13.07.10 Le Potentiel: Cinq questions à Jonas Tshiombela Kabiena, par Véron-Clément Kongo

1. La Nouvelle Société Civile du
Congo a initié une pétition pour réclamer un tribunal pénal
international pour la RDC. Où en est-elle à ce jour ?

Nous sommes en pleine campagne de sensibilisation de l’opinion
nationale et internationale sur cette question d’un TPI pour le 5,4
millions de morts en RDC. Nous avons atteint à ce jour 28.532
signatures. La campagne de récolte des signatures s’arrêtera fin Août
2010. Nous avons appris que notre gouvernement étudie actuellement les
voies et moyens d’y apporter la réponse locale. A la Nouvelle société
civile congolaise nous restons très attentifs à cette démarche, car la
question de la justice dans notre société nous préoccupe à un niveau
très élevé. Dans le cadre de la lutte contre l’impunité et les
détentions et arrestations irrégulières des personnes dans nos prisons.
Nous souhaitons rencontrer le ministre de la Justice et Droits humains
pour en faire le point et jeter la base des discussions avec notre
gouvernement à ce sujet. Un atelier est prévu très prochainement sur
l’opportunité d’un TPI-RDC et les solutions locales.

2.Qu’est-ce qui a motivé la NSCC à prendre cette initiative
?

Nous avons été motivés par plusieurs raisons : nous ne pouvons pas
comprendre cette indifférence de la communauté locale et internationale
sur 5,4 millions de morts congolais. C’est une ONG britannique,
International Rescue Committee (IRC) qui avance ces chiffres de triste
mémoire. Tenez le Rwanda : 800.000 morts, la Yougoslavie : 400.000
morts, le Liban : 7000.000 morts, le Sierra Leone : 200.000 morts et la
RDC : 5,4 millions de morts. Tous ces pays ont réclamé et obtenu un
tribunal spécial sur cette question de la justice. Il faut combien de
morts pour que la communauté internationale puisse agir. La population
de la RDC est-elle victime d’un complot international ? Une autre
raison la Cour Pénale Internationale ne peut poursuivre que les crimes
commis après le 02 juillet 2010. Ceci est une raison de plus pour la
population congolaise de réclamer un tribunal spécial sur la RDC pour
les crimes commis avant cette date d’entrée en vigueur du statut de
Rome. Enfin, la démarche de la Nouvelle société civile congolaise vise
l’application de l’une de résolution du dialogue inter congolais à Sun
City. Voilà notre manière de soutenir notre gouvernement dans le cadre
de l’opération tolérance zéro et la lutte contre l’impunité.

3. Pour le ministre de la Justice et Droits humaines qui
réagissait à cette idée, ce débat est dépassé. Qu’en dites-vous ?

Le ministre ne rejette pas l’idée d’une telle instance, il va même
loin jusqu’à penser aux mécanismes locaux auxquels la NSCC n’est pas du
reste hostile, question de nous garantir l’indépendance d’une telle
instance qui doit être à l’abri de toute manipulation politicienne.
Quand le ministre parle d’une démarche dépassée, à la NSCC nous sommes
surpris, car la demande de cette instance est l’une de résolution du
dialogue inter congolais. Peut-on démontrer clairement avec preuve à
l’appui comment cette question a été résolue par le gouvernement schéma
1+4 ou l’actuel gouvernement ? La Nouvelle Société Civile Congolaise
vient simplement relancer la question pour que justice soit faites aux
victimes et que plus jamais dans notre société l’on puisse tuer
impunément les gens. Nous pensons que la commission vérité et
réconciliation devrait jouer un rôle très important. Il n’est jamais
trop tard pour mieux faire n’est-il pas temps à notre gouvernement d’y
penser encore.

4. Comment les gens réagissent-ils lorsqu’on leur présente
la pétition ?

L’article 27 de la constitution du 18 février 2006 donne la voie à
tous les congolais d’initier une telle démarche. Nous avons enregistré
beaucoup de réactions positives et encourageantes sur cette question.
Tous les congolaise y répondent favorablement jusqu’ici. Il ne s’agira
pas dans notre démarche d’un problème de règlement de compte aux gens,
mais de la création des conditions d’une justice réparatrice avec
possibilité de nous amener à la réconciliation nationale, gage de la
paix sociale. Voilà d’ailleurs pourquoi beaucoup de nos compatriotes
soutiennent ce plaidoyer de la Nouvelle Société Civile Congolaise.

5. Qu’en pense la NSCC lorsqu’on dit de la RDC qu’elle est
un Etat des droits ?

La RDC doit et est obligé de devenir un Etat des droits au cœur de
l’Afrique. Les turbulences actuelles de violations des droits et
libertés sont appelées à disparaître un jour au regard de la
détermination non seulement des autorités de ce pays, mais aussi de la
Nouvelle Société Civile et toute la population congolaise. La question
de l’Etat des droits en RDC n’est pas seulement un problème du seul
gouvernement de la RDC, mais c’est un problème de toute la communauté,
nous devons tous nous impliquer dans la consolidation de ses composantes
essentielles : la démocratie et la bonne gouvernance axées sur la
culture de respect des lois du pays. Comme qui dirait nul n’est
au-dessus de la loi. La Nouvelle société civile congolaise milite pour
que les lois deviennent plus fortes que les hommes ainsi nous sauverons
l’équilibre de la société.

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