11.11.10 RDC/ANGOLA : « Un contentieux angolo-congolais est né de l’exploitation du pétrole congolais par l’Angola »

« Un contentieux angolo-congolais est né de l’exploitation du pétrole congolais par l’Angola »

L’analyste politique, Pierre Mbemba a été, une fois de plus, l’hôte du journal Potentiel avec lequel il s’est entretenu sur les richesses pétrolières dont regorge la RDC. Il a été principalement question de l’exploitation, par l’Angola, Blocs 14 et 15 dans la côte Atlantique. Blocs appartenant exclusivement à la RDC.
On dit que le Congo est très riche. Il a du pétrole, des minerais, etc. Le Congo, peut-on dire, un est paradis. On se rend compte que les Congolais ne connaissent pas leurs richesses. Aujourd’hui, on parle de richesses pétrolières dans la côte Atlantique et dans la région de Muanda dans la province du Bas-Congo. Qu’est-ce nous avons réellement ? 
C’est vraiment une question importante et difficile à la fois parce que, comme vous le savez, la plupart des informations qu’on nous donne sont fragmentaires et dirigées. Les informateurs, eux, savent exactement ce qu’il y a. Ce qu’ils nous donnent ne correspond jamais à la vérité. Je trouve très mal qu’on exploite, depuis près de 50 ans, le pétrole à Muanda dans la province du Bas-Congo, on ne produit que 25.000 barils par jour. Le problème est que, pendant tout ce temps qu’on a exploité notre pétrole, on nous a toujours distillé des mensonges comme quoi notre pétrole ne pouvait être raffiné en RDC parce qu’il est très lourd. Mais d’après les études faites par des étrangers et dont j’ai pris connaissance, notre pétrole est aussi meilleur que celui du Gabon ou du Nigeria, par exemple. Vous voyez que c’était un arrangement pour nous piper notre pétrole. On nous a amené de vieux équipements qui ne permettaient pas de faire le travail parce que là-dedans il y a d’autres choses cachées.

D’après l’information tout à fait secrète que j’avais reçue, il y a un cours d’eau qui coule à Muanda qu’on devait normalement appeler fleuve. On ne l’a pas appelé ainsi parce qu’il renferme l’or. Pendant des années, il n’était pas autorisé aux autorités zaïroises à l’époque d’y aller. Il en est de même des autorités actuelles et des services chargés de procéder au contrôle.

C’était vraiment un marché protégé, exclusif. Les bateaux s’approchaient du large, étaient chargés puis repartaient. Ce serait une gageure de trouver quelqu’un qui vous donnerait la situation réelle, la quantité …

Mais c’étaient des pillards. Donc, ce qui devait arriver est arrivé ?
C’est important parce que, dans votre introduction, vous avez dit que notre pays est riche, béni de Dieu mais nous sommes pauvres. Regardez ! Pour tout ce qui se passe ici au Congo, le gouvernement ne bronche pas. On est en train d’exploiter notre pétrole sans que nous le sachions la quantité exploitée et celle exportée. Et nous ne savons même pas à quel prix.

Le gouvernement n’est-il pas complice, lui qui est censé défendre les intérêts du Congo ?
Tout à fait. Comme on dit, qui ne dit mot, consent. Le gouvernement à qui nous avons donné mandat de nous diriger, de nous défendre n’arrive pas à nous brosser une situation claire et nette de ce qui passe. Nous avons des motifs réels de nous inquiéter. C’est pourquoi, nous y revenons aujourd’hui. J’ai des chiffres en ma possession et il reste maintenant à les confronter avec ceux officiels.

Avant de parler du Bloc 14, nous n’avons pas encore jusqu’à présent manifesté notre portion effective. Or, d’après le Courant du Golfe de Guinée (CICG), on nous reconnaît la zone d’exploitation exclusive d’une superficie de 68.400 km2 mais nous n’en faisons absolument rien. Les Blocs 14 et 15 se trouvent dans cette zone que nos frères angolais sont en train d’exploiter à notre dépend.

