14.06.11 Cela sert-il à quelque chose de mourir pour les Africains ?
C'est l'Afrique. Photo Réveil-FM, archives
Cette image, en réalité dramatique, traduit linconscience des africains du rôle quon leur fait jouer pour se tuer eux-mêmes. Pour les metteur-en-scène nichés à des milliers de kilomètres dans des palais présidentiels ou dans des tours de multinationales œuvrant en Afrique, cette image et ce cri de joie décrit plus haut ont dû faire sourire et faire dire « quel enculé ? On vous a eu ! ».
La route est encore longue pour parvenir à lérection dafricains conscients
Cest dire combien au sein de notre peuple, il y a des gens à qui la déliquescence et la déchéance ne signifient pas grand-chose. Cest dire aussi combien la route est longue pour parvenir à lérection dafricains au fait du monde et aptes à identifier, simplement identifier, les intérêts de notre peuple. Cest triste ! Le spectacle est encore plus désolant lorsquon a vu Nicolas Sarkozy se faire acclamer lors de son passage en Côte dIvoire pour remettre les clés de la maison au chien de garde Alassane Ouattara. Nous ne sommes pas dupes pour savoir la manipulation et lachat de consciences qui se cachent derrière ce type dimages sur lesquelles on trouve les humiliés accueillir en héros leurs bourreaux. Toutefois, voir ne serait-ce quun seul africain acclamer Sarkozy est une initiative idiote de trop. On se souvient dailleurs du discours de Sarkozy à luniversité Cheick Anta Diop de Dakar où il a insulté lAfrique durant des dizaines de minutes sous les acclamations dun public décrit comme lélite de lAfrique. Quelle est cette élite, élite de demain disait-on à lépoque, qui acclame celui qui était venu dans son « je suis venu » christique injurier les africains sur leurs propres terres ? Il ny a quen Afrique que pareille infamie est possible. Bush, essayant de réécrire lhistoire de lIrak devant une presse bien que triée sur le volet, a dû esquiver les chaussures dun journaliste irakien qui nen pouvait plus découter la moquerie de cet envahisseur. C'est toute le contraire qui se produit en Afrique.
C'est encore l'Afrique. Photo Réveil-FM, archives
Que Kwame Nkrumah revienne voir létat des africains
Notre réalité est que nous sommes un pauvre peuple, un peuple mort, un peuple insouciant et indolent dans un monde vivant et agressif. Que Kwame Nkrumah revienne voir létat dans lequel nous sommes. Que Sankara revienne voir les africains. Que Lumumba revienne nous voir. Que Samory, Behanzin, Chaka Zulu, Sekou Touré, Sylvanus Olympio, Steve Biko…reviennent tous voir létat du peuple pour lequel ils ont eu une vie pénible et pour qui ils sont morts pour la plupart, assassinés. Peut-être se demanderont-ils si leur mort avait servi à quelque chose. Le constat est amer et il le sera davantage car beaucoup dafricains habitués à la souffrance ou érodés par linconscience nont pas encore donné le meilleur deux-mêmes pour lacérer lAfrique. Ils nont pas encore donné tout ce dont ils capables pour maintenir lAfrique sous la tonte. Afrique, chère Afrique : tu seras tondue jusquaux os, car certains de tes enfants ont décidé de timmobiliser à cet effet ! Ils ont choisi, par ignorance crasse ou par cupidité étriquée, de timmobiliser comme un cabri pour que les vétérinaires, les maîtres du monde tinoculent non point un vaccin pour te secourir de la mort, mais plutôt des substances létales.
Face à cela, certains ne sont pas restés indifférents ou spectateurs impassibles. Nous avons tenté des choses. Mais la désillusion est immense et au jour le jour la situation se détériore. Les moyens daliénation sont de plus en plus perfectionnés et beaucoup dafricains pris dans les mailles du système louent les outils qui les tuent en réalité. Ainsi, dansent-ils, rient-ils, jubilent-ils face aux bombes et aux actions tutélaires dun Occident égoïste qui enrobe ses intentions dans le carton de lhumanitaire et des droits de lhomme. Dès quun africain démasque ce faux et usage de faux, dautres africains crient au scandale, lui tombent dessus et le combattent à mort. En agissant ainsi, on démontre que cela ne nous pose aucun problème si notre territoire nous échappe totalement et si, à l'instar de la Côte d'Ivoire et de la Libye, l'Occident vient y dicter sa loi.
