06.09.11 Congo Indépendant – Questions directes à Emmanuel Pay-Pay

Un certain docteur Jean-Pierre Tumba-Longo a fait diffuser récemment son "témoignage" sur le site de l’Apareco. L’homme se présente comme un ancien "médecin-tueur". Il assure avoir travaillé pour les "services" en compagnie d’un confrère nommé Pay-Pay. Sans d’autres précisions. "Mais le Dr Tumba ne travaillait pas seul, et son champ d’action ne se limitait pas à la seule province du Katanga. Il appartenait à un puissant réseau bien fermé qui opérait dans la discrétion absolue. (…). Selon son témoignage, deux médecins étaient les principaux opérateurs, il s’agit du Dr Pay-Pay de la Clinique Ngaliema à Kinshasa et de lui-même le Dr Jean Pierre Tumba-Longo. (…)", peut-on lire notamment. Ancien de Belgique, le docteur Emmanuel Pay-Pay a bien voulu répondre aux questions de Congo Indépendant.

Voulez-vous vous présenter?

Je suis Docteur Pay-Pay Emmanuel. Je suis chirurgien orthopédiste, traumatologue. J’ai obtenu mon diplôme de médecin spécialiste à l’Université Libre de Bruxelles. C’était en 1993.

Vous portez un patronyme célèbre dans le microcosme politique congolais en général et kivutien en particulier. Auriez-vous des liens familiaux avec l’ancien gouverneur de la Banque du Zaïre du même nom?

Il s’agit de mon frère aîné. Inutilement de vous dire qu’il m’a assisté tout au long de mes études et quand j’ai terminé c’est encore lui qui a organisé toutes les cérémonies de mon mariage.

Quel est votre parcours professionnel après vos études de médecine?

De manière schématique : spécialisation en chirurgie orthopédique et pédiatrique à l’ULB Erasme et CHU Brugmann en 1993 avec grande distinction. Début aux Cliniques Ngaliema en mai 1994. 1997 : chef de service de Chirurgie ; 1998 à 2009 : médecin chef du Staff médical; 2009 à ce jour : chirurgien, président du GRIM et de la Médicale Kinshasa Fire Normandie.

Connaissez-vous un médecin congolais répondant au nom de Jean-Pierre Tumba-Longo?

Je ne le connais pas et je n’ai jamais entendu parler de lui jusqu’au jour où il y a deux semaines mon frère "P3" (Ndlr : Pierre¨Pay-Pay) m’a transféré un email contenant un article d’Apareco parlant de ce Monsieur. Je parie que ce fameux médecin ne me connait pas non plus. Si il lui arrivait de lire ma déclaration, je le mets au défi de démontrer le contraire.

L’homme, qui est présenté comme un "médecin-tueur", affirme avoir travaillé pour le compte des "services". Sa mission consistait à "empoisonner", par injection, des détenus ou des malades désignés par certaines officines à barbouzes. Qu’en savez-vous?

Je n’en sais absolument rien!

Jean-Pierre Tumba Longo soutient pourtant qu’il " ne travaillait pas seul". Il cite le nom du docteur Pay Pay sans précisions de prénom ou de postnom. Quelle est votre réaction?

Comme je l’ai dit précédemment, je suis médecin aux Cliniques Ngaliema. Il existe aux Cliniques Ngaliema deux médecins portant le patronyme de Pay-Pay. Il y a moi-même Emmanuel Pay-Pay et mon confrère Joseph Pay-Pay qui est gynécologue- obstétricien. Il est originaire de la Province Orientale. Comme moi, mon estimé confrère n’a pas souvenance d’avoir côtoyé le fameux "docteur-tueur". Et le connaissant bien, je le vois très mal accomplir les actes autant horribles que criminels décrits dans ce "témoignage".

Qui, selon vous, aurait intérêt à vous impliquer dans cette sordide affaire?

Je n’en vois pas d’autant plus que dans le monde médical kinois, je jouis – sans fausse modestie – d’une réputation irréprochable. Une réputation à laquelle je tiens ne fusse que pour le nom que je porte.

Quel en serait, selon vous, le mobile?

Peut-être que le rédacteur de cet article a voulu rendre crédible ses déclarations ou qu’il a un compte à régler avec mon frère. Il suffit de vous référer au Site de P3
(www.pierrepaypay.com) et vous comprendrez que nous ne sommes pas une famille "kabilophile". Si non pourquoi mon frère a-t-il rejeté toutes les offres alléchantes qui lui ont été proposées cinq années durant et ce, depuis 2006. Voudrait-on atteindre mon frère en s’attaquant à moi? C’est la question qui me taraude. Je peux vous assurer que j’ai passées plusieurs années à étudier la médecine pour apprendre l’art de guérir et non de tuer. Je peux vous assurer également que personne ne pourra me faire changer d’avis.

Et pour conclure?

Pour conclure, je dirai qu’il y a une chose – parmi d’autres – dont nous sommes fiers dans notre famille : Nous n’avons pas la conscience chargée par le sang humain.

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2011

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