11.10.10 Le Potentiel : Cinq questions à Mankoy Badjoky (*)

Par Véron-Clément Kongo

 

1. Le 11 octobre, les médecins décrètent une grève. Nous
apprenons que le mot d’ordre a été lancé par le bureau national du
Synamed. Qu’en dites-vous ?

La grève est effectivement là. Nous n’en pouvons rien pour la simple
raison que, jusqu’à ce jour, le Premier ministre ne nous a pas répondu.
Et pourtant, il nous avait promis de le faire avant le 10 octobre 2010.
S’agissant du mot d’ordre, le processus ne se fait pas de cette manière.
Nous envoyons d’abord les documents à nos bureaux exécutifs provinciaux
qui, à leur tour, tiennent leurs conseils et nous répondent. Etant
donné que la majorité de provinces avait déjà répondu, nous avons, lors
du dépôt du préavis de la grève, dit que, dans le cas où nos
préoccupations ne seront pas prises en compte par le gouvernement, nous
passeront à l’action. A l’heure qu’il est, toutes les provinces ont
donné leur accord pour la grève. En tant que coordonnateur du Synamed,
nous leur avons expliqué les modalités pratiques. Même si le
gouvernement nous avait répondu hier dimanche, nous n’aurions pas
disposé de temps matériel pour informer nos correspondants à la base
afin qu’ils répondent favorablement ou défavorablement.

2. Quelles sont les démarches entreprises par votre bureau
auprès des autorités compétentes depuis le dépôt du mémo à la primature
?

Après le dépôt du mémo, le Premier ministre nous reçoit deux jours
après, avec le ministre de tutelle et le secrétaire général à la Santé
publique. A l’issue de cette rencontre qui consistait à évaluer
l’exécution du protocole d’accord, le gouvernement a dit qu’il
respectera ses engagements pris en faveur des médecins des services
publics de l’Etat dans le cadre du protocole d’accord signé le 12
septembre 2009. Comme d’habitude, nous nous sommes retrouvés avec notre
ministre tutelle pour voir ce qu’il y a lieu de faire. Le dépôt des
listes qu’il nous a été demandées a été fait avant la rencontre avec le
Premier ministre. Mais, elles (listes) ont été bloquées au niveau du
secrétariat général de la Santé publique. Nous avons repris l’opération
en les envoyant cette fois-ci à notre ministre avec copies pour
information à tous les services concernés. Il s’agit des listes de 878
médecins qui travaillent depuis 2009 sans salaire, ni prime, celles
(listes) des médecins qui ont des numéros matricule de manière à
permettre à la direction de la paie de la Fonction publique de
régulariser leur situation. La troisième liste concerne les médecins
non matriculés, mais déjà engagés et travaillant depuis 2008, 2009. Nous
avions envoyé toutes ces listes afin que des dispositions utiles soient
prises pour leur admission au rang des agents sous-statut. Nous avions
sollicité auprès de notre ministre de tutelle la signature d’un arrêté
mettant sur pied une commission chargée d’étudier les dossiers de
nomination des médecins. Toutes ces démarches se sont avérées vaines.

3. Ne pensez-vous pas que le gouvernement est en voie de
trouver une solution aux problèmes des médecins en prévoyant 23% sur
le social dans le projet du budget 2011 ?

Il faut d’abord qu’on connaisse les rubriques concernées, parce que
le salaire est dans un compte autre. Toutefois, nous pouvons reconnaître
qu’un gros effort est fait par rapport aux budgets précédents. Ce qui
pourra permettre à nos institutions d’améliorer leur fonctionnement,
les conditions de travail pour le personnel tant soignant
qu’administratif.

4. Sur les 13 engagements repris dans le mémo, lesquels estimez-vous prioritaires ?

Le premier point a trait à l’article 27 des statuts spécifiques des
médecins demandant aux ministres du Budget et de la Santé publique
de signer un arrêté interministériel qui détermine la hauteur de la
rémunération des médecins. Sur ce, des travaux faits à notre niveau ont
été soumis à notre ministre. Nous avions même eu des séances avec son
collègue du budget et les experts de deux ministères. La grille
barémique arrêtée attend l’aval de l’autorité. Rien n’est fait.
La deuxième priorité est la nomination des médecins. C’est l’article 96
des statuts. Les documents juridiques en notre possession qualifient
les anciens médecins de personnel de santé en chef (4ème échelon) et de
personnel de santé des hôpitaux (2ème échelon). Tandis que les jeunes
médecins sont engagés suivant la nouvelle nomenclature. Chaque fois que
nous envoyons des documents pour les nominations, le gouvernement fait
la sourde oreille. La troisième priorité est la confusion que sème
l’autorité en alignant le chirurgien, le dentiste et le pharmacien au
niveau des médecins. La classification de l’OIT est claire là-dessus :
le médecin est en tête : 2221 ; le dentiste : 2222, puis le vétérinaire :
2223 ; le pharmacien : 2224. Les médecins ont un statut particulier
auxquels ne sont pas inclus les chirurgiens, dentistes et pharmaciens.
La quatrième priorité est le non paiement de 878 médecins qui
travaillent sans salaire, ni prime depuis 2009.
Les litiges restés pendants dans le protocole d’accord constituent la
cinquième priorité.

5. Quel message lancez-vous à la population par rapport à cette grève ?

Suite au non respect des engagements de la part du gouvernement, les
médecins se voient obligés d’aller en grève. Toutefois, il est prévu un
service minimum. Les gardes et urgences seront assurées conformément
aux horaires déjà publiés pour le mois d’octobre 2010. Concernant les
malades hospitalisés, ils seront suivis par les médecins chefs de
département et de chaque service jusqu’à leur sortie, en attendant que
le gouvernement trouve une solution. Les malades ne seront pas
abandonnés. Cinq jours après, les médecins évalueront leur action.

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