C'est toujours l'Afrique. Photo Réveil-FM, archives
On ne peut libérer un peuple qui trouve quil est libre
Le fait est quon ne peut libérer un peuple qui trouve quil est libre. On ne peut rien faire face à une majorité dafricains prêts à être contre lanticolonialisme et à proclamer que l'Afrique ne subit rien de la part du monde extérieur. En vertu de cette conviction, des africains sont capables de haïr à mort les leurs qui essaient de leur ouvrir les yeux sur la réalité du monde. Cest-à-dire que dans cette institution dinversion des responsabilités installée par le colonialisme, les africains prennent effectivement leurs ennemis pour leurs plus fidèles amis et leurs seuls amis, leurs pires ennemis. Que faire si une large part de nous-mêmes n'a pas encore compris où se situe notre devoir et comment notre intérêt vital exige d'organiser à partir de nous-mêmes dans un esprit d'ensemble les moyens de résolution de nos difficultés pour la plupart nées de la rencontre de l'Afrique avec le monde extérieur? Autant, il n'y pas de créations sans créateurs, autant il n'y a pas de libération sans libérateurs. A nos enfants, nous dirons donc ceci : nous avons essayé de vous laisser une autre Afrique, une voie en dehors de celle imposée par le colonialisme, nous avons essayé de ne pas vous laisser en héritage le statut de peuple à terre. Hélas ! Nous avons été férocement combattus par beaucoup de nos propres frères et sœurs. Ces derniers se sont opposés à nous plus que les maîtres dont ils sont lémanation et donc des alliés objectifs. Et en matière de combat dun peuple, il ny a pas plus redoutables adversaires que ses propres congénères. Cest ainsi que nous avons dû faire face simultanément à deux fronts : celui de notre propre peuple et celui des loups du monde extérieur. Un front solidement uni par les liens de sujétion, de fascination voire de subjugation que les dominateurs ont exercé et exercent sur la partie la plus arriérée et la plus aliénée de notre peuple.
Les larmes ne sont pas une arme
Même si quelques africains pleurent lécrasement des héros de notre peuple, la vérité est que les larmes ne sont pas une arme face à un monde extérieur qui ne lésine sur aucun moyen pour que lAfrique lui soit éternellement accessible. Si les larmes et les jérémiades étaient la solution, l'homme noir aurait été libéré depuis. Lorsqu'il s'est retrouvé dans les chaînes et dans les cales des négriers, l'homme noir a pleuré, gémi et supplié. En vain.
C'est enfin l'Afrique. Photo Réveil-FM, archives
Il reste donc que beaucoup trop dafricains trouvent quil ny a pas de problèmes là où il y en a massivement, en réalité. Pour eux, le colonialisme c'est fini; même s'il vient de frapper en Côte d'Ivoire et continue de frapper la Libye sous leurs yeux. Même si l'économie africaine fonctionne toujours sur le modèle du pacte colonial avec le franc CFA entre les mains de la France, le colonialisme, c'est fini il y a de cela 50 ans. "L'Afrique est indépendante, elle fait ce qu'elle souhaite depuis 50 ans" et s'il lui arrive de ne pas être en mesure de résoudre ses problèmes, c'est parce qu'elle "refuse le développement" en refusant de mimer l'Occident comme le disait faussement Axel Kabou. Et pour ces africains, il ne sert à rien de mourir. Car, ils sont les premiers à dire que « on te tuera pour rien », « tu vas mourir pour rien » et lorsqueffectivement le moment fatidique arrive, ils disent « aaah, nous tavions prévenu », « tu tes laissé prendre comme un chien », « voilà, tu voulais montrer que cest toi seul qui a compris non, cest bien fait pour ta gueule ». Autrement dit, « tu luttais pour toi-même, pas pour nous ». Donc, tu péris non pas pour nous, africains. Mais pour toi-même!
Au fond, beaucoup d'africains sont non seulement fatigants mais surtout désespérants.
Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des de gens de bien. – Edmund Burke
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Commentaires
1. Le samedi 11 juin 2011 à 15:16, par Sauv
De quel Gbagbo vous parlez? Du valeureux opposant à Houphuet ou du président, qui est resté 10 ans au pouvoir et qui en a commis des erreurs et pas des moindres? A mon humble avis, il a été réduit littéralement à sa plus simple expression, car il a été un dirigeant africain comme tant d'autres
2. Le samedi 11 juin 2011 à 18:01, par Jules
On n'est surement pas libre au sens que nous voyons les autres peuples en dehors de l'Afique sub-saharienne.
C'est qu'il faudra definir en ce moment de l'histoire de l'humanite, c'est de savoir "qu'est ce-qu'etre libre pour un Africain du Sud du Sahara?".
Quand nous aurons defini ce mot, nous arreterons des strategies consequentes pour atteindre cette liberte.
Dans l'entretemps, retenons que l'afrique-du-Sud-du sahara avait rate le coach quand il n'avait pas su se defendre lors des differentes conquetes subies datant de l'invasion des arabes au 9ieme siecle jusqu'au
moyen-age lors de l'expansion de l'Europe. Depuis lors, d'abord nous avons cru qu'en emmigrant on trouverait le salut. On a decoucert tres vite qu'on n'est mieux que chez soi. Et quand chez soi c'est pourri on ne benefie d'aucun respect nulle part ailleurs. Alors, on cherche un nouveau equilibre. Cet equilibre c'est la quete de cette liberte chez soi dont l'auteur ci-haut parle. Voila ou doit se rerouver le debat. Faut-il se considerer comme une extension de l'Europe et trouver sa liberte dans cette logique ou au contraire chercher une independnace absolue sans les moyens de l'obtenir das un monde ou l'on ne se fait pas de cadeau , alors pas du tout de cadeau!!!!Par Juliette Abandokwe
Merci.