Turbulences en perspective pour l’économie mondiale

La
crise de la dette souveraine en Europe, qui a pris une tournure
inquiétante en août 2011, coïncide avec un ralentissement de la
croissance dans plusieurs grands pays en développement (Brésil, Inde
et, dans une moindre mesure, Russie, Afrique du Sud et Turquie).
Celui-ci résulte surtout des mesures de resserrement mises en place fin
2010 et début 2011 pour contrer la montée des tensions inflationnistes
découlant d’une croissance trop rapide.

Par conséquent, on table,
pour les pays en développement, sur une croissance de 5,4 % en 2012,
ce qui constitue leur deuxième plus mauvaise performance sur les dix
dernières années. La Banque mondiale a également révisé à la baisse ses
anticipations de croissance dans les pays à revenu élevé, laquelle
s’établirait à 1,4 % en 2012, et plus particulièrement à – 0,3 % dans
les pays de la zone euro.

Du fait du ralentissement de la
croissance, les échanges commerciaux mondiaux, dont l’essor en 2011 est
estimé à 6,6 %, ne progresseront que de 4,7 % en 2012, avant de
remonter à 6,8 % en 2013.

La crise de la dette dans la zone
euro a suscité une aversion pour le risque qui s’est propagée aussi bien
aux pays en développement qu’à d’autres pays à revenu élevé. Les
rendements de la dette souveraine des pays en développement ont cédé
117 points de base, en moyenne, entre fin juillet 2011 et début
janvier 2012, tout comme ceux de la plupart des pays de la zone euro,
dont la France (86 points) et l’Allemagne (36 points), mais aussi hors
de la zone euro, à l’instar du Royaume-Uni (18 points).

Les flux
de capitaux en direction des pays en développement ont accusé une
baisse sévère, les investisseurs ayant retiré des sommes considérables
des marchés de ces pays au second semestre 2011 : les flux bruts vers
ces pays ont alors plongé à 170 milliards de dollars, ce qui représente
seulement 55 % des 309 milliards de dollars reçus pendant la même
période en 2010.

Les marchés boursiers des pays en développement
ont perdu 8,5 % de leur valeur depuis la fin juillet. Cette situation,
conjuguée à la baisse de 4,2 % des marchés boursiers des pays à revenu
élevé, s’est soldée par 6 500 milliards de dollars de perte de
richesse, soit 9,5 % du PIB mondial.

Les Perspectives de
la Banque mondiale invitent instamment les pays en développement à être
prêts à affronter de nouveaux risques de dégradation, tant qu’il est
encore temps : ces derniers doivent évaluer leurs vulnérabilités et se
préparer aux aléas en préfinançant leurs déficits budgétaires, en
donnant une place prioritaire aux filets de protection sociale et aux
dépenses d’infrastructure afin d’assurer leur croissance à long terme,
et en soumettant leurs banques à des tests de résistance de façon à
éviter la survenue de crises bancaires nationales.

Les annexes
régionales du rapport offrent une analyse approfondie des perspectives
de chaque région en développement, identifiant les risques et
vulnérabilités spécifiques à chacune et formulant des recommandations
générales d’action publique destinées à atténuer les effets d’une crise
qui, d’après les Perspectives, n’épargnera personne.

La croissance du PIB dans la région Asie de l’Est et Pacifique,
affectée par les inondations en Thaïlande et les turbulences en
Europe, a ralenti, selon les estimations, à 8,2 % en 2011, et devrait
encore se tasser, à 7,8 %, en 2012 et 2013. La croissance chinoise,
estimée à 9,1 % en 2011, devrait descendre à 8,4 % en 2012.

La croissance de la région Europe et Asie centrale
ressort, selon les estimations, à 5,3 % en 2011. Néanmoins, en raison
du ralentissement attendu dans les pays d’Europe à revenu élevé, des
tensions inflationnistes toujours préoccupantes dans la région et du
recul des flux de capitaux dû à la crise de la zone euro, la croissance
régionale risque de fléchir à 3,3 % en 2012, avant de se redresser à
4,3 % en 2013.

La région Amérique latine et Caraïbes
a enregistré une croissance estimée à 4,2 %, mais qui devrait se
tasser à 3,6 % en 2012, avant de remonter à 4,2 % en 2013. Le
ralentissement de la croissance mondiale, l’incertitude découlant de la
crise de la dette dans la zone euro, la croissance moins vive en Chine
et la décélération de la demande intérieure induite par la politique
publique sont autant de facteurs qui pèsent sur les perspectives
économiques régionales.

Les bouleversements politiques dont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord
sont le théâtre ont fortement, quoique ponctuellement, perturbé
l’activité économique de la région, tandis que la dégradation de
l’environnement extérieur a freiné la croissance à un rythme estimé à
1,7 % en 2011. Celle-ci devrait rester modérée en 2012 (2,3 %), avant
de remonter à 3,2 % en 2013.

La croissance du PIB de l’Asie du Sud
a décéléré en 2011 pour s’établir à 6,6 %, sous l’effet du
ralentissement marqué constaté en Inde au second semestre, ainsi que
d’autres facteurs contraires extérieurs. La croissance du PIB de la
région devrait encore reculer en 2012, à 5,8 %, mais se redresser en
2013, à 7,1 %.

En Afrique subsaharienne, la
croissance est restée robuste en 2011, à 4,9 %. La région, hors Afrique
du Sud, a affiché une croissance encore plus vigoureuse, de 5,9 % en
2011, ce qui en fait l’une des régions en développement dont
l’expansion est la plus rapide. La croissance de l’Afrique
subsaharienne devrait s’accélérer, à 5,3 % en 2012 et à 5,6 % en 2013.

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