Réflexion : ‘Tout le Monde Sait que l’Égypte n’est pas en Afrique’
Le régime quarantenaire de Kadhafi, l’un des baobabs d’Afrique, est farouchement brimbalé, ébranlé, secoué. Comme un fruit rongé de l’intérieur par un vers, le régime traverse une attaque meurtrière depuis quelques semaines. Les Libyens sont en train de mourir comme des mouches. Des Noirs sont massacrés sans distinctions par les rebelles Libyens selon plusieurs sources. L’Unité Africaine (UA) et les africains regardent bouches béantes, mettent chacun la main sur sa bouche, muets comme des carpes. Les politiciens occidentaux, quant à eux, s’agitent, se consultent, se bousculent, planifient les interventions qui frisent l’invasion. Ils remuent terre et mers. Mais, pour le drame en Côte d’Ivoire, la tragédie et le génocide du Congo RDC, les mêmes politiciens se taisent, se cachent. Pourquoi!
Certains congolais se posent une question : Pourquoi les medias et les politiciens occidentaux sont muets comme des carpes sur le cas de millions de congolais tués directement et indirectement dans une guerre qui dure plus de dix ans ? Des milliers de femmes et filles congolaises violées au vu et au su de la MONUSCO, un État dans un État. La soi-disant communauté internationale qui ne représente que les politiciens occidentaux ne dit mot. Personne ne se lève pour terminer le génocide et la tragédie congolaise. Les africains [Noirs] se demandent s’ils font partie de ce qu’on peut appeler la race humaine (?) Alors pourquoi ? Pourquoi ce silence de complice qui cache la malice, la méchanceté et l’hypocrisie ?
‘Tout le monde sait que l’Égypte n’est pas en Afrique’
Aux USA, beaucoup de personnes y compris certains intellectuels ne savent pas que l’Égypte est en Afrique. En 1989, une élève Américaine s’était rendue en Égypte avec son père pour y passer les vacances et son père s’y rend souvent pour mener ses recherches. De retour aux USA, Le père et sa fille publièrent, comme co-auteurs, un livre intitulé, ‘My First Trip to Africa’, c’est-à-dire, Mon Voyage en Afrique. Ce livre décrit, dans un langage des enfants, les grands faits de l’origine de Kemet (Égypte ancienne) et ses influences dans les civilisations universelles.
Une mère Américaine trouva ce livre intéressant et en donna une copie à son fils âgé de dix ans. Ce dernier utilisa ce livre pour écrire un devoir de sa classe appelé ‘Book Report’. En lisant ce Book Report, son enseignant réprimanda l’élève très sévèrement devant toute la classe en déclarant que ce Book Report était inacceptable, car le ‘Report’ était intitulé : My First Trip to Africa, tandis que le contenu parlait des expériences de la visite en Égypte. L’enseignant ajouta d’un ton menaçant : ‘Tout le monde sait que l’Égypte n’est pas en Afrique !’ Lorsque la mère de l’élève apprit la nouvelle de la menace faite à son fils, elle demande une réunion pour parler au Directeur de l’École et à l’enseignant. Munie de toute la documentation nécessaire, cette mère donna au Directeur et à l’enseignant quelques leçons de base sur la géographie et l’histoire de l’Égypte. Cette histoire est vraie et vous pouvez la lire dans le livre intitulé: Nile Valley Contribution to Civilization, par Anthony T. Browder, 1992, p.244.
Moi-même, j’ai eu une expérience similaire avec quelques étudiants en Maitrise dans une grande Université aux USA. J’ai eu du mal à convaincre certains étudiants que l’Égypte était un pays africain. Ces étudiants répétaient l’argument absurde selon lequel la culture de l’Égypte est différente de l’Afrique au Sud du Sahara, donc l’Égypte n’est pas en Afrique. Je leur ai demandé si la culture de pays scandinaves était similaire à celle de l’Europe Méditerranéenne. Ils se sont tus, confus et fâchés. Beaucoup d’américains savent que l’Afrique est un pays.
La conséquence qui résulte de détacher l’Afrique du Nord au reste du continent africain sont le mépris et l’indifférence que les politiciens occidentaux et leurs medias manifestent envers ceux qu’ils appellent les Noirs. Depuis Hegel leur devise est celle-ci : ‘oublions l’Afrique’, entendez, ‘oublions les Noirs.’ Nombreuses organisations internationales qui travaillent en Afrique divisent le continent rattachent aussi les pays au Nord de l’Afrique au Moyen-Orient obéissant ainsi a la même logique. Comme Dr Asante le souligne, l’enjeu ici n’est pas l’espace géographique dans le cas de l’Égypte, mais l’héritage culturel et historique de certains racistes occidentaux ne veulent pas reconnaitre à l’Afrique.
