13.01.11 Le Potentiel – Shintiri Mabrouk : «2011 va être l'année du démarrage de la coopération économique Libye-RD Congo»

Quel est l'état des relations Libye-RD Congo ?

Premièrement, je suis très heureux de vous accueillir chez nous. Je profite de cette occasion pour féliciter le président de la République et le peuple Congolais à travers vous pour cette année 2011. Et je pense qu'elle sera une année de paix et de prospérité pour le peuple frère du Congo. Pour revenir à votre question, il faut dire que les relations entre la Libye et la RD Congo sont très anciennes et se sont consolidées sous Laurent-Désiré Kabila et le Guide de la Grande Jamahiriya Libyenne. Sur le plan politique, la Libye et la RD Congo partagent les mêmes opinions dans les grandes assemblées, toujours en harmonie. Sur le plan économique, les choses ne sont pas encore à la hauteur de la volonté du Guide et du président congolais. Néanmoins, nous travaillons là-dessus avec les responsables congolais pour essayer de donner de l'impulsion à cette relation économique. En tant qu'ambassadeur, je sais que la Libye a besoin de la RDC comme le Congo a aussi besoin de la Libye qui traîne une longue expérience alors que la RDC regorge de beaucoup de potentialités et richesses dont les peuples de deux Etats peuvent tirer énormément profit. J'espère que 2011 va être l'année du démarrage de cette coopération économique.

Quels secteurs peuvent donc intéresser la coopération congolo-libyenne ?

Les Libyens s'intéressent beaucoup à l'agriculture, l'élevage, le pétrole, la construction, l'enseignement, la santé, etc ; secteur pour lesquels les Libyens ont accumulé une longue expérience qu'elle peut partager avec leurs frères congolais.

Grande productrice du pétrole au plan africain, comment la Libye aiderait la RDC à rentabiliser son secteur pétrolier?

C'est vrai que la Libye est un pays producteur du pétrole depuis des décennies. Cette période a permis à la Libye d'accumuler une riche expérience dans l'exploration, l'exploitation, le traitement, la vente et la commercialisation du pétrole.

Les Etats-Unis d'Afrique, un vieux rêve du Guide libyen. Pensez-vous qu'il est réalisable dans cette Afrique d'aujourd'hui ?

Non, c'est le rêve de tous les Africains. Et pour que ce rêve se concrétise, il faut des engagés. Le Guide est très engagé dans ce projet parce qu'il sait que les Africains veulent de ce projet. Si les Etats-Unis d'Afrique sont un choix, il est admis que dans 10, 15 ou 20 ans cela deviendra une obligation face à l'Union européenne qui devient Etat, avec un seul ministre des Affaires étrangères, un seul ministre de la Défense ; etc. Le monde change et nous Africains devrons comprendre que les Etats-Unis d'Afrique ne sont pas seulement un rêve mais surtout une nécessité pour qu'on ait sa place dans les concert des nations. Dans les jours à venir ; qu'est-ce que la Libye pourra acheter à l'Union européenne en tant qu'Etat, parce que l'Union européenne a besoin d'un grand marché. La Libye c'est à peine cinq millions d'habitants. Si aujourd'hui, tout le monde peut avoir la même vision de choses, je pense que très vite on concrétiserait le projet des Etats-Unis d'Afrique. Beaucoup de dirigeants et peuples d'Afrique sont convaincus de la nécessité de bâtir ce rêve des pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). N'oublions pas que ce rêve date de l'ère des indépendances.

Quelle est la position de la Libye face à la querelle autour du nucléaire iranien ?

