La réception critique de la littérature antillaise francophone en Rd-Congo : cas de Kinshasa (Le Potentiel)

Outre l’introduction et la conclusion, cette étude de 100 pages comprend trois chapitres respectivement intitulés : Elucidation du concept de littérature antillaise francophone ; Accueil des œuvres littéraires antillaises francophones en milieux universitaires de Kinshasa ; Appréciation des travaux d’études.

Dans l’Introduction, l’auteur présente sa préoccupation autour des questions suivantes, à savoir : La question majeure est de savoir si la littérature antillaise francophone est réellement connue et lue en milieux universitaire de Kinshasa ; Comment la littérature antillaise a-t-elle pénétré en Rd-Congo ?

A la première interrogation, en hypothèse de travail, l’auteur décrit : Face à la richesse de la littérature antillaise qui révèle les réalités des Antilles, et d’une certaine manière, celle des pays du Tiers-Monde, dont la République démocratique du Congo, on peut affirmer que les écrivains antillais ont un impact en milieu universitaire congolais. L’avènement des revues telles que : ‘Légitime défense’, ‘L’étudiant noir’ en milieu universitaire français ont inspiré bien des récepteurs congolais » (p.2).

A la seconde interrogation, toujours en hypothèse de travail, l’auteur souligne ceci : « C’est surtout par le truchement d’Antoine-Roger Bolamba, rédacteur en chef de ‘La Voix du Congolais’ que la littérature antillaise francophone a pénétré en République démocratique du Congo » (p.3).

De ce qui précède, que nous donne à lire le contenu de son étude ? Le premier chapitre est consacré aux considérations théoriques. Il porte essentiellement sur l’élucidation du concept-clé, mieux du concept opératoire : « Littérature antillaise francophone ». Il est suivi d’un point important traitant de la place de la littérature antillaise francophone dans la littérature négro-africaine. Ainsi, il définit d’abord la littéraire antillaise francophone « comme l’ensemble des œuvres de production littérature des écrivains négro-africains de la Caraïbe francophone, en l’occurrence, la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Haïti incluse ; exprimant des réalités sociales, politiques et culturelles des Antilles d’hier, d’aujourd’hui et ses perspectives d’avenir » (p.6).

Quant à la place de la littérature antillaise francophone au sein de la littérature négro-africaine, elle est prépondérante, plus encore son influence est d’une envergure indéniable. Car, en plus de la création des revues comme La Revue du monde noir, légitime défense et Tropiques, il y a eu aussi une énoncé, il y a eu aussi une énorme participation antillaise à la revue L’Etudiant noir et à celle de Présence Africaine. Enfin, il y a également des écrivains antillais dont le rayonnement est important. On sait, à ce propos, que les textes fondateurs de la Négritude sont ceux de Léon Gontran Damas avec Pigments, recueil de poèmes paru en 1937 et Aimé Césaire, auteur du célèbre Cahier d’un retour au pays natal, publié en 1939.

Bien d’autres écrivains antillais assureront, aussi par la suite, ce rayonnement de la littérature négro-africaine. Il s’agit, entre autres, de René Maran dont le roman posthume Gouverneurs de la rosée (1948) ; Jacques Price-Mars, initiateur du mouvement indigéniste d’où sortira une production littéraire des œuvres de grande valeur ; Frantz Fanon dont le magistral essai Peau noire, masques blancs (1952) est devenu une bible de la révolution africaine, etc.

Le deuxième chapitre porte exclusivement sur la littérature antillaise francophone en Rd-Congo. Il aborde aussi, en passant par une esquisse de l’esthétique de la réception, la question liée à sa pénétration en Rd-Congo. Sur ce point, l’auteur s’est focalisé sur l’accueil de cette littérature en milieux universitaires de Kinshasa. Ainsi, les établissements d’enseignement supérieur et universitaire retenus selon l’ordre chronologique de leur production sont :

– L’Université Lovanium de Kinshasa (aujourd’hui Université de Kinshasa). Trois mémoires de licence sont répertoriés dont les auteurs sont Elisabeth Francesca Mudimbe Boyi (1967), Ndundu Kivwila (1968) et Molo Yidisa (2001)

– L’Institut pédagogique national (Ipn). Aujourd’hui Université pédagogique national (Upn). Trois mémoires de licence sont inventoriés (Masenga Sengula, Mantanda Maurka et Kabutako Lendula et sept travaux de fin d’études de niveau de graduat (Yumba Léon, Masenga Sengula, Mbo Lokwa, Bonyeka Ilufa, Lwandu Mbazath, Nuni Kabeya et Mabenda Makozama Sefu).

– L’Institut supérieur pédagogique de la Gombe (Isp). Deux mémoires de licence (Munarabu Kwindja Colette et Kanku Mbantupabu Cécile) et trois travaux de fin d’études de graduat (Ngalula Mulumba, Bilaly Zuena et Tekitila Mafuta) sont signalés.

Le troisième chapitre est centré sur l’appréciation des travaux-corpus d’étudiants. Le constat majeur qui se dégage ici est celui de la quantité infime de travaux consacrés à la littérature antillaise francophone, en milieux universitaires de Kinshasa. Pour l’ensemble de la production littéraire antillaise francophone récolté à travers les établissements cités, c’est l’actuelle Université pédagogique nationale de Binza qui compte le plus grand nombre de ces travaux.

La catégorisation des travaux s’est effectuée suivant leurs différentes perspectives d’étude. Ces travaux d’études ont été élaborés autour de quatre approches principales, à savoir : l’approche thématique ; l’approche sociologique ; l’approche stylistique ; l’approche historique.

Au terme de son étude, l’auteur souligne la volonté opiniâtre des écrivains antillais de libérer leur peuple du joug colonial : « Ma bouche sera la bouche des malheureux qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir » (Aimé Césaire).

C’est donc, au total, une littérature de combat culturel et politique, tout à fait à l’antipode du fameux « l’art pour l’art ». A ce titre, elle se présente comme un modèle d’éveil des consciences par excellence qui s’offre aux peuples opprimés en général et en particulier à ceux des pays sous-développés tels que la Rd-Congo. D’où son intérêt pour les Congolais aussi qui sont invités à la connaître et l’approfondir davantage.

PROFESSEUR ALPHONSE MBUYAMBA KANKOLONGO

Université de Kinshasa

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