31.08.10 Intal: « L'allégement de la dette est un succès pour la politique de reconstruction du gouvernement congolais ! »

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Q: Dans la presse congolaise, l'allégement de la dette est présenté avant tout comme un succès pour le tandem Kabila-Muzito.

Albert Mukulubundu: L'allégement de la dette est
certainement un pas en avant, non seulement pour le gouvernement, mais
aussi pour toute la nation. Concrètement, on peut dire que, avant
l'allégement, le gouvernement devait déposer chaque fin du mois un
chèque de 50 millions de dollars. Dans un budget qui s'élevait en 2009
seulement à 3 milliards de dollars, c'est extrêmement lourd. Cet argent
est maintenant disponible pour des initiatives sur le plan de la
reconstruction et du progrès social. En plus, il y a un moratoire de
deux ans sur le payement du solde de la dette. Après, il y aura de
nouvelles négociations avec le FMI sur de nouvelles conditions de
remboursement.

Mais c'est aussi une victoire politique pour le tandem Kabila-Muzito,
c'est vrai. L'opposition qui ne cesse de critiquer le gouvernement
avait toujours prétendu, que le gouvernement n'allait jamais obtenir un
allégement. Des vieux mobutistes, comme Kengo Wa Dondo ou Jean Pierre
Bemba, eux aussi avaient essayé d'obtenir cela dans le temps, mais cela a
été toujours refusé. Maintenant que le gouvernement a obtenu
l'allègement, ils prétendent que c'est “un effort commun” et qu’eux, ils
avaient déjà commencé le travail quand ils étaient au pouvoir. Mais la
réalité est là : à la fin de l'époque mobutiste, la communauté
internationale a presque abandonné complètement notre pays, tandis que
maintenant, il n'y a pas une semaine sans qu'il y ait des hôtes de tous
les horizons.

L'allégement de la dette est un signal fort symbolique pour
l'extérieur. Le Congo peut profiter de cela pour attirer d'avantage des
investisseurs et accélérer la modernisation du pays.

Q: Certains disent par contre que le gouvernement s'est incliné
devant le FMI et ne fait qu’obéir aux diktats de la haute finance
internationale.

A.M.: Je peux vous assurer que personne dans le
gouvernement n’est heureux de devoir rembourser une dette qui n'est pas
la leur. C'est un héritage de notre passé, pour lequel nous ne portons
pas de responsabilité et qui nous est imposé. Tout le monde sait que la
politique de reconstruction de notre pays et les conditions de vie
souffrent à cause de cette dette. Mais, vous savez, quand le
gouvernement a commencé le travail de reconstruction, après les
élections de 2006, notre pays était le paria de la communauté
internationale. Nous avons beaucoup souffert de l'indifférence de la
communauté internationale face à la guerre qui nous a été infligée
pendant des années, car elle considérait à tort ce conflit comme un
problème interne au Congo. Maintenant encore, il y a des vautours dans
l'arène internationale qui veulent détruire notre pays. Il y a ces
fameux fonds vautours qui essayent de voler notre argent. Il y a aussi
des “analystes” qui prétendent que notre pays est “ingérable” et qu'il
vaut mieux le balkaniser…

Dans un environnement pareil, le gouvernement a fait le choix de tout
faire pour stabiliser le pays, maintenir l'unité de la nation et
améliorer les relations avec la communauté internationale. Un refus de
paiement de la dette aurait causé un isolement international, voire même
un boycott contre notre politique de reconstruction. Après quatre ans,
on peut dire: c'était dur, mais, à la longue, cela a profité à notre
pays.

Q: L'allègement n'a pas été donné comme un cadeau?

A.M.: Certainement pas ! Il faut souligner que la mise en ordre des
finances de l'Etat, le fait d'avoir un contrôle sur les dépenses et les
recettes, c'est un souhait de tous ceux qui se mobilisent pour le
développement du pays. C'est une lutte contre la culture politique
mobutiste, qui règne dans notre pays depuis plus de trente ans. Chez
nous, la culture mobutiste, c’était : obtenir le poste politique pour
s'enrichir le plus vite possible et laissez le pays en ruine derrière
soi.

D'un autre côté, on sait que le FMI a ses propres plans. On l’a vu
lors du débat autour du contrat avec les Chinois. La pression a été
forte pour annuler ce contrat et de continuer à développer des relations
unilatérales avec l'Occident. Mais le Congo veut une diversification :
les investisseurs occidentaux sont les bienvenus, mais aussi ceux de
l'Orient ou des pays émergents. Le gouvernement n'a pas cédé à cette
pression. Même chose avec les privatisations que le FMI veut nous
imposer. Le Congo a besoin du know how sur le plan de la gestion
moderne. Ainsi, nous voulons des partenariats avec des hommes d'affaires
qui peuvent nous aider à mieux rentabiliser nos affaires et notre
appareil de production. Nous cherchons des partenariats avec l'étranger,
mais nous ne sommes pas prêts à abandonner le contrôle sur les secteurs
vitaux de notre économie. Là aussi, il y a un équilibre à trouver, mais
un équilibre qui est avantageux pour la reconstruction du pays et pas
pour les appétits des firmes étrangères.

Q: Le redressement sur le plan social, entretemps, n'avance pas tellement.

A.M.: Quand on voit les résultats de la politique de
la lutte contre la pauvreté, (le DCRSP) cela est décevant. L'aide
internationale qui est prévue dans cet accord pour le redressement des
secteurs sociaux comme la santé ou l'éducation ne suffit que pour
entretenir la pauvreté, au lieu de redresser la situation. Pour la
santé, il y a un budget de seulement 0,5 dollar par habitant et par
année prévu dans le budget 2009. Que peut-on faire avec cela ? C'est
pour cette raison que le gouvernement cherche à développer des
initiatives alternatives et complémentaires. Il y a maintenant un projet
d'induction d'eau potable à la campagne. Le but est de construire 600
puits et amener de l'eau potable à 25 millions de gens. C'est clair que
l'effet de tels projets sur la santé sera considérable. Même chose pour
l'électricité: une coopération avec des investisseurs indiens nous
permettra de construire un barrage au Bandundu et au Kasai. Ainsi nous
allons contribuer à revitaliser ces deux provinces.

Je crois que le peuple commence à comprendre le travail difficile que
le gouvernement effectue. Les gens apprécient que le Congo devienne de
plus en plus stable. Mais cette stabilité demande un grand effort pour
défendre l'unité de notre pays et investir dans sa sécurisation. Sur le
plan monétaire il y a aussi une certaine stabilité, et ce dans un
contexte mondial très difficile et perturbant. Pour la première fois, le
taux d'inflation dans notre pays reste en-dessous de 10 %. Mais,
surtout, la population voit que les routes et les ponts se construisent,
que la communication se développe, qu'il y a des régions auparavant
enclavées qui accrochent de nouveau avec le reste du pays. Suivant l'évaluation du DSCRP
en mars 2010, le gouvernement a aménagé ces dernières années pas moins
de 22.900 km de routes en mobilisant des investissements étrangers et
locaux, ainsi que la population elle-même pour cette réalisation
gigantesque. Cependant, nous ne sommes même pas à mi-chemin : pour les
cinq ans à venir, dans le cadre du DSCRP II, il est prévu de poursuivre
les efforts de reconstruction, de réouverture et de bitumage des routes
d’intérêt général, les voiries urbaines et les pistes rurales. Un
réseau d’environ 20.650 km a été fixé comme objectif à atteindre. Ce
sont des conditions de base pour que le pays et la population se
redressent !

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