13.09.10 INTERVIEW AU JOURNAL LE PACIFICATEUR- Honorable Kyaviro : « Pas n’importe qui à la CENI »

Le
Pacificateur :
Honorable Kyaviro, plusieurs semaines de
silence en cette période de vacance parlementaire, pourquoi ?

Hon
Kyaviro :
Merci beaucoup d’avoir pensé à moi, surtout, en
cette période préparatoire de la rentrée parlementaire. Non, devant la
catastrophe des déplacés de guerre qui frappait mes compatriotes, mes frères de
tribu et de surcroit, mes électeurs, je ne pouvais pas rester les bras croisés.
Nous nous sommes battus ensemble avec d’autres collègues et même des membres du
gouvernement pour travailler dans une plaidoirie soutenue auprès du
gouvernement et des pays voisins, pour que les enfants de Beni déplacés par la
guerre leur imposée par les ADF-NALU, retrouvent des conditions de retour dans
un environnement apaisé. Il était surtout question de sauver la rentrée
scolaire pour des milliers d’enfants qui risquaient ainsi de rater toute une
année. Chose que nous avons réussi à opérationnaliser, grâce à Dieu et avec la
volonté des dirigeants sensibilisés sur la question.

LP : L’on
redoute une rentrée parlementaire difficile, une session de tous les risques
lorsqu’on sait qu’elle doit aborder des questions à la fois politiques que
budgétaires. Loi électorale, CENI, agitation dans les milieux politiques Amp
comme de l’Opposition etc. ?

Hon.
Kyaviro :
Moi je ne crois pas à un quelconque blocage à la
session qui arrive. J’estime qu’elle sera une session apaisée car elle va
trouver l’Amp très soudée. Vous savez que l’Amp se prépare à un grand conclave
qui va éclairer la marche politique de la majorité au pouvoir. Ce conclave
permettra des larges concertations pour mieux gérer les petites querelles qui
semblent transparaitre aujourd’hui. C’est ici que je tiens à rendre hommage au
président de la République,
Chef de l’Etat, pour avoir ramené l’ordre dans la maison de la majorité. De la
même manière, il faut aussi condamner certaines conciliabules isolées qui ont
tendance à placer le Chef de l’Etat en situation d’instabilité, lui qui est un
artisan du rassemblement et de la paix. Car, rappelez-vous que pendant que
certains gesticulaient dans une tentative d’appropriation du Chef de
l’Etat, des événements graves se sont produits dans le pays. Tenez, le
rapport de l’Onu sur les crimes commis en République Démocratique du Congo, les
violations massives dans le territoire de Walikale, au village Luvungi. Ces
événements devraient interpeller les acteurs politiques, les pousser à prendre
position et à donner de la voix. Portant, pas un mot de ces atroces souffrances
de nos électeurs n’est sorti de la buche de ces responsables dont pourtant la
plupart est originaire de l’Est. Notre pouvoir, plus de pouvoir !!
Semblait crier chacun quand le monde entier compatissait aux malheurs de nos
électeurs ! J’ai appelé cette histoire ‘la guerre du pot au lait’. J’en profite pour déplorer et condamner
la violation grave de la
Constitution, notre loi fondamentale par des organisations
politiques qui se sont réunies soit à Kisangani, soit à Kinshasa, lesquelles
ont prétendu demander au Chef de l’Etat d’être président d’un parti politique.
C’est grave. Cela est incompatible avec l’article 96 de la Constitution. Il
en est de même des ministres qui continuent de se présenter comme présidents
des partis politiques, ils doivent savoir que l’article 97 est clair en la
matière. ‘Prétendre être démocrate tout
en violant chaque jour la
Constitution, c’est être comme un Imam qui vend la viande de
porc
’. Ces gens sont plus préoccupés par leur propre sort, personne ne
s’est- souvenu des 500 femmes violées par les FDLR, des cas d’accidents graves
que nous avons connus et même de la rentrée scolaire dans notre pays. Même mes
frères élus de l’Est n’ont rien dit à ce sujet, ce qui est très déplorable.
J’ajouterai au sujet du conclave projeté par la majorité que, nous devons
savoir que ce conclave ne doit aucunement viser un quelconque partage du
gâteau, mais plutôt, réfléchir activement sur comment augmenter la part du
gâteau du plus démuni de notre peuple, voir ‘qui va mieux servir le peuple
demain
’. Que les cliques arrêtent d’intimider l’opinion par des
démonstrations médiatiques, car le peuple a besoin du pain, de la sécurité et
du bien-être et non pas de savoir, ‘quel catcheur a plus de muscle que tel
autre’. A quoi servirait-il à l’Amp d’être ‘un îlot de prospérité au milieu
d’un océan de misère ?
’. Je voudrais enfin m’adresser au Chef de
l’Etat pour l’appeler à résister aux chants de sirènes, qu’il reste aveugle
devant les danses aux ventres obscènes et qu’il reste sourd face aux petites
officines argumentaires qui prétendent elles seules, qu’elles sont capables de
faire élire le Chef de l’Etat au premier tour. Que désormais, l’Alliance de la Majorité présidentielle
(Amp) soit la première avocate du peuple pour que les quelques mois qui nous
restent soient caractérisés par un plaidoyer permanent de la majorité auprès de
toutes les institutions en faveur du peuple. Car, le peuple doit se sentir
protégé et défendu par ses élus. C’est à ce prix et à ce prix seulement que
nous aurons droit au suffrage pour être élu honnêtement et éviter que nous ne
le soyons malhonnêtement. 

