ANALYSE HYPERTEXTUELLE DE LA CHANSON « ELIVERE LYA MASIKA » DE Monsieur Gervais « 4 LANGUES »

1. CADRE METHODOLOGIQUE

Selon
WEBER, cité par NGONGO, l’analyse de contenu est une méthode de recherche qui
utilise un ensemble des procédures pour valider des inférences faites à partir
d’un texte. Ces inférences portent sur l’émetteur du message, le message
lui-même et son audience.

BERLSON,
cité par le même auteur, ajoute que c’est une technique de recherche pour la
description objective, systématique et qualitative du contenu manifesté de la
communication.[1]

Les
étapes de l’analyse de contenu sont : l’identification des corpus ou
l’univers à étudier ; l’exploitation du matériel (ici on codifie ou on
découpe en unités d’analyse) ; le
traitement et interprétation.

Pour
ce qui nous concerne, nous allons nous
pencher sur l’interprétation de la chanson « Elivere lya Masika »
de Monsieur Gervais dit « 4 Langues ». Notre analyse se limite au
niveau du sens dénotatif et connotatif, sans entrer en fond de la linguistique en vue d’éviter les interférences
possibles dans l’orthographe et/ou la prononciation.

1.1. Présentation du corpus

La
chanson sélectionnée et sur laquelle notre étude porte est montée dans la
langue maternelle de son auteur, le « Kinande » ; quelques interjections en Lingala, Français et Kiswahili
ne sont du reste. Pour l’avoir par écrit, nous avons recouru à des cassettes enregistrées. Le Kinande
n’étant pas compris par tout le monde, il s’est avéré utile que la chanson
d’étude soit traduite en français, langue officielle du Congo, pour être lue et
comprise par nos lecteurs.



1. La
chanson « Elivere lya Masika »

 Dans cette partie, nous allons
reprendre textuellement la chanson sans tenir compte des répétitions des
concepts d’usage qu’elle contient.

a. Paroles
rythmées et chantées

 Kalikadinga= Il (le sein) bouge.

 Kalikawaye= Il trompe, il conduit au
mal tel que le mensonge.

 Kalikadinga= Il (le sein) bouge.

 Elivere lya Masika= Le sein de Masika.

 Likatsingatsinga ndeke= Il bouge bien, attire le regard, et
provoque.

 Likakulang’omutima= Il séduit, il
perturbe le cœur (l’esprit).

 Mulyana vugh’estoke y’omulwana= Il
(le sein) avait ruiné(Stock) un jeune commerçant.

b. Paroles prononcées sans être chantées

 Elivere likakol’emyatsi minene= Le
sein est multidimensionnel (fait beaucoup de choses)

 Elivere likakulay’omwana= Il (le sein)
fait grandir un enfant.

 Oyowatanyony’okolivere inia tingawa=
Celui qui n’a pas tété est un malheureux.

 Iniakasungik’ eBunyuka= On ne pouvait
trouver pareil enfant qu’à Bunyuka(lieu symbolisant un orphelinat).

 “Yo mwana mobali, luka mwasi nayo”=
Toi jeune garçon, cherche ta propre femme ;

 « Moko avec libala ya nzambe na
« l’Etat», okoma motristo ».= Une et une seule à prendre en mariage
religieux et civil ; et, cela te permet de rester chrétien.

 Inywe valwana muyitsunge ndeke= Vous
garçons, gardez-vous, abstenez-vous.

 Wamavyanz’omwali wa Kadaimene= Si
vous tombez amoureux de la fille de « Kadaimene »

 Iwalwa wavan’eshomben’ikumi=Il faut
directement donner 10 chèvres (dot).

 Kutse shamavy’itano=Ou alors, si vous
ne trouvez que 5 chèvres,

 Iwanivwira inakutwala,
inayakutemoigné eyiryr’omukara vana CAISARI= Dites-le moi, je vais vous
accompagner et vous témoigner auprès de l’Etat et de l’Eglise.

 Avo vovali n’ovutoki ovwerighir’avandu
momuviri mughuma=Eux seuls (l’Etat et l’Eglise) ont le pouvoir d’unir (l’homme
et la femme).

 Lero, elivere ilyamavya lyaghu=Et là,
le sein sera devenu vôtre.

