10.01.11 Le Potentiel : Cinq questions à Tosi Mpanu Mpanu

 1. Quelles sont les avancées notables lors des négociations de Cancun ?

L’une des plus grandes avancées est le rétablissement de la confiance dans le processus multilatéral. Le problème de l’Accord de Copenhague est qu’il a été négocié de manière non transparente, non inclusive et n’a aucun dimension juridique contraignante. Même s’il contient d’assez bons éléments, tels que la reconnaissance du mécanisme REDD. La Conférence des parties (COP) a pris note mais ne l’a pas adopté. A Cancun, l’accord conclu a été négocié de manière transparente, ouverte et inclusive, et la COP l’adopté. Au niveau des procédures, il y a déjà grande différence. Concernant des avancées, en termes de substances, l’accord de Copenhague a mis sur les rails certaines idées qui ont été entérinées à Cancun, notamment le first-Start, ce financement dû rapide de 30 milliards de dollars. Mais l’accord de Cancun a quelques éléments principaux en termes d’adaptation. Notamment, les pays africains, plus vulnérables au changement climatique auquel ils n’ont quasiment pas contribué. Donc, l’accord de Cancun prend des décisions sur l’établissement de la loi-cadre sur l’adaptation pour essayer d’amener plus de cohésion dans les initiatives disparates. Il établit le fonds vert, environ 100 milliards de dollars d’ici l’an 2020 ; demande aux pays développés de pouvoir faire montre de clarté dans la gestion de first-Start, et qu’ils doivent d’ici mai 2011, mai 2012, mai 2013, le déclarer de manière claire et transparente ; parle du mécanisme REDD et réaffirme que ce mécanisme est l’une des voies pour pouvoir lutter contre le changement climatique; parle de l’établissement d’un comité exécutif pour la technologie et les centres régionaux pour le transfert des technologies, l’échange d’expériences et de connaissances; demande une forte collaboration lorsqu’il s’agit du renforcement des capacités ; parle des actions d’atténuation nationales des pays développés et des pays en développement …

2. Mais qu’est – ce que la RD Congo gagne ?

La RDC a une part importante à jouer lorsqu’il s’agit du mécanisme REDD. Elle est le but du Bassin du Congo qui est le 2nd Bassin les plus importants des forêts tropicales, après l’Amazonie et avant le Bassin indonésien. Mais, nous voudrions que des ressources nouvelles et additionnelles qui sont allouées au mécanisme REDD soit de l’argent additionnel en plus de l’argent qui est donné pour les projets traditionnels de développement. Donc, la RDC va voir une partie de l’argent mobilisé dans le cadre du partenariat REDD, environ 3,5 milliards de dollars, venir vers elle. Mais il faut pour cela une réelle capacité d’absorption, des projets. Et c’est comme cela que la RDC a, au cours de l’année dernière, produit son RPP (projet de préparation au mécanisme REDD) et qui a reçu des félicitations de bon nombre des partenaires au développement et qui sert de modèle aux autres pays du Bassin du Congo.

3. Quelles sont les chances de réussite de la COP 17 à Durban, en Afrique du Sud, en 2011 ?

Il était important de ne pas quitter Cancun avec un cadavre, comme ce fut un peu le cas à Copenhague. Mais, au moins, avec un corps, certes malade, mais qui tend vers la guérison. Et à Durban, il y a certaines des questions qui ont été adoptées à Cancun, qui pourront arriver à maturité et, sans doute, conclure un accord qui sera la base d’une nouvelle gouvernance climatique internationale.

4. Quelle diplomatie allez-vous mener, en tant que président du Groupe Afrique ?

Je veux peut-être faire une analogie, celle de la Coupe de monde qui s’est déroulée l’année passée. Ce n’était pas une Coupe du monde sud-africaine, mais africaine. De même que pour la COP 17 à Durban, elle serait une COP africaine. Nous allons nous impliquer très tôt pour travailler avec nos collègues sud-africains pour que cette COP réussisse. Nous allons effectivement déployer tout notre talent, toute notre compétence, tout notre savoir-faire des négociations pour pouvoir concilier les positions des uns et des autres ; voir comment nous pouvons sauver le protocole de Kyoto ; demander aux pays qui ont fait montre d’un leadership par le passé tels que les pays de l’UE de s’engager dans une 2nde période. Pour nous c’est l’une des clefs qui pourra aider à ouvrir les autres. Si cette 1ère clef est tournée, nous pensons que la 2ème clef, celle de grands pays développés qui ne font pas partie du protocole de Kyoto, pourra être tournée. Et cela pourra motiver les pays émergents Chine, Brésil et la RSA et les autres pays à tourner la 3ème clef, c’est-à-dire ces pays puissent prendre non pas des engagements chiffrés, mais faire montre de plus d’ambition dans la réduction de leurs émissions, puisqu’il n’existe pas d’émissions propres et sales, il existe juste des émissions et il faudrait que tout le monde essaie de contribuer à les réduire.

5. Etes-vous satisfait de la manière dont présider le Groupe Afrique ?

La RD Congo a de la chance de présider le GA au niveau des experts pendant 2 ans. Nous venons de terminer notre 1ère année. Et sans vouloir nous caresser dans le sens du poil, d’aucuns affirment que le leadership est très bon, et que nous avons pu aider à résoudre pas mal de problèmes. Si nous continuons donc dans cette lancée au cours de cette année 2011, il y a fort à parier que nous pouvons être à la hauteur de la confiance qui a été mise en nous par les 53 pays africains.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIE ROGER ILOKO (*) Directeur de l’Autorité nationale désignée du MDP et président du Groupe Afrique des experts sur le climat

Par Pie Roger ILOKO

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