26.09.11 Le Potentiel – Cinq questions à Banza Mukalay Nsungu

1.Pourquoi êtes-vous encore candidat à la députation nationale ?

Pourquoi suis-je encore candidat en 2011 ? Est-ce par snobisme ? Est-ce par la recherche effrénée des honneurs, des privilèges, des immunités, des facilités pour le business ? Ou tout simplement pour l’argent ?

Représenter le peuple est, pour ma part, une grande responsabilité, une charge dont je mesure l’importance étant donné que j’ai déjà eu le bonheur de le représenter plus d’une fois dans cette même ville de Lubumbashi.

Dans ce monde qui change très vite au point de vue technologique, social, politique et culturel, la maîtrise de certains paramètres de ce changement exige un peu plus de repères. En cela, je crois, par ma modeste expérience de la chose publique, être encore utile dans la préparation et la consolidation de la relève de demain.

2. La politique, c’est quoi pour vous ? Comment est-ce que vous la considérez ?

Je considère la politique comme une vocation, un sacerdoce, un travail au service des autres et du bien commun, et non un travail qui autorise l’accumulation et l’accaparement des biens que d’aucuns appellent, par ailleurs, enrichissement sans cause.

Bref, faire de la politique équivaut, en mon sens, à porter la voix des sans voix. La politique n’est pas du théâtre de chez-nous, c’est la vie des millions et des millions de femmes et d’hommes qui est en jeu.

Par la politique, on peut unir ou diviser un peuple. Par la politique, on peut instaurer la paix ou provoquer la guerre ; on peut construire ou détruire. D’où nécessité d’un degré élevé de sagesse et de responsabilité.

Dans ce monde en perpétuel mouvement, un représentant du peuple doit être à même de contribuer tant soit peu aux réflexions touchant à la vie de notre société. Par exemple, comment préparer l’après-cuivre ? Comment réduire le chômage des jeunes ? Comment réduire la déperdition scolaire, comment, comment… ?

3. Comment se décline, selon vous, le rôle d’un député ?

La contribution du député à la vie de la Nation, par l’élaboration des lois et le contrôle de l’action de l’Exécutif, est à ce point important. En effet, un député est celui qui pose courageusement et de manière claire les préoccupations de la population à l’Etat, et capable de convaincre celui-ci à y apporter des solutions appropriées. Un député n’est pas celui qui promet de se substituer à lui, car personne ne peut avoir des moyens plus que l’Etat.

Ainsi, la distribution des pagnes, des polos, en cette période électorale s’apparente fort à l’achat de consciences que ma conscience m’interdit.

4. Devant quel genre de choix le peuple se trouve-t-il aujourd’hui ?

Aujourd’hui, le peuple est devant un choix crucial, même cornélien. Le choix entre la liberté, la dignité de l’homme et l’acceptation de l’exploitation de sa misère par la puissance de l’argent. Le choix entre l’expérience, la maturité et l’amateurisme. Le choix entre ceux qui veulent vraiment le servir et ceux qui veulent s’en servir, pour l’asservir. Le choix entre ceux qui ont un idéal politique et ceux qui font la politique par procuration, parce que payés pour ça. Le choix entre ceux qui ont la foi en politique et les opportunistes qui, une fois les suffrages obtenus, changent des numéros d’appel et disparaissent dans la nature, jusqu’aux prochaines élections. Le choix entre les bons représentants du peuple et les mauvais représentants.

Le choix entre ceux qui adorent l’homme et l’argent et ceux qui adorent Dieu du ciel.

5. Il s’agit donc d’un choix crucial…

Comme je l’ai dit, le peuple se trouve effectivement devant un choix cornélien. Le choix entre ceux qui, dans tous les domaines, banalisent la corruption et la tricherie, et ceux qui croient encore à l’éthique morale, à la différence du bien et du mal.

Le choix entre la politique-spectacle, et la politique sereine, apaisée, réfléchie, respectueuse de la dignité de l’homme.

Bref, c’est le choix entre la lumière et l’obscurité. Le choix entre ceux qui considèrent l’argent comme une finalité et ceux qui ne le considèrent que comme un moyen.

Le choix entre ceux que l’argent facile rend arrogants et méprisants et ceux que l’expérience de la vie a rendu sages et humbles. Le choix entre ceux qui, pour l’argent, peuvent aisément tuer une femme, un enfant, un frère, une mère et ceux pour qui il y a des liens que l’argent ne peut ébranler.

Le choix entre ceux qui cultivent la haine à tout vent et ceux qui sèment l’amour, la cohésion et le pardon.

Par Marcel lutete

Député national, Président de l’Union pour le développement du Congo (UDCO)

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