10.07.10 Le Potentiel : Cinq questions à Pauline Neto Kamba, par Louis-Paul Eyenga Sana
1. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à effectuer
un déplacement dans un village profond du Kasaï Oriental ?
Cela peut sembler surprenant, mais le dessein de Dieu est
insondable. Je vis aux Etats-Unis et jai grandi à Kinshasa, mais, je
nai cessé de songer aux miens, notamment ceux de larrière-pays. Ce
nest pas tous les jours quun village bénéficie de bonnes œuvres dune
quelconque ONG, surtout lorsquil sagit dun village coupé du reste du
pays suite à labsence dinfrastructures routières. Cest pourquoi,
jai eu lingénieuse idée de construire un orphelinat que jai dénommé
«Bishadi Childrens Home » ou la Maison des enfants « Bishadi » dans
un village du territoire de Tshilenge.
2. Quelles catégories dactivités réalisez-vous dans le
cadre de votre ONG?
A travers le « Children of Congo Fondation » dont je suis
présidente, nous déployons plusieurs activités. Il sagit, entre autres
de : laménagement dune source deau potable à un kilomètre de
lorphelinat dans le village de Bakwa Ndoba Bena Ntonko. Une deuxième
source a été également aménagée dans le village de Bakwa Ndoba Bena
Kabamba à 100 mètres de lorphelinat. Nous avons également réhabilité
lécole Saint Etienne de Nyemvue et acheté des pupitres, bureaux,
tables pour cette formation scolaire. Nous avons assisté les
enseignants après leur formation de mise à niveau par la remise dune
prime. Les orphelins nont pas été oubliés. Car, nous leur avons remis
des uniformes que nous avons achetés ; nous avons aussi assuré le
paiement du minerval pour les élèves orphelins. Parmi les réalisations
de la Fondation, il y a lieu dépingler laménagement du terrain de
football et de laire des jeux de lécole.
3. Pourquoi avez-vous pensé à cette catégorie sociale?
Jai voulu ainsi honorer la mémoire de mon père qui avait grandi
sans ses parents et dont léducation scolaire sest arrêtée alors
quil amorçait sa troisième année primaire.
Toutefois, je me souviens que lors de mon passage dans ces villages que
jai cité ici en 2007, jai ne me suis investi pour la réfection de
lécole Saint Etienne de Nyemvue. Jai eu loccasion, à cette époque de
rencontrer le vicaire de la paroisse qui nous avait présenté une
centaine dorphelins. La plupart de ces enfants avaient perdu leurs
parents lorsque ces derniers étaient en quête de la richesse en
creusant la terre à la recherche du diamant. Maintenant, tout le monde
peut comprendre notre démarche qui vise à sortir ces enfants des
mirages causés par manque déducation, base de tout développement. Avec
un bel encadrement spirituel et moral ainsi quune éducation adéquate,
ces cadres de demain seront utiles à leurs communautés ainsi quau pays
tout entier.
4. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées
dans la réalisation de vos projets ?
Les difficultés que nous avons rencontrées sont les mêmes
auxquelles, butent tous les ONG qui travaillent dans larrière-pays.
Illustration : le manque dinfrastructures routières, le coût très élevé
des frais de transport ainsi que des matériaux de construction. Il y a
lieu dajouter le manque de motivation de la part des communautés
paysannes locales et la lenteur dans le traitement des dossiers
administratifs. Nous avons réalisé tous ces projets selon les moyens
collectés pour apprêter notre budget par rapport aux devis du
conducteur des travaux. Signalons que les évaluations seffectuent lors
des visites annuelles des membres de la Fondation en provenance des
Etats-Unis ou de Kinshasa pour vérifier et inspecter lévolution des
travaux en cours. Cette année, je suis arrivée en République
démocratique du Congo accompagnée de M. Aaron Senne, depuis le 21 juin
2010. A partir du 22 juin, Eric Pwalala a travaillé avec moi et nous
sommes rendus ensemble à Mbuji-Mayi et puis à Nyemvue pour suivre
lévolution de la construction dune porcherie et laménagement de deux
étangs piscicoles ainsi que la culture de deux hectares de champs de
manioc et de maïs. Ces trois projets vont aider lorphelinat à sauto
financer avant lannée scolaire prochaine.
5. Que comptez-vous faire pour lorphelinat, la communauté
locale et pour les autres enfants de la RDC ?
Au début de lannée 2011, nous allons ouvrir les portes de
lorphelinat à 40 enfants, 20 garçons et 20 filles, dont lâge oscille
entre 5 à 6 ans. Leur scolarisation sera prise en charge par la
Fondation. Deux dames, de véritables mères pour eux seront engagées,
comme gardiennes de nuit. Lune delles sera infirmière. Deux autres
femmes seront là pendant la journée pour faire la cuisine et prendre
soins des enfants. Nous allons avoir deux sentinelles de nuit et une
garde de police. Bref, au moins huit autres personnes soccuperont de
la porcherie, des étangs, des champs et de lentretien, de sources deau
potable. Pour le projet davenir, lorphelinat compte augmenter sa
capacité daccueil et aussi étendre ses activités dans dautres
provinces de la RDC. Pour réaliser tout cela et maintenir tous les
projets en état, nous comptons sur la bonne foi de nos sœurs et frères
congolais et aussi sur les autorités provinciales et du gouvernement
central.
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