‘Ensemble…Nous Allons Entamer un Nouveau Combat…’-Lumumba

 Il incombe à la génération présente de retrouver notre dignité africaine, arracher notre ‘espace temps’,  récupérer notre ‘espace politique’, et maîtriser notre espace économique et reconquérir notre ‘espace culturel’. Nous devons faire notre part pour notre pays et notre continent afin d’honorer ceux qui ont versé leur sang pour arracher notre début de libération et pour le bonheur des générations à venir.

Dans son discours historique prononcé le 30 juin 1960,  P.E. Lumumba nous enjoint en insistant sur la responsabilité de chaque congolais pour bâtir un pays plus beau qu’avant. Notre héros a déclaré : «La République du Congo est proclamée et notre pays est aujourd’hui entre les mains de ses enfants. Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons entamer un nouveau combat, un sublime combat qui conduira notre pays à la paix, la prospérité et les grandeurs. Ensemble, nous allons établir la justice sociale et assurer que chacun reçoive le juste paiement de son travail.»

Lumumba mort, les congolais abandonnent le combat pour se réjouir avec la politique de la division, enrichissement facile, musique, bière et beurre. Et pourtant, à l’instar d’une poignée des africains intellectuels affranchis, tout congolais et toute congolaise doit savoir son rôle à jouer dans ce combat. Un africain clairvoyant nous ordonne de remplir notre devoir en ces termes : «Chaque génération doit jouer son rôle pour la construction de notre chère Afrique ! La génération des années 1960 a donné à l’Afrique une partie de son indépendance; l’actuelle lui donnera sa liberté, son autonomie, son développement et sa dignité. »-L’Afrique de la Nouvelle Génération < http://www.newafrika.org/spip.php?article11>

Arracher Notre Espace Temps

Tous les signent montrent que le 21ème siècle est bel et bien le siècle de l’Afrique. Ceci revient à dire que la transition entre l’occident en décadence et en perte de vitesse et l’émergence de la nouvelle puissance mondiale doit se passer en Afrique. En termes simples, la remise et reprise entre les anciennes puissances occidentales et les nouvelles puissances naissantes ne se fera pas sans l’Afrique. Les grandes multinationales recourent à l’Afrique pour se positionner et pour se ravitailler. Point n’est besoin de le démontrer.

L’Afrique devient en ce 21ème siècle un élément incontournable pour accéder à la position de superpuissance. La superpuissance du 21ème siècle ne représentera pas tous les critères que ceux de puissances en déclin. Pour le moment on parle de l’émergence connue sous le sigle BRICKS, c’est- à-dire : Bresil-Russie-Inde-Chine et South-Africa. Ceci ne veut pas dire que tous les pays de la superpuissance mourante sont tous totalement exclus dans la nouvelle superpuissance. BRICKS va certainement s’accompagner de certains caractéristiques de la vielle superpuissance.

La dégringolade de la coalition de la superpuissance occidentale a commencé et va s’achever progressivement. Les signes qui montrent le déclin de toute superpuissance [civilisation] sont, entre autres, le taux de divorce élevé ; l’immoralité et la dégénération de valeurs morales et sociales, les difficultés économiques catastrophiques, et l’arrêt de l’expansion territorial. La coalition de nouvelle superpuissance aura besoin des ressources humaines et matérielles ainsi que le besoin de conquérir d’espace physique ou temporel. Pendant cette longue période de la remise et remise reprise, l’Afrique peut se réveiller de son sommeil forcé pour faire partie du BRICKS. Ainsi au lieu de BRICKS on parlera de BRIKA, le ‘A’ pour Afrique/Africa.

Les conditions pour l’Afrique de faire partie de cette nouvelle supra puissance sont remplies, car l’Afrique possède les ressources humaines, matérielles, spirituelles et autres pour entrer dans cette danse avec un rythme propre à lui.  Toutefois, ce ne sont pas de ressources qui comptent, mais la prise de conscience de ce qu’on est et de ce qu’on veut devenir.

L’obstacle extérieur qui a empêché l’Afrique de se mettre debout et progresser, c’est sont les attaques méchantes venant de l’occident et des arabes. En effet, pendant plus de 400 ans, l’Afrique a résisté à la méchanceté la plus barbare que l’humaine ait jamais connue : esclavagisme, colonialisme, néocolonialisme, exploitation, escroquerie, hypocrisie et j’en passe. Ces attaques continuent et deviennent plus dangereuses car elles sont parfois invisibles.

