27.06.11 L'Observateur – Indice officiel des prix à la consommation des ménages à Kinshasa

Ainsi, cette hausse des prix observée est expliquée par deux facteurs. Il est d'abord fait allusion à l'effet saisonnier non favorable à la culture de certaines légumes (cas de biteku-teku). Ensuite, il y a diverses difficultés d'approvisionnement en produits vivriers par voie fluviale à cause de la baisse du niveau des eaux du fleuve Congo entraînant un ralentissement du trafic fluvial ( cas de maïs sec décortiqué, Mboto fumé, Mongusu fumé). A ce niveau, il faut relever que le marché de change a connaît une poursuite de la stabilité, en raison notamment des actions menées au niveau des politiques budgétaire et monétaire. Le cours de change a évolué globalement dans une fourchette comprise entre 900 et 929 franc congolais/ 1 dollar US.

Naturellement, tous les produits ne se sont pas comportés de la même façon. " Compte tenu de leurs poids, les fonctions ayant plus influencé la hausse de l'indice sont : " produits alimentaires et boissons non alcoolisées " (+2,5%), suite à l'augmentation des prix des postes " pain et céréales "(+1,5%), " légumes "(+4,0%), " poissons et fruits de mer "(+9,0%), " viande "(+0,9%) et " huiles et graisses "(+0,5%) ; " logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles "(+0,4%) ; " transport "(+0,1%) à cause de la hausse du poste " achats de véhicules "(+2,8%) ; " articles d'habillement et chaussures "(+1,5%) ; " enseignement "(+3,8%) à cause de la révision à la hausse de frais scolaires du troisième trimestre dans la plus part des écoles ; " santé "(+10,5%) suite à la hausse des prix des services des hôpitaux (37,8%) ; " restaurants et hôtels "(+0,7%) ; " meubles, articles de ménage et entretien courant de la maison "(+2,7%) ; " boissons alcoolisées et tabac "(+0,2%) ; " loisirs et culture "(+0,5%) et enfin " communication "(+3,6%).

Comme d'habitude, l'INS fournit des détails relatifs aux différentes variations des groupes et quelques postes de dépenses dans un tableau qui présente les résultats de l'indice par fonction de consommation. Ce tableau comprend 12 fonctions de consommation (produits alimentaires et boissons non alcoolisées ; pain et céréales ; viande ; poissons et fruits de mer ; huiles et graisses ; légumes ; boissons alcoolisées et tabac ; articles d'habillement et chaussures ; logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles ; meubles, articles de ménage et entretien courant de la maison ; santé ; transports ; communications ; loisirs et culture ; enseignement ; restaurants et hôtels ; et biens et services divers).

L'inflation importée affecte la formation des prix intérieurs

Il faut relever que l'indice des prix à la consommation rénové de la RDC produit par l'INS est un indice de type Laspeyres qui couvre le consommation des ménages au sens de la comptabilité nationale. Ici la population de référence est constituée de l'ensemble des ménages africains résidant dans la ville de Kinshasa. Il a un panier de la ménagère comprenant 482 variétés suivies dans 373 points de vente répartis sur l'ensemble de la ville de Kinshasa. Tous les points de vente sont pris en compte : marchés, échoppes dans la rue, boutiques, prestataires de services publics et privés, etc. Pour le calcul des indices, l'INS recourt à l'aide d'un logiciel dénommé CHAPO (Calcul Harmonisé des Prix par Ordinateur). En ce qui concerne la méthodologie utilisée, elle est identique à celle appliquée dans 16 autres pays d'Afrique subsaharienne francophone. Cela permet à l'indice des prix de la RDC d'avoir un niveau de comparabilité très fort avec ceux de ces pays africains.

Pour revenir au résultat de l'indice des prix de l'INS du mois de mai 2011, il est en phase avec le constat fait par le Comité de Politique Monétaire (CPM) lors de sa réunion du 17 juin dernier. Il a été fait état d'une hausse enregistrée dans la formation des prix intérieurs. A cette date, en cumul annuel, le taux d'inflation a atteint 11,34 %, et en annualisé 27,49 % contre un objectif annuel de 13 %. Il ressort de l'analyse faite que cette relance de l'inflation n'est pas d'origine monétaire. C'est plutôt le fait d'un facteur exogène, c'est-à-dire de l'inflation importée due au renchérissement des prix des produits alimentaires et pétroliers sur le marché international.

En fait, cette inflation importée est une donnée qu'il va falloir intégrer dans les analyses sur les

variations des prix. C'est un phénomène observé surtout depuis la crise financière internationale de 2008 qui a suscité, par ricochet, une crise alimentaire et énergétique qui a affecté l'économie mondiale. Depuis lors, les prix des produits alimentaires et pétroliers sont constamment en hausse. Lors des réunions de printemps du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale antérieures et de 2011, l'attention des Etats a été particulièrement attirée pour mener des politiques appropriées pour limiter l'impact de cette inflation importée sur les couches les plus vulnérables de la population dont une grande partie des revenus déjà faibles, est affectée aux dépenses alimentaires.

En ce qui concerne la RDC, le gouvernement avait levée dernièrement l'option de rabattre les prix de certains produits alimentaires de base, en réduisant notamment les droits d'entrée au niveau de la douane et en encourageant la production agricole locale pour rendre le pays moins dépendant des importations. La Commission tarifaire de la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) s'était réunie et avait fait des propositions à l'autorité.

Didier Munsala Buakasa

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