XVII° s. LES CONGOS/ANGOLAS ONT CONTRIBUE A LA FORMATION DES MELUNGEONS

 


Scelle
en 143 pages, l’étude s’articule en quatre chapitres dans lesquels,
l’auteur apprécie, successivement, et pour l’ essentiel, la nature des
relations entre les Européens et les premiers négro-africains en
Amérique du nord au XVII, en insistant sur ces rapports dans la Colonie
de Jamestown, en Virginie, en 1607.

Il aborde, naturellement, la constitution des énigmatiques Melungeons et quelques traces historiques « angolaises » aux EUA.

 

Le
néo-américaniste a joint à son essai deux cartes qui indiquent la
fameuse region Congo/Angola, principale zone d’embarquement des captifs
conduits vers le nord du Nouveau Monde, entre 1619 et 1660, et dont les
destinations privilégiées furent la Virginie et la Nouvelle Amsterdam.

 

Il y a annexe de gravures de Rugendas qui avait estampille de portraits des originaires du Royaume et de la Colonie, une estampe représentant l’élégant Francisco Angola, homme libre dans la principale cite hollandaise du septentrion américain et une photographie d’une famille d’ouvriers cotonniers, prés de Savannah, en Géorgie, vers 1860.

 

Afin
de soutenir son point de vue sur l’intensité du ravitaillement de la
main d’œuvre esclave des deux territoires vers l’Amérique
septentrionale, Fortuna rappelle, pour l’ essentiel, sur la base des
travaux du couple érudit nord-américain, John Thornton et Linda Heywood,
qu’entre 1710 et 1769, 15,7% des captifs introduits en Virginie,
venaient de l’actuel territoire angolais.

 

 

 

MELUNGEONS

 

Quant la Caroline du sud, elle avait enregistre, entre 1733 et 1807, l’installation d’une population niger, dont 39, 6% était originaire des terres des Nzinga.

 

L’un des faits anthropo-biologiques et sociaux, majeurs, de la significative installation en Virginie des congos, mundongos, cassanjes, matambas et benguelas sera, semble-t-il,  leur métissage, soutenu, avec divers groupes d’amérindiens et d’européens ; dynamique qui permettra l’emergence d’une composante humaine assez particulière, les melungeons.

 

Contrairement
à des chercheurs qui supposent une étymologie arabe de cet ethnonyme,
Thornton soutient que le terme est d’origine bantu. Il proviendrait du
vocable malungu, dans son sens fort de compagnon d’infortune et frère de traversée.

 

L’hypothèse bantu est renforcée par le champ sémantique en kikongo et en kimbundu,  qui atteste les termes lungu, ulungu(sing) et malungu (plur), dans le sens d’ embarcation.

 

Le cadre synonymique dans ces deux langues est clair, nlangu ou kalunga signifie une masse d’eau.

 

Le
terme utilise dans le porto, le proto- créole afro- portugais, et qui
sera introduit, au début du XVII eme siècle, dans les plantations
virginiennes, est bien « melungo ». Tout indique que ces malheureux « Portyghee »
abandonnés par un navire sur la cote atlantique ouest, nord-américaine,
étaient constitues d’ibériques aussi bien leucodermes que mélanodermes.

 

 Convaincu par cette hypothèse, Tim Hashaw choisira le terme malungu
pour le titre d’un de ses articles, les plus retentissants, approche
publiée, en 2001, dans la revue de William and Mary College, à Atlanta.

 

Cette
supposition d’une étymologie bantu est confortée par la solide
perpétuation de cette désignation au Brésil. Sa cristallisation en melungeon serait l’effet de l’influence tonale de l’anglais.

 

L’ascendance « angolaise » de certaines familles de ces « mongrels »
(métis) sera supposée par leurs particularités patronymiques. En effet,
on y trouve des noirs s’appelant Emanuel Driggers (Rodriggus), Chavis
et Fernando.

 

Ceux-ci
étaient, souvent, des hommes libres, « compagnons » de colons anglais, à
l’exemple, dans les années 1620, d’Antonio et son épouse Isabella ou de
John Pedro.

