03.09.10 Media Africa 21 : Interview de Gaspard-Hubert Lonsi Koko

Media Africa 21 : Que pensez-vous de la République Démocratique du Congo, sur le plan géostratégique ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : La République Démocratique du Congo doit sortir rapidement des mains inexpertes et changer radicalement de leadership.

 

Media Africa 21 : Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : L’internationalisation
continue du terrorisme, la sophistication des filières des
narco-trafiquants et le blanchiment des capitaux à grande échelle, sont
en train de permettre la migration et l’installation progressives au
cœur des forêts équatoriales africaines. En effet, il existe
aujourd’hui, dans cette région du continent africain, des
administrations-fictions dont la plus inquiétante est celle de la
République Démocratique du Congo. Notre pays est donc en train de se
transformer, en matière de terrorisme, en une base-arrière prospère et
redoutable qu’aucune coalition ne pourra aisément déloger demain.

 

Rappelons que
la République Démocratique du Congo, c’est 2 345 000 Km² au centre du
continent africain, dont 40 % des forêts africaines et 80 millions
d’hectares de terres arables. C’est surtout 65 000 000 d’habitants,
dont 60 % ont moins de 20 ans et près de 450 ethnies. Notre pays a 9
frontières auxquelles il faut ajouter la situation singulière de
l’enclave du Cabinda. Il s’agit donc d’un réservoir inépuisable de
ressources minérales, stratégiques pour la plupart, en plus d’un réseau
hydrographique exceptionnel et d’un potentiel hydroélectrique unique au
monde. Malheureusement, depuis près de deux décennies, ce colosse aux
pieds d’argile qu’est la République Démocratique du Congo a vacillé au
point de devenir le ventre mou de l’Afrique centrale. Ses atouts sont
aujourd’hui inversement proportionnels à ses faiblesses.

 

Media Africa 21 : Votre pays connaîtrait-il, selon vos propos, un déficit en matière de souveraineté ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko :
Non seulement l’on y assiste à un abandon de souveraineté, mais des
mouvements terroristes étrangers ont sanctuarisé notre pays depuis plus
de 15 ans. L’armée et la police congolaises, en plus d’être parmi les
plus corrompues au monde, ont pour hauts faits d’armes la violation
systémique et systématique des Droits Humains, la déshumanisation de la
gent féminine violée de manière indescriptible, en concurrence avec ces
milices régionales transfrontalières, comme les FDLR et la LRA, qui
écument une large partie du territoire et entretiennent une insécurité
chronique. Les services spéciaux ne sont pas du reste dans les brimades
et les meurtres politiques.

 

Media Africa 21 : Quelles sont donc les conséquences directes de l’insécurité qui règne surtout à l’Est de la RD Congo ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko :
Ces conséquences sont connues du commun des mortels. La situation
socio-économique est de plus en plus catastrophique avec un chômage
massif et des tensions nées des frustrations diverses. L’administration
congolaise, quasi-inexistante et corrompue à souhait, ne contrôle pas
grand-chose faute de management et des moyens pour accomplir ses
missions.

 

Par ailleurs,
on assiste au Congo à la vente cyclique de plusieurs concessions
minières sur lesquelles le gouvernement a abandonné sa souveraineté et
dont personne ne connaît le contenu, ni ne maîtrise l’exploitation,
encore moins l’exportation au point de mettre dangereusement des
produits sensibles comme l’uranium ou le cobalt entre des mains
douteuses ou au profit des filières terroristes.

 

Pis encore, via
des frontières poreuses, on note des afflux migratoires massifs et
l’implantation significative d’une forte communauté extra-continentale
que personne ne sait ni identifier véritablement, ni contrôler dans la
durée. Cette communauté non autrement identifiée s’illustre dans le
blanchiment d’argent, les trafics de tout genre et le rachat de
plusieurs sites dont certains sont transformés en lieux de prière à
partir desquels les nouveaux convertis sont pris en charge socialement.

 

Tout cela est
entretenu et encouragé par la médiocrité d’une classe politique
complaisante qui ne vise que l’enrichissement personnel immédiat, quel
qu’en soit le prix, sans oublier son « masochisme » jouissif devant la
misère d’une population qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Pourtant, toutes ces problématiques renvoient à la survie ou à la
disparition de l’État congolais avec les conséquences géopolitiques que
l’on peut facilement deviner.