Beaucoup de medias occidentales et mêmes leurs politiciens occidentaux n’épargnent aucun effort pour les situations de la Tunisie, Égypte et de la Libye. Dans leur logique de catégoriser les gens, les medias et les politiciens occidentaux ne se soucient pas de millions de morts dans la partie de l’Afrique qu’ils ont baptisée sous le terme péjoratif et rabaissant de ‘l’Afrique subsaharienne’ ou ‘l’Afrique au Sud du Sahara’, ou l’Afrique Noire.
Pour les politiciens occidentaux, l’Afrique Subsaharienne est différente de l’Afrique du Maghreb ou l’Afrique du Nord. Ils rattachent cette dernière au Moyen-Orient, terme fabriquée en 1902 par des politiciens occidentaux spécialistes dans les divisions et la catégorisation des peuples dans le but de les opposer et les diviser pour régner. Dans leurs arguments, ces politiciens eurocentrques disent que la culture des pays de l’Afrique du Nord est différente de la culture de ce qu’ils appellent avec mépris l’Afrique subsaharienne. Cet argument est basé sur l’exclusion de l’Égypte de l’Afrique pour des raisons de sous-estimer le reste de l’Afrique. Dr. Mulefi Asante dans son livre, Painful Demise of Eurocentrism (1999), s’est penché sur cette question. Il dit que différence entre l’Europe du Nord ou pays scandinaves (Norvège, Suède, Finlande, etc.) est plus marquante et plus considérable comparée à l’Europe Méditerranéenne. Dr. Asante se demande pourquoi il y a qu’en Afrique où beaucoup d’africains qui ne sont pas réellement africains, mais pas d’européens en Europe qui ne sont pas européens (p.39).
‘Même une montre arrêtée a deux fois raisons par jour’
Ceux qui analysent la situation dans le monde sous la perspective américano-européenne accusent certains régimes africains de priver la liberté de leurs populations, de les maltraiter par une main de dictateur sévère, rude, austère, rigide. Cette catégorie de personnes accuse les présidents africains de s’enrichir seuls avec les membres de leurs clans au détriment de la majorité de sa population. Ces régimes sont aussi accusés de confisquer le pouvoir et priver les populations de la démocratie à la manière occidentale et de l’alternance du pouvoir. Certains régimes sont reprochés d’être isolés faisant cavalier seul sur l’échiquier mondial. Cependant, chaque médaille à son revers, et même une montre qui ne fonctionne pas a deux fois raison par jour.
Les personnes qui voient la situation en Afrique à travers la perspective africaine [plaçant les intérêts de l’Afrique au centre de toute discussion], pensent que la démocratie occidentale est bonne, mais l’acharnement avec lequel cette démocratie est imposée en Afrique engendre des conflits et des guerres, et elle ne produira point le paradis promis. Les guerres en Afrique ne fera que la mort des africains quel qu’en soit l’issue. La victoire de l’une ou l’autre partie causera toujours la mort des africains. Cela est triste car, les occidentaux qui arment les frères ennemis sont en train de se frotter les mains. Assis chez eux dans les fauteuils, ils regardent les images sur l’écran de tv des africains s’entredéchirer, s’entre tuer avec les armes que l’occident ne cesse de mettre dans les mains des africains moyennant l’argent de l’Afrique. Les africains achètent leur propres morts chez les vendeurs de mort.
Certains régimes dirigés par des baobabs d’Afrique, certes ont des défauts monstrueux, mais ces régimes n’ont pas que de défauts. Les indicateurs d’un bon régime ne dépendent pas de rapports positifs de la Banque Mondiale ou de FMI. C’est le niveau de vie de la majorité de la population qui détermine le succès d’un régime. De même une démocratie ne se mesure pas par l’approbation des politiciens occidentaux et leurs medias qui n’écrivent du bon que moyennant de dollars. Une bonne démocratie est celle qui donne les bons résultats aux questions suivantes :
Quel est le taux de chômage sous le régime ? Quel est le produit national brut de la population ? Combien de ‘homeless’ et d’enfants de la rue dans la capitale, et dans les autres villes du pays ? Quel est le taux de SIDA en? Quel est le taux de divorces ? Quel est le taux d’alphabetesisation ? Quel est le niveau de violence dans les villes de ces pays ?
Avant de gober les informations que les medias occidentales racontent, toute personne intelligente ferait mieux de faire quelques recherches et tirer sa propre conclusion. Les medias sont toujours les agents de quelqu’un ou d’un groupe de gens dont elles défendent les intérêts ; elles ne défendent pas nécessairement la vérité. Ceci est surtout vrai pour les medias occidentales. Lorsqu’elles parlent des événements concernant l’Afrique ‘Noire’, elles ne décrivent que le négatif, elles n’accentuent que le déficit, les carences, les défaillances, les défauts des africains. Si elles pouvaient voir la poutre qui est dans leurs yeux, elles verraient aussi l’autre face de l’Afrique. Pourquoi les politiciens occidentaux avec leurs medias ne s’agitent-ils pas pour le Congo RDC, la Côte d’Ivoire autant qu’ils le font pour l’Égypte ou la Libye ?