 Iwabya
uka « circuler » kurio ndenge ekoki=Vous pourrez en jouir autant
que vous voulez.

 « Problème » « ezali
te »=Il n’y aura plus de problème.

 Ne meza ya bwana ighune kuyo kotayari=Aussi,
vous serez légalement autorisé de communier (corps et sang du Christ).

 Tami avalwana ave Butembo bakaula a
“Camionette” isivawity’omukali=C’est curieux, les jeunes de Butembo achètent
facilement des camionnettes (voitures) sans avoir des femmes.

 Kandi ishahwer’omo” bisengo”
busana n’erivere= Et, leur argent n’a pour point de chute que les femmes.

  kandi ne “pneu” nguma iyanganatahy’omukali=Alors
que la valeur d’un seul pneu vaut la dot d’une femme.

 Ye «  femme noire »
aviribya mukekulu=Il est vrai que ma femme (appelée par l’auteur « femme
noire ») est en train de vieillir.

 Lakini elivere liwe
likinaniwaye=Mais, son sein me séduit toujours.

 Kundi nimwanzire kutsibu=Parce que je
l’aime.

 Wamavivanik’okolivere lya vene ni
mbene “saba”= Si l’on vous surprend sur le sein d’autrui (sur une femme
d’autrui) vous serez amandé de sept
chèvres.

 Vakanakwimaya kwe kotaki y’omutoka= Parfois,
des engins roulants sont ravis à cause du sein.

 Ne « parcelle » yomo 
« ville », elivere lyolikanahekayo= Ou même, une parcelle peut bien
être ravie suite au sein.

 Noghundi mwalw’ ok’obwami vusana
n’elivere= Un roi avait aussi été détrôné suite au sein

 Mwanz’ avakali vokutsibu= Il (ce roi)
aimait démesurément les femmes

 C’est
la bonne musique avec la signification !

 Omughulu naya somer’ebulaya= Quand
j’étais allé étudier en Europe

 Avakiru vanganavugha vati, ovulaya
sivuly’omo « Congo »= Des insensés (ignorants) seraient tentés de croire
qu’il n’y a pas d’Europe au Congo.

 Mutwasoma omok’ifranza= Nous suivions
cours en français.

 Mutwahiko ko « leçon »
eyikavugha yiti=Nous avions étudié une leçon selon laquelle « Masculin
plus féminin chrétien égale famille »

 Aho hakavugha
hati=Cela
veut dire:

 Angabya mu
'“americain“, mu “Italien“, musukali,mumbute, mumbuva muswagha,…= Que ce soit
un
américain,un italien, pygmée,..

 ‘‘N’impotrte qui“
avosi ni vitsikulu va “Adamu“ na “Eva“= Tous sont
descendants de d’Adam et Eve.

 Kikalek’inimba
olwimbo lw’erivere= Voil
à pourquoi je chante cette chanson sur le sein de Masika.

 Likakula
y’omwana= Le sein fait
grandir un enfant. 

 Navirivavwira
niti: wamavighir’omukali waghu iwaviritsema= Croyez-moi,
avoir
sa propre femme, c’est trouver le bonheur.

 Erivere elyo,
ilyamavivya lyaghu lyaghu=
Son sein devient personnellement
vôtre.

  

2. L’analyse du contenu dans la
prospective qualitative : approche semio-linguistique de Roland BARTHES

Dans cette partie, il est question de faire une
analyse de la chanson « Elivere lya Masika ». Ici l’étude est prise
comme une description d’image qui est menée à travers l’univers textuel. Le
champ sémiologique de l’image porte sur le sein. Cette image porte deux sens
entre autres le sens dénotatif et le sens connotatif.

La
dénotation, c’est le sens premier du signe. C’est le sens propre. Alors que la
connotation, c’est le sens figuré. Ainsi, dans l’interprétation de notre
chanson « elivere », on se pose la question de savoir quel sens a été
utilisé. Que dire alors du sens dénotatif de cette chanson ?

 

2.1. La signification dénotative du « sein de
Masika »

Dans
ce point nous voulons donner le résultat reçu auprès du musicien lui-même,
Monsieur Gervais alias « 4 langues ».

