14 12 11 Afrkarabia : "Il faut une contre-expertise des résultats" pour Thierry Vircoulon d'ICG
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Afrikarabia : Thierry Vircoulon, vous êtes actuellement à Kinshasa pour
l'International Crisis Group, quelle est la situation en RDC, 5 jours
après l'annonce de la réélection de Joseph Kabila ?
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Thierry Vircoulon : A Kinshasa, les quartiers qui ont voté pour
l'opposition ont un peu la gueule de bois aujourd'hui. Les quelques
tentatives de manifestations dans l'Est du pays ont été étouffées dans
l'oeuf par les forces de sécurité qui ont maintenant une technique bien
rodée pour empêcher tous rassemblement. Au Katanga, il y a des débuts de
représailles sur les Congolais originaires du Kasaï, ce qui était
malheureusement attendu. Nous sommes actuellement dans une deuxième
phase, après les élections, dans laquelle l'opposition cherche une
stratégie pour rebondir. L'UDPS semble nourrir des espoirs auprès de la
communauté internationale… des espoirs qui ne sont pas forcement
fondés. Et si ces espoirs sont déçus, il n' y aura pas 36 choses à
faire…
– Afrikarabia : Vital Kamerhe a déposé au nom de
l'opposition, un recours devant la Cour suprême congolaise, avec un
dossier très complet sur les nombreuses irrégularités du scrutin. Que
peut-on attendre de ce recours ?
– Thierry Vircoulon :
Strictement rien ! Absolument rien ! L'opposition le sait, mais veut
tout de même jouer la carte de la légalité.
– Afrikarabia : Etienne
Tshisekedi a en effet qualifié la Cour suprême "d'officine privée au
service de Kabila". Comment désamorcer alors la crise politique qui se
profile ?
– Thierry Vircoulon : La solution est toujours
la même pour International Crisis Group : il faut de la transparence et
donc une contre-expertise des résultats. Ce que voudrait l'UDPS, c'est
qu'une équipe internationale vienne sur place pour contre-vérifier les
résultats. La question étant de savoir, quelle organisation peut faire
cela ? Le centre Carter qui a déjà beaucoup travailler sur ces élections
pourrait le faire, mais cela dépend évidemment de la position
américaine. Ce jeudi au Sénat américain, il y a une audition sur la RDC.
Selon moi, ce serait une bonne chose. Mais pour cela, il faudrait une
grosse pression politique extérieure sur le président Joseph Kabila. Les
américains, l'Union européenne et l'Union africaine doivent être
d'accord sur la question…. et ce n'est pas sûr. Il faut ensuite ne pas
relâcher la surveillance sur les résultats des élections législatives
qui ont été un peu occultées par la présidentielle.
– Afrikarabia : Cette contre-expertise est-elle difficile à réaliser ?
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Thierry Vircoulon : Non ce n'est pas très compliqué techniquement. Par
contre, c'est compliqué politiquement Il ne s'agit évidemment pas
d'aller recompter tous les bulletins de vote. L'opposition a déjà
construit un gros dossier sur le sujet, avec de nombreux cas précis
d'irrégularités. Les partis politiques d'opposition peuvent le faire,
mais il serait intéressant qu'une expertise soit réalisée par un tiers
indépendant… que ce soit le Centre Carter ou une autre organisation
spécialisée dans les élections. Mais politiquement, c'est complexe. Le
gouvernement congolais joue beaucoup sur la montre en espérant que la
contestation va diminuer. Ce que l'on peut tout de même dire, c'est
qu'après les rapports du Centre Carter, de l'église catholique et de
l'Union européenne qui ont tous dénoncé les résultats de la Commission
électorale (CENI), Joseph Kabila est aujourd'hui un président mal élu.
Il risque d'y avoir peu de gens importants à son investiture du côté des
bancs occidentaux.
– Afrikarabia : Comment peut évoluer la situation ?
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Thierry Vircoulon : Si actuellement, la situation sécuritaire semble
tenue, l'année 2012 ne s'annonce pas bien en RDC. Les processus
électoraux bâclés qui aboutissent à une impasse politique, on voit ce
qui cela donne au Burundi aujourd'hui et en Centrafrique. S'il n'y a pas
de problèmes tout de suite, il y a des problèmes plus tard. Au Burundi,
il n'y a pas eu de violences juste après les élections, mais deux mois
plus tard, la tension est montée crescendo.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD
Photo : Thierry Vircoulon à Paris en octobre 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com