Billet. DES HORS-LA-LOI POUR LEGIFERER EN RD CONGO (Cheik Fita)
Après le scandale de la présidentielle avec ses containers de bulletins de votes pré-cochés au profit de monsieur Joseph Kabila le président sortant, voici la honte des législatives.
Des près de 500 personnes proclamées élues par la
CENI,
commission électorale nationale indépendante, la majorité la été
par des voies malhonnêtes. Preuve, le nombre de contestations
introduites auprès de la cour suprême de justice :
168 circonscriptions sur
169 concernées … 340 candidats élus contestés sur 500. Au stade actuel,
les portes du parlement sont largement ouvertes à des
tricheurs, des magouilleurs… De véritables hors-la-loi.
Trois préoccupations apparaissent:
a) Quel visage la CENI se prépare-t-elle à donner au pouvoir législatif ?
b) Quelles en seraient les conséquences ?
c) Est-ce profitable pour le pays? Si non, quelle issue souhaitable ou
envisageable ?
Le parlement
La cour suprême de justice va entrer dans la danse. Après sa complaisance lors du
recours contre les résultats de la présidentielle, à quoi pourrait-on sattendre pour les législatives ?
Dans les meilleurs des cas, à moins mauvais, et encore.
La raison ?
Depuis belle lurette :
1. Monsieur Joseph Kabila avait intériorisé et planifié son maintien au pouvoir, quoiquil
arrive, quoiquil en coûte.
2. Par dinnombrables signaux, monsieur Joseph Kabila a prouvé quil était tout sauf un
démocrate. Le plus fort de ces signaux est celui-ci : la phobie de la contradiction. Elle lui semble politiquement mortelle, au point quelle
est souvent évitée, écartée doffice.
Des
exemples : deux campagnes électorales présidentielles sans débat
télévisé contradictoire, pas de meeting au mythique stade des
martyrs, véritable thermomètre dancrage dans lopinion, attaque armée
contre son challenger de 2006, monsieur Jean-Pierre Bemba
Gombo, séquestration et privation de mouvement de monsieur
Tshisekedi, son challenger de 2011, confiscation des médias publics et même plasticage de
quelques rares médias pro-opposition… Sans compter le tripatouillage constitutionnel.
Le visage de la législature 2011 générée par la CENI apparaît comme ayant été
commanditée par Monsieur Joseph Kabila afin de disposer dun parlement à sa solde.
« Majorité Présidentielle »
Dans
le plan de fraude généralisée, hormis les partis satellites de la
législature écoulée, un nouvel élément est apparu sans attirer
beaucoup dattention : la création dun parti politique dénommé PPPD,
véritable clone du PPRD, parti présidentiel. Tapis dans
lombre, il sera actionné le moment venu. Créé quelques semaines
avant la campagne électorale, inconnu jusquà ce jour, il a placé plus
de candidats et dans plus de circonscriptions que lUDPS,
le plus grand parti de lopposition. Et au final, le PPPD a obtenu
29 députés, devenant ainsi le troisième parti du pays ! Avec quelles
ressources ? Puisées dans la caisse de létat ou
pas ?
Un détail à surveiller: Tapis dans lombre de ce parti clone, une grosse pointure
du PPRD, monsieur She Okitundu. Hasard ? Quand avait-il claqué la porte du PPRD ? Calcul planifié de longue date ?
Voilà la « majorité présidentielle » en voie de
construction.
Que peut-on attendre de pareils législateurs ?
Dans tous les pays du monde, la tricherie est toujours sanctionnée : à lécole, dans la circulation
routière, par le fisc, dans le sport, au travail.
Tricher cest être hors-la-loi.
Voilà donc en RD Congo des hors-la-loi se préparant à légiférer !
Ayant
été parachutés au parlement par la volonté de celui qui a financé leur
pseudo-campagne, et surtout qui
leur aura fourni les moyens pour bourrer les urnes et acheter les
agents locaux de la CENI, ces « élus » seront sans plus ni moins une
caisse de résonance.
Quelle destination ?
En contrepartie
des services
rendus, les complices et usufruitiers de la fraude électorale aux
législatives semploieront à se répartir les postes du gouvernement
ainsi que la direction dautres institutions de la république
et mettre en coupe réglée le pays.
Le pouvoir sortant tend inexorablement à installer en RD Congo des institutions
illégitimes, en porte-à-faux avec les aspirations profondes du peuple souverain… Pourvu que Joseph Kabila reste au pouvoir !
Cela est préjudiciable au plus grand nombre, cela est préjudiciable à la
république.
Quelle sortie de crise ?
Le hold-up électoral vient dinstaller en RD Congo une profonde crise
politique.
Dun
côté, une bande de hors-la loi et prédateurs ayant confisqué la machine
de
létat, dun autre, des millions délecteurs réduits à lignorance
et à la misère, floués, une opposition roulée dans la farine, des
centaines de milliers de congolais vivant à létranger
révoltés par limposture, et une société civile au pays dont le rôle
étant le recadrage du sens de létat à savoir: la justice, léquité
sociale. Société civile qui tarde à
émerger.
La sortie de la crise, cest la vérité des urnes. Qui en a intérêt, le pouvoir
sortant ? Non.
La population et les forces de lopposition ? Oui.
Comment obtenir cette vérité des urnes ?
Par de nouvelles stratégies postélectorales. Et dans le lot :
– Une forte mobilisation des moyens humains et financiers ainsi que la mise en place dun
véritable réseau international damis du peuple congolais.
– Une implication de la population via une éducation civique minimum ainsi que la participation
à des actions de masse non-violentes de rejet de limposture, de la fraude et de la prédation.
Véritable danger pour la république, les hors-la-loi qui cherchent à devenir législateurs sont près à tout pour
s'installer.
Bruxelles, le 11 février 2011