Et quand on prend la carte, c’est bien notre pétrole que les Angolais exploitent…
Quand vous dites qu’ils sont dans une zone d’intérêt commun. C’est dire que nous devons nous partager le gâteau, partager les dividendes.

Il y a un problème. Nous avons 68.400 km qui nous appartiennent. Mais comment peut-on parler de zone d’intérêt commun ?
C’est à cause de notre faiblesse. C’est ce qui nous trahit aujourd’hui au Congo. Les autres sont en train de s’enrichir. Ce bien nous appartient en propre. C’est vrai que nous n’exploitons pas cette zone parce que nous sommes en position de faiblesse. Toutefois, on a dit qu’on va trouver une solution médiane pour qu’on se partage les dividendes de cette zone d’intérêt commun.

Ne devrait-on pas appliquer le même système avec l’Ouganda en ce qui concerne le pétrole du lac Albert ? Et puis, avancez un peu les chiffres dont vous disposez pour qu’on puisse comprendre…
Concernant l’Ouganda, nous allons y arriver. Continuons avec ce qui se passe à la côte Atlantique. Nous avons le Bloc 14 qui est exploité par Chevron et Texaco pour une production de 155.000 barils/jour.

Connaissons-nous nos réserves pétrolières ?
Comme nous n’avons notre propre instrument de mesurage, comment voulez-vous qu’on puisse confirmer ou infirmer ? Donc, la quantité qu’on nous donne ne reflète pas la réalité. Dans le Bloc 15, Esso et Mobil Oil produisent 700.000 barils/jour. Quand vous prenez la production de deux Blocs, nous avons à peu près 900.000 barils/jour. Donc, nous perdons énormément. Mais il y a le Bloc 31 que BP va commencer bientôt à exploiter fin 2011, début 2012. Ici, on ne nous a pas encore donné les chiffres exacts. La Perenco produit 25.000 barils à Muanda. Si nous perdurons dans cette situation, le danger …

Mais ce n’est pas nous qui décidons parce que nous ne sommes pas au pouvoir. Nous voudrions que vous nous expliquiez pourquoi entretient-on le flou autour de la production pétrolière ?
Un livre intitulé « La malédiction du pétrole » a été publié il y a un an parce qu’il y a tellement de combines dans cette histoire de pétrole que les gens deviennent fous, perdent la tête. On vous donne des enveloppes, vous accorde des facilités tel que si vous n’avez pas une constitution solide, une moralité approuvée et éprouvée, alors vous cédez. Ce sont de grosses enveloppes. C’est pour cela qu’aucune société au monde ne peut …

C’est à ce niveau-là que je voudrais arriver. Vous parlez de l’Angola qui exploite notre pétrole. Cela peut expliquer l’entrée de ce pays en guerre. Les gens disaient que l’Angola venait sauver le régime Kabila père, alors qu’en réalité, il y avait des intérêts à préserver. Voilà pourquoi l’Angola exploite le pétrole …
Cela servait aussi de moyen de pression : « Nous vous avons aidé, laissez-nous bouffer un peu ». Etant donné qu’on veut parler de zone d’intérêt commun (Zic), je pense qu’une attitude responsable serait de dire à nos frères angolais : « Nous avons les statistiques de ce que vous avez déjà exploité. Considérons cela comme étant les frais de guerre. Et maintenant comme nous sommes dans cette histoire de zone d’intérêt commun, il faut qu’on se dise combien on produit par mois. On vend à quel prix et on se partage …

Qui va demander ?
Mais c’est nous qui devons le faire. C’est la République démocratique du Congo par le biais du gouvernement.