Pour
Gervais, le sein de Masika a une compréhension tout à fait dialectique. C’est
cet organe qui nourrit les bébés. Hormis les orphelins de mère, le sein sert à
allaiter l’enfant.

En
effet, le sein détermine impérativement la femme. Voilà pourquoi le chanteur
précise le sein de Masika, le sein de la fille. Si ce sein est hypertrophié, il
n’est plus appelé sein. Pour Gervais et même pour les Banande, l’homme (le
garçon) n’a pas de sein.

D’ailleurs,
certains garçons envient les filles déjà à partir de leurs seins. A partir de
cette idée, n’avoir pas de seins c’est perdre sa beauté féminine et aussi,
avoir de gros seins n’est pas être
apprécié par certains garçons.

Lorsqu’on
suit cette chanson d’une façon télévisée, on examine les idées ci-haut
exprimées. Rappelons que la chanson est exécutée avec des poussés où sont
prononcées certaines sentences ou paroles exaltant le sein. Le sein apporte de l’affection, surtout
maternelle.

A
titre illustratif, citons quelques passages de cette chanson :


« Elivere likakulay’oamwana » c’est-à-dire, l’enfant grandit grâce ou à
partir du sein


« oyowatanyony’okolivere inia tingawa » c’est-à-dire, seul un
orphelin de mère pourrait ne pas téter le sein de cette dernière.


« Iniakasungik’ébunyuka » C'est-à-dire, c’est seulement à
l’Orphelinat de Bunyuka qu’on pouvait trouver ceux qui n’ont pas tété les seins
de leurs mères.
[2]

Signalons
que Bunyuka est reconnu comme premier centre d’orphelinat dans le Diocèse de
Butembo-Beni. A travers la strophe illustrative, nous percevons l’importance
capitale et primordiale qu’a le sein. Cette importance peut être synthétisée
par l’affection à tel point que les enfants regroupés dans des centres
d’orphelinat son bien encadrés mais faute de n’avoir pas tété, il leur manque
toujours quelque chose d’important.

Par
ailleurs, le sein dialectique du sein de Masika se fait voir au niveau où pour
les enfants, ce sein fait grandir alors que pour les adultes, ce même sein
déséquilibre, tourmente l’esprit jusqu’à occasionner beaucoup de pertes. Ce
paragraphe nous ouvre au point suivant, le sens connotatif du sein de Masika.

2.2. La signification connotative du sein de Masika

Dans
la perspective de Monsieur « 4 langues », nous pouvons déjà nous
demander pourquoi le choix de Masika au lieu de Kavugho, Nziavake (la 3ème
fille, la 6ème). Dans sa conception, la deuxième fille, la
troisième, la nème fille est supposée encore petite et à ce sens,
ses seins n’ont pas encore cette vertu de plaire, d’attirer, de tromper.

Le
sens connotatif, n’est autre chose que le sens figuré. Pour notre chanson, le
sein est directement identifié à la fille, à la femme. L’artiste veut
transmettre un message éducatif, qui concerne les jeunes garçons, le genre
masculin en général. Le sein est aussi identifié au corps, à tout le corps de
la femme.

A
travers la chanson, l’artiste donne une mise en garde au sujet de tout ce qui
concerne le sein. On comprend mieux ces deux significations, lorsqu’on suit
ladite musique télévisée. Selon notre musicien, « elivere likakol’emyatsi
minene » c’est-a-dire le sein (la femme) est à la base de plusieurs
réalités. Lui-même chante que : kalika dinga, kolika wayé,
likatsingatsinga ndeke, lika kulang’omutima, murya navugh’estoke
y’omulwana. » C’est-à-dire : il (le sein) bouge, il trompe, il conduit au
mal tel que le mensonge, il bouge bien, il attire le regard, il provoque, il
perturbe l’esprit, il avait dépouillé un garçon de tous ses biens de commerce
(stock).

En
effet, « 4 langues » prévient les jeunes de ne pas se laisser
emporter par les femmes tout en donnant les conséquences qui découlent du sein.
Toutefois, il n’ignore pas les valeurs capitales du sein : allaiter
l’enfant et réjouir son partenaire, son mari.

