29.06.11 L'Observateur – Orientation des instruments de politique monétaire
Dans sa prestation au cours du point de presse organisé au terme de la réunion, le gouverneur Jean-Claude Masangu , qui avait à ses côtés le directeur général chargé de la politique monétaire et des opérations bancaires, Jean-Louis Kayembe, a indiqué que la situation macroéconomique est globalement marquée par un léger recul de l'inflation et la stabilité du Franc congolais (926 à 921 FC/ 1 dollar US pour le taux indicatif de la BCC et 929 à928 FC/1 dollar US au marché parallèle). Et la baisse du taux d'inflation a permis de garantir la marge de positivité du BTR. Cela étant, pour la politique monétaire le CPM a décidé de se donner un temps d'observation en matière d'utilisation d'instruments de la politique monétaire. En d'autres termes, le dispositif en place est maintenu, c'est-à-dire le taux directeur de la BCC reste à 29,5% et le coefficient de réserve obligatoire à 7%. Pour la conduite de la politique budgétaire, le CPM recommande au gouvernement le respect strict du plan de trésorerie du secteur public et le respect des prévisions du budget en devises en vue de réaliser le critère du PEG 2 portant sur les avoirs extérieurs nets.
Interrogé sur les dispositions prises pour lutter contre les pressions inflationnistes en raison de la dernière décision de l'OPEP, J-C Masangu a mis en relief les effets chez nous de l'inflation importée causée par le renchérissement des prix des produits alimentaires importés et du baril de pétrole. Il va falloir, dira-t-il, rester vigilant par rapport à la liquidité en Franc Congolais du côté du Trésor. La BCC va rester vigilante sur le marché de change, pour y intervenir en cas de besoin. Il faut rappeler que l'OPEP avait décidé dernièrement de puiser dans ses stocks stratégiques pour calmer les marchés internationaux de l'énergie et éviter une volatilité des prix.
Maintenir un bas niveau d'inflation
Pourquoi la BCC n'a pas envisagé l'ajustement de son taux directeur en vue d'anticiper sur les pressions inflationnistes futures liées à l'accroissement des dépenses observée au second trimestre 2011 ? Le gouverneur a fait savoir que quand la BCC monte son taux directeur qui sert d'indicatif pour les banques commerciales, cela peut avoir une incidence négative sur l'octroi des crédits. En fonction du taux de croissance projetée en 2011 ; à savoir : 6 %, chacun doit jouer son rôle. En ce qui concerne la BCC, il faut maintenir un niveau d'inflation bas, le taux projeté pour l'inflation est réajusté de 13 à 18 %. Tous les efforts sont faits dans ce sens, mais cela s'annonce d'ores et déjà difficile. Sur le plan monétaire, il faut garder l'économie sur la voie de la stabilité, en maîtrisant le niveau d'inflation. " Il y a un coût à travers le taux d'intérêt et le Billet de Trésorerie (BTR); mais ce qui est visé c'est la stabilité ".
En ce qui concerne les critères de réalisation quantitatifs du PEG2 pour la 4ème revue évoqués ci-haut, J-C Masangu soutient que des efforts sont faits pour respecter les trois critères dont deux sont à la charge de la BCC et un du gouvernement. " A ce stade, tous les trois critères sont respectés. Mais, il faut se mettre à l'abri des mauvaises surprises. Au 30 juin, nous serons dans le bon ". Par ailleurs, le numéro 1 de la BCC a expliqué à la presse l'exercice complexe qui consiste à gérer les finances publiques sur base caisse. Le Trésor est alimenté par les impôts, notamment avec deux acomptes provisionnels et un solde, c'est-à-dire en trois temps. Cela amène aussi la BCC à fonctionner sur base caisse. D'une manière globale, le plus important est que les cibles fixées sont atteintes, a-t-il conclu.
Pour mémoire, la sixième réunion du CPM a eu lieu le 17 juin dernier. La septième réunion est tenue dix jours après celle-ci. Au cours de ces réunions, la conduite et les implications de la politique monétaire et de change sont passées en revue, sans oublier le contexte interne et international dans lequel ces politiques sont exécutées. Des propositions de mesures et des recommandations sont faites à l'Autorité monétaire. La BCC a pour mission principale de concevoir et de mettre en œuvre la politique monétaire du pays dont la finalité reste le maintien de la stabilité du niveau général des prix, par conséquent la lutte contre l'inflation.
Enfin, pour mener la politique monétaire, la BCC dispose de plusieurs instruments (taux directeur, réserve obligatoire et BTR). Le taux directeur de la BCC sert de taux indicatif pour l'octroi des crédits par les banques commerciales. Les mouvements à la hausse ou à la baisse du taux directeur ont des conséquences sur l'investissement et la consommation, par le truchement des crédits. Le taux directeur permet à la BCC de resserrer et d'augmenter la masse monétaire. De façon générale, moins il y a d'argent ; plus son coût, c'est-à-dire le taux d'intérêt, est élevé. Quant à la réserve obligatoire, ce mécanisme oblige toute banque commerciale à déposer des fonds dans un compte non rémunéré à la BCC. Il permet ainsi de stériliser une partie de la liquidité en Franc congolais. C'est un montant de dépôt que les banques commerciales ne peuvent employer librement et donc utiliser pour augmenter les crédits dans l'économie. En augmentant ou baissant le coefficient de réserve obligatoire, la BCC encourage ou pénalise le crédit. La BCC n'utilise pas les instruments de n'importe quelle manière. Elle le fait au terme d'une analyse et évaluation poussée sur base d'indicateurs. Chaque instrument de politique monétaire est spécifique et convient pour une situation donnée. Ci-après le communiqué publié par le CPM.
Didier Munsala Buakasa