27.12.11 L'Observateur – Nouvel assouplissement de la politique monétaire
Le taux directeur de la BCC baisse de 24,5 % à 20 %
Au terme de sa réunion du vendredi 23 décembre sous la présidence du gouverneur de la BCC, Jean-Claude Masangu, le Comité de Politique monétaire (CPM) a décidé de baisser le taux directeur de la Banque Centrale du Congo de 4,5 points. Pour mettre en œuvre une politique monétaire correspondant à ses objectifs, la Banque Centrale du Congo dispose de plusieurs instruments (le taux directeur, la réserve obligatoire, le billet de trésorerie,…). C'est, entre autres, sur base du taux directeur de la BCC que les banques commerciales fixent leur taux d'intérêt pour l'octroi des crédits. Au fait, les taux d'intérêt jouent un rôle important dans une politique monétaire. En les baissant et en les augmentant, il y a des effets sur l'investissement et la consommation à travers les crédits. Ainsi, la Banque Centrale du Congo (BCC) exerce une influence sur les taux d'intérêt, elle relaxe ou resserre la masse monétaire. En baissant le taux directeur, la BCC garde toutefois une marge de positivité de 4,6 % et anticipe sur 2012. Car en fin d'année et en janvier, il est observé souvent un phénomène cyclique de perturbations sur le marché de change. " La BCC est prête à vendre la devise si c'est nécessaire pour anticiper sur les perturbations cycliques ", promet le gouverneur J-C Masangu qui se veut rassurant
Moins, il y a de l'argent plus son coût, c'est-à-dire le taux d'intérêt, est élevé. Fort de la baisse observée du taux d'inflation et de la consolidation de la stabilité macroéconomique, le CPM a décidé le week-end dernier cette baisse du taux directeur de la BCC qui passe ainsi de 24,5 % à 20 %, soit une baisse de 4,5 points.
En octobre dernier déjà, le CPM avait baissé le taux directeur de la BCC de 29,5 % à 24,5 %, en raison toujours de la baisse de l'inflation. " La baisse du taux directeur de la BCC va avoir un impact sur les coûts opérationnels de la BCC et donner un coup de pouce aux banques commerciales pour augmenter leur volume de crédits à l'économie. Et par ricochet booster la croissance économique ", a précisé Jean-Claude Masangu. La croissance en 2011 sera de 6,9 %, plus que 6,5 % prévu.
Pour la mise en œuvre de la politique monétaire, celle-ci a été assouplie au second semestre après un resserrement au début de l'année. Le taux d'intérêt de la BCC était de 22 % à fin décembre 2010. Il sera ajusté à la hausse à 29,5 % en janvier 2011 en raison de l'accroissement du taux d'inflation. Mais, il sera revu deux fois à la baisse d'abord à 24,5 % en octobre, puis à 20 % le week-end dernier. Selon Masangu, le bilan de la politique monétaire est largement positif par rapport aux cibles (stabilité macroéconomique, taux de change, base monétaire,….). L'objectif en 2012 est de baisser encore le taux directeur de la BCC et de maintenir la stabilité de la monnaie nationale.
Le moins que l'on puisse dire est que la maîtrise de l'inflation est une réalité. " En considérant la tendance actuellement observée, le taux d'inflation à fin décembre devrait se situer autour de 15,4 %, soit un niveau inférieur au taux cible du PEG II ". C'est en ces termes que le gouverneur de la BCC s'est réjoui de l'embellie sur le marché des biens et des services en ce qui concerne le rythme de formation de prix. Pour rappel, la cible annuelle pour le taux d'inflation dans le Programme Economique du Gouvernement (PEG II) appuyé par la Facilité Elargie du FMI, est de 17 %. Terminer l'année 2011 en beauté avec un taux d'inflation de 15,4 %, serait une performance. Pour les perspectives de 2012, Jean-Claude Masangu affirme que l'objectif de la BCC est d'avoir un taux d'inflation à un chiffre, soit 9,9 %.
Quid de la 4ème revue du PEG II ?
Par rapport à la politique de change, en 2011 la BCC n'a pas pu améliorer le niveau de ses réserves de change. Elle a toujours des réserves chiffrées à 1,3 milliard de dollars, soit 8 semaines d'importations, comme en 2010. Le souhait exprimé est d'améliorer le niveau de réserves internationales en 2012 et de les porter à 1,5 milliard de dollars US. A en croire J-C Masangu, les réserves de la BCC n'ont pas pu être améliorées en 2011 en raison d'un service de la dette plus que prévu de 85 millions de dollars US. Par ailleurs, il faut prendre en compte la quatrième revue du PEG II restée en suspens jusque là. La non conclusion par le FMI de cette revue pour la période allant du 1er janvier au 30 juin 2011, prive la RDC d'une tranche d'environ 80 millions de dollars US d'appui à la balance de paiement. La BCC a aussi financé les dépenses électorales de la RDC, d'autant plus que certains partenaires n'ont pas honoré leurs promesses d'assistance pour le processus. En outre, elle a vendu et acheté la devise sur le marché.
A propos des critères quantitatifs du PEG II, le CPM s'est félicité du respect de tous les principaux critères quantitatifs du programme, notamment le plancher des avoirs extérieurs nets, ainsi que le plafond des avoirs intérieurs nets et du crédit net à l'Etat. Le suivi rigoureux de tous les critères quantitatifs est recommandé par les membres de cette instance d'orientation et de décision de la politique monétaire qui regroupe les experts de la BCC ainsi que ceux provenant de la présidence, de la primature, des ministères des Finances et du Budget, pour une meilleure coordination des politiques budgétaire, monétaire et de change.
En ce qui concerne le marché de change, il est mis en relief la stabilité observée en 2011, contrairement aux anticipations de nombreux agents économiques. " Comparé au niveau observé à fin 2010, le cours de change de la monnaie nationale par rapport au dollar américain a connu une appréciation notable, respectivement de 1,2 % pour le cours indicatif, de 2,1 % pour le cours libre et de 2,9 % pour le cours parallèle ", a indiqué le gouverneur J-C Masangu Mulongo.
A quelques jours de la fin de l'année 2011, le CPM a examiné la situation macroéconomique du pays en général. Il ressort que l'activité économique est restée soutenue. Les marchés des biens et services ; de change et monétaire, sont restés stables. Et cela malgré les incertitudes internes et externes, induites par le contexte électoral et les turbulences économico financières qui secouent les économies des principaux pays partenaires de la RDC.
Enfin, interrogé sur les propos de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, sur RFI affirmant que pour la conclusion de la 4ème revue du PEG II le FMI tiendra compte notamment des progrès dans le processus électoral en cours, J-C Masangu répond. " La 4ème revue aurait dû être déjà conclue. Cela ne l'a pas été. Et pourtant sur le plan technique, tous les principaux critères quantitatifs ont été respectés. Pour la 5ème revue, au 31 décembre 2011 tous les critères seront respectés. On ne change pas les règles du jeu….Au regard des élections couplées du 28 novembre, si on attend un gouvernement issu de la majorité, c'est normal. C'est ce qu'ils font d'habitude au FMI. On attend un gouvernement qui va confirmer si le PEG II continue ou on fait autre chose. C'est tout à fait normal. C'est comme quand on avait changé de premier ministre ; il fallait une confirmation. C'est dans les règles du jeu ". Au cours de la réunion du CPM, il a été aussi question de la présentation de l'étude sur l'application de la règle de Taylor pour la détermination du taux directeur de la BCC.
Didier Munsala Buakasa