Ecoutons
les méfaits du sein selon notre artiste :

 « Kalika wayé → Il (le sein) dit
le mensonge

 Likakulang’omutima → il déséquilibre
l’esprit calme

 Muliana vugh’estoke y’omulwana → un
garçon est tombé en faillite suite au sein

 N’owundi mwalwa oko vwami vusana
n’elivere → quelqu’un d’autre fut détrôné rien qu’à cause du sein (femme)

 Ekotaki y’omutoka, n’e
« parcelle » y’omo « ville » vangana kunyeghavyo
vusana n’elivere → même une clef de contact ainsi qu’une parcelle en ville
peuvent vous être ravies seulement à cause du sein

 Wamavivanik’okolivere lya vene nimbene
saba » → si l’on vous surprend sur le sein (une femme) d’autrui, l’amande
est de sept chèvres.

A
partir de ces vers, nous comprenons que la femme avec sa nature charmante peut
déséquilibrer un garçon moins vigilant simplement par sa présence et cela sans
que la femme ne le sache. Seule la beauté de la femme a le pouvoir d’affoler
un garçon, un homme. Le fait que le
garçon ou l’homme cherche à convaincre la femme, il ne manque pas à gaspiller
et dissiper sa fortune et à la longue, il tombe en faillite jusqu’au point de
devenir voleur.

C’est
dans cette même filière qu’on assiste même à des destitutions de certaines
autorités aussi tant civiles que religieuses. Ce constat conduit au ridicule
tel que l’inceste, la flagrance de lit et les autres cas du même genre. C’est à ce niveau que l’Evangile de saint
Luc parle de l’enfant prodigue qui a dilapidé toute sa fortune dans les
futilités, les femmes, les joies éphémères.

En
faisant une comparaison avec d’autres musiciens locaux et même nationaux, nous
avons comme l’impression que chaque musicien a toujours un idéal. Et puis
malgré le moment et l’endroit l’objectif reste le même. Tous veulent corriger
le mal, ils cherchent une piste de solution aux problèmes du moment. En
auditionnant JB. MPIANA, KOFFI OLOMIDE, on trouve toujours un message éducatif.
Examinons, en passant quelques vers pour ces deux artistes :

KOFFI OLOMIDE,
dans son album « Loi », chante :


« Tala mingeli, (mingeli x3) oh ngeli »c’est- à-dire : Regardez
les femmes brillantes comme les étincelles ;


« Kolanda tchoko té azananga aza na niama » c’est-à-dire : Ne
vous fiez pas à sa teinture, elle est porteuse du VIH ».[3]

Ces
deux vers mettent en garde le public au sujet des femmes de teint clair. Selon
KOFFI, elle vous parait belle alors qu’elle s’est dénaturée et parmi celles qui
se dénaturent l’on trouve celles porteuses des maladies. A l’entendre, KOFFI ne
condamne pas la propreté mais au contraire l’apprécie, mais, il conseille les
femmes de ne pas tromper les hommes par l’apparence.

C’est
dans ce contexte que JB MPIANA frappe de plein fouet en chantant : « Omoni
makaku ndenge atie teint

A
kanisi akokima na beauté ya moto

A
kolanga te »  c’est-à-dire, le singe s’est décoloré, avec
l’espoir d’atteindre la beauté humaine. Il n’y parviendra pas ».[4]

Ce
pamphlet (injurieux et discourtois) ne s’écarte pas du « Kolanda choko
té » de KOFFI. Pour JB MPIANA, si vous osez fuir le naturel, il vous
poursuit au Galop.

Les
idées de ces deux chanteurs et celles de 4 langues convergent. Ils donnent ou exposent un problème et
donnent le choix pour chacun. Ils préviennent les gens au sujet des conséquences possibles lorsque
quiconque opte pour telle ou telle option.

Ce
faisant, nous percevons que même si la chanson parait divertissante, elle a
toujours un rôle lorsqu’elle est exécutée et lorsqu’elle est analysée. En ce
sens, il revient aux laudateurs de bien faire l’analyse et ne pas se limiter
seulement au rythme, au son de toute chanson encore moins se choisir la musique
selon le goût, la préférence. Le « Elivere lya Masika », dans son
intégralité, a sa place à son temps et à son endroit. Quel serait alors son
rôle et comment apercevoir ce rôle ? Le point suivant essaie de répondre à
cette question non moins importante.