On ne peut pas comprendre ce silence. Il faut qu’il y ait une explication …
Bien sûr et cela nous inquiète. Le problème se pose au niveau du budget de l’Etat. Il est insuffisant. On n’a presque rien alors que l’argent traîne quelque part …

Et on va chercher l’argent au Fonds monétaire international, alors que l’Angola pille notre pétrole. Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ce silence ?
Ce silence nous amène à dire qu’il y a complicité ou duplicité. Parce qu’on ne peut pas comprendre que, pendant que le gouvernement se bat pour régler de petits problèmes avec le Club de Paris, l’argent est ici à côté. Dans une année, on peut gagner plus que ce qu’on va chercher ailleurs, jour et nuit. C’est ce qui nous amène à penser qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Ou alors, il y a des traîtres, des taupes dans notre pays qui tirent profit de cette situation pour laisser toute la Nation en pâture. C’est un danger que nous devons relever parce que ce n’est pas normal. Cette histoire de plateau continental chez nous date de longtemps mais ça n’intéresse personne curieusement.

On ne donne pas l’information.
Effectivement. Les informations sont connues. Quand voulez dans les organismes du système des Nations unies, partout, il y a des documents qui circulent. Et vous pouvez en prendre connaissance en les lisant. Les gouvernements qui sont intéressés savent exploiter les documents qui existent.

Peut-on dire qu’à cause du pétrole congolais, les relations entre le Congo et l’Angola sont tendues, bien qu’on n’en parle pas sur le plan médiatique ?
Je ne cesse de vous dire que c’est votre rôle, vous de la presse, le 4ème pouvoir. Quand les autres sont lassés par le pouvoir, vous avez le droit de parler. C’est la Constitution qui vous donne ce droit de nous informer, de nous former. Et quand nous voyons de telles situations, nous devons les dénoncer. Nous avons 68.400 km qui nous sont reconnus internationalement. Mais ça ne nous intéresse pas. Il y a anguille sous roche. C’est ainsi que nous lançons un appel pressant au parlement de pouvoir rapidement de saisir de ce problème pour interpeller le Premier ministre. Pourquoi allons-nous chercher l’argent partout en dessous de tables alors que l’argent visible est là qu’on ne veut pas prendre. Et le Bas-Congo est à 500 km de Kinshasa. Pourquoi ne pas y aller pour nous ramener cet argent ?

On dirait que les journalistes ne travaillent pas bien. On nous avait promis que les accords préliminaires nous accordaient 600 millions de dollars américains provenant du pétrole. Avez-vous vu cet argent quelque part dans le budget ? Il n’y a rien. Il faut savoir où est allé tout cet argent. C’est notre droit d’aller revendiquer la part qui nous revient.

C’est vrai que l’Angola exploite seul le pétrole dans l’Océan. Mais nous avons aussi l’exploitation off shore. Aldo Ajello, l’ancien envoyé spécial de l’Union européenne dans les Grands Lacs, et Moustapha Niasse avaient leur bloc de pétrole quand ils négociaient ici qu’on appelait Dumba. Aujourd’hui, ce Bloc a été vendu à une compagnie italienne dénommée ENI. On se rend compte que les gens qui viennent pour nous réconcilier, viennent aussi pour nous piller…
Nous sommes naïfs et très inconscients. Ces gens sont plus intelligents et surtout malins. Ce sont des marchands de tapis. Alors, tous les moyens sont bons. Ils font leurs affaires. Et comme ils ont des documents, ils peuvent vous les vendre.