LP : Honorable, les jours passent et la CENI arrive. Sur la question,
la classe politique est-elle capable de s’entendre au sujet des différentes
désignations à raison de 3 délégués de la part de l’Opposition et 4 de la Majorité ?

Hon.
Kyaviro :
Moi j’estime que la CENI nous pose un défi, celui
qui demande à ce que des personnalités indépendantes soient vite choisies pour
conduire les élections dans notre pays. Pour ma part, la qualité, la
compétence, l’indépendance et l’intégrité doivent rejaillir. ‘Ne
laissons pas n’importe qui entrer à la
CENI
’. Ne faisons pas de la CENI un gâteau à partager de
telle façon à profiter qui, à son cousin, qui à un membre de son parti
politique. Si nous transformons la
CENI en un gâteau, elle ne sera pas un bureau de travail,
mais un ring de boxe. Car, sans respect des critères édictés par la loi
promulguée le 28 juillet 2010, les différents membres de la Ceni passeront le temps à
chercher à satisfaire ceux qui les ont aidés, au détriment de la qualité du
processus électoral. Par ailleurs, je suis d’avis que la Ceni doit profiter au maximum
de la Cei en ce
qui concerne l’expérience, l’expertise, les relations avec les partenaires, le
matériel électoral comme acquis et surtout, le personnel technique. A ce sujet,
nous devons faire de sorte que la transition entre la Cei et la Ceni se déroule en douceur.
Ceci me pousse à stigmatiser la naissance d’une nouvelle discipline sportive
dans notre pays, la République Démocratique du
Congo, sport dont les résultats sur le plan sportif inquiètent : les
injures à l’encontre de la Cei
et de son président, l’abbé MaluMalu, sport favori du politicien congolais des
deux derniers mois. Là-dessus, les médias sont inondés des images les plus
désobligeantes. Ce qui est grave est qu’on oublie que la Cei est détentrice d’une
réputation internationale d’avoir réussi l’organisation d’élections difficiles
en toute transparence et sous la surveillance aussi bien nationale
qu’internationale. Nous sommes un modèle en Afrique centrale. Quelqu’un m’a
même dit que l’abbé MaluMalu présiderait le forum des commissions électorales
des pays de la Sadc
et d’Afrique centrale. Quels avantages ? La Cei est inscrite en lettres d’or dans l’histoire
de la démocratie de notre pays et des pays africains. La Cei a donc beaucoup à donner à
la Ceni. Je
propose donc que pour guérir définitivement la classe politique congolaise de
cette diarrhée verbale caractérisée par une constipation sévère en termes
d’idées concrètes, nous proposons que nous puissions d’abord nous imprégner du
rapport de la
Commission Electorale Indépendante qui sera présenté au
parlement (à l’Assemblée nationale) à la fin de son mandat, puis d’en tirer des
recommandations qui permettront à la
Ceni de profiter au maximum des points forts et de
l’expérience de la Cei
tout en soufrant le moins possible de ses faiblesses. Ainsi, sans polémique,
nous aurons bien outillé la
Ceni.

