11.04.11 Le Potentiel – Cinq questions à Karounga Keita ( Team leader du Programme gouvernance/PNUD en RDC )

1. En tant que team leader du programme gouvernance en RDC au PNUD. Vous êtes arrivé fin mandat. Pouvez-vous dire comment ce programme a vu le jour ?

Ce programme tire son origine de l’engagement des Congolais à mettre en place un système de gouvernance démocratique depuis le dialogue de Sun City. Cela a été aussi confirmé par la Constitution de 2006, où les Congolais se sont engagés à mettre en place un système de gouvernance démocratique stable pour favoriser le développement humain. Pour dire comment le programme a vu le jour, les acteurs nationaux ont lancé un appel au PNUD pour appuyer la RDC à mettre en place un programme d’appui allant dans le sens voulu par les Congolais. En réponse à cela, et étant le responsable de la gouvernance du coté PNUD, j’ai été l’initiateur de ce programme. Pour démarrer, nous avions procédé par le ratissage aussi large que possible pour recueillir les priorités nationales qui étaient déjà contenues dans la Constitution et dans les documents nationaux tels que, le DSCRP. Il y a eu aussi des concertations avec de nombreux acteurs des ONG de la Société civile, des médias et autres acteurs techniques et financiers.

2. Quelle a été la stratégie de mise en œuvre pour relever les défis?

Je parlerai plutôt des axes stratégiques. Dans cela, les maîtres mots sont l’appropriation nationale d’abord, ensuite le leadership national, et enfin le partenariat. Tout cela dans une approche globale appelée « approche programme ». J’ai dit l’appropriation nationale parce que tout ce que nous faisons a été conçu et devait se mettre en œuvre et être évalué en étroite collaboration avec des acteurs nationaux et en associant les partenaires techniques et financiers. Leadership national parce que c’est sous la volonté nationale et sous l’orientation nationale que les activités devaient être mis en œuvre. Je dirai partenariat élargi parce que ce programme a pris en compte des attentes des bailleurs des fonds qui mettent leur argent dans ce programme par rapport à l’état de la gouvernance en RDC. Approche programme parce que c’est une approche globale qui est capable d’intervenir à trois niveaux (politique, stratégique et opérationnel). Sur le plan politique, il s’agissait de renforcer les capacités institutionnelles des institutions républicaines pour leur permettre de fonctionner. Au plan stratégique, je dirai qu’il était question de renforcer les institutions en charge de la mise en œuvre des politiques et programmes. Sur le plan opérationnel, il s’agissait de renforcer au sein des institutions et des structures des capacités humaines et techniques afin que la mise en œuvre des programmes et projets soit efficace.

3. Quel bilan dressez-vous trois ans après ?

Parler de Bilan aujourd’hui, c’est une question assez large. Je dirai toujours que ce que nous avons fait en matière de gouvernance ne peut pas se décrire de façon exhaustive en une seule question. Il faut se rappeler les défis auxquels nous étions confrontés au début de ce programme. Un contexte de conflits même si la jeune démocratie se mettait en place. Mais comparant la situation de l’époque à celle d’aujourd’hui, l’on perçoit le changement qui ne relève pas du seul appui du PNUD. Pour la gouvernance politique, à travers laquelle nous appuyons le Parlement, la Société civile et les partis politiques, les médias et le processus électoral, le changement est visible. Par exemple, les assemblées provinciales qui venaient d’être mises en place pour la première fois sont aujourd’hui toutes dotées des équipements suffisants pour fonctionner correctement. La Société civile dispose aujourd’hui d’un cadre important de la démocratie dénommé « la veille citoyenne sur la démocratie ». Nous avons appuyé la publication du répertoire des journalistes. Pour la gouvernance administrative, le recensement biométrique des fonctionnaires est un exemple qui peut être dupliqué pour la rationalisation de certains ministères. Au niveau de la gouvernance économique, il y a la plate-forme de gestion de l’aide et des investissements et aussi la base INIS des données. Un point important, c’est la gouvernance locale…

4. Quelle est, d’après vous, l’originalité du programme gouvernance et ses perspectives d’avenir ?

Le programme gouvernance est original par son approche. C’est l’un de rares programmes qui intervient à trois niveaux. Au niveau des institutions politiques, des structures techniques et du renforcement des capacités humaines. C’est une approche globale pour que les résultats ne s’estompent pas à un seul niveau. Vous avez de bonnes politiques, si vous n’avez pas de bonnes structures pour la mise en œuvre. C’est comme si vous n’avez rien fait. Vous avez de bonnes politiques, de bonnes structures, mais vous n’avez pas d’hommes qualifiés et engagés pour la mise en œuvre, le résultat n’est pas bon du tout.

5. Votre message aux autorités congolaises ?

Je dirai simplement qu’il faut toujours renforcer le leadership national. Dans toutes les initiatives, il faut renforcer l’appropriation nationale des programmes d’appui à la RDC. Il faut toujours un engagement fort avec plus de communication vis-à-vis des acteurs. C’est vrai, la coopération pour le développement est très importante. Si vous voyez que vous arrivez à mobiliser autant de ressources, autant de partenaires, c’est que vous avez mis en place des programmes et des politiques qui sont crédibles. Le développement d’un pays vient des valeurs propres et internes au pays. La coopération pour le développement vient en appui au pays.

Par Raymonde Senga Kosi

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