C’est un problème grave. Et le gouvernement se sert. Mais si le gouvernement « mange » et se tait que nous, où est la Société civile ? Où est l’opposition ? Ce sont des dossiers qu’elle devrait récupérer afin de demander des comptes pour l’intérêt du pays…
Dans l’opposition, il y a des gens qui ont dirigé. Ils savent qu’ils ont aussi mangé quelque part. Il semble que les loups dans la bergerie ne se mangent pas. Pour cela, il faut du sang nouveau, des patriotes vrais pour que nous puissions aller déterrer ce problème. C’est grave ce qui se passe dans ce secteur. Lorsque nous allons peut-être gagner, nous risquerons de constater qu’il n’y aura plus de pétrole. C’est pour cette raison que je vous ai parlé du système que Shell a trouvé. On n’a plus besoin de creuser plusieurs puits. On se met en un seul endroit où des tuyaux pompent. Et c’est le même danger que nous courons en Ituri en Ouganda. Les techniques ont changé. Lorsque ces gens-là travaillent, ces techniques leur permettent de prendre moins de risques. Ils font croire que l’exploitation a lieu en un seul endroit alors qu’ils vous pompent du pétrole à plus de 1.000 km. C’est de la haute technologie. Nous devons être conscient de ça. Ce qui m’énerve le plus, c’est…

Donc, vous mettez le gouvernement et le parlement devant leurs responsabilités …
Bien entendu. Parce que l’assemblée nationale et le sénat ainsi que le gouvernement doivent nous dire maintenant la vérité. Quid de ce pétrole congolais ? Pourquoi enrichir les autres alors que les Congolais s’appauvrissent de plus en plus. S’il y a eu des arrangements, qu’on nous dise leur nature pour qu’on traite ce problème une fois pour toutes. Et que le Congo bénéficie de la part qui lui revient légalement. Sans oublier l’Angola qui doit avoir ce qu’il mérite. Cela se passe ainsi partout dans le monde. L’Allemagne a dû …

Le Budget de l’Angola est à peu près 40 milliards de dollars américains. Et nous…
Celui du Congo est de 3 milliards à mobiliser péniblement. Un budget ridicule pour un pays comme le nôtre. Comme je l’ai déjà dit, dans l’état de choses, notre gouvernement, s’il le veut, peut mobiliser, au minimum, entre 10 et 15 milliards de dollars américains. Mais il ne veut pas parce que tout le monde bouffe là-dedans. C’est le grand problème dans notre pays. Il y a des gens qui ne paient pas les impôts. Ce qu’on paie ne va pas dans la caisse de l’Etat mais dans les poches des individus.

Je m’adresse maintenant au ministre de la Justice qui a reçu l’ordre du président de la République de faire respecter la loi, de la faire parler. Nous exigeons que la loi parle aujourd’hui dans le bon sens. Et puis, le président de la République a fait la promesse, en 2006, de faire profiter au Congolais de toutes les richesses que Dieu lui a données. Il n’y a pas que les richesses minières. Il y a aussi les hydrocarbures ? Que nous puissions profiter de bénéfices des recettes qui viennent de richesses des hydrocarbures dont ont ne parle guère. Alors que les hydrocarbures produisent plus que les mines. C’est ici à côté. Et c’est de l’argent au quotidien parce qu’on parle de baril/jour. Plus ou moins 900.000 barils/jour à multiplier par 75 dollars, on a déjà plusieurs dizaines de millions de dollars.

Vous savez que si vous dites à l’Angola d’arrêter l’exploitation du pétrole, vous verrez demain les chars angolais entrer à Mbanza-Ngungu tout comme à Soyo…
D’accord, même si l’Angola utilise ses chars, nous devons apprendre à nous défendre parce que c’est notre bien qui est pillé. Et qu’il faut défendre même s’il faut mourir pour cela. Nous ne devons pas croiser les bras parce que c’est l’Angola. Je respecte ce pays qui doit savoir qu’il nous est redevable. Nous avons soutenu l’Angola pendant qu’il était en guerre contre le Portugal, pays colonisateur. Leurs cadres ont été formés chez nous avec l’argent de la République. Nous devons avoir le courage de rappeler ces choses-là.