 

Media Africa 21 : Comment voyez-vous alors la situation sur le plan régional ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko :
Les observateurs avisés savent que, s’agissant de la République
Démocratique du Congo, il y a péril en la demeure aux dommages
collatéraux internationaux garantis. Lorsque l’on sait que plusieurs
pays voisins, déjà en froid avec notre pays, sont eux-mêmes en
« sursis » avec des tensions internes comme au Rwanda et au Burundi,
des aventures sanglantes des LRA et des SHEBABS en Ouganda, la présence
de nombreuses milices et forces négatives installées dans de zones de
non-droit au Soudan et en Centrafrique, les incursions récurrentes des
troupes étrangères dans le Sud de notre pays, sans oublier les
perspectives non rassurantes de changement de régimes dans d’autres, il
devient impératif de faire face à ces inquiétudes légitimes et de
sortir très rapidement la République Démocratique du Congo de cette
situation.

 

Media Africa 21 : En quoi consiste cette sortie ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko :
À travers un leadership nouveau et clairvoyant ayant la connaissance
ainsi que la maîtrise de la chose publique et des enjeux du XXIe
siècle, la République Démocratique du Congo devra s’engager de manière
volontariste et avec l’aide des partenaires internationaux convaincus
pour garantir la Liberté, l’Égalité, la Sécurité et la Prospérité.

 

Media Africa 21 : Et comment s’articulera cet engagement ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Du
point de vue géopolitique, il faudra commencer par restaurer la
souveraineté et de l’autorité de l’État congolais sur l’ensemble de son
territoire. Ensuite, il faudra s’adonner à la pacification totale du
pays pour mieux garantir l’existence de toutes les communautés et
renforcer le ciment identitaire national. Tout cela ne sera possible
que grâce à l’instauration d’un État de droit avec des institutions
fortes dotées des attributs et des pouvoirs réels, à l’aide de la
moralisation de la vie publique, de la définition d’un pacte
républicain, grâce au respect des engagements internationaux souscrits
et à une politique de bon voisinage.

 

Du point de vue
militaire, sécuritaire et géostratégique, il faudra bâtir une armée
républicaine dotée des compétences, d’outils et des moyens modernes
proportionnels aux défis et enjeux actuels. Cette armée devra être un
maillon d’une force régionale pour une défense commune. Il faudra aussi
ériger des bases militaires en partenariat stratégique avec l’AFRICOM
et créer des unités spéciales qui seront chargées des espaces aérien,
géologique, fluvial, maritime, lacustre et des frontières terrestres.
Enfin, il faudra non seulement restaurer la Police Nationale et créer
des unités spécialisées en son sein, mais aussi redéfinir les missions
des services spéciaux, ceux-ci devant être tournées vers la recherche
et le développement.

 

Sur les plans
économique et socio-culturel, il faudra renforcer les capacités de
l’administration et promouvoir la bonne gouvernance. Nous devons donc
repenser les politiques du développement, rationaliser ses objectifs et
ses priorités au moyen de la création, par exemple, des Zones Franches
Industrielles. Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au
Congo (RDPC) est favorable à la garantie et à la sécurisation des
investissements, des droits individuels et des sociétés : d’où la nécessité d’un audit indépendant en vue de la réhabilitation du portefeuille de l’État.

 

Il est donc
indispensable d’approfondir la coopération régionale sur la base des
avantages comparatifs, de garantir la sécurité alimentaire et
énergétique par le biais d’un investissement massif prioritaire dans
l’agriculture et les infrastructures. Dans la même optique, il faudra
réhabilité, renforcer et faire la traçabilité des systèmes éducatif et
sanitaire. Enfin, il faudra non seulement assainir et mettre en place
des infrastructures financières et bancaires modernes, mais surtout
privilégier la réhabilitation sociale et l’indemnisation des victimes
grâce à une Justice indépendante.

 

Ce vaste et
ambitieux programme pour le développement intégré de la République
Démocratique du Congo ne pourra se réaliser que si notre pays fait
émerger un leader crédible, déterminé, capable de relever les défis, de
conduire avec intelligence la destinée de la Nation et de défendre les
intérêts du peuple congolais et ceux de la Communauté des Nations.

 

Media
Africa 21 : Quelles sont donc les garanties et la plus-value de votre
candidature à la présidence de la République Démocratique du Congo ?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko :
Les atouts de ma candidature ? Je dirai avant tout mon itinéraire
sociologique et ma virginité s’agissant de la gestion de la chose
publique congolaise. Ensuite ma formation et mon expertise politique,
auxquelles il faudra ajouter ma capacité à pénétrer et à mobiliser les
réseaux internationaux d’influence. Enfin, ma vision et mon programme.

 

Propos recueillis par Eric Mwamba

© Media Africa 21

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