22.11.11 Mbusa Nyamwisi croit encore à un candidat unique de l’opposition

Mbusa Nyamwisi croit encore à un candidat unique de l’opposition

Dans une interview accordée à Radio France International (RFI), Antipas Mbusa Nyamwisi, candidat à la présidentielle du 28 novembre, croit encore au patriotisme des candidats à la présidentielle de l’opposition pour sortir un candidat unique, …à quelques jours de la fin de la campagne. Il a déclaré qu’il applaudirait si les candidats pourraient se mettre d’accord sur la candidature d’Etienne Tshisekedi avec pour Premier ministre Vital Kamerhe. Au cours de cette interview avec Christophe Boisbouvier, il explique encore pourquoi il a pris des distances avec le pouvoir actuel, tout en craignant des fraudes lors de la présidentielle du 28 novembre.

Christophe Boisbouvier : Antipas Mbusa Nyamuisi, bonjour.

Antipas Mbusa Nyamuisi : bonjour.

En 2006, vous avez appelé à voter Joseph Kabila ; puis vous avez été son ministre des Affaires étrangères pendant plusieurs années. Pourquoi vous avez rompu avec lui ces derniers mois ?

C’est parce qu’après avoir expérimenté avec lui la gestion du pays pendant cette législature qui s’est terminée, j’ai cru je ne pouvais pas lui accorder un chèque en blanc pour la législature qui vient.

Oui, mais vous êtes resté près de 5 années avec lui après sa dernière élection.

Mais justement, ça veut dire que j’ai pris une action en connaissance de cause.

Est-ce que c’est vous qui avez pris cette décision tout seul ou est-ce que ce sont vos électeurs Nande de votre fief de Beni Butembo qui vous ont poussé à prendre cette décision ?

Il n’ya pas que ces électeurs. Je ne suis pas que Nande, je suis Congolais. Je dois vous dire que depuis bien longtemps, j’ai eu des discussions franches avec le président de la République pour lui dire que nous étions en rupture avec l’opinion publique qui nous avait beaucoup portés en 2006 à la suite d’une gouvernance qui n’intégrait pas les attentes réelles de ce peuple.

Mais depuis 5 ans, tout n’est pas négatif. Est-ce qu’il n’y a pas des routes, des hôpitaux qui ont été construits ?

Vous savez à l’échelle du Congo, on ne peut pas évaluer ce qui est positif à la construction d’un hôpital seul. Est-ce que vous savez que dans ce pays, il n’ y a pas un hôpital qui a un appareil IRM. Il faut voir comment sont les centres hospitaliers de ce pays où les Congolais se font soigner.

Et quand vous avez parlé au Président en tête-à-tête pour lui dire que les électeurs partaient, comment a-t-il réagi ?

Mais, je ne sais pas s’il faille entrer dans le détail. Ce passé-là, il est déjà passé. Je suis en rupture avec lui, parce que je pense que ce n’est plus lui qui doit pouvoir nous diriger. C’est pourquoi je deviens très proche avec tous ces vieux : Tshisekedi, Kamerhe, Kengo et tous les autres pour rechercher des voies et moyens d’organiser une alternance crédible.

Justement, depuis quelques semaines, vous êtes l’arbitre infatigable des conflits entre les candidats de l’opposition, mais vous n’arrivez pas à les convaincre de se ranger derrière une candidature unique. Est-ce que vous êtes amer après cet échec ?

On continue, parce qu’on a connu pire dans ce pays, tant que les élections ne sont pas tenues. On espère qu’en dernière minute, probablement, un esprit patriotique puisse habiter chacun de ceux qui pensent qu’il faut organiser une alternance dans ce pays et se mettre ensemble, parce que, si on veut vraiment gagner, il est clair que nous devons nous mettre ensemble. En ce moment-là, on est sûr qu’il y a une alternance qui s’organise et qu’en fait on peut mettre en place un programme qui intègre les préoccupations de ce peuple.

A qui la faute : à Tshisekedi, à Kamerhe ou à Kengo ?

Non, je ne peux pas me permettre d’accuser les gens avec lesquels je travaille, avec lesquels j’espère pouvoir obtenir une issue qui puisse donner une chance réelle à une alternance dans ce pays, sinon chacun pourrait rester candidat. Je ne pense pas que même dans cette hypothèse que le président Kabila soit premier, non. Je suis bien au courant de ce qui se passe dans le pays, mais il est plus logique, plus rationnel de se mettre ensemble autour d’une candidature commune et d’un programme commun.

On met beaucoup de choses sur le dos de Tshisekedi. Mais est-ce que Kamerhe et Kengo ont fait vraiment tout ce qu’ils pouvaient pour qu’il y ait un candidat unique. Est-ce qu’ils n’ont pas péché par excès d’ambitions, eux aussi, par exemple ?

Monsieur Boisbouvier, je pense qu’à ce stade, ces questions-là ne m’aident pas à obtenir ce que je souhaite, parce que je pense et je crois que beaucoup de Congolais pensent qu’il faut que nous nous mettions ensemble pour gagner. On a besoin pour ce faire de ceux-là qui jouent un rôle clé dans la vie congolaise maintenant. Il s’agit bien de Tshisekedi, de Kengo, de Kamerhe, de Nzanga Mobutu, de moi-même, de Kashala, de Kakese et d’autres.

Dans la formule candidat unique, certains proposent l’idée que ce soit Tshisekedi et que Kamerhe soit l’éventuel Premier ministre du président Tshisekedi. Qu’est-ce que vous en pensez ?

J’applaudirai si on arrive à une formule comme celle-là qui met tous les acteurs clés ensemble et d’autres, parce qu’en ce moment-là, la victoire est certaine et on peut être sûr de mettre en place une gouvernance qui puisse répondre aux attentes du peuple. Et encore, d’expérience, nous savons qu’un pouvoir plus ou moins partagé comme celui-là offre plus de chance à ce pays que celui ou une tendance gagne-tout. On a vu – j’ai été dans la transition – je suis à même de vous dire qu’elle a fonctionné mieux que ce qui est venu après.

Vous qui avez été au cœur du pouvoir pendant près de 5 ans, est-ce que vous pensez que Joseph Kabila laissera la Céni organiser une élection transparence ?

Je souhaite qu’elle le fasse, cette Céni-là. Mais la manière dont j’ai vu les choses fonctionner, ça m’a donné l’impression qu’on voulait gagner les élections autrement. Parce que, si on voulait gagner une élection normalement, on serait à l’écoute de ce peuple. On ne peut pas avoir fermé toute la raison aux demandes fortes du peuple et espérer gagner une élection.

Vous craignez la fraude ?

Bien entendu. Je pense que les personnes que j’ai vues fermer la raison à toute autocritique, à tout esprit critique, ne pensent pas gagner une élection normalement.

Est-ce que la Communauté internationale a déjà voté ?

Je ne pense pas qu’elle ait déjà voté. Je sais que ce peuple a besoin d’être gouverné autrement.

Beaucoup disent que les Français, les Américains soutiennent Kabila. Vous n’êtes pas d’accord ?

Je ne pense pas qu’ils aient intérêt à le soutenir. Vous savez que la Monuc [actuellement Monusco, NDLR] est là depuis 1999 et jusqu’aujourd’hui ils sont toujours là et c’est un budget des autres Etats. Il faudra que cette somme soit investie autrement. On ne peut pas rester un Etat-bébé.

Antipas Mbusa Nyamuisi, merci.

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