07.02.11 Groupelavenir – Ancien administrateur de territoire, Mayele Songabau : « Si on se passe des idées de Lumumba, le Congo ne sera jamais un pays libre »
Le programme de la journée a prévu, pour la circonstance, une messe daction de grâce qui a été suivie du dépôt des gerbes de fleurs au mausolée de lIllustre disparu, dans la commune de Limete. La cérémonie a mobilisé une foule nombreuse, parmi lesquels des invités, des membres dassociations et ceux de partis politiques. Comme pour dire quun demi-siècle après lélimination physique du tout premier chef du gouvernement dans des conditions ourdies par des puissances ennemies du peuple congolais, lévocation du nom de Lumumba accroche. M. Mayele Songabau (dont linterview suit), est un administrateur du territoire des premières heures du Congo indépendant, dans la province du Bandundu. Il est davis quà ce jour, le Congo ne peut se passer des idées de Lumumba et sestimer encore un pays libre. LAv : A ce jour, que reste-t-il de son héritage politique ? M.S : Cest essentiellement lunité de notre pays. Il préconisait également le principe de la considération mutuelle. Cest que le Congo doit traiter dégal à égal avec tout pays, que ce soit la Belgique, pays colonisateur. Lumumba mettait un accent sur la formation des cadres dans tous les domaines. Pour lui, en effet, la RD Congo devait adopter la formation des « Etats Unis du Congo » (EUC), avec laide de lAmérique. Le Mouvement national congolais, MNC/Lumumba était lunique parti politique avant lindépendance où les gens apprenaient le sens de lindépendance. LAv : Que répondez-vous à ceux qui disent que Lumumba, pour avoir refusé toute collaboration de supérieure à inférieure avec la Belgique, serait au centre dun départ manqué de la RD Congo ? M.S : Lumumba na jamais refusé de collaborer avec létranger, encore moins avec la Belgique. Seulement avait-il envisagé que les affaires du Congo ne devraient pas transiter par la Belgique. Car pour lancienne métropole, le Congo devait demeurer une province qui devrait avoir à la tête un Belge secondé par un Congolais du choix de la Belgique. Doù, Lumumba a répondu, non sans fermeté : « Pourquoi cette procédure navait pas eu lieu avec la Hollande (Pays-Bas) ? ». Pour rappel, cest à ce pays que la Belgique doit son indépendance. LAv : Vous dites que Lumumba prônait les EUC, avec laide de lAmérique. Pourtant certains milieux lont présenté comme communiste ? M.S : Ceux qui, par présomption négative ont revêtu Lumumba de la casquette de communiste sont des gens qui le discréditaient et qui, du fait même, souffraient de toute sorte de complexe. Beaucoup de chercheurs scientifiques ont démontré que Lumumba était un « nationaliste-né ». Il na jamais été communiste. Parmi ceux qui menaient campagne pour le discréditer en lappelant communiste, plusieurs ont changé pour le qualifier par la suite daventurier. LAv : A ce jour, lon constate que le tribalisme, la complaisance et la corruption empêchent les Congolais de regarder dans la même direction. Vous qui avez connu la pensée des pères de lindépendance, quel conseil prodiguez –vous ? M.S : Lumumba combattait fortement ces fléaux. Il a voulu introduire dans la mémoire collective des Congolais la conscience de la citoyenneté et celle du patriotisme (à savoir une éducation sur la citoyenneté et le patriotisme). Il était lunique qui faisait cela dans son MNC/L. Malgré le tribalisme encré au Bas Congo pour faire le Royaume Kongo, le MNC/L a pénétré dans cette province. Il y a eu, à cet effet, des acteurs comme Diomi Gaston (tout premier bourgmestre de la commune de Ngiri Ngiri ), famille Kanza, Kimbimbi Emmanuel, Pinzi Arthur (tout premier bourgmestre de la commune de Kalamu et président de lAPIC : Association du personnel indigène du Congo), Nguvulu Alphonse, etc. Propos recueillis par Payne |