04.05.11 Le Potentiel – Cinq questions à Luzolo Bambi Lessa (Ministre de la Justice et Droits humains)

1. Les défenseurs des droits de l’Homme de la RDC viennent de tenir leur 8ème forum à Kinshasa. Que dites-vous de cette initiative ?

La tenue du 8ème forum des ONG des droits de l’Homme de la RDC à Kinshasa coïncide avec l’approche de l’organisation des deuxièmes élections démocratiques dans notre pays, après celles de 2006. Je suis heureux de constater que ce forum se tient six jours seulement après les assises du Comité des experts de l’Entité de liaison des droits de l’Homme qui a eu lieu, le 20 avril 2011, au Centre catholique Nganda sur la même problématique. Les élections constituent un moment important de la vie d’un Etat, un exercice louable et noble, qui détermine le devenir d’un peuple dans un monde en pleine mutation. C’est pourquoi le processus électoral doit être vécu et approprié par tous les protagonistes, dans le strict respect du jeu démocratique. La paix, la justice, les droits de l’Homme ainsi que le respect des biens et des personnes sont des valeurs importantes qui doivent être scrupuleusement protégées pendant cette période.

2. Quel rôle la CENI doit-elle jouer en cette période en dehors de la campagne de sensibilisation à l’enrolement des élections ?

A côté des campagnes d’information que mène délicatement le Bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), il est nécessaire aussi, que soient parallèlement organisés des ateliers de formation tant des membres de la CENI, que des acteurs directement ou indirectement intéressés par le processus électoral, notamment les activistes des droits de l’Hommes, les membres de la Police nationale, de l’Armée et des services de sécurité, les magistrats et autre personnel de justice, les bourgmestres et autres responsables territoriaux. Seules l’éducation et la formation pourront faciliter la maîtrise des défis électoraux avant, pendant et après les élections.

3. Que peut-on retenir de la Résolution A/HRC/RES/16/L. 36 du Conseil des doits de l’Homme des Nations unies ?

La Résolution A/HRC/RES/16/L.36 adoptée par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève, le 25 mars 2011, relative à la situation des droits de l’Homme en RDC et le renforcement de l’assistance technique et des services constitutifs, insiste sur la bonne tenue des élections projetées à la fin de cette année dans notre pays. Elle a été adoptée par consensus de tous les membres du Conseil, et met l’accent en outre sur le renforcement de la collaboration entre le Gouvernement et la communauté internationale, via le Bureau sur terrain du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme ; et ce, pour une mise en œuvre effective de l’assistance technique sollicitée et pour l’application du Plan des recommandations des droits de l’Homme.

4. Que répondriez-vous à ceux qui affirment que le Gouvernement « ne fait rien » pour améliorer les conditions et le cadre de travail des défenseurs des droits de l’Homme?

Le Gouvernement, sous l’impulsion du chef de l’Etat, est préoccupé non seulement pour l’amélioration du cadre de promotion et de protection des droits de l’Homme, mais également le cadre de travail des défenseurs des droits de l’Homme. Car, ils demeurent les acteurs privilégiés et incontournables pour la construction de la démocratie dans tout Etat de droit. Dans ce sens, le 5 avril dernier, le Gouvernement, par lettre du 1er ministre, a saisi l’Assemblée nationale pour inscrire en priorité à l’ordre du jour de l’actuelle session, l’examen de la loi portant création, organisation et fonctionnement de la Commission nationale des Droits de l’Homme en RDC. Cette commission sera une institution citoyenne, d’appui à la démocratie en remplacement de l’Observatoire national des droits de l’Homme qui a fonctionné pendant la période de transition. Je vous signale également que notre pays figure désormais parmi les rares Etats du monde qui disposent d’une loi spécifique portant pénalisation de la torture et d’une loi qui interdit les travaux forcés.

5. Qu’en est-il finalement de l’amélioration de cadre de travail et de leur mission ?

Concernant l’amélioration du cadre de travail des défenseurs des droits de l’Homme de la RDC, j’aimerai m’appesantir sur deux aspects : d’abord, l’Entité de liaison des droits de l’Homme qui demeure à ce jour un cadre original de concertation, sans tabous, sur d’importantes préoccupations nationales en la matière. Cette structure est donc un forum mensuel qui mettra désormais ensemble pour discuter franchement, le Gouvernement, la société civile, les ONG des droits de l’Homme du pays, la MONUSCO ainsi que la communauté internationale pour dresser la carte de violation des droits de l’Homme, et amener le Gouvernement à remplir le cahier des charges et rendre compte sans faux fuyant.

Ensuite, il est question de l’élaboration d’une législation ou réglementation portant protection et sécurisation des défenseurs des droits de l’Homme, y compris les dénonciateurs des actes de corruption et de détournement des deniers publics. J’estime enfin que dans son travail quotidien, le défenseur des droits de l’Homme ne doit pas s’arrêter uniquement au volet préservation de l’intégrité physique ; il doit également aborder les aspects économiques et sociaux. En effet, la corruption et surtout le détournement de l’argent de l’Etat constituent une violation flagrante des droits économiques et sociaux et contribue à l’accentuation de la paupérisation de la population. Le défenseur des droits de l’Homme défend n’importe quel droit fondamental au nom d’une personne ou d’un groupe de personne.

 

Par Stephane Etinga

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