Un autre pillage minier en cours, et en période électorale! (Pierre Lenga)

L’ affaire s’ est transformée en champ de bataille juridique avec un
dossier d’ arbitrage en Suisse, à la demande de EGMF, et des décisions
judiciaires congolaises. Ce scénario rappelle les affaires récentes qui ont
conduit à la dépossession des titres et installations minières de la canadienne
First Quantum Minerals et de ses filiales KMT, Frontier et Comisa. dans toutes
ces affaires, l' Etat a dilapidé ses avoirs miniers au bénéfice de
sociétés-écran et, comme par hasard, au profit d' un même
prédateur.

Le fait étonnant est que la Gécamines a émis un chèque pour racheter les
60% de EGMF, et elle a fait des offres réelles suivies de consignation au greffe
du tribunal de commerce de Lubumbashi. En effet, si un créancier refuse le
paiement qu’ on lui doit, on peut se libérer en remettant l’argent au tribunal.
Mais cela n’ est pas aussi simple.

Tout d’ abord, la préemption signifie qu'on connaît le prix de vente et qu'
on s' engage à le payer. Apparemment, la Gécamines a fixé unilatéralement le
prix des 60%. Les actions des sociétés ont trois valeurs distinctes: celle qui
représente la participation au capital ( ou valeur nominale), et celle qui
indique les avoirs réels comptables des associés après le calcul des actifs
nets, par une formule de liquidation de l’ entreprise et ensuite la valeur
marchande qui est un prix de cession de gré à gré.

La chose la plus étonnante est que la Gécamines vit un marasme financier
connu par tous, et , subitement, elle aurait des fonds pour émettre un chèque?
La ficelle est trop grosse et il y a nécessairement des gens qui tirent celle
ficelle-là. Actuellement, la Gécamines est en train de liquider ses avoirs. Cela
a été révélé récemment dans un communiqué:

L’ACIDH a appris dans un article de presse publié le 15 juillet 2008
par Bloomberg/MCN, paru dans le site de mediacongo.net, que la compagnie «
Actifs Rowny Ltd », une entité ‘’associée’’ à Dan Gertler, a ‘’récemment’’
acquis 20 % des parts que détenait la Gécamines dans la société minière «
Mutanda Mining ». L’article révèle que « les transactions avaient été révélées
dans une annonce informatique publiée par « Glencore International Plc », lors
de son introduction à la Bourse de Londres en mai » sans pour autant indiquer le
prix des transactions. L’ACIDH invite le gouvernement congolais d’exiger à la
Gécamines la divulgation du contrat et des revenus de la vente de ses actifs
dans la société minière Mutanda Mining et Kansuki Mining et d’interdire à
l’avenir la cession de gré à gré des actifs des sociétés publiques en
transformation en sociétés commerciales, en RDC» conformément à la Matrice pour
la Bonne Gouvernance endossée par le Gouvernement.

La même politique de liquidation a sévi récemment à la Sodimico qui a
revendu tour à tour 70%, puis 30% des mines expropriées à Frontier et Comisa du
groupe First Quantum Minerals. Le pillage actuel consiste à exproprier au
bénéfice de privés. La Sodimico avait eu des mines dont elle s’ est débarrassé
en quelques mois, en les revendant à vil prix.

Dès lors, le scénario de l’ affaire Forrest est déjà écrit. Gécamines a
reçut des fonds de Mr X pour racheter 60% de CMSK à vil prix. Avec la
concentration du capital, la société CMSK est automatiquement dissoute et mise
en liquidation, une nouvelle société sera créée en partenariat avec Mr X.
Ensuite, la Gecamines vendra à Mr X ses participations. La règle est que de A à
Z, l’ Etat perd parce que tout se fait en cachette et à vil prix.

L’ opinion publique devrait s‘ emparer de cette nouvelle opération de
pillage, en période électorale. Cette absence de discrétion indique le haut
degré du cancer qui ronge les institutions.

Pierre Lenga

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