28.12.11 Le Potentiel – Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko
1.Président de lUnion du Congo (UC), porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), vous avez préféré vous présenter sous la bannière « indépendant » aux récentes élections législatives en RDC. Pourquoi ce choix ?
Ce choix est dû avant tout aux difficultés que nous avons rencontrées au regard de ladministration congolaise pour faire enregistrer le RDPC comme parti politique à part entière. Par ailleurs, certains partis dopposition nont pas été forcément enthousiastes dans léventualité dun partenariat avec des candidats venus de lextérieur. Ainsi voyaient-ils en eux, dans la plupart des cas, de potentiels adversaires. Je reste convaincu que seule une meilleure synergie entre les Congolais de lintérieur et de létranger permettra lémergence dune opposition crédible en vue dune alternative politique au profit du peuple.
2. Comment sest déroulé le double scrutin du 28 novembre dans votre circonscription de Madimba (Bas-Congo) ?
Jaimerais dabord dire que mon choix de me présenter à Madimba vient du fond du cœur. Et les Madimbadiers mont adopté avec enthousiasme. Par exemple, daprès les résultats provisoires, deux députés sortants kabilistes sur trois seraient battus au profit des candidats de lopposition. Mais cela ne signifie pas forcément linexistence dimperfections dans le déroulement du scrutin, celui-ci ayant brillé, comme dans le reste du territoire national, par le manque de transparence surtout dans les centres locaux de compilations. Jen veux pour preuve la suspension momentanée des travaux de collecte des résultats dans ces centres. Je tiens surtout à rappeler linjustice qui a prévalu dans le traitement de linformation, les candidats de la majorité présidentielle ayant officieusement bénéficié des données capitales de la part de la CENI plusieurs jours avant ceux de lopposition qui ont souffert du retard de linformation officielle. Ainsi ces derniers étaient-ils handicapés dans larticulation concrète de leur campagne. Il y avait donc deux poids deux mesures dans le traitement des candidats. Cette attitude peu catholique na pas concerné que le seul territoire de Madimba. Si les Madimbadiers ont réellement voulu le changement en plébiscitant les candidats de lopposition aussi bien à la présidentielle quaux législatives, force est de constater que leur choix sest fait sur la base du clientélisme et non du programme électoral. Je déplore le manque du débat didées lors de ce double scrutin. Dans le territoire Madimba, je suis lun des rares candidats, sinon le seul, à avoir fait des propositions audacieuses pour le changement. Mais cela était insuffisant, car jai refusé de madonner à la démagogie et doffrir de largent en échange du suffrage. Je ne regrette pas davoir adopté un comportement républicain, dans la mesure où le processus électoral devrait aussi permettre la conscientisation du peuple en vue de lévolution des mentalités.
3. Quel bilan dressez-vous de ces élections au plan national ?
Du point de vue national, triste constat, on a assisté au degré zéro de la pratique politique en République démocratique du Congo. Aucun débat contradictoire na eu lieu entre les onze candidats à lélection présidentielle, même sil sest agi dun scrutin à un seul tour. Pis encore, lors des passages de chaque candidat à la télévision, conformément aux directives du Conseil Supérieur de lAudiovisuel et de la Communication (CSAC), quelques prétendants, et non des moindres, ont préféré se faire représenter alors quil était question dune élection dont la spécificité résidait dans le fait quun individu se présentait face au peuple en vue dobtenir son suffrage. Je mattendais à ce que les prétendants à la magistrature suprême livrent aux électeurs un programme détaillé et chiffré, plutôt que dessayer de sadonner à ce genre dexercice à loccasion de la prestation de serment. On a tout simplement assisté à une escroquerie politique. Mes impressions délections seront publiées dans un ouvrage, « Un Parisien à Madimba », qui paraîtra prochainement.
4. Que pensez-vous de la controverse suscitée par la réélection de Joseph Kabila ?
Force est de constater que la réélection du président Kabila est contestée par une opposition qui est représentative de plus de 50 % des électeurs. Les appréciations de la communauté internationale nont fait que conforter son caractère illégitime, laissant ainsi la possibilité au peuple congolais dorienter autrement son destin. Encore faut-il que les Congolaises et les Congolais de lintérieur aient le courage demboîter le pas à leurs compatriotes de lextérieur qui ne cessent de dénoncer à cor et à cri ce quils considèrent comme un hold-up électoral.
5. Quel regard portez-vous sur le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ?
Dans lensemble du processus, je ne pense pas que la CENI a été à la hauteur de la tâche qui lui avait été impartie. Je lui reconnais un seul mérite, celui davoir voulu reporter de quelques mois le calendrier électoral. Cela aurait au moins permis déviter la parodie délections que lon vient doffrir au peuple congolais et à la communauté internationale en guise de spectacle.
Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France
(*) Président dUC et porte-parole du RDPC/France. Candidat à la députation nationale.