30.01.12 Le Potentiel – Cinq questions à N’Simba M’Vuedi Simon

1. Créé le 9 janvier 1991, le MPR/Fait Privé vient de totaliser 21 ans d’existence. En tant qu’autorité morale, dites-nous ce qu’avait toujours défendu feu le Maréchal Mobutu.

Le 9 janvier 1991, il avait plu à feu le Maréchal Mobutu de créer le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) Fait Privé, par distancement avec le MPR Parti-Etat. Cette initiative s’inscrivait dans la dynamique du discours du 24 avril 1990, qui instaurait la démocratie dans la gouvernance du pays. Démocratie soutenue par le multipartisme pour lequel le Maréchal Mobutu a mis en garde le peuple contre toute assimilation avec le multipartisme ou le multi régionalisme. Il a, à l’occasion, défini le multipartisme comme sphère de combat d’idées. Et le moment propice et donc idéal pour la survenance de cette lumière, c’est le temps des élections. Desquelles devrait sortir la lumière, c’est-à-dire la vérité. La vérité des choix dans les urnes. Vérité que nul ne peut altérer, ni occulter, ni édulcorer. D’autant que la vérité est têtue. Ce qui autorise de dire que l’heure de vérité peut être retardée, mais elle finit toujours par sonner. Confortant sa vertu principale qui est «la vérité libère». Elle libère le peuple de l’ostracisme, de la division, de la haine, de la fracture sociale, de la gêne des mensonges, des fraudes, des contrevérités et de toute autre servitude. Et ce avec effet de permettre à ce peuple d’être en cohérence avec la réalisation de ses objectifs et en cohésion dans sa structuration pour aller en avant, fier et plein de dignité, dans la paix des cœurs, la tranquillité des esprits et la concorde nationale ; en vue de bâtir un pays toujours plus beau et surtout grand. Grand en s’appuyant, pour ce faire, sur une exploitation rationnelle des importantes ressources minières, énergétiques, agricoles et autres dont le Bon Dieu a gratifié la RDC. C’est ce qu’avait toujours défendu feu le Maréchal Mobutu.

2. 21 ans après, le MPR/Fait Privé est pratiquement absent du terrain politique. Qu’est-ce qui explique cette léthargie ?

Le MPR/Fait Privé n’est pas un parti des excités. Il pose plutôt des actions dans le calme et la paix. Il y a certes une baisse d’activités due au fait que le MPR fut, hier, un parti-Etat. Grâce à l’Etat, il était présent dans toutes les provinces. Devenu aujourd’hui privé, on y adhère librement et individuellement. Pour ce faire, il faut s’organiser afin de permettre à ceux qui croient en ce parti de se manifester. Etant pour l’alternance, le MPR/Fait Privé prend part à toutes les rencontres politiques organisées dans le pays, singulièrement par l’opposition. Rappelez-vous du discours du modérateur de l’opposition, Lisanga Bonganga, lorsqu’il dit au président Tshisekedi que le MPR/Fait Privé figure parmi les 80 partis politiques qui le soutiennent. Cette singularisation montre l’apport de mon parti à l’action politique, l’alternance à laquelle tout le monde aspire.

3. La vérité des choix à travers les urnes ne semble pas être d’application en RDC. A quoi est dû cela?

L’observateur a tort de s’appesantir sur la CENI. Les ratés sont imputables à l’ensemble de la population et de la classe politique. La majorité qui a induit ou initié la réforme constitutionnelle pour la présidentielle a abusé du président Kabila. Elle pensait que Kabila qui avait 42% au premier tour en 2006, allait avoir 55% avec les 13% du Palu. Il n’a eu que la moitié des voix. Or, il était souhaitable que le président obtient une majorité absolue, 50% des voix +1. Il ne les a pas obtenues. Donc, le président est élu par la minorité. De deux, en disant qu’il n’y a pas assez d’argent, le gouvernement a fraudé et exacerbé la fracture sociale et le tribalisme. In fine, au lieu de 70% tel qu’il l’a promis, le gouvernement a financé pour 95%. Il a alors fait un dépassement budgétaire. Ce qui signifie que l’Etat a les moyens. Le Parlement qui a reçu le projet de loi a fraudé pour avoir revu l’ordre du jour adopté, ce qui est contraire aux usages parlementaires. Avant de modifier une Constitution, le Parlement doit se référer au peuple qui vote. Cette procédure n’a pas été suivie. La CENI a aussi fraudé à sa manière.

4. Quel commentaire faites-vous de la récente déclaration de la CENCO sur le processus électoral?

La CENCO s’est prononcée comme n’importe quel Congolais qui verrait que les élections n’ont pas donné de bons résultats. Mais, j’aurai voulu que les évêques passent par une institution citoyenne. Etant pour la foi et non la politique, la Conférence épiscopale aurait pu demander aux partis chrétiens de le faire. Les évêques l’ont fait en tant que citoyens, parce qu’ils ont envoyé des observateurs sur le terrain, ils votent et n’ont surtout pas d’autres structures qui pouvaient réagir. En ce moment-là, ils ont raison et fait une projection objective. Cependant, si on analyse toutes les observations, on constaterait que la légitimité est battue en brèche par la légalité. Or, la légalité applique la légitimité. Et dans le cas d’espèce, on s’aperçoit que la légitimité n’est pas soutenue par la légalité. Il y a donc un conflit de compétence entre les deux options.

5. Beaucoup d’explications sont fournies sur la TVA. Quel en est votre point de vue ?

Dans la comptabilité publique de beaucoup de pays, cette taxe est adoptée et il est normal que la RDC leur emboîte les pas. Puisque la base imposable est la même, l’Etat aurait dû bien expliquer au peuple avant de lancer cette taxe. D’autant plus qu’il n’y a rien de nouveau sur le plan des structures des taxes. L’ICA tombe et la TVA arrive. On aurait dû expliquer au peuple comment cette taxe est perçue, surtout qu’elle est même inférieure par rapport à l’ICA. Le rôle pédagogique de l’Etat n’a pas été suffisamment soutenu pour permettre la meilleure application de la TVA.

Propos recueillis par Véron-Clément Kongo

Président national du MPR/Fait Privé

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