3. Schématisation du rôle de la chanson « Elivere lya
Masika »

Après
une traversée de la chanson, l’auteur (artiste) propose des voies et moyens
pour bien rendre le sein légalement sien. Si le sein devient l’organe moteur de
vie de l’homme, il mérite le respect car et l’enfant et l’adulte y trouve
satisfaction.

Par
ailleurs, le rôle de la chanson est double. D’une part, la chanson invite les
femmes à bien se comporter devant les hommes. Le sein, l’avons-nous découvert,
est l’image de la femme, de son corps, donc des organes du corps. A ce sens, la
marche, l’habillement, le parler, la présence de la femme parle et identifie de
quel type de femme il s’agit et cela sans qu’elle ne le sache.

L’artiste
rappelle aux femmes qu’il arrive que leurs corps deviennent provocateurs, à
leur issu. Ecoutons-le quand il chante :« 
Kalikadinga…likatsingatsinga ndeke, likakulang’omutima »,c’est-a-dire, Il
(le sein) bouge,… vraiment il bouge bien, il me perturbe l’esprit »

Ce
sont des exclamations provoquées par le fait d’avoir vu (« il » comme
sein, comme femme, comme autre organe du corps de la femme). Ici la nudité, l’habillement sont
mis à cause.

D’autre
part, la chanson demande aux hommes d’être vigilants et prudents avec le sein.
Pour l’artiste, le sein produit des affaires souvent négatives : la
débauche, le gaspillage, l’oisiveté, le ridicule, etc. Il suffit de s’engager
légalement pour n’est plus gaspiller son patrimoine et maîtriser ses passions.

Voilà
le bien fondé des paroles telles que :

 « Inywe valume, muyitsunge
ndeke »c’est-à-dire : Garçons, soyez vigilants ;

 « Wamavyanz’omwali wa
Kadaimene » c’est-à-dire : Si vous aimez la fille de Kadaimene (il
s’agit ici de tout homme) ;

 « Iwalwa wavan’eshomben’ikumi »
c’est-à-dire : Donnez, versez directement la dot ;

 « Kutse syamavy’itano
iwambwira » c’est-à-dire : Si vous n’avez que la moitié, dites-le moi ;

 « Inakutwala, inaya ku
temoigné » c’est-à-dire, je vous accompagnerai et vous témoigné ;

 « Eyiry’omukara vana
kaizare » c’est-à-dire : auprès de l’Eglise et de l’Etat ;

 « Lero elivere iryamavya ryaghu »
c’est-à-dire à ce moment, vous aurez droit au sein, à la femme ;

 « N’emeza ya bwana ighune kuyo
kotayari » c’est-à-dire : Et vous êtes permis de vous
communier ;

 « Ye femme noire avirivya
mukekulu » c’est-à-dire : Ma femme est en train de vieillir ;

 « Lakini elivere liwe likananiwayé »c’est-à-dire :
Moi je l’admire toujours ;

 « Kundi niwanzire kutsesu »
c’est-à-dire : Etant donné que je l’aime vraiment.

Le
texte renferme des conseils inépuisables. C’est une banque de données à travers
laquelle l’artiste, en chantant, transmet des valeurs et des antivaleurs
possibles vécues dans le parcourt vital, de la jeunesse jusqu’à la vieillesse.
Il met en exergue, d’après une hiérarchie croissante, les valeurs ou les vertus
que doit avoir un homme en bonne relation avec le transcendant et avec les
autres hommes (la société). A la lumière des vers cités ci-haut, l’artiste nous
a projetés vers la notion d’une famille. Cette dernière devra être fondée sur
base des vertus suivantes : Chasteté →Engagement → Sainteté →Fidélité
→ Amour.

Le
pourquoi de ce schéma est que notre vie serait une montée, une transformation
réflexive mieux une progression, une marche en avant. Pour nous et sans nous
écarter de la philosophie de l’artiste, il faut d’abord être chaste pour s’engager dans les affaires
pures
et rester fidèle dans l’amour de son partenaire, des hommes
de l’Etat et de l’Eglise à travers ses ministres, ses envoyés. Une fois engagé,
il convient que cela persiste malgré la formule de nouveaux mariés à l’Eglise
devant le ministre et le public.