 

Ces
communautés « d’hybrides » évolueront en Virginie, en Caroline, au
Maryland, au Delaware, au Kentucky, au Tennessee, a l’Ohio, en
Louisiane, au New Jersey et au Texas.

 

ANGOLOOLISCHEN

 

Plus
au nord, dans la Nouvelle Amsterdam, une dizaine de captifs venus de
l’Afrique centrale, commandés, achetés auprès de corsaires ou embarques a
Sao Paulo de Loanda, occupée par les hollandais, de 1640 a 1648, se
remarqueront, en 1644, par la soumission d’une pétition sollicitant leur
affranchissement. On y remarque les signatures de « noirs néerlandais » tels que Paul d’Angola et Simon Congo.

 

Les registres des baptêmes dans la Nouvelle Amsterdam confirment la présence de ces « angoloolischen slavinnen ». On y trouve de dizaines de van Angola tels que Pallas Negrinne van Angola ou Antony van Angola-Negers.

 

En Virginie, les archives ont conserve de documents sur des familles niger tels que les Cumbo, patronyme, devenu Cambow ou les Longo.

 

Dans
la Colonie britannique de Jamestown, des listes de « portugais » ( ?)
ont été conservées. On y note le couple Congo/Cossongo et une femme
nommée Palassa, anthroponyme très usité parmi les Bantu installes au
nord du Nouveau Monde.

 

L’on
remarque dans les archives que le fils du Gouverneur de Virginie avait a
son service, un négro-africain, visiblement bantu, appelé Ndulu.

 

Les
communautés d’esclaves venus du Ndongo, de Matamba, du Cassanje et des
régions adjacentes s’attacheront à perpétuer le toponyme Angola dans
diverses localités du territoire américain.

 

Des rebelles originaires de ces entités créèrent, dans le delta du Braden, prés de Saint Augustine, en Floride, un véritable « palenque ». Ils imposèrent a ce réduit de liberté le nom d’Angola.

 

Antonio, hommes libre, avec le statut de servant, réussira à acquérir une ferme et y  apposera le nom du pays des Ngola.

 

En
Virginie – cette Angola délocalisée- le titre générique du Roi
Fédérateur, a été attribue, au XVIII eme, dans une réappropriation
d’anthropologie hydronymique dans le Comte de Cumberland, a un cours
d’eau. Aujourd’hui, on y repère une réserve naturelle avec cette
appellation.

 

THE ANGOLITE

 

Le
toponyme Angola est aussi certifié dans diverses localités telles que
dans l’Etat de New York, à Buffalo, ville fondée en 1873, prés du Lac
Erie, et dans l’Indiana, ou on l’a accolé à une ville universitaire.

 

L’Angola,
la plus célèbre aux Etats Unis d’Amérique, est celle que porte le
Pénitencier de l’Etat de Louisiane, crée en 1835, sur une ancienne
plantation, connue, aujourd’hui comme « The Farm » ; et dont la principale publication a pour titre « The Angolite » ( ?).

 

En
vérité, le nom Angola avait fini par signifier, dans les anciennes
colonies et autres territoires de l’Amérique du nord, lutte pour la
liberté. 

 

La grande utilité de la synthèse de Vladmiro Fortuna est d’etre une tentative, version récapitulative, en portugais du « Captive Passage » entre le littoral de la « Cote d’ Angole », celui du Royaume des « Mbanza » et l’Amérique septentrionale.

 

Naturellement,
il reconnait le caractère introductif de son travail ; en croyant que
la recherche sur le sujet évoluera significativement. 

 

En effet, des efforts doivent être faits dans l’étude des survivances linguistiques et anthropologiques bantu aux Etats Unis d’Amérique, sur documents d’archives ou en se fondant sur des pratiques ou traditions actuelles, dans la lignée de Lorenzo Dow Turner, Patricia Jones-Jackson ou Winifred Kellerberger Vass.

 

C’est seulement à ce prix que la composante bantu du melting pot melungeon, pourra être établie.

 

 

Simao SOUINDOULA

Comite Scientifique International

Projet UNESCO “La Route de l’ Esclave

C.P. 2313

Luanda (Angola)

Tel.: + 244 929 79 32 77

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