01.05.11 Le Potentiel – Tshisekedi, déjà certain de l’emporter

De passage à Bruxelles où il a rencontré des personnalités de l’Union européenne ainsi que ses médecins, Etienne Tshisekedi a accepté de répondre à nos questions.

Qu’est-ce qui, cette fois ci, vous a décidé à vous lancer dans la bataille électorale ?

Nous arrivons à la fin du mandat de ceux qui sont au pouvoir en ce moment. Il fallait bien proposer une alternative. Dans tout le pays, tous les coins de la République, mon parti existe, est organisé. Depuis que je suis rentré le 8 décembre j‘ai relancé le tout et maintenant mon parti est en pleine activité. Et cela malgré le fait que le pouvoir en place applique un système répressif. Comme il n’y a pas eu d’élections locales, tous ceux qui sont en place à la base, à l’intérieur ont été nommés par le pouvoir et ils mettent des bâtons dans les roues de l’UDPS. Malgré cela; mon parti est décidé à aller de l’avant. Nous avons réactivé toutes les sections que nous avons partout…

Pourquoi avez-vous rencontré l’Union européenne ?

Précisément, parce que nous avons des problèmes de répression… Nous savons que l’Union européenne va participer au financement de ces élections et elle a donc le droit de poser des conditions, afin que le processus se déroule en toute liberté, sans qu’on nous mette des bâtons dans les roues. Nous craignons des irrégularités, et d’ailleurs cela commence déjà maintenant : l’enrôlement se déroule tellement lentement que nous nous demandons s’il sera terminé à la date prévue. A Kinshasa, un bureau peut passer une journée entière pour n’enrôler que 7 à 8 personnes. Dans le Kasaï, les gens sont très désireux de s’enrôler, mais les agents de la Commission électorale nationale indépendante leur mettent des bâtons dans les roues. Bien que nombreux sont ceux qui n’avaient pas voté en 2006, et n’avaient pas été enrôlés, on exige d’eux des documents valables pour 2010… On installe aussi des bureaux d’enrôlement à des distances les uns des autres pour que les électeurs se découragent. Cela se passe surtout au Kasaï, où nous devrions cependant faire le plein de voix…

Quel est le message que vous avez adressé à l’Union européenne ?

Nous leur avons demandé d’utiliser leur pouvoir financier, leur droit d’exercer des pressions pour que ces élections soient libres, démocratiques et transparentes…

Si ces élections se déroulent dans des conditions de réelle liberté, avez-vous bon espoir de les remporter ?

Je n’ai pas seulement bon espoir, j’ai la certitude de l’emporter. Je suis sûr de gagner dans dix des onze provinces. Il n’y a qu’au Katanga que les voix seront partagées avec le président Kabila. Nous avons déjà entamé des contacts avec d’autres partis d’opposition et ils sont très fructueux…

Comme il n’y aura qu’un seul tour, pouvez-vous envisager de présenter un « ticket » aux électeurs, où ils choisiraient en même temps le président, le Premier ministre ?

Je préfère ne pas conclure d’avance. Il faut tout de même attendre que les élections se terminent pour connaître le poids politique de chacun. On ne peut créer de ticket, attribuer par exemple la primature, sans savoir quels seront les résultats obtenus par chacun des candidats. Tous doivent se présenter aux élections sur pied d’égalité et on jugera à la fin quels sont les résultats obtenus. On ne peut s’engager d’avance pour dire qui sera quoi… Dès que nous l’aurons emporté pour la présidentielle, la répartition des postes se fera au prorata des résultats obtenus par chaque parti.

Vous serez donc le candidat unique de l’opposition ?

Mais, bien sûr ! Je compte être le seul candidat et au moment où je vous parle il y a déjà plus de dix candidats de l’opposition qui soutiennent ma candidature sur base de la plate-forme «Tshisekedi président». Nous sommes vraiment sur la bonne voie…

Quel sera le point principal de votre programme ?

Ma priorité, ce sera ce qui a toujours été notre objectif : l’instauration d’un Etat de droit, pour la première fois depuis l’indépendance du Congo. Avec ce que cela entraîne pour l’amélioration du climat des affaires. Les sociétés internationales de poids n’ont pas investi au Congo, ne sont encore venus que des mafieux…Car les lois ne sont pas respectées, ceux qui sont au pouvoir se croient au-dessus de tout. Après l’Etat de droit, un parti comme l’UDPS qui se veut de tendance socialiste mettra l’homme au centre du jeu, la santé, l’enseignement, l’emploi, le courant électrique dans les établissements. Tout pour améliorer le bien-être des citoyens…

Au fond vous voulez réaliser les cinq chantiers, vous aussi ? Oui, mais il ne s’agira pas seulement de slogans, il y aura des réalisations…

Que pensez-vous des contrats conclus avec la Chine ? Allez-vous demander leur révision ?

Certainement, car ils se caractérisent par leur opacité. Ces contrats ont été conclus entre le gouvernement et les Chinois à l’insu de l’opinion et même du Parlement congolais. Ce sont des contrats léonins, il faudra que les Chinois soient considérés comme des investisseurs comme les autres et ne puissent plus envoyer chez nous des manœuvres ou des gens qui vendent des beignets ou des cacahuètes. Il faudra remettre les contrats sur la table, et procéder à des appels d’offres, de manière transparente. Sans cachotteries…

Dans l’hypothèse d’une défaite électorale, quel sera le comportement de vos militants ?

Je ne suis pas militant pour pouvoir vous répondre, mais je crois que ce qui a été fait dans la transparence sera accepté. Ce qui résulte de la tricherie, de la fraude ne sera pas accepté et sera considéré comme de la provocation. Cela risque alors de tourner très mal…

Allez-vous donner des consignes de calme à vos militants ?

On peut se calmer dans la mesure où il n’y a pas manœuvre de provocation ou tentative de fraude de l’autre côté…Si c’est le cas, je ne serai pas capable de tenir la population… C’est pour cela que nous prévenons d’avance nos amis, afin que, par leurs pressions, ils évitent ces provocations, des incidents… Il faut que tout se passe bien, très honnêtement, sans manœuvre inacceptable…

Le Congo ne risque-t-il pas de devenir une autre Côte d’Ivoire ?

Nous faisons tout pour que cela n’arrive pas. La Côte d’Ivoire a été coupée en deux, le Congo ne l’est pas. Chez nous dix des onze provinces sont acquises au changement, à l’opposition, le pays n’est pas divisé… Ce qui s’est déjà passé, c’est qu’il y a déjà eu des fraudes au niveau des cartes électorales, les kits de 2006 sont en panne. Et qu’en est-il de la liste électorale ? Il faut que tout le monde puisse y figurer…J’ai parlé de tout cela avec le pasteur Mulunda, président de la CENI, par écrit et lorsqu’il nous a fait la gentillesse de venir nous rendre visite. Il a promis de rechercher une solution à tout cela, mais nous n’avons encore rien vu sur le terrain…

Nous redoutons qu’il y ait moins d’électeurs inscrits qu’en 2006, alors que la population a augmenté… C’est pour cela que nous insistons pour qu’il y ait un maximum d’observateurs européens.

Ces derniers ne devraient pas arriver en dernière minute, ils doivent être présents maintenant, au moment de l’enrôlement. C’est maintenant que tout se joue déjà, que la fraude, très subtilement, se met en place…

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