L’Angola peut payer ce qu’il doit à la RDC. Mais quand l’argent est remis aux dirigeants congolais, il passe dans leurs poches. C’est quand même un problème de conscience ?
Oui, c’est un problème de conscience. Mais je préfère arranger mes affaires chez nous dans la cuisine plutôt que cela traîne ailleurs. Ce que nous exigeons pour le moment, c’est d’avoir les recettes de notre pétrole. Qu’elles viennent au Congo. Nous avons beaucoup de problèmes qui peuvent être résolus seulement avec les recettes du pétrole de la côte Atlantique. Nous pouvons régler tous les problèmes que nous avons avec les différents bailleurs de fonds. Et nous sommes tranquilles. Nous pourrons alors convoler avec d’autres organisations. Cela dépend de nous.

Après le contentieux belgo-congolais, ne peut-on pas parler d’un contentieux angolo-congolais ?
Mais il est déjà là. C’est un gros contentieux. Et on aura des contentieux partout : avec le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et le Congo d’en face avec le pétrole dans la province de l’Equateur qui est entourée de zones d’intérêt commun. Avec le Congo/Brazzaville, nous partageons 600 à 700 km où il y a du pétrole. Nous invitons nos autorités à prendre leurs responsabilités au sérieux. Parce que les 9 pays limitrophes de la RDC qui devaient être pour nous un objet de bonheur sont devenus celui de malheur. Il nous appartient de changer notre stratégie, notre diplomatie et d’être sérieux. Pour paraphraser Franz Fanon, le Congolais est un mendiant qui est assis sur une mine d’or. Je peux dire que le Congolais est un mendiant assis sur des barils de pétrole. La RDC regorge de beaucoup de pétrole et de meilleure qualité. C’est la même nappe qui part du Nigeria en passant par le Gabon, le Congo/Brazzaville pour atteindre la RDC. Tout d’un coup, ce pétrole devient très lourd. C’est faux. Des études ont été menées à ce sujet. J’ai aussi lu un livre sur le sujet dans lequel il est dit que c’est un pétrole de meilleure qualité. Dans un contrat signé par les autorités zaïroises de l’époque, on a écrit : « Pétrole des Etats-Unis au Zaïre ». C’est pour cela que lorsque Gulf était ici, on a tellement pompé notre pétrole. Et personne ne pouvait aller voir et ne pouvait vous donner les chiffres exacts.

Avec la complicité des Congolais, Zaïrois à l’époque …
Bien sûr. Mais quand vous prenez toute l’histoire du Congo, la complicité des autochtones est toujours de mise avec les étrangers. Il en a toujours été ainsi, même dans le royaume Kongo.

Est-ce la cause du déclin de ce royaume ?
Oui. Parce que, dès que les Portugais ont commencé à envoyer de l’eau de vie et autres présents, ils ont commencé à livrer tous les secrets du royaume. Et, aujourd’hui, c’est la même chose parce que nous avons des non étrangers qui sont de connivence avec tous ces grands spoliateurs. Ils ne comprennent pas que lorsqu’on leur donne quelque 2 ou 3 millions de dollars, en fait, des miettes, c’est des milliards qui sont soutirés à la République. Ils ne se donnent la peine de savoir s’ils travaillent pour le peuple congolais ou pour les étrangers. Alors ; si nous travaillons pour l’extérieur, il faut sortir du parlement, du gouvernement pour devenir un consultant. On ne peut pas rester dans les institutions de la République et travailler contre son propre pays.

Revenons au contentieux. En 1960, les Belges ont manipulé Mobutu. Ils savaient que, tôt ou tard, ils finiront par payer. C’est ce qui arrive avec l’Angola. Aujourd’hui, ce pays exploite le pétrole congolais. Des chiffres existent et restent. C’est dire que nos enfants vont régler les comptes aux Angolais ?
Ce n’est pas facile. Vous avez vu ce qui s’est passé dans la péninsule de Bakassi entre le Cameroun et le Nigeria à cause du pétrole. Le Cameroun n’a pas croisé les bras jusqu’à avoir gain de cause bien que le Nigeria, avec ses 100 millions d’habitants, ait une armée puissante. Quand on veut, on peut.

