Armand De Decker: «Les délires du CNCD!» (La Libre Belgique)

Revenu mardi d'un voyage en République démocratique du Congo, le ministre en charge de l'Aide au développement Armand De Decker (MR) n'a que peu goûté le coup de l'enveloppe belge. Il a enjoint l'organisation non gouvernementale d'ôter son spot de campagne des ondes, sous peine de poursuites judiciaires (une action sur le fond et, éventuellement, une action en référé). « Je ne peux accepter de laisser profaner ainsi les efforts de toute la Belgique en matière d'Aide au développement, réagissait jeudi soir le ministre, qualifiant la campagne du CNCD « de désinformation, de malhonnêteté intellectuelle et de provocation pure et simple». Une ultime tentative de conciliation doit être entreprise ce vendredi pour éviter l'action judiciaire.

Mais le CNCD n'a pas l'intention de bouger d'un iota. Jeudi soir, poussée dans le coin du ring, l'ONG a dégainé le bazooka: « A l'heure du sommet de Tunis (en marge duquel de graves atteintes à la liberté d'expression ont été commises, NdlR), on peut s'interroger sur le précédent que constitue, dans une société démocratique, la menace d'une action en justice contre une organisation non gouvernementale », peut-on lire dans le communiqué diffusé par le Centre national de la coopération au développement. Ambiance…

«Au premier degré»

«C'est du délire », commente encore Armand De Decker. « La loi s'applique à tout le monde, ce n'est pas parce que l'on est une ONG que l'on a le droit de raconter des choses qui sont fausses ». Selon le ministre, l'augmentation budgétaire de l'Aide publique au développement devrait permettre à la Belgique d'atteindre un taux de 0,50pc du Revenu national brut consacré à l'aide fin 2006. Ce taux est passé de 0,40pc en 2004 à 0,45pc en 2005 et la Belgique devrait atteindre l'objectif fixé de 0,7pc en 2010. Le CNCD est financé à hauteur de quelque 430000 euros par l'Etat belge (sur 2,5 millions d'euros de turn-over annuel), sa campagne doit lui permettre de collecter environ un million d'euros pour la participation à des projets de développement.

« C'est notre rôle d'organisation non gouvernementale que de sensibiliser le public belge à la coopération au développement et au respect des engagements internationaux pris par la Belgique », souligne Fouad Lahassaini, directeur du CNCD. « On regrette que le ministre ait choisi une confrontation dont personne ne sortira vainqueur, reprend Benoît Van der Meerschen, secrétaire général de la plate-forme. De Decker est sorti de son rôle et il effectue une lecture du spot au premier degré sans voir l'invitation à la réflexion ». Dans le budget du gouvernement pour l'année 2006, le poste de la Coopération a été fixé à 901 millions d'euros, une augmentation d'environ 12,5pc par rapport à 2005.

© La Libre Belgique – Martin Buxant, 18.11.2005

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