0.08.10 Le Climat Tempéré: interview exclusive de Dolly Ibefo Mbunga,
« Le
travail noble des ONGDH est bénéfique pour tout le monde »
LCT : Avez-vous un
petit message à lissue des élections organisées le 30 juillet 2010, qui ont
débouché sur la présentation dune nouvelle équipe dirigeante de La Voix des
sans Voix ?
Dolly Ibefo Mbunga : Le message que nous avons,
cest linvitation adressée à toute
lopinion, à tout le monde de soutenir le travail de La Voix des sans Voix, le
travail des ONG de défense des droits de lhomme (ONGDH). Cest un travail noble,
cest un travail qui est bénéfique pour tout le monde, que lon soit au
pouvoir, ou que lon soit dans lopposition, que lon occupe ou pas un poste
quelconque. Cest un travail bénéfique pour tout le monde.
Notre message,
cest que la VSV a connu des problèmes. Son directeur exécutif a été assassiné,
mais un des membres est porté disparu. Donc, La VSV a perdu deux de ses membres
en plein exercice de leur mission. Cet
assassinat a souillé presque tout lEtat congolais. Donc, toutes les
institutions congolaises ont été souillées. Maintenant, pour se laver de cela,
il faut nécessairement quil y ait une enquête indépendante et un procès
équitable et juste qui doit déboucher sur la vérité et sur la vraie vérité. Mais pas sur nimporte
quoi, voilà le message que nous avons.
LCT : Quattendez
concrètement pour voir le dossier Chebeya aboutir ?
DIM : Les Nations Unies, qui accompagnent la République
démocratique du Congo, doivent nécessairement continuer à accompagner la
République. Mais pour les cas qui nous concernent, les cas dassassinat de
Floribert Chebeya et de la disparition de Fidèle Bazana, nous préférons que les
Nations Unies puissent aider la RDC à se laver de cette souillure qui est
provoquée par lassassinat dun des nôtres par des responsables dune structure
de lEtat. Les Nations Unies doivent accompagner la RDC, pour quelles puissent
se laver de cette souillure, quest cet assassinat ignoble.
LCT : Comment peut-on expliquer le fait que le
célèbre avocat chilien Roberto Garreton na pas réagi, jusquà ce jour, à la
disparition tragique de Floribert Chebeya quil a pourtant bien connu et
approché dans le cadre de ses missions en RD Congo ?
DIM : Nous savons que Roberto Garreton a dabord dénoncé
lassassinat ignoble de Chebeya. Mais aussi, en tant quancien rapporteur
spécial de lONU, je crois quil connait bien les réalités des droits de
lhomme de la RDC. Cest vrai que les temps ont changé avec les hommes qui ont
changé. Comme disait une vendeuse des légumes au marché, Mobutu avec ses
services arrêtait les défenseurs des droits de lhomme, il ne les tuait pas.
Mais dans le régime Kabila, on les arrête et on les tue. Donc, il y a un
changement de temps. Mais Garreton sait, il sait en réalité comment ça se
passe. Nous attendons sa réaction. Je crois quil pourrait se prononcer. Je ne
sais pas où il est maintenant.
LCT : Etes-vous prêt à exiger, auprès des Nations
Unies ou de lUnion européenne, la mise en place urgente dun rapporteur
spécial des droits de lhomme pour tout ce qui se passe dans cette matière, en
RD Congo ?
DIM : Moi, je crois que les ONG se sont battues sur
cette question, même au Conseil des droits de lhomme passé, pour quil que la
République démocratique du Congo soit sous surveillance des Nations Unies en ce
qui concerne les droits de lhomme. Mais je crois que le gouvernement congolais
et le groupe Afrique nont pas voulu que la RDC soit sous surveillance des
Nations Unies, en ce qui concerne les droits de lhomme. Mais, avec cet
assassinat ignoble, je crois que même les autres gouvernements, et même le
groupe Afrique, pourraient revoir leurs positions aux prochaines sessions des
Nations Unies. Il y a un Conseil des droits de lhomme qui est prévu,
probablement en septembre prochain. On verra bien.
LCT : Allez-vous
à cette occasion réitérer votre demande de mise en place dun poste de rapporteur spécial des droits de lhomme
pour la RDC ?
DIM : Ce que nous
demandons cest le bureau de la division des droits de lhomme. Il existe
plusieurs rapporteurs spéciaux. Il y a le rapporteur sur les défenseurs des
droits de lhomme, le rapporteur sur les
juristes, le rapporteur sur les magistrats. Donc, ils sont nombreux. Mais nous
avons besoin dun bureau. La division des droits de lhomme de la MONUC
(MONUSCO) ne suffit pas. Il faut un directeur spécial qui est sur place et qui
observe ce qui se passe en RDC en ce qui concerne les droits humains.
LCT : Quelle est votre réaction aux analyses publiées
par un diplomate congolais à travers les
colonnes de la presse congolaise, analyses selon lesquelles « la situation
des droits de lhomme saméliore de jour en jour » au niveau du
pays ?
DIM : Il a tenu compte de quels critères pour pouvoir
dire que la situation des droits de lhomme saméliore. Pour lui, il y a
lamélioration lorsquon enregistre des assassinats ? Ça, ce nest pas une
amélioration, à ce que je sache. On ne peut pas soutenir que la situation
saméliore lorsque chaque jour des responsables, des autorités publiques, se
permettent de tuer par exemple des gens dans leurs bureaux. Ça, cest la
jungle. On peut dire que tout le monde
peut tuer, sauf une autorité. Lorsquune autorité minvite, je sais que je vais
rentrer sain et sauf. Maintenant, nous avons constaté quune autorité, le
numéro un de la police invite et, là, dans son bureau, on tue. Mais cest grave
maintenant : où est lEtat ? Peut-on accepter que des groupes de gens
fassent la loi ? Comme en Somalie où il ny a pas dautorités. Cest ça,
cest ce que ça veut dire. Il suffit davoir une fonction : dans la
police, dans larmée, davoir les armes et les munitions. Et cest tout ?
On se prémunit de tout ? On fait ce quon veut ? Cest cela
lamélioration de la situation ? Votre diplomate là, il a jugé sur quels
critères ? Nous ne savons pas.
Propos recueillis par JF
Kumwaf