« Il ne fait pas beau de vivre en Libye pour les ‘Noirs’ » Certains articles circulent sur l’internet accusant certains Libyens [opposition] de maltraiter les ‘Noirs’, les torturant, les molestant, les battant, les tourmentant, voire leur ôtant la vie en les accusant des mercenaires. Les spécialistes en la matière réfutent la thèse de mercenaires ‘Noirs’. Ils disent qu’à une certaine époque, le régime de Kadhafi avait fait appel aux africains [Noirs] et autres étrangers pour travailler dans son pays en leur facilitant les procédures de l’immigration. Les statistiques fiables disent qu’il y a environ un million d’étrangers en Libye y compris les ‘Noirs’ qui sont devenus des citoyens Libyens et ou travailleurs dans plusieurs secteurs de la Libye y compris le service militaire. La haine que certains rebelles Libyens manifesteraient sur les ‘Noirs’ n’est pas étrange si on sait que les medias occidentales sont des spécialistes dans l’art d’attiser le feu et la haine contre les africains. Au lieu de défendre toutes les victimes sans parti pris, ces medias s’illustrent par les écrits de nature à soulever les africains contre les africains. Si le mauvais traitement que subissent les Noirs en Libye est vrai, combien de medias occidentales ont informé la fameuse ONU ? Lire l’article de Jean-Jacques NGANGWESHE: ‘DE CENTAINE DES MILLIERS DES NOIRS AFRICAINS SONT MASSACRES MASSIVEMENT PAR LES REBELLES LIBYIENS ET LES ARABES’, posté le 2 mars 2011 sur
http://fr.groups.yahoo.com/group/CongoVista/message/105535)
‘Vivre pour manger ou manger pour vivre’ ?
Quel est le fruit que la démocratie occidentale a produit en Afrique sinon enseigner à certains dirigeants africains à ‘vivre pour manger au lieu de manger pour vivre.’ Lorsque les medias occidentales parlent de la liberté de quelle liberté s’agit-il ? La liberté de regarder les films occidentaux qui envoient les messages de violence, individualisme, matérialisme et immoralité pour corrompre notre jeunesse. Leur liberté consiste à considérer la vie comme un simple plaisir que procure le matérialisme ? C’est une liberté de façade dès lors que dans beaucoup de pays soi-disant démocratiques le taux de divorce est de 60%, plus de 60% d’enfants vivant avec un seul parent ou sans parent, les rues sont dangereuses à cause de gens qui se droguent. Loin de moins l’idée de dire que l’occident n’est qu’un enfer. Non. L’occident, comme les autres parties du monde, ont des très grandes qualités, mais ils ont aussi de vilains défauts. Les défauts de politiciens occidentaux est de vouloir tout posséder, tout contrôler et faire croire au monde que leur manière de voir le monde est la seule et la meilleure. Cela n’est pas du tout vrai.
Qui vend les armes à l’Afrique et à son opposition ?
Des africains sages se posent la question de savoir qui vend les armes aux régimes africains et à l’opposition (?) Ces armes sont vendues pour tuer les oiseaux ou tuer les animaux ? Les medias occidentales parlent des avoirs de dirigeants africains déposés en occident qui peuvent être gelés. Mais, ces avoirs ayant la valeur des milliards de dollars sont assis en occident depuis des décennies produisant des bénéfices énormes pour le développement de l’occident. Pourquoi attendre longtemps pour dénoncer les diables et geler leurs avoirs ? Depuis que les politiciens de l’occident ont appris à transférer leurs s propres guerres européennes dans le monde, l’Afrique ne cesse d’être leur boucherie humaine en utilisant des africains contre les africains.
Conclusion
L’Afrique a été dupe avec l’invasion des colonialistes européens, il est temps d’ouvrir les yeux et voir que la liberté que promet l’occident ne diffère pas de la liberté que le Serpent offrit a Ève en Éden après l’avoir séduite par des paroles fallacieuses et le désir des yeux. Illusion, confusion, rébellion qui cause des morts par millions…Les africains sont de personnes sages et bien instruites, elles peuvent déterminer le type de liberté qui leur convient et non la leur imposer. J’aime l’intervention de plusieurs africains qui disent à peu près ceci : « Nous voulons que les occidentaux nous aident à nous entendre sans utiliser les armes ! »
Les valeurs que nous devons défendre, nous les africains, sont le respect, la solidarité, l’harmonie et l’unité. Le respect de la vie, le respect de la nature, le respect de tout le monde y compris nos parents et les étrangers. Aucun pays africain ne sera en paix ou ne se développera en dehors des autres pays africains. L’Afrique a été démembrée sur le même abattoir en 1885 à Berlin. Son unité est sacrée et la condition sin qua non pour sa paix et son développement. Laissons l’Afrique aux africains, l’Europe aux Européens… Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende… !
Mzee Mwembo, PhD.