de dollars mais nous sommes
nous posés les questions suivantes :

 Qu’elle est l’origine exacte de la dette qui a été la
base de ces services de la dette ?,

 A quoi était affecté l’emprunt et qui en sont les
bénéficiaires ?

 Sommes nous certains qu’une réconciliation sincère des
comptes avec nos fameux débiteurs n’allait pas nous conduire à la conclusion
qu’à la place d’un allègement, le pays avait droit à indemnisation qui se
chiffrerait à des centaines de milliards de dollars ?

Les cérémonies de mariage nous ont
démontré combien de fois un emballage bien fait ne peut parfois contenir qu’un
petit paquet de biscuit de 100 FC

Devrions-nous alors nous réjouir de
ce cadeau du centenaire nous offert bien emballé par les institutions de breton
Wood ?

Il est certes très top de tirer
des conclusions, mais pas trop tard pour
réfléchir sur la face réelle de cette fille qu’on offre en mariage.

A mon avis, le seul profit que peut
tirer le pays du long processus qui a conduit au point d’achèvement est le fait
d’avoir appris au gouvernant la leçon d’une gestion efficace des ressources de
l’Etat par une exploitation quotidienne du budget comme outil de gestion.

S’agissant du développement, je ne
crois pas l’initiative PPTE nous y conduise parce qu’elle est conçue sur les
objectifs de la pauvreté et non de l’enrichissement de la nation.

Notre ambition devrait consister à mettre
l’accent sur le développement du marché intérieur par l’amélioration de la
consommation intérieure qui impactera l’amélioration de la production
intérieure et contribuer ainsi aussi bien à la réduction de la pauvreté qu’à
l’enrichissement de la nation. Pour le faire, nous n’avons pas besoin de l’aide
extérieure comme disait le feu Maréchal « Oyo biso moko tolonaka, oyo biso
moko to za na yango, tokoki kosalela ya ngo te ? To zelaka obele
bapaya » ? 

La Consommation intérieure
dont question dans mon propos, est celle visant la satisfaction des besoins
élémentaires  de l’homme lié à
l’alimentation, à l’habillement et au logement.  Disposant de notre propre monnaie, nous
pouvons donc utiliser la planche à
billet pour payer des salaires conséquents aux fonctionnaires. A l’heure actuelle, tout ce que les
travailleurs et fonctionnaires congolais gagnent est consacré aux besoins de
logement ( loyer, électricité, eau) pour 80% et le 20% restant à
l’alimentation. Une amélioration des salaires conduira à une nouvelle
réallocation desdits salaires entraînant une affectation variant de 20% à 50% à
l’alimentation. A court et moyen terme (compte tenu des niveaux actuels des
salaires) il ne faut pas espérer qu’un surplus de rémunération sera épargnée ou
thésaurisé. Ainsi tout le surplus de revenu financé par la planche à billet  sera recyclé dans le circuit du marché. Bien
entendu au départ il y aurait déséquilibre, mais cette augmentation de la
demande entraînera une réhabilitation de notre industrie manufacturière
autrement prospère qui aura un marché à satisfaire. Nous avons la marsvco, la
midema, la cinat, hasso &frères, ….. Bref toutes ces industries aujourd’hui
en veilleuse disposant des capacités humaines et technologiques sous exploitées
aujourd’hui.

Pour que le fruit de nos sacrifices
ne soit récolté outre frontières, nos usines devront être protégées par une
disposition de réciprocité. Tout pays désirant nous vendre un bien que nous
pouvons produire avec nos usines, devra ouvrir son marché à nos produits.

Cette stratégie qui devra se
limiter dans le temps nous permettra : (1)de reconstituer notre encaisse
en devises étrangères ,(2) d’ accroitre notre PNB et par conséquent, (3) d’
améliorer notre taux d’endettement dont le résultat final sera l’appréciation
de notre situation financière. Ainsi nous seront largement ouvertes les portes
des capitaux frais dont nous avons besoin pour mettre en valeur nos ressources
naturelles.

Il faudrait toutefois que  cette stratégie s’accompagne d’un
assainissement de la politique nationale,
de la justice, du secteur financier et commercial du pays et que la frappe de
la monnaie soit « gouvernée » par une commission indépendante aussi
bien de la banque centrale que du gouvernement.

Seule cette stratégie est
susceptible de nous conduire à un développement rapide et financé à
l’intérieur.

C’est ici qu’apparaît
l’inefficacité de l’initiative PPTE dans le processus du développement de notre
pays.

En exprimant son allergie vis-à-vis
de la  l’utilisation de la planche à
billet, l’initiative PPTE nous conduit dans un système de « à chaque jour suffit sa peine » . Et pour préciser
d’avantage cette volonté de « soso
aliaka oyo ekokani na mongongo na ye
 » l’initiative PPTE  nous oblige de cadrer nos dépenses à nos
recettes réelles pour éviter tout déficit budgétaire. Mais qui ne sait pas que
pendant des décennies, beaucoup des nations de l’occident votaient des budgets
avec un déficit pour financer leurs ambitions de développement en
recourant non pas aux recettes réelles, mais à l’emprunt et à la planche à
billet?

En orientant notre stratégie de
développement sur les conditions des pauvres, nous courrons le risque de
demeurer « pauvre à jamais ». Le pays comme le LAOS bien que éligible
à l’initiative n’a jamais accepter d’en
bénéficier car ses politiciens ont conclu que la balance pèse plus du coté des
inconvénients que vers celui des avantages.

Je vais finir par deux réflexions
condamnant toute politique de développement orientée sur la pauvreté

La première est de notre Seigneur
Jésus Christ qui disait « les pauvres vous en aurez toujours »

La seconde est d’un brillant
économiste Anglais (Thomas Robert Malthus si je ne m’abuse) qui disait que le
pauvre n’a qu’une seule activité : Faire des enfants. Par conséquent, il
faut se garder de leur donner les moyens de s’activer à cette passion car plus
on leur donnait les moyens, plus ils faisaient des enfants. Donnons à la nation
les moyens de s’occuper de nos pauvres.

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