02.03.11 Cinq questions à Betukumesu LubuyuPar Stephane Etinga

1. Comment expliquez-vous votre absence prolongée de la capitale ?

Il est vrai que j’étais absent de Kinshasa depuis plus d’un mois. Je viens d’effectuer au Kasaï Occidental qui est ma province d’origine, une mission qui m’a conduit dans la plupart des territoires. J’y ai pris contact avec différents milieux. Il s’agissait d’abord de raffermir la fraternité entre les filles et les fils de la province dans le cadre de l’Union culturelle Lulua et Frères, une association sans but lucratif, dont je suis le président national. Ensuite, à la demande des autorités, je devrais m’informer sur la position de la population en rapport avec l’absence prolongée du gouverneur de province, Trésor Kapuku, retenu depuis près de trois mois à Kinshasa.

2. Que pense l’opinion ouest-kasaïenne de ce gouverneur à qui on reproche assez de manquements dans l’exercice de ses fonctions ?

Moi, je ne suis pas un fanatique ou un inconditionnel du gouverneur Trésor Kapuku. Ce que je vous dis maintenant sur cette question, je l’ai dit aussi au vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, lors de son séjour à Kananga. Vous vous souviendrez que ce dernier était venu s’enquérir de la situation qui prévaut dans la province suite à l’absence de Trésor Kapuku. Pour répondre à votre question, je vous dis que Kapuku est pour le moment, un mal nécessaire. Parce que les élections sont proches à tous les niveaux en cette année 2011 et que ce gouverneur avait déjà préparé le terrain pour que le moment venu, Joseph Kabila soit voté massivement. Car pour lui, c’est Kabila ou rien. J’estime en toute modestie et en toute logique que écarter Kapuku de la tête de la province du Kasaï Occidental en cette période, c’est prendre le risque de connaître la même situation que lors des élections de 2006, où Kabila n’avait pas été voté comme il se devait. Or, d’après les contacts que je viens de prendre sur le terrain dans six ou sept territoires sur les dix que compte la province, la population de notre province est déterminée à se prononcer en faveur de Joseph Kabila comme président de la République. Il en est de même aussi pour la population de la province sœur du Kasaï Oriental. Ce que nous ne comprenons pas et ce que nous ne voulons pas, c’est le désordre politique à la veille des élections.

3. A vous entendre parler, on dirait que vous mettez en doute la capacité du vice-gouverneur de gérer le déroulement des élections comme Trésor Kapuku.

Je ne dis pas cela. Mais, je pense comme la plupart des gens que j’ai contactés que les points déjà marqués par Kapuku au profit du chef de l’Etat sont remarquables. Ce que le gouverneur intérimaire ne saura pas faire dans quelques mois seulement avant les élections. Par ailleurs, le gouverneur intérimaire provient du district du Kasaï, tandis que Kapuku est du district de la Lulua où la population est majoritaire. Je pense pour ma part qu’il ne saura pas maîtriser la situation.

4. Qui serait, pour vous, à la base du désordre politique au Kasaï Occidental ?

La classe politique de la province est à la base de la confusion. Tenez, à Kananga le PPRD a coalisé avec l’Opposition politique afin de faire partir Kapuku dont la présence est gênante, pour eux. Ils ne veulent plus de l’AMP et repoussent d’autres partis. C’est ainsi que cette Opposition politique et ses alliés du PPRD cherchent à induire le chef de l’Etat en erreur en disant à ceux qui veulent les écouter qu’ils voteront pour Joseph Kabila à condition de faire partir Kapuku. Ils ont politisé à outrance le problème de Kapuku qui n’était que d’ordre judiciaire. C’est utopique de croire que les opposants d’hier puissent devenir du coup les amis d’aujourd’hui. Ce n’est pas possible. Je crois que les autorités doivent attirer attention, parce que l’on constate que ces derniers jours, tous ceux des politiciens du Kasaï Occidental qui veulent distraire la population pour se faire élire, prennent la direction de Kananga, pose le problème de Kapuku, font des promesses irréalisables. L’Union culturelle Lulua et Frères est une association qui, comme tant d’autres, soutient les institutions du pays en particulier le chef de l’Etat. Elle refuse d’accepter la politique de division et aime l’unité en se rangeant derrière le chef.

5. Des hommes armés ont lancé une attaque contre la résidence du chef de l’Etat, le dimanche 27 février, à Kinshasa. Qu’en dites-vous ?

Je n’ai pas beaucoup de choses à dire parce que nous ne connaissons pas grand’chose dans cette affaire. Mais, je demande au Président de la République de mieux regarder son entourage. Je veux parler de l’entourage politique, militaire, policière, sécuritaire et même familial. Parce que le traître ne peut pas venir de loin, mais bien des personnes qui le connaissent.

(*) Président national de l’Asbl « Union culturelle Lulua et Frères (UCLF) »

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