‘Personne ne Peut Résister et Progresser en Même Temps’

‘L’Afrique ne pouvait pas résister et progresser en même temps.’ Une personne ne peut pas résister la tuberculose et se développer en même temps. Bien entendu, outre les obstacles extérieurs, il y a aussi d’énormes obstacles internes qui nous empêchent de progresser. Citons le caractère statique de certains aspects de nos cultures, les croyances fétichistes, la croyance a la sorcellerie, les structures claniques et claniques qui mettent le poids sur un individu et qui engendrent l’exclusion et l’intolérance. L’ignorance de notre histoire est aussi l’un des freins de notre développement au sens africain. Un comédien africain disait ; ‘Si tu ne sais pas où tu vas, sache quand même d’où tu viens!’. Tous ces obstacles internes sont surmontables.

Se Vêtir du Nouvel Homme Africain : déprogrammation et reprogrammation

Pour entrer dans la danse du 21ème siècle,  nous devons nous débarrasser du vieil homme créé ou fabriqué selon le modèle importé. C’est donc un projet de déprogrammation et reprogrammation qui commence. Le processus sera pénible, car la transformation intérieure a toujours été pénible. Au lieu de regarder en direction de l’occident, l’Afrique a le privilège de retrouver son passé glorieux et certaines de ses valeurs traditionnelles  encore intactes ou un peu endommagées par ‘l’érosion culturelle’. Ces valeurs peuvent nous amener au progrès.

Pendant près de 400 ans, les idées, les innovations, les technologies, les mouvements religieux furent euro-centriques, c’est-à-dire, les intérêts et les cultures occidentales étaient au centre de toute discussion et de toute activité. L’Eurocentrisme était le point de référence et l’étalon de mesures de tout projet de la société universelle. La vérité était sanctionnée ou validée selon les critères euro centriques. Les missionnaires, les explorateurs, les administrateurs, les assistants techniques, la démocratie, le développement, la bonne gouvernance, la façon de rire, de manger, de s’habiller, de se marier et de divorcer, la couleur de la peau et même la forme corporelle, tout cela avait pour point de référence l’Eurocentrisme ou l’euro-Amérique.

Les nouvelles superpuissances montreront certes un autre visage, une autre technologie, une autre façon de penser et de faire le business, de diriger, une autre façon de concevoir et faire l’éducation du 21ème siècle, etc. Mais tout laisse entrevoir que se sera un visage multicolore. Les africains doivent introduire leur couleur originale dans ce nouveau visage. Avec les anciennes ustensiles, c’est- à-dire les anciens modèles de leaderships copiés de l’occident, l’Afrique ne parviendra jamais à pénétrer le cercle de la nouvelle danse. Le plagiat ne sera pas permis. Il ne sera pas permis d’entrer dans cette danse avec la chanson des autres ni la langue des autres ni les rythmes des autres; il nous faut une originalité. C’est le défi qui nous est lancé.

Les divisions tribales et le complexe d’infériorité, le mépris de ce qui est africain, ainsi que les divisions culturelles et physiques résultant de la fameuse conférence de Berlin sont entre autres défis que la génération présente doit relever. La lutte ne sera pas aisée, mais la victoire est possible. Les coups de pieds et les coups de becs des autres ne manqueront pas. Ils doivent être perçus comme les réactions normales du boa qui tend à rendre son dernier souffle, ou pour emprunter une image biblique, comme un lion sans griffes qui rugit sachant que son temps est écourté. Ceci dit, examinons en brefs certains préalables et posons nous de questions intelligentes sur notre indépendance, notre lutte et notre avenir et celui du monde.

‘Independence ou Remaniement’ ?

Le combat dont nos pères de l’indépendance parlent doit être mené sur plusieurs fronts. Sur le plan politique, l’indépendance doit être un processus par lequel les politiciens africains se libèrent des modèles importés et imposés de l’occident. L’expérience de cinquante ans des indépendances de pays africains a démontré clairement que les modèles de démocraties occidentales ne réussissent pas en Afrique. Point n’est besoin de citer les exemples, car ce qui se passe sur le sol africain en ce moment , en Tunisie, Égypte, Algérie, Côte d’Ivoire, est une preuve suffisante de l’inefficacité des modèles empruntés et imposés. L’occident fabrique des dictateurs égoïstes et les imposent aux africains dans un langage hypocrite.