A
la suite de cette schématisation, reste à nous demander si c’est seulement
l’homme, le garçon qui doit être chaste, fidèle, saint, engagé. Toute fois,
nous n’ignorons pas que dans la tradition en culture yira, les garçons étaient
éduqués dans le « Kyaghanda » par les pères et les filles dans
le « Kanyuma » par leurs tantes paternelles.

Qu’à cela ne tienne, les bons conseils promulgués aux garçons sont aussi promulgués
aux filles quoique adaptés en genre. C’est ce que nous avons constaté tout au
long de ce parcourt. Lorsque l’artiste dit que « likatsingatsinga
ndeke » (il fait de bons mouvements) c’est une double attention.


Aux femmes, de ne pas le faire exhibé, trémoussé volontairement et à
désordre ;


Aux hommes, de l’apprécier sans jamais en être affolé, en être emporté de mauvais côté.

C’est
une illustration parmi tant d’autres. La chanson nous parait un miroir.

Grosso
modo, que retenir de cette étude qui nous a fait chanter avec l’artiste tout en
analysant et tout en interprétant après
traduction, le contenu de la chanson ?

 

CONCLUSION

Dans
cette analyse, nous relevons que l’homme est un animal doté de perception et
d’intuition qui lui permettent de comprendre son homologue rien que par sa
présence sans que son homologue n’ait dit un mot. Voilà pourquoi certains
gestes regroupent plusieurs sens interprétés et ou analysés différemment selon
le contexte socio-culturel (race, milieu), psychologique (période) et le
contexte de la bonne ou mauvaise foi de l’émetteur voire l’interprétation du
récepteur.

En
effet, dans ce type de langage corporel, nous sommes invités à bien lire ce
qu’exprime le corps. C’est dans ce contexte que pour Alphonse R, « toutes
les parties du corps parlent : tête, membres, yeux,… et même les objets
qui les touchent (lunettes, habits) ou les prolongent (stylos, bagues).[5]

Cette
citation soutient Monsieur « 4 langues », un musicien localement
nande qui a chanté « le sein de Masika » en sa dialecte. La chanson a
été transcrite et nous avons donné sa version française. A partir de cette
version, nous avons fait une analyse du contenu dans la perspective qualitative
qui nous a permis de donner le sens dénotatif et le sens connotatif. Ce dernier
point nous a fait découvrir le rôle important de la même chanson dans le vécu
quotidien. Une échelle des valeurs méritait finalement. Nous avons constaté
que, après comparaison avec deux autres musiciens, bien que nationaux, la
chanson éduque, la chanson conseille et souvent chaque fois qu’on se sent
culpabilisé, la même chanson blâme, injurie.

Nous
sommes convaincus que tout parle : le signe, l’image, le sang, les doigts,
la figure, le sein et toutes les autres parties du corps. Tout compte fait,
nous n’avons pas tout dit au sujet du « sein de Masika », chanson
quelquefois mal comprise et interprétée par certains.

 Cette analyse étant une œuvre humaine, sans
doute n’ayant pas tout épuisé au sujet du sein qui bouge, trompe, etc. comme le
dit la chanson, puissent les autres chercheurs trouver ici une source d’inspiration pour nous compléter
et ainsi contribuer à l’inventaire du patrimoine culturel nande, et de celui-ci
vers les autres cultures en vue d’enrichir l’homme d’aujourd’hui et de demain.

Ayons
en tête cependant que « le folklore a beaucoup apporté dans la genèse et
l’évolution de notre musique et son impact exerce une très forte influence dans
les comportements sociaux ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1]
NGONGO DISASHI PP., La recherche scientifique ou éducation paradigme,
méthodes techniques
, Bruxelles, éd. Buyland, Acadelia, 199, p.59.

[2]
VIKWIRA G., 4 langues en voyage, Album elivere, éd. 2009, face A

[3]KOFFI
OLOMIDE, Loi, Album loi, éd. Espérance,
1997.

[4] JB MPIANA, TH, Albul TH, éd.
Siman Music, 2000

[5]
RAZAFIMBAHINY A., Manuel de négociation d’affaires internationales, éd.
Cecor, Antananarivo, 2000, p.2406.

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