06.06.11 Le Ptentiel – Cinq questions à Jacques Mbadu
1. Dans dix quinze jours, la session ordinaire du Parlement prend fin ; une session dominée par la loi électorale. Quelle lecture faites-vous de cette loi qui est encore sous examen au Sénat ?
La présente session nest pas seulement focalisée sur la loi électorale. Cela est dautant plus vrai quen dehors de cette loi, il y a quand même plusieurs matières importantes qui ont été traitées. Cest le cas de la loi sur les Finances publiques qui est une grande loi de laquelle dépend tout le processus de la décentralisation du pays. On peut donc retenir de cette session la loi électorale, la loi sur les Finances publiques, les lois sur la réforme de larmée et de la justice ainsi que la loi sur la magistrature. Sil faut me résumer, lon peut dire que la session navait pas seulement pour objectif la loi électorale mais cest pour mettre en place tout un arsenal juridique qui devra permettre à la démocratie congolaise daller de lavant.
2. Le Parlement vient de voter la loi sur les Finances. Que dites-vous de sa portée ?
La loi sur les Finances publiques est une loi importante dans la mesure où vous savez très bien que la grande question qui défraie la chronique au niveau des provinces cest la rétrocession de 40%. Donc, il fallait mettre sur pied les principes fondamentaux susceptibles de conduire la gestion des Finances publiques, que ce soit au niveau central, provincial out au niveau des Entités territoriales décentralisées. Et à ce sujet, je dirai quen dehors du fait que cette loi règle quelques problèmes notamment ceux liés à la rétrocession de 40% et à la rétrocession de 40% de 40% aux ETD, elle règle aussi un certain nombre de problèmes en ce qui concerne par exemple la productivité réelle de chaque province pour convenir sur ce qui revient à chaque province. Prenons le cas par exemple de la province du Bas-Congo où se trouve le port de Matadi : on sait que tout ce qui passe par le Bas-Congo et qui va soit en Europe, soit qui revient de lEurope, nest pas consommé par le Bas-Congo. Donc, ça cest un problème qui est réglé dans la loi des Finances publiques. Prenons encore un autre cas, celui de grandes entreprises qui versent leurs contributions à Kinshasa alors que ces entreprises se retrouvent dans lensemble du pays. Pour ce cas aussi, la loi des Finances publiques a réglé la question. Il y a encore un problème, celui qui concerne notamment les recettes pétrolières du Bas-Congo sur la pollution. Il y a par exemple 10% quon va réserver à la province du Bas-Congo pour pouvoir faire face à la pollution. En fait, la loi des Finances publiques constitue une grande avancée dans le processus de la décentralisation, même si cette loi ne va pas être appliquée à sa promulgation de façon intégrale…
3. Croyez-vous que les élections présidentielles et législatives vont devoir avoir lieu dici fin novembre 2011?
Je crois quil ny a pas de doute à cela. Pour moi, les élections auront bel et bien lieu et il ne pourra pas en être autrement sinon la révision constitutionnelle que nous avons faite ne servirait à rien. Je reviens tout de même sur la loi électorale pour noter quau niveau du Sénat, nous navons pas encore adopté cette loi. Le débat na pas encore eu lieu. Vous allez nous suivre. Nous avons un certain nombre de propositions que nous allons faire autour de cette loi parce que, sil est vrai que lAssemblée nationale a abattu un travail appréciable pour doter la République dune loi électorale, nous estimons, par contre, quil y a certaines dispositions qui sont contenues dans cette loi qui méritent dêtre améliorées. Cest pour donner les chances à tous les Congolais daccéder aux charges publiques.
4. Outre Kinshasa, vous passez le plus clair de votre temps à Boma où vous avez installé votre base…
Il est vrai que jai dimportantes activités dans la ville de Boma. Jy ai une grande base que lon peut appeler base électorale. Mais, je dois préciser que mes œuvres nont pas commencé seulement avec mon entrée en politique. Cest depuis toujours que nous essayons daccompagner la population ou de réaliser, pour la population, de grandes œuvres. Ce nest pas à moi de vous le dire. Les gens qui me côtoient, et pas des moindres, savent que je réalise des œuvres avant même que je ne sois en politique. Donc, ce que je fais na rien à voir avec la politique. Je considère cela comme un devoir de tout être humain à qui Dieu a donné quelques talents quil est appelé à mettre à la disposition de ses frères quel que soit le niveau où ils se trouvent et quel que soit le niveau de services. Pour moi, cest une vocation, un appel du Seigneur qui nous demande daller toujours vers son prochain.
5. Est-ce dans le cadre de cette vocation que se situe la visite que vous venez de rendre à vos frères kimbanguistes de Boma ? En tant que fervent croyant catholique, est-ce que vous vous êtes senti quelque peu dépaysé ?
Mais cest grave ce que vous dites. Dépaysé ou fâché pourquoi ? Je suis catholique, je réalise des œuvres partout. Je le fais chez les catholiques comme je peux le faire chez les kimbanguistes parce que jai eu un entretien avec mon évêque, Mgr Mbuka, avant daller chez les kimbanguistes. Il ma encouragé. Il en était même très fier parce quil mavait dit ceci : « Quand vous prenez la parabole du bon Samaritain qui est attaqué par des bandits et que les Juifs ne veulent pas secourir parce quil nest pas de leur tribu, il y a une première personne qui passe sans rien faire. Il y a une deuxième personne qui passe parce que celui-là nest pas de sa tribu. Cette tribu dont parle Jésus cest exactement nos petites divisions confessionnelles. Mais quand vous extrapolez cela dans la vie quotidienne, il y a un autre qui passe, qui sarrête et qui porte secours à ce samaritain. Quest-ce que Jésus dit : qui est mon prochain ? Cest celui-là ». Donc, les œuvres du Seigneur nont pas de couleur.
Par Marcel lutete
PROPOS RECUEILLIS PAR M. LUT. (*) Sénateur