Les politiciens occidentaux savent très bien que les pays africains ne réussiront jamais à installer les modèles de démocraties occidentales dans leurs pays pour le bonheur des africains. Mais, ils imposent ces modèles utilisant menaces et vielles tactiques de toutes les sortes pour qu’ils [les occidentaux] ne perdent pas le contrôle de leurs ‘champs’.  Avec la pénétration fracassante de la chine, Inde, Bresil et l’occupation séculaire occidentale en Afrique, les ‘anciens propriétaires-autoproclamés’ ne ménageront aucune énergie pour ne pas perdre la proie facile qu’est l’Afrique. Des éléphants, ces bêtes féroces, vont se battre sur le sol africain en ce 21ème siècle. Si nous n’ouvrons pas l’œil, lorsque des éléphants se battent c’est l’herbe qui en pâtit. Je reviendrai sur l’invasion chinoise en Afrique et ses conséquences dans un autre article.

Les penseurs africains ont trouvé que plusieurs modèles de démocraties occidentales ont été expérimentés en Afrique. Ces modèles ont tous échoué en Afrique. L’espace de cet article ne me permet pas de les énumérer ni les décrire. Mais toute personne qui voit encore avec ses propres yeux et réfléchit avec sa tête sait très bien que les démocraties à l’occidentale sont un échec cuisant en Afrique, car ils ne tiennent pas compte de notre cosmogonie, moins encore de nos intérêts, de nos cultures holistiques et ne donne pas le bonheur a la majorité des africains. Nous pouvons dire que ce sont des démocraties par les peuples pour les leaders, pour une petite clique qui nagent dans l’opulence. La majorité croupit sans nourriture, sans accès aux soins médicaux, sans logement ni salaire décent.

Les démocraties occidentales engendrent les divisions, les injustices sociales, favorisent l’exploitation des africains par les africains, provoquent les conflits cachés ou ouverts avant et après les élections, créent une opposition pour renforcer la confusion.

Dilemme de Dirigeants Africains

Certains dirigeants africains qui veulent vraiment servir leurs peuples se trouvent devant un dilemme. S’il arrive qu’un dirigeant africain refuse le diktat occidental, certains membres de son entourage seront fréquentés par l’occident. Au prix d’une monnaie de singe, ces africains n’hésiteront pas à abattre leurs leaders. L’histoire de l’Afrique nous renseigne que ce sont nos propres frères qui ont été armés pour abattre nos leaders moyennant une somme dérisoire ou pour des promesses irréalisables ou éphémères.

Les dirigeants africains ne savent pas de quelle côté se pencher; mais s’ils sont du côté du peuple, le ‘maitre’ extérieur leur ôte protection et leur chance de rester au pouvoir n’est pas sûr. Il leur faut la transparence, l’intégrité dans les gestions des affaires publiques pour s’attirer l’attachement du peuple. Il leur faut aussi avoir l’intelligence émotionnelle qui consiste à déceler et comprendre les émotions, les besoins et les intérêts du peuple. Quelqu’un a dit qu’un bon leader doit ‘avoir la justesse du coup d’œil et la fermeté du bras’. Il doit être près de son peuple physiquement et émotionnellement ; il doit avoir le discernement qui lui permet de prévenir les problèmes avant que ceux-ci ne tournent en chaos. Le peuple aime un leader qui punit le mal et récompense le bien. Les gens ne sont plus aveugles ; ils voient beaucoup de choses même s’ils ne parlent pas.

Dirigeants ou Commissionnaires ?

Le grand éducateur Brésilien, Paulo Freire, a trouvé le mot juste pour décrire les politiciens des pays de ‘tiers monde’. Freire dit qu’ils sont des commissionnaires des politiciens occidentaux (Pedagoy of the Oppressed, 2003, p. 162).  Par commissionnaire, Freire déclare que ce sont en réalité les politiciens occidentaux qui placent les politiciens des pays du ‘tiers monde’ au pouvoir afin que ces derniers accomplissent les plans et les projets de politiciens occidentaux.  Ceux des pays du tiers monde qui ne veulent pas se mettre au pas, ils sont tout simplement éliminés ou chassés du pouvoir s’ils ont de la chance.

