15.07.10 Le Potentiel: Cinq questions à Abdou Dieng (*), par Louis-Paul Eyenga Sana

1. Les Etats-Unis viennent de faire
un don de 82 millions de dollars pour les opérations du PAM en RDC.
Quelle est la réaction de votre organisation après ce geste en cette
période ?

Nous remercions le gouvernement et le peuple américains pour leur
soutien à la RDC depuis la crise qui secoue le pays depuis une
quinzaine d’années, notamment dans sa partie Est. En effet, depuis cette
époque, des dizaines de milliers de personnes luttent contre la faim,
la malnutrition et le conflit dans l’Est de la RDC. Cette aide qui est
l’une des plus importantes contributions que nous avons reçues au cours
des trois dernières années va nourrir plus de 3,5 millions de personnes
à travers le pays cette année, y compris quelque 145.000 personnes dans
les régions de Haut-Uélé et de Bas-Uélé dans la Province Orientale où
les violences de l’Armée de résistance du seigneur a provoqué de vaste
déplacement des populations.
Toutefois, je dois vous dire que la situation s’est nettement améliorée
pour les réfugiés et les déplacés au regard d’une certaine accalmie
observée dans certaines zones jadis en proie à des conflits à l’Est de
la RDC.

2. Que compte faire le PAM/RDC de ce don américain de 82
millions de dollars ?

Cette importante contribution américaine que nous venons de recevoir
va servir à nourrir 2 millions de personnes au Nord-Kivu, au
Sud-Kivu, au Maniema, dans le Haut Uélé, dans le Bas Uélé et à
l’Equateur, sans oublier les populations du Katanga, du Kasaï Oriental
et du Kasaï Occidental où sévit la malnutrition ; notamment dans les
deux dernières provinces. En bref la contribution américaine va
bénéficier à toute la population congolaise presque de toutes les
provinces du pays.

3. Quels sont les secteurs ciblés par le PAM après qu’il
a réceptionné ce don en nature du gouvernement des Etats-Unis ?

Le programme «Vivre pour la Paix» (Food for Peace) de l’USAID qui est
le plus grand contributeur aux opérations du PAM a ciblé le secteur
de la sécurité alimentaire pour aider à sauver les vies des personnes
déplacées dont la sécurité alimentaire est compromise par le conflit en
RDC. Il y a lieu de greffer aussi l’aide nutritionnelle pour les enfants
de 1 à 5 ans. Ce programme vise également à apporter les repas chauds à
plus de 600.000 enfants qui fréquentent les centres scolaires à travers
le pays, principalement ceux qui sont dans la partie Est de la RDC.
Cette assistance permettra aux élèves à rester dans leurs écoles
et formations scolaires pendant la journée et les mettra à l’abri du
besoin.
Cette aide concerne également les personnes vivant avec le Vih/Sida
identifiées par le PAM et ses partenaires. Elles vont bénéficier de
cette assistance à travers les infrastructures mises à leur disposition
pour leur réinsertion sociale.

4. Où en est-on du projet de Kabalo, initié par le PAM avec
le FAO et d’autres partenaires ?

C’est un projet-phare que nous avons mis en oeuvre avec la FAO et le
gouvernement de Belgique que nous remercions. Cela permettra à
produire environ 3.000 tonnes de vivres que le PAM va acheter pour les
redistribuer en RDC. Il vise à venir en aide aux Congolais dans la
production agricole et à leur donner des moyens aux paysans et
agriculteurs de la région de Kabalo au Katanga en semences, engrais et
outils aratoires pour mieux produire. L’objectif est de créer les
conditions pour « booster » la production agricole afin de sortir de
l’aide alimentaire pour amorcer l’assistance alimentaire. Pour l’heure,
toutes les conditions sont réunies pour réaliser ce projet. Cependant,
il faut tout de même une réelle volonté politique pour assurer
l’autonomie alimentaire en RDC. Après l’expérience du Katanga où l’on a
même impliqué la SNCC pour la vente de la production des
agriculteurs, le PAM compte réaliser un autre projet similaire à
l’Equateur avec l’appui du gouvernement de France.

5. Avez-vous un message particulier aux autorités, aux
bénéficiaires et aux partenaires du PAM ?

Bien sûr que oui ! Nous avons, en effet, constaté que les
décideurs politiques font preuve des signes qui sont porteurs
d’espoir. En plus, il y a de moins en moins des conflits, notamment dans
la partie Est du pays. La population se prépare à se remettre au
travail après une longue période d’incertitude. Le PAM va rester en RDC
pour accompagner le gouvernement dans son programme de sécurité
alimentaire. Le PAM compte sur le gouvernement de la RDC pour «
booster » la production agricole par la réalisation de vastes projets
qu’il a initiés à Kabalo au Katanga. Je rappelle que ces projets
s’inscrivent dans le programme national de réduction de la pauvreté et
de la malnutrition en aidant les Congolais à reconstituer leurs moyens
de subsistance.

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