Sans vouloir personnaliser la question à l'Iran, moi je pense qu'il ne faut pas encourager la politique de «deux poids deux mesures». Beaucoup de pays disposent de la bombe atomique et on ne fait pas cas de ces nations. Les Iraniens et tous les peuples du monde ont le droit de profiter de cette énergie. Si l'on regarde très bien l'énergie nucléaire n'est pas une arme. Qui peut utiliser aujourd'hui la bombe atomique en tant qu'arme ? Les gens sont préoccupés à rentabiliser l'économie, le commerce et le tourisme. Et ces pays occidentaux qui s'acharnent sur l'Iran doivent prêcher par l'exemple. La Libye a au moins donné au monde entier l'exemple en abandonnant de son propre gré un programme nucléaire lorsqu'elle s'est rendue compte que l'énergie nucléaire n'est pas une arme. L'Occident connaît bien qu'il existe des Etats qui disposent de l'arme atomique et qui l'utilisent pour s'attaquer à d'autres nations. Ces pays doivent laisser tranquilles ces peuples qui veulent profiter de cette énergie pour des fins pacifiques. Nous Africains sommes pour la paix, car il n'y a pas un autre peuple que celui d'Afrique qui a souffert de la guerre et qui comprend ce qu'est la paix. Nous savons que la bombe atomique n'est pas une civilisation. Nous Africains cherchons à construire des routes, écoles hôpitaux, à procurer des vêtements, médicaments à nos enfants.

Quelle est, selon vous, la solution à la crise israélo-palestinienne?

Le Guide de la Révolution a un plan, un projet à lé résolution de la question palestinienne, qui sera, je pense bien, pris en compte un jour ou l'autre. Pour nous Libyens, la résolution c'est qu'on ne peut pas avoir deux Etats dans cet espace. Israéliens et Palestiniens vivent ensemble, mêlés entre eux. On doit créer une solution démocratique, c'est simple d'ailleurs : il faut que les Palestiniens qui avaient été chassés de leurs terres y retournent et que le problème se résout exactement comme en Afrique du Sud, où tout s'est réglé démocratiquement. C'est cela la vision du Guide de la Révolution, du Congrès Populaire de Base qui gouverne la Libye. Il est impossible de recréer deux Etats dans cet espace. Il en faut un seul où tout le monde vit démocratiquement.

Que pense la Libye de l'Union Méditerranéenne ?

La position de la Libye est très claire. Elle ne peut pas adhérer à cette union parce qu'elle existe déjà l'Union Africaine. Si ces pays veulent entretenir des relations avec nous pays de l'Afrique, ils n'ont qu'à le faire par le biais de l' Union Africaine, c'est-à-dire de l'Union européenne à l'Union Africaine. Mais c'est quoi cette affaire de l'Union Méditerranéenne ? Si on parle de l'Union européenne avec les pays de la Méditerranée, cela revêt un non sens. Il est vrai que la Libye entretient de bonnes relations avec les pays de la Méditerranée comme la France, l'Italie, le Portugal, l'Espagne ou la Grèce et ce sont des relations d'Etat à Etat. Et pourquoi adhérer encore à l'Union Méditerranéenne. La Charte de l'UA est assez explicite à ce sujet : «Aucun pays africain ne peut entrer dans un problème extérieur sans requérir au préalable l'accord de l'Union». D'ailleurs, ces pays qui ont adhéré à l'Union Méditerranéenne n'ont pas consulté l'UA. Et, la Libye a eu raison, car jusqu'aujourd'hui on ne voit rien du tout, il n'y a rien de concret, parce que ce n'est pas comme cela que s'entretiennent les relations, ou c'est d'Etat à Etat ou d'union à union.

Votre mot de la fin

Comme journalistes, je vous demande de comprendre l'idéologie de la Libye. Trouvez une occasion pour qu'on vous explique c'est quoi le Congrès Populaire de Base, comment fonctionne le Comité Populaire comme cela vous vous faites une idée de la politique, de l'idéologie de la 3ème Théorie universelle de la Libye. C'est par la connaissance qu'on connaît mieux les autres. D’autre part, en tant qu'ambassadeur, je ne me suis jamais senti un étranger au Congo. Je vis à Kinshasa comme un Congolais. Le jour où je quitte ce pays, Kinshasa restera pour moi une ville qui me marque comme Tripoli ou Benghazi. Je ressentirai avoir perdu quelque chose de moi-même. Je suis très bien ici, j'ai été bien accueilli. Je remercie le peuple congolais pour cette hospitalité, cette civilisation que je trouve très importante, car elle est une richesse, une civilisation dont ont besoin beaucoup de peuples du monde.

© Le Potentiel, 13.01.11