En fait, pour les politiciens occidentaux, les fauteuils occupés par les colonialistes doivent être assis pas les nationaux après les indépendances nominales. Ces nationaux qui répondent à leurs goûts doivent jouer les mêmes rôles, c’est-à-dire, exploiter les richesses de leurs pays au profit des ‘propriétaires autoproclamés’ de ce monde.

Ainsi, un penseur africain a raison de déclarer lors d’une émission télévisée sur tv 5 qu’au lieu de parler de l’indépendance de pays africains, il faut parler de remaniement. Selon ce penseur on a changé (remanié) les administrateurs ‘Blancs’ par les administrateurs ‘Noirs’, mais les systèmes sont restés les mêmes. Un autre chercheur Noire Américaine a trouvé que tous les systèmes établis par l’occident profitent à l’occident y compris les systèmes religieux, politique, éducatif et culturel (Yurugu: An African-Centered Critique of European Cultural Thought and Behavior by Marimba Ani, 2009).

Dans le même ordre de pensée, un officier belge disait tout haut ce que les autres politiciens belges disaient tout bas. Cet officier, au lendemain de l’indépendance du Congo en 1960, avait déclaré : ‘Avant l’indépendance, égale après l’indépendance.’ Avait-il raison ?  Les politiciens africains doivent faire montre d’une capacité de réflexion pour trouver un modèle qui puisse aider les pays africains à  marcher et à fonctionner en plein poumon, comme l’ont souhaité  le vaillants et intrépides Lumumba, Mpolo,  Okito, Mzee Kabila et tant de martyres connus et inconnus. Certains pays asiatiques sont en train de sortir de la  pression et dépendance occidentales. Les résultats de ce sevrage commencent à se manifester dans certains pays asiatiques.  Nous sommes impatients de voir les politiciens africains faire de même. Ils peuvent réussir s’ils se concertent, travaillent ensemble et suivent les aspirations de leurs peuples.

Ces compatriotes ont-ils été assassinés en vain ? Les divisions, les injustices sociales et les autres maux qui rongent nos pays peuvent trouveront une réponse si nos honorables politiciens africains commencent à réfléchir en s’appuyant sur les recherches déjà faites. Le feu Cheik Anta Diop, une tête rare que l’Afrique aie jamais enfantée, a proposé un modèle des états-africains. Son modèle n’a même pas eu la chance d’être mise en épreuve ou expérimenté. Je ne dis pas de ne pas travailler avec l’occident ou le monde extérieur, loin de là. Nous devons redéfinir nos relations avec les autres en commençant par travailler avec les personnes d’autres tribus, d’autres pays africains avant de travailler avec le monde extérieur à l’Afrique.

Que Faire ?

Pour gagner la bataille du 21ème siècle et remplir les critères d’admission dans la compétition, les dirigeants africains doivent subir le sevrage, assouplir le cordon ombilical qui est trop serré entre eux et les dirigeants occidentaux. La solution sera trouvée lorsque les politiciens africains vont travailler avec les peuples africains, les philosophes, les penseurs, psychologues et autres spécialistes africains et les amis de l’Afrique pour trouver les causes de cet échec et proposer un modèle authentique africain selon le pays.

Les recherches du Dr Diop, de l’éminent économiste Samir et les travaux de tant de chercheurs et penseurs africains et étrangers amis de l’Afrique abondent. Il ne manque que la volonté politique  pour les exploiter au profit des africains. Il est déplorable que les dirigeants africains ne consultent pas les chercheurs du continent, mais préfèrent le diktat occidental. Ils ont peur de leurs propres peuples. Ils ont aussi peur de leurs ‘maitres’. En fait ils ont deux ‘maitres’ à servir : le peuple africain et le ‘maitre’ de l’extérieur. Ils sont dans un dilemme fatal. Ils ne peuvent pas s’en sortir d’eux même. Freire dit que ce sont les peuples opprimés qui doivent lutter pour se libérer. Freire affirme que c’est la libération des opprimés par eux-mêmes qui libérera les oppresseurs. Cela parait paradoxal, mais l’histoire de l’humanité nous dit que c’est cela qui est la VERITE. Le peuple africain doit être déprogrammé et reprogrammé pour se libérer et libérer les régimes oppresseurs.

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