Grâce aux exploits des ses artistes bédéistes, la RDC désormais parmi les pays les plus florissants en Bande dessinée

La République démocratique du Congo constitue l’un des pays les
plus florissants du continent africain en matière de bande dessinée
(BD). Selon l’histoire de la BD, telle que relatée par Christophe
Cassiau-Haurie cité par Africulture, la BD a fait son apparition dans
les journaux de la RDC en 1921et n’a jamais cessé de se développer. La
saga de la BD congolaise est ponctuée d’évènements cocasses et riches de
talents individuels. L’auteur revient sur cette histoire méconnue tout
au long de ces pages remplies d’illustrations. Il dirige, avec Alain
Brezault, le projet AfriBD, soutenu par le fonds francophone des
inforoutes de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Pour étayer sa thèse, l’auteur a cité les Carnets de voyage écrit par le
Congolais Antoine Roger Bolamba [Congo-Belgique, 1945-1959] présenté à
l’édition Harmattan (L’) en France, ISBN : 978-2-296-06032-6. Ces textes
rassemblés et présentés par Christophe Cassiau-Haurie avec la
collaboration de Jacques Hellemans, comprennent onze photos N/B, avec
des vignettes de Barly Baruti.

En plus de carnets de voyageurs, l’auteur a cité la collection «
L’Afrique au coeur des lettres ». Ce document a accueilli le roman
essentiel de Paul Lomami Tchibamba, « Ah! Mbongo » et la version inédite
de « Sans rancune » de Thomas Kanza. Il manquait, pour compléter le
tryptique des auteurs fondateurs de la littérature du Congo-Kinshasa,
une oeuvre significative d’Antoine-Roger Bolamba (1913-2002). Le manque
est réparé avec la parution de Carnets de voyage, un recueil d’articles
du poète-journaliste parus dans La Voix du Congolais de 1945 à 1959.

Une opportunité unique de découvrir le Congo colonial et la Belgique vus
par un Congolais à une époque où les déplacements des autochtones à
l’intérieur de leur propre pays, à fortiori à l’étranger, étaient soumis
à restriction. L’occasion, aussi, de (r)ouvrir la question de la
situation des « évolués », décrite année après année par Bolamba, et
présentée en introduction par Christophe Cassiau-Haurie qui, à la base
de cette édition, a rassemblé (avec la collaboration de Jacques
Hellemans) et annoté les textes du volume.

En 1945, A.-R. Bolamba devient rédacteur en chef de La Voix du
Congolais, mensuel publié sous les auspices du service (colonial) de
l’Information, mais qui aura une influence importante sur les milieux
intellectuels indigènes. A ce titre, Bolamba circule dans les
différentes provinces du Congo à un moment où le fait était très rare.
Il en ramène des articles qui décrivent la société congolaise comme
aucun Européen n’aurait été en mesure de le faire. Une société en
évolution : malgré l’autocensure qu’il devait s’imposer, l’auteur laisse
poindre le rêve d’un pays où, sans revendiquer encore l’égalité totale
des droits, les Noirs bénéficieraient d’avantages matériels et culturels
similaires à ceux des Blancs. Dans cet esprit, Bolamba revient de
manière récurrente sur la situation des « évolués », cette catégorie
intermédiaire entre les coloniaux et le peuple.

Carnets de voyage permet donc d’approfondir la question de cette classe
créée par l’administration coloniale, à la situation ambiguë, d’où
sortiront toutes les élites futures du Congo indépendant.  Carnets de
voyage reprend également les articles relatifs au voyage du roi Baudouin
au Congo et au Ruanda-Urundi en 1955 : cinq ans avant l’indépendance,
ils montrent, eux aussi, le rapport à posteriori étrange, quasi œdipien,
entre le peuple congolais et le roi colonisateur, maître et protecteur.

Enfin, partie exceptionnelle du recueil, les articles d’Antoine- Roger
Bolamba basés sur son séjour en Europe en 1956 et 1957 présentent un
inventaire précis de la présence des Congolais et de leur vie en
Belgique Des espions congolais de la guerre 14-18 au créateur du caramel
« Carabouya » en passant par le premier grand indépendantiste Paul
Panda Farnana, voici de quoi découvrir tout un pan de l’histoire
congolaise (et belge) et de réviser nos connaissances sur l’imbrication
de la colonie et de la métropole, ainsi que sur le nombre et les noms
des intellectuels formés ou ayant séjourné en Belgique.

L’ouvrage s’ouvre par une biographie d’A.-R. Bolamba et une introduction
(« Le Congo belge vu par un ‘évolué’ ») par Christophe Cassiau-Haurie
qui, avec l’aide bibliographique de Jacques Hellemans, a rassemblé à
Kinshasa même les articles présentés dans ce volume. L’ouvrage est
illustré de photos décrivant, entre autres, le monde des « évolués »
congolais et de vignettes dessinées par Barly Baruti, auteur de bandes
dessinées bien connu (Eva K., Mandrill). Dans l’esprit de la collection «
L’Afrique au cœur des lettres », les interventions des éditeurs sont
signalées.

Bienvenu Ipan/ Le Potentiel, 11.09.2010

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