Mais les Camerounais ont d’abord envoyé des gens sérieux pour négocier. Ils ont remis le dossier entre les mains de Tribunal international à La Haye pour qu’on puisse trouver une solution. Pourquoi le Congo ne peut-il pas le faire ?
Nous avons des gens sérieux.

Bien qu’ils négocient pour leurs poches, il y a toujours moyens de travailler pour l’intérêt commun. Tous ces messieurs Blancs que vous voyez ne sont pas des exemples. Ce sont des hommes comme nous. Ils ont leurs faiblesses et leurs qualités. Dans tous les pays du monde, ceux qui partent négocier reçoivent des commissions ou des collations – appelez cela comme vous voulez. Mais il faut savoir négocier. Vous ne pouvez pas prendre 90% pour mettre dans vos poches.

C’est ce qui se passe maintenant…
Oui, mais, nous devons dénoncer cela. Je suis un peu content parce que nous avons des institutions qui commencent à s’installer totalement, nous attendons la réalisation du président de la République qui a dit que les portes de la prison sont maintenant ouvertes. Et il vient de nommer de nouveaux magistrats pour traquer tous ces « Kuluna » en cols blancs pour qu’on puisse remettre le pays sur les rails. Vous revenez de Montreux où on a parlé de la bonne gouvernance dont nous avons besoin.

Et le garant, c’est le président de la République avec son ministre de la Justice. Nous voulons que la République démocratique du Congo puisse bénéficier de toutes les richesses dont Dieu a gratifié ce pays, quelles soient minières ou des hydrocarbures. Maintenant, nous avons grandement besoin qu’on aille nous chercher les recettes provenant de l’exploitation pétrolière.

La population peut-elle demander des comptes au gouvernement pour savoir combien de barils sont produits par jour et quelle est la quantité exportée ?
Malheureusement, personne ne le sait.

Elle peut profiter pour lui demander des comptes…
C’est pour cela que nous en parlons. Nous voulons qu’on nous dise combien de barils ont été produits, exportés et à quel prix. Sans oublier la part qui revient à la RDC et la destination que prend l’argent. Et comme nous avons des contrats de partage, le gouvernement ne peut que rendre compte.

Si l’Angola a un budget de 40 milliards de dollars, c’est supposé que nous avons le pétrole chez nous, nous pouvons aussi avoir un budget de 40 milliards de dollars ?
Mais nous avons plus de pétrole que l’Angola. Seulement, nous ne savons pas le gérer.

Peut-on dire que l’Angola aura le bon sens le jour qu’il verra que le Congo a une armée forte ? Là, on pourra négocier ?
Dès que le rapport des forces change, tout change. Nous sommes faibles par notre propre volonté. Aujourd’hui, nous avons, nous-mêmes, prêté le flanc à cela. Et les autres profitent de cette faiblesse. Qu’à cela ne tienne, je pense que nous sommes capables de relever la tête. C’est pour cela que j’ai horreur des gens qui jettent l’anathème sur notre armée. Elle est forte. Mais comme une belle femme, si on ne l’habille pas, elle finit par faner. Aussitôt qu’on la reprend, on la soigne, elle redevient rayonnante.

Pour conclure, je dis que notre armée est capable de mettre tous ces gens en déroute. Il faut la conscientiser, l’équiper, lui donner le moral qu’il faut. Et elle doit toucher ce à quoi elle droit. Cette armée peut amener le Congo à être en position de force. Actuellement, nous allons de faiblesse en faiblesse. Et c’est dangereux parce qu’une fois le pétrole s’épuise, nous aurons du mal à vivre avec cet argent. C’est maintenant que nous devons nous battre. Il y a des cours d’arbitrage.

Là, vous lancez un mot d’ordre, un cri d’alarme…
Oui. C’est un cri d’alarme au parlement et au gouvernement pour une mobilisation générale afin que nous puissions récupérer notre pétrole.

©  Par Freddy Mulumba Kabuayi Pour la retranscription, Olivier Dioso

   Analyse de Pierre Mbemba

 

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