La rencontre avec Africom à Stuttgart : une stratégie de « l’impérialisme intelligent » ! (JP Mbelu)

L’une
de « bonnes informations » que nos compatriotes ont récoltée lors de
cette rencontre serait que le Congo, notre pays, ne sera pas balkanisé.
Pauvres Congolais ! Si nous savions qu’informer en
déformant ou en présentant « une politique des bonnes intentions » fait
partie des tactiques « normales » des Yankee !

 

Une tactique «  normale » pour les Yankee

 

Après les années de guerre de Bush, les USA ont décidé d’appliquer, entre autres, la stratégie de « l’impérialisme intelligent ». Si les guerres
de moyenne intensité initiées sous G.W. Bush se poursuivent encore en
Irak et en Afghanistan, le Congo, lui, résiste à la longue guerre de
basse intensité que les USA et la Grande-Bretagne lui font par le
Rwanda, l’Ouganda et le Burundi interposés. Cette guerre est faite par
procuration pour permettre aux USA de redorer, aux yeux des naïfs et
autres fanatiques, son blason moral. Elle participe
de leur politique internationale militaire de repli tactique. « En
fait, alternant les méthodes, la politique internationale US peut
présenter des cycles de forte agressivité ou de repli tactique. Ainsi,
écrit Michel Collon, après leur lourde défaite au Vietnam et leur
discrédit international, les Etats-Unis s’étaient calmés quelques temps.
Mais c’était reculer pour mieux sauter. » (M. COLLON, Les 7 péchés d’Hugo Chavez, Bruxelles, Investig’Action, p.394) Cette stratégie ne fait absolument pas disparaître l’instinct martial des Yankee.

 

Au
cours de leur repli tactique ou de leurs guerres de moyenne intensité,
ils initient plusieurs méthodes de contrôle des cerveaux. Ils utilisent
les médias dominants et coupagistes, ils recourent aux services
des clercs (les prof. d’unif. et les autres élites intellectuelles de
renommée internationale) pour torpiller l’information en en faisant
« les vendeurs de la doctrine des bonnes intentions ». Remarquant par
exemple que le soutien intérieur s’est érodé en France et en Allemagne
au sujet de la guerre menée en Afghanistan et que Barack Obama est sur
le point de demander à ces alliés d’augmenter le nombre de leurs
militaires là-bas, ils ont inventé un truc. Ils ont estimé, ainsi que
l’affirmait Noam Chomsky dans sa conférence à Paris le 31 mai 2010,
qu’ « il est nécessaire « d’adapter le message » pour « prévenir ou du
moins contenir d’éventuelles réactions violentes ». Pour la France, la
CIA recommande d’avoir recours à une propagande élaborée pour prendre en
compte le « profond souci pour les civils et les réfugiés » et pour
provoquer le sentiment de culpabilité des Français lié à leur abandon.
Le rapport recommande de mettre particulièrement en avant la question de
l’éducation des filles qui peut devenir « un point de ralliement pour
l’opinion publique française en grande partie laïque, et donner aux
électeurs une raison de soutenir une cause nécessaire malgré les
victimes ». Les faits, comme d’habitude, n’ont pas la moindre
importance. On peut prendre par exemple les progrès
de l’éducation des filles à Kaboul lors de l’occupation russe, ou le
véritable impact des opérations militaires. »

L’initiative
des Yankee de rencontrer quelques membres de notre société civile, bien
que participant de la stratégie de « l’impérialisme intelligent », est
un essai pour contenir de la résistance populaire telle qu’elle se
manifeste à l’est (et chez les autres critiques) de notre pays contre
les forces négatives des pays voisins qu’ils ont armées. Mais aussi pour
bercer les Congolais(es) d’illusions sans qu’ils disent à quoi servent
leurs bases militaires.

 

A quoi servent les bases militaires ?