LP : D’après
vous, qui voyez-vous comme probable président de la RD Congo de 2012
lorsqu’on analyse les différentes déclarations des candidatures en lisse.
Tshisekedi s’annonce, Kashala gronde et bien d’autres ?

Hon.
Kyaviro :
A moins d’une catastrophe ou d’une erreur
d’analyse de ma part, le président de la République en fonction sera l’élu majoritaire
pour la législature prochaine. Comme vous le voyez, nous sommes entrain de
monter en puissance et sa réputation, au vu des réalisations imprimées,
s’améliore incontestablement. Jaugez l’opinion kinoise, par rapport à 2006,
Kabila est de loin, l’idole des congolais de la capitale aujourd’hui contre
quiconque. Cependant, j’attire l’attention de l’Amp sur le fait que la force de
notre victoire en 2011 sera proportionnelle à la part du gâteau que nous aurons
laissé au peuple pendant l’actuelle législature.

LP :
Dernière question, honorable, l’équation
Kivu. Au vu des déceptions multiples du peuple kivutien vis-à-vis des élus
d’hier, la guerre de positionnement que se livrent les acteurs politiques de
cette région, les défis à la fois sécuritaires et de développement, comment
voyez-vous la suite ?

Hon.
Kyaviro :
Mon analyse comporte trois points. Primo, les
chinois disent que ‘lorsqu’un voleur est
entré dans votre maison, tout en cherchant à l’attraper, posez-vous la question
de savoir quel enfant a pu lui ouvrir la porte
’. C’est pour dire que ce qui
se passe au Kivu est d’abord le résultat de certaines maladresses des propres
fils du Kivu. Raison pour laquelle je reviens sur questions non résolues dont
les accords de Goma signés en 2008 lesquels souffrent toujours soit, de maque
d’exécution, soit de mauvaise application. Secundo, nous avons enregistré des
erreurs collectives car, aucune institution n’a répondu valablement à ses
obligations pour la stabilisation de la région. C’est ici qu’il y a lieu de dire
que ‘l’ennemi
du congolais, c’est le congolais lui-même
’. Je tiens par conséquent à
dénoncer la mauvaise qualité de relations entre les leaders du Kivu, ‘on se combat un peu trop’. Enfin,
j’aborde la part de la communauté internationale, elle qui nous soutien
régulièrement mais dont la seule mission de la Monusco coûte une
bagatelle de 3 millions de dollars chaque jour. Or, vous le savez bien, la Monusco ne déploie des
éléments qu’après coup. Ce qui veut dire qu’elle se devrait de changer de
méthodes. Je propose donc que la
Monusco pense mettre à la disposition des combattants
militaires congolais des Forces Arémes de la République Démocratique
du Congo (Fardc) épris du sens de patriotisme, une partie du budget alloué aux
soldats de la Monusco,
une modique somme de 150.000 dollars américains chaque jour et vous verrez
combien il est facile de mettre fin à l’insécurité persistante dans cette
région. Ce n’est qu’une proposition réaliste, encore qu’il faudra veiller à ce
que l’argent parvienne effectivement aux militaires. En ce qui concerne les
troupes de la Monusco
qui ont fait état de passivité pendant que des femmes congolaises étaient
violées brutalement par des Fdlr, que ceux-ci, du moins, les soldats (casques
bleus) de l’unité chargée de la sécurisation de la zone de Walikale, soient
être déférés à la Cour
Pénale Internationale pour non assistance à personne en
danger et échec d’accomplir valablement leur mission.

LP :
Honorable Kyaviro, merci.

Hon.
Kyaviro :
C’est plutôt moi qui vous remercie de cet échange
nécessaire. 

 

 

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.