 

Au
contrôle des axes stratégiques importants et celui des matières
premières d’une importance stratégique de premier plan. « Depuis la
Seconde Guerre mondiale, confiait Noam Chomsky à Paris, les Etats-Unis
dominent le monde des affaires et continuent de le faire à bien des
égards, malgré des changements importants. Pendant la guerre, des hauts
responsables ont compris qu’au bout du compte, les Etats-Unis
détiendraient un pouvoir sans précédent dans le monde et ils ont
soigneusement planifié l’organisation du monde de l’après-guerre. Ils
ont délimité une « vaste zone » dans laquelle les Etats-Unis
détiendraient « un pouvoir incontesté » avec « une suprématie militaire
et économique » tout en veillant à la
« limitation de tout exercice de souveraineté » de la part des Etats
qui pourraient interférer avec leurs intentions planétaires. La vaste
zone devait inclure au moins l’Extrême-Orient et l’ancien empire
britannique, y compris les ressources énergétiques de l’Asie
occidentale ; le contrôle de ces ressources apporterait « un contrôle
important sur le monde », fit remarquer plus tard un planificateur
influent. » Jusqu’à ce jour, ils n’ont pas renoncé à ces visées
impérialistes malgré les limites que leur imposent les puissances
émergeantes et les axes stratégiques qu’elles constituent. L’Afrique
Occidentale et l’Afrique centrale attisent leurs appétits voraces.

 

Il
est important d’avoir toujours présent à l’esprit l’interconnexion ou
plutôt l’imbrication existant entre le politique et
l’économico-financier dans ce que les Yankee entreprennent
dans nos pays. Noam Chomsky le dit sans ambages dans la conférence
susmentionnée quand il soutient que « depuis les années 1970, la part
des institutions financières dans les bénéfices des entreprises a
fortement augmenté, pour atteindre aujourd’hui environ un tiers aux
Etats-Unis. Leur pouvoir politique a évolué de concert, menant au
démantèlement de l’appareil de réglementation qui avait évité les crises
financières depuis la Grande Dépression. Ces institutions financières
ont également fourni l’essentiel
du soutien à Barack Obama, l’aidant à le porter à la victoire. Elles
s’attendaient à être récompensées, et elles l’ont été, avec un énorme
plan de sauvetage, financé par les contribuables, visant à les sauver
des conséquences de l’effondrement destructeur de l’économie dont elles
portent la plus grande part de responsabilité. » Cette interconnexion
existe aussi entre l’économico-financière et le militaire. A ce sujet,
voici ce que note Joseph Stiglitz : « Le président Eisenhower avait mis
en garde contre le danger du complexe militaro-industriel. Mais, depuis
un demi-siècle, ce complexe s’est élargi : les intérêts particuliers qui
déterminent la politique économique et sociale américaine comprennent
aussi la finance, les produits pharmaceutiques, le pétrole et le
charbon. Leur influence politique rend pratiquement impossible toute
action publique rationnelle. » (J. STIGLITZ, Le triomphe de la cupidité, Paris, Les liens qui libèrent, 2010, p.464) Cette impossibilité de toute action publique rationnelle conduit à une navigation à vue et à un court-termisme nocifs
au devenir collectif. Elle peut enfermer dans un ensauvagement dont le
résultat le plus visible est le soutien offert aux criminels
humanitaires et économiques qui tuent et pillent à l’est de notre pays.
En ce compris une multitude de militaires Rwandais, Ougandais, Burundais
et Congolais formés par les USA hier et aujourd’hui.

 

Succomber
aux charmes de « l’impérialisme intelligent » en oubliant que ceux qui
disent qu’il n’y aura pas de balkanisation du Congo sont les mêmes qui
nous font la guerre par leurs nègres de service interposés  sans que
justice nous soit rendue témoignerait des dégâts causés par le
capitalisme du désastre au niveau de nos cœurs et de nos esprits.

 

Heureusement !
« Les petits restes » veillent. A Beni-Butembo, par exemple, cet
« impérialisme » a marqué, tant soit peu, ses limites : les pyromanes
ont de la peine à se présenter comme des pompiers. Si cette prise de
conscience pouvait faire tache d’huile ! Un peuple bien
informé, bien formé (ou se formant à partir de la lecture des faits) et
sagement organisé en force d’auto-défense populaire est « la meilleure
arme de destruction massive » contre les politiques impérialistes.
Celles-ci  ne triomphent longtemps que là où l’obscurantisme et l’obscurité sont entretenus. Est-ce un hasard qu’il y ait une église de sommeil
à chaque coin de rue chez
nous et que « les Pasteurs » soient les premiers conseillers des
« chefs » ? Que le chantier énergie (eau et électricité) soit le plus
négligé ? Et que le chantier éducation et culture soit le cadet des
soucis de tous ceux qui ont dirigé le Congo jusqu’à ce jour ? La
religion-opium et la négligence de secteurs vitaux susmentionnés ont une
grande part dans les victoires actuelles de la mort et du mensonge chez
nous.

 

 

J.-P. Mbelu

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